Ouvrages écrits par ou pour les correcteurs

bureau des correcteurs à l'imprimerie Paul Dupont, Clichy, 1867
Bureau des cor­rec­teurs à l’im­pri­me­rie Paul Dupont, 1867 (gra­vure). Voir mon article.

De quels ouvrages les cor­rec­teurs ont-ils éven­tuel­le­ment pu dis­po­ser au fil de l’his­toire pour tra­vailler ? C’est à cette ques­tion que répond la liste ci-des­sous (en construc­tion). Il s’a­git d’ou­vrages en fran­çais écrits par des cor­rec­teurs ou s’adressant à eux (notam­ment), clas­sés par ordre chro­no­lo­gique. C’est un docu­ment de tra­vail, brut, satu­ré d’in­for­ma­tions (donc sus­cep­tible de conte­nir encore des erreurs diverses, y com­pris… d’or­tho­ty­po­gra­phie). Les don­nés prin­ci­pales figurent en gras.

Les ouvrages de lexi­co­graphes (comme Giro­det, Larousse ou Robert) et de gram­mai­riens contem­po­rains (comme Gre­visse ou Hanse) n’ap­pa­raissent pas ici (☞ voir La biblio­thèque du cor­rec­teur), pas plus que les nom­breux ouvrages sur la langue fran­çaise qui existent ou ont exis­té. Cette liste n’est pas non plus exhaus­tive : je n’ai rete­nu que les noms cités dans les textes.

Comme points de repère, je rap­pelle les dates des prin­ci­paux dic­tion­naires de langue fran­çaise : Riche­let (1680), Fure­tière (1690), Aca­dé­mie fran­çaise (1694), Lit­tré (1863-1873), Petit Larousse (1905), Petit Robert (1967).

Ouvrages de référence

Horn­schuch, Jérôme (1573-1616, cor­rec­teur d’é­preuves, puis méde­cin). Ortho­ty­po­gra­phia : ins­truc­tion utile et néces­saire pour ceux qui vont cor­ri­ger des livres impri­més & conseils à ceux qui vont les publier, 1608. | Trad. du latin par Susan Bad­de­ley avec une introd. et des notes de Jean-Fran­çois Gil­mont. Paris : Éd. des Cendres, 1997. 125 p. : ill., couv. ill. ; 19 cm.

Publié à Leip­zig en latin, puis tra­duit en alle­mand.
☞ Voir Ortho­ty­po­gra­phia, manuel du cor­rec­teur, 1608.

Res­taut, Pierre (1696-1764). Trai­té de l’orthographe fran­çaise en forme de dic­tion­naire. 4e éd. rev. et augm., 1752.

Connu sous le nom de Dic­tion­naire de Poi­tiers, publié pour la pre­mière fois en 1739 par Charles Leroy de La Cor­bi­naye (par­fois appe­lé Leroy ou Le Roy, 1690-1739), lexi­co­graphe et prote d’imprimerie dans cette ville. Le PDF que j’ai trou­vé est celui d’une réédi­tion de 1765 (à Poi­tiers, chez Jean-Félix Fau­con, comme toutes les édi­tions, sauf celle de 1792, chez Fran­çois Bar­bier (même ville), et les nom­breuses contre­fa­çons fran­çaises et étran­gères). Une édi­tion revue par Laurent-Étienne Ron­det paraî­tra en 1775.
☞ Voir Le “Jouette” du xviiie siècle s’appelait le “Res­taut”.

Boiste, Pierre-Claude-Vic­tor (1765-1824, impri­meur, lexi­co­graphe, poète). Dic­tion­naire uni­ver­sel de la langue fran­çaise (1re éd. en 1800 ; 13e éd. en 1851).

« Cet ouvrage est par­ti­cu­liè­re­ment utile aux impri­meurs sur les­quels les écri­vains se reposent trop sou­vent du soin de rec­ti­fier leur ortho­graphe. Ils peuvent, en pâlis­sant sur une épreuve, évi­ter les fautes ordi­naires, mais on n’obtiendra pas encore la cor­rec­tion, parce que les sys­tèmes d’orthographe se trou­ve­ront confon­dus pêle-mêle et les mots écrits tour-à-tour confor­mé­ment à cha­cun d’eux, et dans ce sens rigou­reux, il n’y a que très-peu d’éditions cor­rectes. 
« Les sys­tèmes d’orthographe étant réunis et com­pa­rés dans cet ouvrage, il est le MANUEL d’un cor­rec­teur d’é­preuves qui doit non-seule­ment le consul­ter, mais le lire ; bien plus, qui doit l’étudier. Il en reti­re­ra un très-grand avan­tage, celui de pou­voir, sans perte de temps, suivre au gré des auteurs, le sys­tème de Res­taut, ceux de l’Aca­dé­mie, de Gat­tel [1re éd. 1797, 8e éd. 1854], avec ou sans res­tric­tion ; et si, lorsqu’il aura sai­si les nuances prin­ci­pales, il se pré­sente à lui quelques dif­fi­cul­tés, il pour­ra recou­rir à son MANUEL. En outre, l’immense quan­ti­té de mots ajou­tés, les nomen­cla­tures par­ti­cu­lières de sciences, etc. lui sont abso­lu­ment néces­saires. » (Note de l’a­ver­tis­se­ment, p. X.)

Recom­man­dé par Antoine Frey, 1857, p. 250. — « […] voyez Boiste qui est un tout aus­si mau­vais dic­tion­naire que le dic­tion­naire de l’Académie […] » — Vic­tor Hugo, lettre à Paul Meu­rice, 6 avril 1856.

Lequien, Edme-Alexandre (1779-1835). Trai­té de la ponc­tua­tion. Paris : l’au­teur, 1809. In-12, XII-103 p. | 6e éd., 1826. | 7e éd., Paris : Wer­det et Lequien fils, 1826. | 8e éd., Paris : l’au­teur, 1831. IV-139 p. ; in-12. | 9e éd. Paris : l’au­teur, 1834. In-12, IV-139 p. | 10e éd. Paris : J. Pes­ron, 1847. In-12, 162 p.

Éga­le­ment auteur d’autres ouvrages de gram­maire, dont un Trai­té de la conju­gai­son et un Trai­té des par­ti­cipes.

Laveaux, Jean-Charles (1749-1827, impri­meur-libraire, gram­mai­rien et lexi­co­graphe). Dic­tion­naire rai­son­né des dif­fi­cul­tés gram­ma­ti­cales et lit­té­raires. Paris : Lefèvre, 1818. 810 p. ; in-8, 21 cm ; 2e éd. Paris : Leden­tu, 1822. 2 vol. in-8° ; Paris : Deter­ville, 1828.  2 vol. in-4° ; 3e éd. Paris : A. Leden­tu fils, 1846. VIII-731 p. ; in-8 ; [4e éd.] Paris : L. Hachette, 1847. VIII-731 p. ; in-8. [5e éd.] Paris : Hachette, 1873 ; 6e éd. Paris, 1910. | Nou­veau dic­tion­naire de la langue fran­çaise1820 ; 2e éd. Paris : Deter­ville, 1828. 2 vol. in-4°. | Dic­tion­naire syno­ny­mique de la langue fran­çaise. Paris : A. Eyme­ry, 1826. 2 t. en 1 vol. in-8°.

Auteur recom­man­dé par Antoine Frey, 1857, p. 250. 

Brun, Mar­cel­lin [ou Mar­ce­lin]-Aimé (1778-183?, impri­meur libraire, puis prote à Paris). Manuel pra­tique et abré­gé de la typo­gra­phie fran­çaise. Paris, F. Didot, 1825. 233 p. ; 16 cm. | 2e éd. Bruxelles, Lejeune fils, 1826. In-16, 236 p.

Pre­mier ouvrage du genre, qui aura une belle des­cen­dance. Contient un pro­to­cole des signes de cor­rec­tion, le second après celui, mécon­nu, de Pierre Fran­çois Didot (1731-1795) — voir À la recherche du code typo per­du.

Four­nier, Hen­ri (1800-1888). Trai­té de la typo­gra­phie. Paris : impr. de H. Four­nier, 1825. In-8° , XLII-323 p. | 2e éd. corr. et augm. Tours : A. Mame, 1854. 1 vol. (XII-408 p.) ; in-18. | 3e éd. corr. et augm. Tours : A. Mame et fils, 1870. 492 p. : fig. ; in-8. | 4e éd., ent. rev. et augm. par Arthur Viot [ancien direc­teur de l’im­pri­me­rie Mame]. Paris : Gar­nier frères, 1904. In-18, VI-515 p., fig. | 1919. | 1925. |1927. | [Fac-sim.] Farn­bo­rough, Hants., England : Gregg inter­na­tio­nal publi­shers, 1971. XLII-323 p. ; 19 cm. Fac-sim. de l’éd. de 1825.

Ray­mond, Fran­çois (1769-18.., cor­rec­teur d’im­pri­me­rie à Paris, avant de deve­nir gram­mai­rien et sur­tout lexi­co­graphe). Dic­tion­naire fran­çais, aug­men­té d’en­vi­ron vingt mille mots… rela­tifs aux sciences, aux arts, aux métiers, à la méde­cine…, Paris : A. André : Cro­chard : F. G. Levrault, 1832, 2 vol. (LIX-862, 784-39-99 p.) ; in-4. | 8e éd. Paris : Charles Hin­gray, 1846.

On lui doit aus­si un Nou­veau trai­té de ponc­tua­tion, ou Prin­cipes rai­son­nés et déve­lop­pe­mens ins­truc­tifs sur l’art de ponc­tuer… sui­vi d’une courte expli­ca­tion sur les par­ti­cipes décli­nables, Paris : l’au­teur, 1813. In-12, VIII-180 p.

B*** (« auteur d’un grand nombre de livres sur l’é­du­ca­tion »). Vade-mecum de l’é­cri­vain, du cor­rec­teur et du com­po­si­teur typo­graphe : ouvrage utile aux employés des admi­nis­tra­tions, aux com­mer­çants, aux copistes, etc. Paris : Dela­rue ; Lille : Bloc­quel-Cas­tiaux, [1832], 54 p., 18 cm.

Frey, Antoine (1780-18.., prote et cor­rec­teur, notam­ment des impri­me­ries de Jean-Georges-Antoine Stoupe, de Pierre Didot et de Pierre Plas­san). Manuel nou­veau de typo­gra­phie (t. 1, 2). Paris, Roret, 1835. | Nou­veau manuel com­plet de typo­gra­phie. Nouv. éd, cor­ri­gée par E. Bou­chez. Paris : Roret, 1857. 2 vol. in-18, pl. | Reprod. en fac-sim. de la nouv. éd. de 1857. Paris : L. Laget, 1979. 2 t. en 1 vol., XII-536 p.-[7] f. de pl. dépl. ; 18 cm. 

☞ Voir un extrait dans Médius­cules, échec d’un néo­lo­gisme.

Éga­le­ment auteur des Prin­cipes de ponc­tua­tion fon­dés sur la nature du lan­gage écrit. Paris, Tour­neux, Pon­thieu, 1824. VIII-140 p. ; in-12. | 2e éd., amél. Paris : A. Eyme­ry, 1825. VIII-134 p. ; in-12. | 3e éd. Paris : Eyme­ry, Fru­ger et Cie, 1827.  VIII-134 p. ; in-12. | 4e éd. Paris : Roret : Dela­lain : Hachette ; Vve Maire-Nyon, 1836.  [2]-VIII-134 p. ; in-12. 

Tas­sis, S.-A. [Auguste] (cor­rec­teur à l’im­pri­me­rie de Fir­min Didot frères1). Guide du cor­rec­teur et du com­po­si­teur, don­nant la solu­tion des prin­ci­pales dif­fi­cul­tés pour l’emploi des capi­tales… extrait du « Dic­tion­naire de l’A­ca­dé­mie ». Paris : F. Didot frères, 1852. In-18, 40 p. | 2e éd. In-18, 43 p. | 3e éd. Pro­to­cole pour la cor­rec­tion des épreuves, extrait du Manuel typo­gra­phique de M. Brun. Paris : F. Didot frères, 1853. In-18, 65 p. | 4e éd. rev. et augm. Paris : F. Didot frères, 1856.  In-18, VIII-90 p. | 5e éd. Paris : F. Didot frères, 1859. In-18, VIII-100 p. | 7e éd., rev. et augm. Paris : Fir­min Didot, 1876. In-18, 124 p. | 10e éd. Paris, Librai­rie de Paris, (s. d.). In-16, 124 p.

Lefèvre, Théo­tiste (1798-1887, typo­graphe et impri­meur, prote de l’im­pri­me­rie Fir­min Didot). Guide pra­tique du com­po­si­teur d’imprimerie. Paris, Fir­min Didot frères, 1855-1872. 2 vol. in-8°, fig., pl., tabl. | Paris : Fir­min Didot frères, 1883. In-8°, XVI-758 p., fig., pl., tabl. | [Fac-sim.] Mei­sen­heim / Glan : A. Hain, 1972. X-440-VII-299 p. - [6] dépl. : ill. ; 20 cm, & erra­ta. Fac-sim. de l’éd. de Paris : Fir­min Didot en 1878 et 1880. | Guide pra­tique du com­po­si­teur et de l’im­pri­meur typo­graphes [Reprod. en fac-sim.]. Paris ; Mont­réal : l’Har­mat­tan, 1999. XIV-720-VII p. : ill., couv. ill. ; 22 cm. (Les introuvables).

Déri­vé : Ins­truc­tion pour la lec­ture des épreuves. (Extrait du Guide pra­tique du com­po­si­teur.) Paris : impr. de Fir­min Didot frères, 1854. In-8°, 8 p.

Hétrel, Albert (cor­rec­teur de presse2, lau­réat de l’Ins­ti­tut et du minis­tère de l’Ins­truc­tion publique3). Code ortho­gra­phique, mono­gra­phique et gram­ma­ti­cal : nou­velle méthode don­nant immé­dia­te­ment la solu­tion de toutes les dif­fi­cul­tés de la langue fran­çaise / pré­cé­dé d’une lettre de M. Émile de Girar­din. Paris : Larousse, 1862. XXIII-276 p. ; in-12. | 2e éd., 1867. | 3e éd., Paris : A. Boyer, s.d. In-18, XXVI-276 p.

« Dans ce nou­veau tra­vail, il a conden­sé, sui­vant un ordre métho­dique et simple, la sub­stance de nos meilleurs dic­tion­naires, et en par­ti­cu­lier de celui de l’A­ca­dé­mie. Avec ce livre qui ne coû­te­ra que 3 fr. aux sous­crip­teurs, et 3 fr. 50 c. aux non-sous­crip­teurs, on s’é­par­gne­ra pour plus de 100 fr. de dic­tion­naires et une perte de temps consi­dé­rable qui sou­vent reste sans résul­tat. Dans cette œuvre toute pra­tique, où la théo­rie ne marche qu’ap­puyée sur les faits, on trou­ve­ra consi­gnées les recherches minu­tieuses, les obser­va­tions de plus de dix années, non d’un théo­ri­cien gram­ma­ti­cal, mais d’un homme qui a vu pas­ser et repas­ser sous ses yeux les épreuves à cor­ri­ger des tra­vaux de nos plus grands écri­vains dans tous les genres4. »

« Raris­sime main­te­nant » (en jan­vier 1928), selon Émile Ver­let5.

Claye, Jules (1806-1886, impri­meur-libraire, fon­deur de carac­tères et édi­teur ; a été prote de l’im­pri­me­rie d’Hen­ri Four­nier). Manuel de l’apprenti com­po­si­teur. Paris, 1871. | 2e éd. revue, corr. et augm. Paris : J. Claye, 1874. 192 p. ; in-8. | Typo­gra­phie. Manuel de l’ap­pren­ti com­po­si­teur. 3e éd. Sui­vi de : Un mot sur M. Jules Claye, par M. Charles Rozan. Paris : A. Quan­tin, 1883. In-16, III-192 et 11 p., pl.| 4e éd. Paris : Librai­ries-impri­me­ries réunies, 1891. In-16, XV-192 p. et pl.

Se retire en 1876 en faveur de son prote A. Quan­tin, direc­teur de son impri­me­rie depuis 1873, qui lui succède. 

Dau­pe­ley-Gou­ver­neur, Gus­tave (1842-1906, impri­meur, ancien cor­rec­teur de l’im­pri­me­rie Claye). Le Com­po­si­teur et le cor­rec­teur typo­graphes. Paris : Rou­vier et Logeat, 1880. In-16, XII-240 p.

Déri­vé : Mémen­to à l’u­sage des com­po­si­teurs et des cor­rec­teurs de l’im­pri­me­rie Dau­pe­ley-Gou­ver­neur. Nogent-le-Rotrou : impr. de Dau­pe­ley-Gou­ver­neur, 1903. In-8°, 40 p.
Gendre d’A­ris­tide Gou­ver­neur (1829-1898), il lui suc­cède en 1875. 

Desormes, Émile (1850-19.., lexi­co­graphe et spé­cia­liste de l’im­pri­me­rie, ancien direc­teur tech­nique de l’é­cole Guten­berg, Paris [en 1912]). Notions de typo­gra­phie à l’u­sage des écoles pro­fes­sion­nelles, pré­cé­dées d’un avant-pro­pos sur l’o­ri­gine de l’im­pri­me­rie. Paris, École pro­fes­sion­nelle Guten­berg, 1888.

☞ Voir Quelques obser­va­tions sur le métier de cor­rec­teur, 1888.

Petit, Fer­nand (cor­rec­teur d’im­pri­me­rie). ABC typo­gra­phique : prin­ci­pales règles de la com­po­si­tion d’a­près les ouvrages les plus auto­ri­sés, à l’u­sage des auteurs, édi­teurs, cor­rec­teurs, com­po­si­teurs et appren­tis typo­graphes… Paris : Vve P. Larousse, 1888. In-16, 36 p.

Ano­nyme. Règles typo­gra­phiques adop­tées par les publi­ca­tions de la librai­rie Hachette. Paris, 1889.

Bre­ton, Vic­tor (1844-1916, typo­graphe, pre­mier pro­fes­seur de typo­gra­phie à l’é­cole Estienne). Cours élé­men­taire de com­po­si­tion typo­gra­phique à l’u­sage des élèves de pre­mière année. Paris, 1890. | 2e éd. Paris : impr. de l’É­cole Estienne, 1904. In-16, 103 p., fig.

« Sa pas­sion pour la trans­mis­sion du métier n’était pas réser­vée à la seule école Estienne. Il par­ti­ci­pa éga­le­ment à la fon­da­tion des cours de la Chambre syn­di­cale typo­gra­phique pari­sienne, en 1896. Il pro­lon­geait ses cours par des articles dans la presse et sur­tout édi­ta des manuels à des­ti­na­tions des autres appren­tis, dont le célèbre « manuel Bre­ton », Manuel pra­tique de com­po­si­tion typo­gra­phique, édi­té par la Chambre syn­di­cale typo­gra­phique en 1911, livre qui était la syn­thèse de toutes ses publi­ca­tions anté­rieures, dont les cours de l’école Estienne qu’il avait éla­bo­ré avec ses élèves depuis 1893. Ce livre fut la « bible » des appren­tis typo­graphes can­di­dats au CAP pen­dant l’entre-deux-guerres, rem­pla­cé ensuite par les manuels de G. Val­lette et de l’INIAG6. »

Lefo­res­tier, Joseph Pas­cal Michel. Manuel pra­tique et biblio­gra­phique du cor­rec­teur. Paris, A. Quan­tin, 1890. XII-48 p.-[1] f. de front. ; in-8.

Dumont, Jean (1853-1927, typo­graphe, ancien cor­rec­teur à l’Indé­pen­dance belge, direc­teur de la fon­de­rie typo­gra­phique Van­der­borght et de l’É­cole pro­fes­sion­nelle de typo­gra­phie à Bruxelles). Vade-mecum du typo­graphe. Bruxelles : F. Hayez, 1891, XV-292-[ca 100] p. : ill. ; 23 cm. | 3e éd… conte­nant 200 plans, gra­vures et modèles. Bruxelles : Presses de P. Weis­sen­bruch, 1906. X-524 p. : ill., fac-sim. ; 23 cm. 

Leclerc, Émile (18..-19.., ancien direc­teur de l’é­cole pro­fes­sion­nelle Lahure). Nou­veau manuel com­plet de typo­gra­phie. Paris : L. Mulo, 1897. IV-568-[23] p. - 52 p. cat. éd. du 1er juin 1897 : ill., por­tr. ; in-18. (Manuels Roret). | Paris : L. Mulo, 1921. 655 p. ; 16 cm. | Paris : E. Mal­fère, 1939. 651 p. : ill. ; 15 cm. | Paris : E. Mal­fère, [1933] 655 p. : fig. ; in-16.

Gref­fier, Dési­ré (1862-19.., cor­rec­teur typo­graphe). Les Règles de la com­po­si­tion typo­gra­phique à l’usage des com­po­si­teurs. Paris, Arnold Mul­ler, 1897. In-12, VIII-88 p.

Impri­me­rie Ber­ger-Levrault et Cie. Guide du com­po­si­teur et du cor­rec­teur. Nan­cy : impr. de Ber­ger-Levrault, 1908. In-18, 52 p.

Chol­let, Louis (1864-1949, jour­na­liste, poète, cor­rec­teur). Petit manuel de com­po­si­tion à l’u­sage des typo­graphes et des cor­rec­teurs. Tours : A. Mame et fils, 1912. In-16, 128 p. Consul­table à la biblio­thèque Maza­rine et, sur micro­fiche, à la BnF.

« L’au­teur de ce petit volume, M. Louis Chol­let, connu déjà par des ouvrages pure­ment lit­té­raires, est un pro­fes­sion­nel qui a réus­si à conden­ser là, sans vaines dis­ser­ta­tions, le fruit de vingt-cinq années d’ex­pé­rience. C’est dire que les règles, trop oubliées aujourd’­hui, concer­nant la com­po­si­tion typo­gra­phique, ont été non seule­ment rame­nées autour de quelques points prin­ci­paux, mais codi­fiées, pesées, grou­pées, pour faire de ce modeste livre de 140 pages un guide que com­po­si­teurs et cor­rec­teurs auront, dans leur inté­rêt, tout avan­tage à pos­sé­der.
« Un trai­té suc­cinct de la ponc­tua­tion, des cha­pitres sur les par­ti­cu­la­ri­tés ortho­gra­phiques, la com­po­si­tion du latin, du grec, de l’an­glais, de l’es­pa­gnol, les cou­pures des mots, etc., en com­plètent l’u­ti­li­té pra­tique. » — Bul­le­tin offi­ciel (Union syn­di­cale des maîtres impri­meurs de France), n° 8, août 1912.
Voir aus­si La Typo­lo­gie : jour­nal des arts gra­phiques, n° 402, vol. 1, 15 jan­vier 1913.

Mul­ler, Arnold (1860-1925, impri­meur, direc­teur de la Revue des indus­tries du livre [en 1912-.…]). Nou­veau manuel de typo­gra­phie. Paris : Impr. des beaux-arts, 1913. In-8° , XV-488 p., fig., pl.

Combe, J. Notions de typo­gra­phie. Guide à l’u­sage des auteurs, des typo­graphes et des cor­rec­teurs. Paris : Ber­ger-Levrault, 1915. XLVIII-139 p. : fac-simi­lés ; in-16.

Lau­rens, Edmond (1852-1925, com­po­si­teur). L’Art du cor­rec­teur. Paris : Enoch, 1921. Gr. in-8°, 48 p. avec musique. Consul­table à la BnF.

Il s’a­git d’un manuel de cor­rec­tion des par­ti­tions, texte et musique.

Bros­sard, L.-E. [Louis-Emma­nuel7, 1870-1939, cor­rec­teur typo­graphe puis direc­teur d’une impri­me­rie8, che­va­lier de la Légion d’hon­neur9]. Le Cor­rec­teur typo­graphe. Tours : E. Arrault ; Cha­te­lau­dren : Impr. de Cha­te­lau­dren, 1924-1934. 2 vol. (XV-587, VII-1024 p.) : ill. ; in-8. I. Essai his­to­rique, docu­men­taire et tech­nique ; II. Les règles typo­gra­phiques.

Voir la cri­tique du tome II dans la Cir­cu­laire des protes : bul­le­tin de la Socié­té des protes de pro­vince, n° 406, juin 1934.

Code typo­gra­phique. Choix de règles à l’u­sage des auteurs et des pro­fes­sion­nels du livre. 1928 (1re éd.), 1932 (2e éd.). Bor­deaux : Socié­té ami­cale des direc­teurs, protes et cor­rec­teurs d’imprimerie de France. | 1946 (3e éd.) [?10] | 1947 (4e éd.). Bor­deaux : Syn­di­cat natio­nal des cadres et maî­trises du livre et de la presse. 127 p. | 1954 (5e éd.). Pré­face de Georges Lecomte, aver­tis­se­ment d’É­mile Ver­let, avant-pro­pos de Jean Lau­dat. Paris : Syn­di­cat natio­nal des cadres et maî­trises du livre et de la presse, XVI-123 p. | 1957 (6e éd.), 1961 (7e éd.). Paris : Syn­di­cat natio­nal des cadres et maî­trises du livre, de la presse et des indus­tries gra­phiques. XVI-123 p. | 1965 (8e éd.), id. XV-124 p. | 1968 (9e éd.), 1971 (10e éd.), id. | 1973 (11e éd.), id. XVI-127 p. | 1977 (12e éd.). 121 p. | 1981 (13e éd.), 1983 (14e éd.). Paris : Fédé­ra­tion natio­nale du per­son­nel d’en­ca­dre­ment des indus­tries poly­gra­phiques et de la com­mu­ni­ca­tion (FIPEC). 121 p. | 1986 (15e éd.). Pré­face de Georges Lecomte, de l’A­ca­dé­mie fran­çaise, écrite pour la 1re éd. ; avant-pro­pos de P. Bon­ne­fond. | 1989 (16e éd.), 1993 (17e éd.). Paris : Fédé­ra­tion CGC de la com­mu­ni­ca­tion, 120 p. | Le Nou­veau Code typo­gra­phique. Révi­sé, com­plé­té et moder­ni­sé par Roberg Gui­bert. Les règles typo­gra­phiques de la com­po­si­tion à l’u­sage des auteurs, des pro­fes­sion­nels du livre et des uti­li­sa­teurs d’or­di­na­teurs. Pré­face de Robert Acker ✝, cadre supé­rieur d’une impor­tante librai­rie pari­sienne, tré­so­rier de la Fédé­ra­tion de la com­mu­ni­ca­tion de 1992 à 1997. Paris : Fédé­ra­tion de la com­mu­ni­ca­tion CFE/CGC, 1997. XIII-176 p.

Guide du typo­graphe romand. Groupe de Lau­sanne de l’Association suisse des com­po­si­teurs à la machine (ASCM). Rédi­gé par Gus­tave Ger­ber, Étienne Qua­glia, Hen­ri Pari­sod, Edgar Per­re­noud et Albert Mark, 1943. 84 p. | 2e éd. rev. et augm., 1948. 110 p. | 3e éd. Sous-titre : Règles typo­gra­phiques à l’u­sage des auteurs et édi­teurs, com­po­si­teurs et cor­rec­teurs de langue fran­çaise. Conçue par Albert Javet, avec Car­lo Umi­glia et Gas­ton Cor­thé­sy, en rem­pla­ce­ment de Per­re­noud et Mark, 1963. 176 p. | 4e éd., « brune », conçue par Roger Cha­te­lain. 1982. 176 p. | 5e éd., « grise ». Groupe de Lau­sanne de l’Association suisse des typo­graphes (AST). Conçue par Roger Cha­te­lain, avec Ber­nard Por­chet et Gas­ton Cor­thé­sy. 1993. 216 p. | 6e éd. Guide du typo­graphe [dif­fu­sion inter­na­tio­nale]. Règles et gram­maire typo­gra­phiques pour la pré­pa­ra­tion, la sai­sie et la cor­rec­tion des textes. Pré­face de Marc Lamu­nière. Intro­duc­tion de la com­mis­sion d’é­la­bo­ra­tion : Gas­ton Cor­thé­sy, Roger Cha­te­lain, Oli­vier Bloesch. 2000. 259 p. | 7e éd. Nouv. sous-titre : Règles et gram­maire typo­gra­phique pour la pré­pa­ra­tion, la sai­sie, la mise en pages des textes et leur cor­rec­tion. Pré­face de Jean-Fré­dé­ric Jaus­lin, ambas­sa­deur, délé­gué per­ma­nent de la Suisse auprès de l’U­nes­co et de l’OIF. Intro­duc­tion de Roger Cha­te­lain, coor­di­na­teur de la com­mis­sion de rédac­tion : Marc Augiey, Joseph Christe et Chan­tal Moraz. 2015. 308 p.

La com­mis­sion de rédac­tion de la pre­mière édi­tion a été consti­tuée le 4 octobre 1940, lors d’une assem­blée du Groupe de Lau­sanne de l’Association suisse des com­po­si­teurs à la machine (ASCM). Le pre­mier titre pré­vu était Marche à suivre typo­gra­phique.
Pré­si­dé par Michel Pit­ton, le Groupe de Lau­sanne de l’Association suisse des typo­graphes (AST) résulte d’une fusion, inter­ve­nue en 1984, des sec­tions lau­san­noises de l’ASCM et de l’UEAG (Union édu­ca­tive des arts graphiques). 

Denis, Jules (chef cor­rec­teur de l’im­pri­me­rie Georges Thone). Gram­maire typo­gra­phique. Liège : Georges Thone, 1952. 299 p. ; 24 cm.

Tiré à mille exem­plaires numé­ro­tés pour les col­la­bo­ra­teurs et amis de l’im­pri­meur. Consul­table à la Réserve pré­cieuse de l’U­ni­ver­si­té libre de Bruxelles et dans de rares biblio­thèques fran­çaises.

Tho­mas, Adolphe V. [Vic­tor] (1907-1984, anthro­po­logue et lin­guiste ; chef des ser­vices de cor­rec­tion des dic­tion­naires Larousse). Dic­tion­naire des dif­fi­cul­tés de la langue fran­çaise, sous la dir. de Michel de Toro (1880-1966). Paris : Larousse, 1956, 1971, 1991, 1992, 2001, 2006.

Gou­riou, Ch. [Charles] [cor­rec­teur d’imprimerie et auteur11]. Mémen­to typo­gra­phique. Pré­face de Robert Ranc. Paris : Hachette, 1961, 132 p. ; nouv. éd. ent. rev., 1973, 122 p. Rééd. [sans la pré­face] Cercle de la librai­rie, 1990, 2010.

Lexique des règles typo­gra­phiques en usage à l’Im­pri­me­rie natio­nale. Impri­me­rie natio­nale, 1971. | 2e éd., 1975 ; 3e éd., 1990 ; 4e éd. ; 5e éd., 2002.

Auger, Daniel (1932-2013, pro­fes­seur à l’é­cole Estienne). Pré­pa­ra­tion de la copie, cor­rec­tion des épreuves. INIAG, 1976 ; éd. corr., 1980. | Gram­maire typo­gra­phique, tomes I et II (aux dépens de l’auteur, 2003) et Les Textes impri­més (aux dépens de l’auteur, 2003).

Ces deux der­niers ouvrages ne sont consul­tables qu’à la BnF ou à la biblio­thèque patri­mo­niale de l’é­cole Estienne.

André Jouette
André Jouette.

Jouette, André (1914-2006, cor­rec­teur d’édition spé­cia­li­sé dans les dic­tion­naires et ency­clo­pé­dies). TOP : Toute l’orthographe pra­tique, Paris, 1980. | Nouv. éd. Dic­tion­naire d’orthographe et expres­sion écrite, 6e éd., rema­niée, enri­chie et actua­li­sée. Le Robert, 1999. (Les Usuels).

☞ Voir Le “TOP”, réfé­rence ancienne du métier du cor­rec­teur.

Ramat, Aurel (1926-2017, typo­graphe, lino­ty­piste, cor­rec­teur aux Nations unies pen­dant six mois12 ; de 1967 à 1989, mon­teur au Mon­treal Star, puis cor­rec­teur d’é­preuves pour le quo­ti­dien The Gazette13). Gram­maire typo­gra­phique [divers titres]. Mont­réal : A. Ramat, 1982. | 4e éd. mise à jour, 1989, 93 p. | Le Ramat typo­gra­phique. Charles Cor­let, 1994, 127 p. | Le Ramat de la typo­gra­phie,  éd. A. Ramat, 8e éd., 2004, 224 p. | Le Ramat de la typo­gra­phie : éd. 2008 encore amé­lio­rée, 9e éd., 2008, 224 p., 23 cm. | A. Ramat et Romain Mul­ler [né en 1987, spé­cia­liste de l’orthographe], Le Ramat euro­péen de la typo­gra­phie, éd. De Cham­plain, 2009 (adap­tée aux usages de France, de Bel­gique et de Suisse) | A. Ramat et Anne-Marie Benoit [née en 1952, rédac­trice-révi­seure et ensei­gnante], Le Ramat de la typo­gra­phie, 10e éd., A.-M. Benoit édi­trice, 2012, 256 p. | A. Ramat et A.-M. Benoit, Le Ramat de la typo­gra­phie — Onzième édi­tion, A.-M. Benoit édi­trice, 2017, 11e éd., 255 p., relié.

Louis Guéry
Louis Gué­ry.

Gué­ry, Louis (1919-2016, jour­na­liste, rédac­teur en chef du Monde ouvrier et de la Tri­bune du peuple, direc­teur du Centre de per­fec­tion­ne­ment des jour­na­listes et des cadres de la presse). Abré­gé du code typo­gra­phique à l’u­sage de la presse. CFPJ, 1984. 87 p. | 2e éd. Id., 1989. 94 p. | 3e éd. rev. et corr. Id., 1991. 100 p. (Les Guides du CPFJ). | 4e éd. Id., 1993. 100 p.| 5e éd. rev. et corr. Id., 1997. 100 p. | 6e éd. Id., 2000. 102 p. | 7e éd. corr. et augm. Paris : Vic­toires éd., 2005. 101 p. (Métier jour­na­liste ; 10). | 8e éd. Id., 2010. 103 p. | 9e éd. Paris : Edi­Sens, 2019, 126 p.

Du même auteur, Dic­tion­naire des règles typo­gra­phiques. CFPJ, 1996. 269 p., ill. ; 18 cm. (Les Guides du CFPJ ; 52). | 2e éd. corr. et augm. 2000. 282 p. ; 18 cm. | 3e éd. corr. et augm. Paris : Vic­toires éd., 2005. 282 p. ; 18 cm. (Métier jour­na­liste ; 9). | 4e éd. 2010. 278 p. ; 20 cm. | 5e éd. edi­Sens, 2019. 278 p. ; 20 cm.

Per­rous­seaux, Yves (1940–2011, édi­teur et his­to­rien de la typo­gra­phie). Manuel de typo­gra­phie fran­çaise élé­men­taire. Ate­lier Per­rous­seaux édi­teur, 1995. | 9e éd. Nouv. titre : Règles de l’écriture typo­gra­phique du fran­çais. Id., 2010. | 10e éd. rev. et augm. par David Rault et Michel Bal­le­ri­ni. Id., 2020. 159 p.

Le Monde. Le Style du « Monde », 2002. 71-146 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. ; 30 cm. | 2e éd., 2004.

Hou­dart, Oli­vier (né en 1954, cor­rec­teur au Monde.fr, tra­duc­teur et jour­na­liste), Prioul, Syl­vie (secré­taire de rédac­tion au Nou­vel Obser­va­teur en 2006). La Ponc­tua­tion ou l’Art d’ac­com­mo­der les textes. Seuil, 2006. 200 p. : couv. ill. en coul. ; 21 cm. | Rééd. L’Art de la ponc­tua­tion. Le point, la vir­gule et autres signes fort utiles. Points, 2007. 220 p. : couv. ill. en coul. ; 18 cm. (Le Goût des mots).

Jean-Pierre Lacroux
Jean-Pierre Lacroux.

Lacroux, Jean-Pierre (1947–2002, cor­rec­teur et typo­graphe). Ortho­ty­po­gra­phie [en ligne], 2007. Éga­le­ment édi­té chez Quin­tette, 2008, 2011, 372 p.

Annick Valade (res­pon­sable des ser­vices lec­ture-cor­rec­tion aux Édi­tions Larousse, puis aux Dic­tion­naires Le Robert). Ortho­ty­po & Co. Cor­nées Laliat, 2013.

Richard Her­lin (1959-2019, cor­rec­teur au Monde.fr). Les Règles typo­gra­phiques. Gar­nier, 2017. 96 p. (Petits Guides langue fran­caise ; 27).

Coli­gnon, Jean-Pierre (né en 1941) [« plus jeune cor­rec­teur de France, à 18 ans et demi, tra­vaillant en impri­me­rie, dans le labeur-presse, avant de deve­nir chef du ser­vice de la cor­rec­tion du jour­nal Le Monde »]. Dic­tion­naire ortho­ty­po­gra­phique moderne. CFPJ, 2019.

Jean-Pierre Colignon
Jean-Pierre Coli­gnon.

Jean-Pierre Coli­gnon a écrit plus de soixante ouvrages (voir son site). Les plus utiles au cor­rec­teur sont : La Ponc­tua­tion, art et finesse. [Paris] : [J.-P. Coli­gnon], 1975 ; Paris : éd. Éole, 1981, 1988 [« 8 tirages à ce jour : auto-édi­té et auto­dif­fu­sé », pré­cise cette édi­tion]. | La majus­cule, c’est capi­tal ! Albin Michel, 2005. 214 p. (Les Dicos d’or). | Un point, c’est tout ! La ponc­tua­tion effi­cace. CFPJ, 1992 ; rééd. Vic­toire éd. ; 2e éd., 2001 ; 3e éd., 20XX ; 4e éd., 2011 ; 5e éd., com­pl., edi­Sens, 2018 ; 6e éd., 2021. | Écrire sans faute[s]. Dic­tion­naire moderne et pra­tique des dif­fi­cul­tés du fran­çais. CFPJ, 2022.

Livres parlant du métier

Je mets à part les rares livres racon­tant le métier, sou­vent avec humour. J’ai déjà com­men­té cer­tains de ces ouvrages dans La biblio­thèque du cor­rec­teur.

Lachance, Ginette (révi­seure lin­guis­tique). La Révi­sion lin­guis­tique en fran­çais. Sep­ten­trion, 2006.

Ano­nyme (cor­rec­teur d’é­di­tion). Sou­ve­nirs de la mai­son des mots. 13 bis, 2011.

Vani­na (cor­rec­trice ano­nyme). 35 ans de cor­rec­tions sans mau­vais trai­te­ments. Acra­tie, 2011.

Leroux, Jean-Pierre (1953-2015, révi­seur lin­guis­tique, spé­cia­liste des textes lit­té­raires). Le Gar­dien de la norme. Les Édi­tions du Boréal, 2016. ☞ Lire mon article.

Rous­seau, Mar­tine (née en 1951), Hou­dart, Oli­vier (né en 1954), Her­lin, Richard (1959-2019), tous trois cor­rec­teurs au Monde.frRetour sur l’accord du par­ti­cipe pas­sé et autres bizar­re­ries de la langue fran­çaise. Flam­ma­rion, 2016 ; Points, 2017. (Le Goût des mots).

Muriel Gilbert
Muriel Gil­bert.

Gil­bert, Muriel (née en 1965, cor­rec­trice au Monde, autrice, chro­ni­queuse sur RTL). Au bon­heur des fautes. Confes­sions d’une domp­teuse de mots. La Librai­rie Vui­bert, 2017 ; Points, 2019. (Le Goût des mots).

Lagrue, Pierre (né en 1957, chef cor­rec­teur à l’Ency­clopæ­dia Uni­ver­sa­lis de 1989 à 2015), Mat­teuc­ci, Sil­vio (né en 1943, cor­rec­teur pigiste de 1991 à 2015, rou­leur en presse de 1993 à 2008). La Cor­po­ra­tion des cor­rec­teurs et le Livre (un abé­cé­daire inat­ten­du). L’Harmattan, 2017.

Ber­thier, Pierre-Valen­tin (1911-2012, jour­na­liste, cor­rec­teur, poète, écri­vain liber­taire et paci­fiste). Coau­teur, avec Jean-Pierre Coli­gnon, d’une dizaine de livres sur les par­ti­cu­la­ri­tés de la langue fran­çaise. Les qua­trième et cin­quième par­ties de son auto­bio­gra­phie, Les Plumes (éd. Sut­ton, 2018, p. 211-388) évoquent ses années de cor­rec­teur, notam­ment au Monde de 1957 à 1976.

Goutte, Guillaume (né en 1988, cor­rec­teur dans la presse pari­sienne). Cor­rec­teurs et cor­rec­trices, entre pres­tige et pré­ca­ri­té. Liber­ta­lia, 2021.

Nous espé­rons les Mémoires de Jean-Pierre Coli­gnon14.

Prin­ci­pales sources : 

Com­plé­tées par des recherches personnelles.

Article mis à jour le 25 octobre 2023.


  1. Comœ­dia, 15 février 1915, p. 3. ↩︎
  2. « […] M. Albert Het­zel [sic], cor­rec­teur de la Presse — auteur d’un esti­mable Code ortho­gra­phique — et des Plumes du Paon […]. » Figa­ro, 16 octobre 1864, p. 8. ↩︎
  3. Le Lan­nion­nais, cité par Le Guten­berg, 1er octobre 1861. ↩︎
  4. Ibid. ↩︎
  5. Cir­cu­laire des protes, n° 329. ↩︎
  6. https://maitron.fr/spip.php?article179622, notice BRETON Vic­tor [BRETON Pierre, Vic­tor] par Marie-Cécile Bou­ju, ver­sion mise en ligne le 28 mars 2016, der­nière modi­fi­ca­tion le 7 novembre 2019. ↩︎
  7. Wiki­source. ↩︎
  8. Voir nécro­lo­gie dans Cir­cu­laire des protes : bul­le­tin de la Socié­té des protes de pro­vince, n° 466, juin 1939. ↩︎
  9. Voir Cir­cu­laire des protes : bul­le­tin de la Socié­té des protes de pro­vince, n° 457, sep­tembre 1938. ↩︎
  10. Dans sa pré­face de l’é­di­tion de 1997, Robert Acker évoque « le Code Typo­gra­phique que nous avons connu depuis 1946 ». ↩︎
  11. Index géné­ral du Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre (2011). ↩︎
  12. Wiki­pé­dia. ↩︎
  13. « Aurel Ramat, la cor­rec­tion faite homme », Le Devoir, 1er juin 2017. ↩︎
  14. Il en a men­tion­né le pro­jet le 11 mars et le 28 mars 2021. ↩︎

“Ç’a été” ou “ça a été” ?

Pra­ti­quez-vous l’élision ç’a été ? Per­son­nel­le­ment, dans mes textes, j’évite le double hia­tus a/a/é et je pro­pose à mes clients d’en faire autant.

André Jouette (1993) écrit : 

C’, Ç’ Éli­sion de ce, pro­nom démons­tra­tif devant une voyelle. La cédille se met devant a, o, u. C’est nou­veau. Ç’a été un grand mal­heur. C’eût été trop beau (condi­tion­nel car on pour­rait dire : Ç’aurait été). Et n’allez pas croire que ç’ait été tou­jours pour dire du bien de vous (Dide­rot). C’en est (sera) fini de cette histoire. 

Ça ne s’élide pas. On écrit : Ça ira. Ça arrive. Ça allait mieux. Ça a un bon côté. 

Dans Ç’a été, on a éli­dé ce et mis la cédille pour le son [s]. 

Hanse et Blam­pain (2012) donnent comme exemples : Ç’allait être les vacances. Ç’avait l’air d’une bonne blague. Ç’allait être mon tour. 

Et Le Dico en ligne du Robert : Ç’a été une belle jour­née. Ç’al­lait être difficile.

On peut lire d’autres exemples dans le Wik­tion­naire.

Mais cette éli­sion est facul­ta­tive et tend à dis­pa­raître. La non-éli­sion se ren­contre chez de grands auteurs (don­nés par La Culture géné­rale) :

— Non, il est pas­sé dans les miennes ; je ne dirai pas que ça a été sans peine, par exemple, car je men­ti­rais. (Dumas, Les Trois Mous­que­taires.)
Non, ça aurait été stu­pide, sa visite était jus­te­ment cette excuse […]. » (Proust, À la recherche du temps per­du.)
Ça en est venu à un tel point que nombre de maga­sins ouvrent des cré­dits à leurs clientes, qui ne payent plus que l’intérêt de leurs achats. » (Jour­nal, Gon­court.)

Pour l’Aca­dé­mie, plu­tôt que ça a été, il est pré­fé­rable d’employer ç’a été

Pour les réfé­rences des auteurs cités, voir La biblio­thèque du cor­rec­teur.

Petite histoire de la correction en rouge

La correction au stylo rouge, une évidence pour Internet (images proposées par iStock).
La cor­rec­tion au sty­lo rouge, une évi­dence pour Inter­net (images pro­po­sées par iStock).

Il y a deux ans, j’avais par­lé d’un article d’Actua­Lit­té consa­cré à une tablette égyp­tienne antique, pro­duite entre 1981 et 1802 av. J.-C : elle ser­vait de sup­port à un exer­cice d’élève scribe et pré­sen­tait des cor­rec­tions en rouge. La récente lec­ture du pas­sion­nant ouvrage de Michel Pas­tou­reau Rouge. His­toire d’une cou­leur (Seuil, 2016) a sus­ci­té chez moi des recherches com­plé­men­taires. En voi­ci la synthèse.

L’encre rouge n’était pas employée par les scribes égyp­tiens qu’à des fins péda­go­giques. Dans les textes, elle avait sur­tout les trois fonc­tions suivantes :

1. Mettre en évi­dence (rubri­ca­tion [du latin rubri­co, « colo­rer en rouge »] des titres et inci­pit ; addi­tions, inser­tions, cor­rec­tions ; dates, totaux, quan­ti­tés et pro­por­tions dans les papy­rus docu­men­taires ; incan­ta­tions dans les papy­rus magiques) ; 2. signa­ler le carac­tère dan­ge­reux, dans les papy­rus magiques, par cette cou­leur qui est celle de la terre rouge du désert (noms des démons et, en géné­ral, ce qui est de mau­vais augure) ; 3. orga­ni­ser le texte, sépa­rer, ponc­tuer (lignes rouges pour sépa­rer les sec­tions ; points rouges ou « points de vers »)1.

En ce qui concerne les papy­rus lit­té­raires grecs et latins, une enquête (Marie-Hélène Mar­ganne, 2019) a mon­tré que 

« l’utilisation de l’encre rouge est excep­tion­nelle à la période hel­lé­nis­tique, occa­sion­nelle à l’époque romaine et plus fré­quente à la période byzan­tine2, spé­cia­le­ment dans les codices de par­che­min ». Elle « […] pour­suit des buts à la fois fonc­tion­nels (orga­ni­ser le texte, mettre en évi­dence) et esthé­tiques (agré­men­ter le texte)3. »

Au Moyen Âge, la rubri­ca­tion est cou­rante : les moines rubri­ca­teurs ajoutent des rubriques (par­ties de texte en rouge) aux manus­crits « pour mar­quer la fin d’une sec­tion d’un texte et le début d’une autre […,] pour intro­duire le sujet d’une sec­tion sui­vante ou pour décla­rer son but ou sa fonc­tion » (Wiki­pé­dia). Le rouge sert aus­si à orner les let­trines et les enluminures. 

Rubrication et lettrine historiée dans la "Bible de Malmesbury", manuscrit de 1407.
Rubri­ca­tion et let­trine his­to­riée dans la Bible de Mal­mes­bu­ry, manus­crit de 1407. Pour d’autres exemples de rubri­ca­tion, voir cette page en anglais.

Les men­tions de cor­rec­tions en rouge dans les manus­crits médié­vaux sont très rares, et cette pra­tique semble avoir dis­pa­ru tout à fait avec l’invention de l’im­pri­me­rie, et ce, pour plu­sieurs siècles. 

Cepen­dant, dans les pre­miers temps de la typo­gra­phie, où l’on ne connais­sait pas encore les erra­ta, l’im­pri­meur anglais William Cax­ton [v. 1422 – v. 1492] cor­ri­geait dans les tirages défi­ni­tifs, à la plume et à l’encre rouge, les fautes d’im­pres­sion qu’il avait com­mises4.

Le manus­crit de la tra­duc­tion des Psaumes (1517) par Mar­tin Luther (1483-1546) porte éga­le­ment des cor­rec­tions en rouge5. On peut en voir une page sur Ala­my.

Plus tard, on a aus­si obser­vé la pré­sence de quelques marques au crayon rouge, de la main de César de Mis­sy, dans un manus­crit de Vol­taire, la pièce Maho­met, datée de 17426. Mis­sy était alors cha­pe­lain de l’église fran­çaise de Saint-James à Londres, et Vol­taire sou­hai­tait qu’il l’aide à y faire édi­ter sa pièce.

Le rouge des épreuves

Selon Michel Pas­tou­reau7, le rouge est la « cou­leur pre­mière » (pen­ser à l’art parié­tal), bien avant de deve­nir une des trois cou­leurs pri­maires. Aris­tote le situe « à mi-che­min entre le blanc et le noir, aus­si éloi­gné de l’un que de l’autre ». « Sans rival pen­dant des siècles, voire des mil­lé­naires », il est « sym­bo­li­que­ment plus fort que n’importe quelle autre cou­leur ». Le rouge de la jus­tice, de la faute, de la puni­tion, entre autres, avait tout pour se glis­ser entre le blanc du papier et le noir de l’encre. Son sym­bo­lisme explique, d’ailleurs, pour­quoi il est par­fois mal per­çu par les éco­liers, comme par cer­tains auteurs.

Pas­tou­reau date l’ap­pa­ri­tion du rouge dans les épreuves d’im­pri­me­rie de la fin du xixe siècle8. Il l’illustre par une double page d’un jeu d’épreuves de Jamais un coup de dés n’abolira le hasard9, « grand poème typo­gra­phique et cos­mo­go­nique » (P. Clau­del) et ultime œuvre de Sté­phane Mal­lar­mé, en 1897. 

La des­crip­tion qu’en four­nit la BnF est riche de précisions :

« Le poème du Coup de dés parut d’abord en mai 1897 dans la revue Cos­mo­po­lis […]. Le mar­chand d’art Ambroise Vol­lard se pro­po­sa de le publier sous forme de livre, en l’accompagnant de trois litho­gra­phiques [sic] d’Odilon Redon. La mai­son Didot impri­ma de juillet à novembre 1897 cinq tirages d’épreuves suc­ces­sifs, et de cha­cun plu­sieurs jeux : Mal­lar­mé en cor­ri­geait deux, l’un pour l’imprimeur et l’autre pour lui. Dix-sept exem­plaires sont aujourd’hui connus, plus ou moins com­plets et cor­ri­gés. Le pré­sent exem­plaire est celui du pre­mier tirage que Mal­lar­mé ren­voya à l’imprimeur, com­plet, et il est le plus anno­té de tous. Il est consti­tué d’un jeu d’épreuves, cor­ri­gé par l’auteur à l’encre noire et au crayon rouge, por­tant le cachet de l’imprimerie Fir­min-Didot et la date du 2 juillet 1897. En plus des cor­rec­tions à la plume, les remarques au crayon rouge y sont comme les notes d’orchestration d’une par­ti­tion. La mort de Mal­lar­mé, le 9 sep­tembre 1898, mit un terme à la publi­ca­tion. […] » (Pour plus de détails, lire cet article.)

Pour ma part, j’ai choi­si, tou­jours à la BnF, une « mise au net » d’un manus­crit de Jules Verne, Sans des­sus des­sous10, légè­re­ment anté­rieure (1888) et pré­sen­tant de nom­breuses cor­rec­tions en rouge — ain­si que des anno­ta­tions d’im­pri­me­rie au crayon bleu

Jules Verne, "Sans dessus dessous". Mise au net ayant servi pour l'impression, 1888. Coll. BnF.
Jules Verne, Sans des­sus des­sous. Mise au net ayant ser­vi pour l’im­pres­sion, 1888, 1er feuillet. Coll. BnF.

L’encre rouge était aus­si employée dans l’é­di­tion musi­cale. En témoigne la notice d’un manus­crit de Ravel pos­sé­dé par la BnF : 3 Poèmes de Sté­phane Mal­lar­mé. Il s’a­git des secondes épreuves cor­ri­gées de l’é­di­tion pour chant et pia­no, par A. Durand & fils, 1914. « Les cor­rec­tions au crayon, de la main de Jane Batho­ri ; à l’encre rouge du cor­rec­teur des édi­tions Durand11. »

Il faut savoir que l’encre rouge alors dis­po­nible était de qua­li­té inégale. Mar­cel­lin-Aimé Brun note en 182512 :

Il y a des Cor­rec­teurs qui marquent leurs cor­rec­tions avec de l’encre rouge : c’est un très-bon usage quand l’encre est bonne ; mais quand elle est mau­vaise, les cor­rec­tions ne se voient pas, sur­tout à la lumière ; alors il vaut mieux se ser­vir d’encre noire.

Cepen­dant, dès 1855, Théo­tiste Lefevre écrit que « les cor­rec­tions ajou­tées après coup sur une épreuve déjà lue, ou quel­que­fois cor­ri­gée, doivent être entou­rées ou écrites à l’encre rouge, afin d’é­vi­ter, pour leur recherche, une perte de temps inutile13 ».

À la suite de son confrère, le même sou­ci est expri­mé par Dau­pe­ley-Gou­ver­neur (1880) : « […] il [le cor­rec­teur] relit cette der­nière épreuve, revê­tue du visa de l’au­teur, en ayant soin de dis­tin­guer ses propres cor­rec­tions par une encre de cou­leur dif­fé­rente14. »

On ne trouve aucune men­tion de la cou­leur des cor­rec­tions dans la Cir­cu­laire des protes (bul­le­tin de la Socié­té des protes de pro­vince, la col­lec­tion dis­po­nible en ligne cou­vrant la période 1895-1940).

Dans les années 1920, les rares allu­sions qu’y fait Louis-Emma­nuel Bros­sard15 montrent que l’u­sage n’est tou­jours pas fixé : 

• […] sur le manus­crit [en cas de bour­don], le pas­sage omis est entou­ré d’une manière spé­ciale (au crayon bleu ou rouge, ou autre­ment) […].
• Le cor­rec­teur signale — au crayon bleu, à l’encre rouge ou de toute autre manière, sui­vant les conven­tions — les lettres d’œil dif­fé­rent. 
• Sur la copie, le terme illi­sible est entou­ré d’un trait de crayon rouge ou bleu très appa­rent, des­ti­né à atti­rer l’attention de l’auteur […].

Les cor­rec­tions en rouge appa­raissent seule­ment, par l’exemple, dans les pro­to­coles publiés par Charles Gou­riou (196116) et par Daniel Auger (197617), proches de celui que pro­pose Wiki­pé­dia :

Mémento des signes de correction proposé par Wikipédia.
Mémen­to des signes de cor­rec­tion pro­po­sé par Wikipédia.

Mais l’u­ti­li­sa­tion de l’encre rouge res­tait encore une simple recom­man­da­tion pour Jean-Pierre Lacroux, il y a une ving­taine d’an­nées18 :

« Les cor­rec­tions doivent être écrites à l’encre (sty­lo, sty­lo-bille, feutre, etc.) : les indi­ca­tions tra­cées au crayon ne sont pas prises en compte par le com­po­si­teur. À l’évidence, il est pré­fé­rable d’employer une cou­leur dif­fé­rente de celle du texte com­po­sé. Celui-ci étant géné­ra­le­ment noir, le meilleur contraste est obte­nu avec l’encre rouge. »

L’u­sage de l’encre rouge pour la cor­rec­tion, qui nous semble une évi­dence aujourd’­hui, a donc connu bien des fluctuations. 

Article mis à jour le 2 novembre 2023.


Correcteurs et correctrices sur grand écran

J’a­vais déjà écrit sur deux (rares) per­son­nages de cor­rec­teur au ciné­ma : Antoine Doi­nel dans L’A­mour en fuite (1979) de Fran­çois Truf­faut et Hen­ri (ain­si que ses col­lègues) dans L’Homme fra­gile (1981) de Claire Clou­zot. En voi­ci quelques autres. 

Marous­sia (Mar­ga­ri­ta Tere­kho­va) dans Le Miroir (1975) d’An­dreï Tarkovski.

Marous­sia (Mar­ga­ri­ta Tere­kho­va) dans Le Miroir (1975) d’Andreï Tar­kovs­ki. Bande-annonce (VO) sur Dai­ly­mo­tion.

Le Miroir est le qua­trième long métrage d’An­dreï Tar­kovs­ki (1932-1986). « À bien des égards auto­bio­gra­phique, [le film adopte] une struc­ture dis­con­ti­nue et non chro­no­lo­gique, mêlant rêves, archives, sou­ve­nirs et extraits de poèmes pour retra­cer la vie de son per­son­nage prin­ci­pal, Alexei, entre les années 1930 et l’a­près-guerre » (Wiki­pé­dia).

Dans une séquence avant-guerre, Maria (éga­le­ment appe­lée Macha ou Marous­sia), la mère d’A­lexei, « est vue se pré­ci­pi­ter fré­né­ti­que­ment vers son lieu de tra­vail dans une impri­me­rie. Relec­trice, elle s’in­quiète d’une erreur qu’elle a peut-être négli­gée, mais est récon­for­tée par sa col­lègue Lisa (Alla Demi­do­va) » (ibid.). Sur le forum du site Dvd­clas­sik, un com­men­ta­teur (Thad­deus) ana­lyse la séquence :

Quant à Sta­line, Tar­kovs­ki ne l’é­lude pas et consacre à son ombre mena­çante la séquence de l’im­pri­me­rie, où la mère tra­vaille comme cor­rec­trice. Elle revient à son ate­lier, cou­rant sous la pluie en dehors de son temps de tra­vail. On devine qu’elle croit avoir lais­sé pas­ser une coquille dans un texte impor­tant, une édi­tion spé­ciale. Et l’on sai­sit clai­re­ment l’an­goisse moite exa­cer­bée par les longs cou­loirs qu’il faut par­cou­rir dans une lumière mal­saine, par­mi les rou­leaux et les chutes de papier, accom­pa­gné des pleur­ni­che­ries d’une jeune employée qui sent le drame et ne le for­mule pas, avec le por­trait du petit père des peuples visible der­rière la fer­raille d’une lino­type. L’apaisement vien­dra de la douche, tan­dis que la femme, nue sous l’eau tiède, sou­rit puis rit, ras­su­rée. Mais seule pour goû­ter une joie qui n’est que l’envers de la peur.

Photogrammes de la séquence de l'imprimerie dans "Le Miroir" d'Andreï Tarkovski (1975)
Pho­to­grammes de la séquence de l’im­pri­me­rie dans Le Miroir, emprun­tés au ciné-club de Caen.

« […] dans les années 1930, une femme fut envoyée dans un camp à cause d’une erreur qui ridi­cu­li­sait Sta­line », pré­cise Télé­ra­ma dans sa cri­tique du film. 

Andreï Tar­kovs­ki avait trois ans lorsque son père, le poète russe Arse­ni Tar­kovs­ki, a quit­té le foyer fami­lial. Les Tar­kovs­ki s’installent alors à Mos­cou, où sa mère, Maria Vich­nia­ko­va, issue d’une ancienne famille noble, tra­vaille comme cor­rec­trice d’épreuves. Elle joue son propre rôle (Marous­sia âgée) dans Le Miroir

Affiche du film "La Vie secrète de Walter Mitty" (Norman Z. McLeod, 1947).
Affiche du film La Vie secrète de Wal­ter Mit­ty (Nor­man Z. McLeod, 1947).

Wal­ter Mit­ty (Dan­ny Kaye) dans La Vie secrète de Wal­ter Mit­ty (The Secret Life of Wal­ter Mit­ty, 1947) de Nor­man Z. McLeod (1898-1964), adap­ta­tion d’une nou­velle de James Thur­ber (1939). Bande-annonce (VO) sur You­Tube.

« Un jeune auteur, Wal­ter Mit­ty, tra­vaille comme cor­rec­teur dans une mai­son d’é­di­tion de pulp fic­tions (ouvrages à bon mar­ché). Au cours de rêves éveillés, il s’i­ma­gine tour à tour grand chi­rur­gien, pilote de la Royal Air Force, capi­taine d’un vais­seau cor­saire, ter­reur de l’Ouest amé­ri­cain, etc. Dans cha­cune de ces scènes, il voit une superbe jeune fille blonde en dan­ger. Jus­qu’au jour où, mal­en­con­treu­se­ment, il se retrouve face à un vrai réseau d’es­pions à la pour­suite de la jeune fille blonde, bien réelle. Per­sonne ne le croit dans son entou­rage. Il lutte donc seul contre un psy­cha­na­lyste trop doux pour être hon­nête et contre une bande de per­son­nages diri­gée par un pro­fes­seur hol­lan­dais pas­sion­né de roses » (Wiki­pé­dia).

Montage de photogrammes des vies secrètes de Walter Mitty dans le film de Norman Z. MacLeod (1947)
Mon­tage de pho­to­grammes des vies secrètes de Wal­ter Mit­ty, emprun­té au blog Out of One’s Com­fort Zone.

« […] la Vie secrète de Wal­ter Mit­ty en 1947, loin­tai­ne­ment ins­pi­rée de James Thur­ber, le [Dan­ny Kaye] fait accé­der au Pan­théon des grands comiques. Wal­ter Mit­ty, deve­nu l’ar­ché­type qu’on cite volontier[s] comme réfé­rence pour ce genre de per­son­nage, mène deux vies paral­lèles, et se venge du réel par l’i­ma­gi­naire », écrit Le Monde à la mort de l’ac­teur.

NB — Dans le remake réa­li­sé et inter­pré­té par Ben Stil­ler (2013, inti­tu­lé La Vie rêvée de Wal­ter Mit­ty en France), le per­son­nage est « employé aux néga­tifs du maga­zine Life » (Wiki­pé­dia). 

Katharine Hepburn dans "La Rebelle" (1936) de Mark Sandrich.
Katha­rine Hep­burn dans La Rebelle (1936) de Mark Sandrich.

Pame­la « Pam » Thist­le­waite (Katha­rine Hep­burn) dans La Rebelle (A Woman Rebels, 1936) de Mark San­drich (1901-1945).

« Pame­la et sa sœur Flo­ra ont un père gla­cial, sévère, dénué d’af­fec­tion pour elles, qui pense bien­tôt à les marier ; Flo­ra tombe sin­cè­re­ment amou­reuse d’un offi­cier de marine, tan­dis que Pame­la a des ren­dez-vous roman­tiques au musée Tus­saud avec un jeune (futur) lord, en cachette de son père, elle cède à la pas­sion sans savoir qu’il est marié. Elle part en Ita­lie rejoindre les jeunes mariés, qui attendent un enfant, elle-même est enceinte ; elle fait la connais­sance d’un ami de son beau-frère, Tho­mas, un brillant diplo­mate, qui tombe amou­reux d’elle. Les mal­heurs sur­viennent bru­ta­le­ment : le mari de Flo­ra meurt acci­den­tel­le­ment, la jeune mère décède en couches ain­si que le bébé. Pame­la va faire pas­ser sa propre fille pour sa nièce avec l’ac­cord de sa sœur mou­rante. Pame­la rentre à Londres avec la fillette, bien déci­dée à vivre seule, en femme indé­pen­dante. Elle tra­vaille avec suc­cès [comme cor­rec­trice] dans la presse [une petite revue heb­do­ma­daire1] fémi­nine. Mais le scan­dale la rat­trape… […] » (Wiki­pé­dia).

Myriam Mézières et Jean-Luc Bideau dans "Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000", d'Alain Tanner (1976).
Myriam Mézières et Jean-Luc Bideau dans Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), d’A­lain Tanner.

Max (Jean-Luc Bideau) dans Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), d’Alain Tan­ner (1929-2022). Bande-annonce sur You­Tube.

« Genève. Mathieu se désole d’être au chô­mage depuis si long­temps. C’est Mathilde, sa femme, qui nour­rit toute la famille ; aus­si, quand un jeune couple de maraî­chers, Mar­cel et Mar­gue­rite, accepte de l’embaucher et de lui four­nir le loge­ment, Mathieu [inter­pré­té par Rufus] n’hésite-t-il pas à renon­cer à la typo­gra­phie, son ancien métier. Déçu depuis 1968, Max s’est réfu­gié dans le jeu et gagne péni­ble­ment sa vie comme cor­rec­teur de presse. Pour­tant, un déclic se pro­duit en lui quand il ren­contre Made­leine, secré­taire inté­ri­maire, envoû­tée par l’Inde et le tan­trisme. Marie est cais­sière dans une grande sur­face. Cer­tains clients ne paient pas tout ce qu’ils achètent. C’est ain­si que Mar­co, pro­fes­seur d’histoire aux méthodes péda­go­giques très contes­tées par l’administration, fait sa connais­sance avant de la séduire. Une suite de hasards et de cir­cons­tances met en pré­sence les huit per­son­nages. […]. » (résu­mé CMC / Les Fiches du Ciné­ma, sur le site alaintanner.ch.)

Roger Coggio (à droite) dans son film "Le Journal d'un fou" (1963).
Roger Cog­gio (à droite) dans son film Le Jour­nal d’un fou (1963).

Pas­cal Can­te­loup (Roger Cog­gio) dans Le Jour­nal d’un fou (1963), de Roger Cog­gio (1934-2001), d’a­près la nou­velle de Nico­las Gogol (1835).

« Pas­cal Can­te­loup est cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, dans un jour­nal [pari­sien, pré­cise Le Monde]. Il est amer et irri­table envers ses chefs et les per­sonnes avec les­quelles il tra­vaille. Il est rem­pli de haine, au sujet de la vie. Petit a petit, il va som­brer dans la folie ! » (Uni­france.)

Le per­son­nage de Gogol, Avk­sen­ty Iva­no­vitch Popricht­chine, était un modeste fonc­tion­naire dans un minis­tère de Saint-Péters­bourg (il taillait des plumes pour le directeur).

Roger Cog­gio réa­li­se­ra en 1987 une autre ver­sion, où le pro­ta­go­niste retrou­ve­ra son nom et sa fonc­tion d’origine.

Jason Watkins dans "The Overcoat" (2017) de Patrick Myles.
Jason Wat­kins dans The Over­coat (2017) de Patrick Myles.

Chris­to­pher Clob­ber (Jason Wat­kins) dans The Over­coat (2017), court métrage (19 min) de Patrick Myles, adap­ta­tion d’une autre nou­velle de Nico­las Gogol, Le Man­teau (1843). Bande-annonce sur Indieactivity.com.

Chris­to­pher Clob­ber est cor­rec­teur d’é­preuves dans un minis­tère, où per­sonne ne le remarque. Chaque jour, il prend le même petit déjeu­ner, se réveille à la même heure, porte les mêmes vête­ments et le même par­des­sus. Lorsque ce der­nier tombe en lam­beaux, il s’en fait tailler un sur mesure, ce qui le rend popu­laire auprès de ses col­lègues. Mais cette nou­velle popu­la­ri­té est de courte durée, car il se fait voler son pré­cieux pardessus.

Là aus­si, chez Gogol, le per­son­nage (Aka­ki Aka­kie­vitch Bach­mat­ch­kine) est un petit fonc­tion­naire péters­bour­geois : « [il] consacre l’es­sen­tiel de son temps à des copies d’actes, tâche qu’il accom­plit avec zèle au milieu des moque­ries et des vexa­tions » (Wiki­pé­dia). 

Elisabeth Moss dans "The French Dispatch" (2021) de Wes Anderson. Image tirée de la bande-annonce.
Eli­sa­beth Moss dans The French Dis­patch (2021) de Wes Ander­son. Image tirée de la bande-annonce.

Alum­na (Eli­sa­beth Moss) dans The French Dis­patch (2021) de Wes Ander­son (né en 1969). Bande-annonce sur You­Tube.

« Le jour­nal amé­ri­cain The Eve­ning Sun, de Liber­ty dans le Kan­sas, pos­sède une antenne nom­mée The French Dis­patch à Ennui-sur-Bla­sé, une ville fran­çaise fic­tive évo­quant Paris dans les années 1950-60. Arthur Howit­zer Jr., le rédac­teur en chef du French Dis­patch, meurt subi­te­ment d’une crise car­diaque. Selon les sou­haits expri­més dans son tes­ta­ment, la publi­ca­tion du jour­nal est immé­dia­te­ment sus­pen­due après un der­nier numé­ro d’a­dieu, dans lequel trois articles des édi­tions pré­cé­dentes du jour­nal sont repu­bliés, ain­si qu’une nécro­lo­gie.
« Les trois articles traitent de Moses Rosen­tha­ler, un déte­nu psy­cho­pathe qui se révèle être un grand artiste peintre, des évè­ne­ments de Mai 68 et enfin d’une enquête gas­tro­no­mique qui vire au polar » (Wiki­pé­dia).

Selon L’Hu­ma­ni­té, Eli­sa­beth Moss y campe « une cor­rec­trice très à che­val sur la gram­maire ». À lire France Inter, le jour­nal emploie à la fois un secré­taire de rédac­tion (Fisher Ste­vens), une cor­rec­trice (E. Moss) et une relec­trice (Anje­li­ca Bette Fel­li­ni). On est bien à une autre époque !

D’a­près la fiche de dis­tri­bu­tion des films, Jacques Dhe­ry [ou Dhé­ry] joue aus­si un cor­rec­teur dans Cette nuit-là (1958) de Mau­rice Caze­neuve, et Éve­lyne Didi est cor­rec­trice dans Mau­vais genre (1997) de Laurent Bénégui. 

Enfin, Claire Rocher (Karin Viard) dit l’être, une fois, dans Le Rôle de sa vie (2004), de Fran­çois Favrat, mais le synop­sis offi­ciel la décrit seule­ment comme « pigiste dans un maga­zine de mode » et la mise en scène du métier se résume à lui faire por­ter trois gros dic­tion­naires au sein du maga­zine Elle (dont on aper­çoit fur­ti­ve­ment le logo près des cages d’as­cen­seur). Le « rôle de sa vie » ne sera pas d’être cor­rec­trice mais, un temps, l’as­sis­tante d’une star de ciné­ma, Éli­sa­beth Becker, incar­née par Agnès Jaoui.

Karin Viard, en sage cor­rec­trice, timide, effa­cée, dans Le Rôle de sa vie (2004), de Fran­çois Favrat. Pour ce rôle de com­po­si­tion, elle sera nom­mée au César de la meilleure actrice.

Correcteurs et correctrices célèbres (2)

Après avoir publié une pre­mière liste de Cor­rec­teurs et cor­rec­trices célèbres, j’ai pour­sui­vi les recherches. Résul­tat : une nou­velle four­née, aus­si abon­dante que la pre­mière — plus de cent cin­quante noms en tout. Comme pré­cé­dem­ment, les noms sont clas­sés par date de naissance.

Renaissance

Pétrarque (1304-1374)

Pétrarque
Pétrarque.

Fran­ces­co Petrar­ca, éru­dit, poète et huma­niste flo­ren­tin. Avec Dante Ali­ghie­ri et Boc­cace, il compte par­mi les pre­miers grands auteurs de la lit­té­ra­ture ita­lienne, et en demeure l’un des plus émi­nents.
« On connaît […] moins bien en géné­ral l’érudit, le décou­vreur et cor­rec­teur inlas­sable de manus­crits, le sec­ta­teur des ora­teurs, des his­to­riens et des poètes de l’Antiquité latine […] » (Europe, PDF).

Petrus Cyrnæus (1447-v. 1506)

Pierre Felce, dit aus­si Pie­tro Cir­neo, prêtre et his­to­rien corse. « Après avoir fait toutes sortes de métiers, il s’attacha à Bene­dic­tus Bro­gno­lius, pro­fes­seur de latin et de grec à Venise, et sui­vit ses leçons pen­dant douze ans. Plus tard il fut pro­fes­seur, puis cor­rec­teur d’imprimerie, et il entra enfin dans les ordres, où il trou­va le repos néces­saire pour se livrer à ses études » (Larousse).

Andreas Boden­stein (1486-1541)

Andreas Rudolf Boden­stein, ou encore Andreas Rudolff-Boden­stein von Karl­stadt, le plus sou­vent dénom­mé Karl­stadt, aus­si ortho­gra­phié Carl­stadt, réfor­ma­teur alle­mand, consi­dé­ré comme un pré­cur­seur du spi­ri­tua­lisme. « Exi­lé à Zurich, il est accueilli par Zwin­gli, qui lui pro­cure un emploi de cor­rec­teur dans une impri­me­rie et lui obtient un poste de diacre » (Uni­ver­sa­lis). 

Pierre Duchâ­tel (v. 1480-1552)

Du Chas­tel, Cas­tel­la­nus, ou Pierre Cas­tel­lan, aumô­nier de Fran­çois Ier, let­tré, évêque, maître de la Librai­rie du Roi et direc­teur du Col­lège royal (actuel Col­lège de France). « À la recom­man­da­tion d’É­rasme, il est employé pen­dant quelque temps à Bâle en Suisse comme cor­rec­teur dans l’im­pri­me­rie de Fro­ben » (Wiki­pé­dia).

Hans Denck (v. 1495-1527) 

Théo­lo­gien alle­mand, proche des ana­bap­tistes. « Né à Habach (Haute-Bavière), Hans Denck entre à dix-sept ans à l’u­ni­ver­si­té d’In­gol­stadt. Il pour­suit ses études à l’u­ni­ver­si­té de Bâle et se per­fec­tionne en latin, grec et hébreu, tout en tra­vaillant comme cor­rec­teur dans une impri­me­rie » (Uni­ver­sa­lis).

Jean Gilles (né vers la fin du xve siècle)

J. Aegi­dius Nuce­ren­sis, pro­fes­seur et cor­rec­teur d’im­pri­me­rie à Paris (Ima­go Mun­di).

Guillaume Morel (1505-1564)

Impri­meur et éru­dit fran­çais.« Ins­tal­lé à Paris, il donne des leçons de grec à quelques jeunes gens, puis tra­vaille comme cor­rec­teur d’é­preuves dans l’im­pri­me­rie de Jean Loys, dit Tille­tan » (Wiki­pé­dia).

Pierre Davan­tès l’aîné (1525-1561) 

Dit Ante­si­gna­nus, huma­niste et musi­cien actif à Lyon et Genève au milieu du xvie siècle. « […] même s’il avait pu être cor­rec­teur à l’occasion, comme cer­tains huma­nistes, il ne fut sûre­ment pas impri­meur (le psau­tier qu’il édite en 1560 est impri­mé par Michel Du Bois) » (Wiki­pé­dia).

Adam Lonitzer
Adam Lonit­zer.

Adam Lonit­zer (1528-1586)

Ou Loni­cer ou Loni­ce­rus, bota­niste, natu­ra­liste et méde­cin alle­mand. « Loni­cer fut très utile à son beau-père, en rem­plis­sant dans son ate­lier les fonc­tions de cor­rec­teur ; on lui doit plu­sieurs édi­tions esti­mées d’ou­vrages de méde­cine et d’his­toire natu­relle » (Ima­go Mun­di).

xviie siècle

Georg Drau­dius (1573-1635)

Ou Georg Draut ou Draud, phi­lo­logue, théo­lo­gien et biblio­graphe alle­mand, fils d’un pas­teur luthé­rien. « Comme son père, il se des­ti­nait au pas­to­rat, mais le manque de moyens l’o­bli­gea à tra­vailler pour sub­ve­nir à ses besoins. C’est alors qu’il se ren­dit à Franc­fort où il se pla­ça chez un impri­meur, Nico­las Bassäus, en qua­li­té de cor­rec­teur. Il y res­ta près de dix ans, de 1590 à 1599, et, par­ve­nu aux fonc­tions de prote, il se reti­ra pour exer­cer le minis­tère évan­gé­lique, après avoir pu pas­ser tous ses exa­mens » (Gal­li­ca).

xviiie siècle

Samuel Richard­son (1689-1761)

Écri­vain anglais. « Pas­sion­né pour la lec­ture, il fit lui-même son ins­truc­tion, devint com­po­si­teur et cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, et en 1719 s’é­ta­blit impri­meur » (Ima­go Mun­di).

Johann Gott­fried Seume (1763-1810)

Voya­geur et poète alle­mand. « Après quinze ans d’une vie agi­tée, mais qui lui laisse aus­si le temps de par­ache­ver de brillantes études, il tra­vaille comme cor­rec­teur dans une mai­son d’édition, et songe à ses voyages » (En atten­dant Nadeau). 

Michel Sab­bagh (v. 1784-1816)

Ou Mikhail Ibra­him Sab­bagh, copiste, écri­vain et orien­ta­liste arabe, sujet de l’Em­pire otto­man. « […] c’est à la Révo­lu­tion fran­çaise que l’on doit de connaître la manière d’élever les pigeons voya­geurs dont le mer­veilleux ins­tinct avait été oublié à l’époque de la grande pros­pé­ri­té des colom­biers. L’auteur qui révé­la cette éton­nante facul­té était un Syrien nom­mé Michel Sab­bagh, venu à Paris à la suite de l’armée d’Égypte et vivant à la Biblio­thèque natio­nale, où on l’employait à copier des manus­crits arabes. Plus tard il fut employé comme cor­rec­teur à l’Imprimerie impé­riale » (Wiki­source).

Pierre Leroux (1797-1871)

Pierre-Hen­ri Leroux, édi­teur, phi­lo­sophe et homme poli­tique fran­çais, théo­ri­cien du socia­lisme. « Il renonce à pré­sen­ter le concours de l’É­cole poly­tech­nique en 1814, pour aider sa mère, deve­nue veuve, et ses trois frères. Il se fait maçon puis se met en appren­tis­sage chez un cou­sin impri­meur. Deve­nu ouvrier typo­graphe et cor­rec­teur, dès ses débuts il trace les plans d’une machine à com­po­ser (1820) qui ne sera jamais fabri­quée » (Wiki­pé­dia).

xixe siècle

Gus­ta­vo Mode­na (1801-1861)

Tra­gé­dien ita­lien. « Patriote ardent, Mode­na fut com­pro­mis en 1831 dans l’in­sur­rec­tion des Romagnes et dut se réfu­gier en France, puis à Bruxelles, où il se fit, pour vivre, cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, pro­fes­seur de langues et de lit­té­ra­ture et même mar­chand de maca­ro­ni » (Ima­go Mun­di).

Eugène Hatin (1809-1893)

Jour­na­liste, biblio­graphe et his­to­rien de la presse fran­çais. « […] ancien cor­rec­teur d’imprimerie. […] » (Wiki­source).

Joseph Deren­bourg (1811-1895)

Joseph Naf­ta­li Deren­bourg, his­to­rien et orien­ta­liste fran­co-alle­mand. « célèbre hébraï­sant et tal­mu­diste fran­çais […]. Doc­teur en phi­lo­so­phie en 1834, M. Deren­bourg vint se fixer à Paris en 1838, et fut nom­mé en 1859 cor­rec­teur à l’Im­pri­me­rie natio­nale, puis char­gé plus spé­cia­le­ment des impres­sions orien­tales en 1886 » (Gal­li­ca).

John Fors­ter (1812-1876) 

John Forster
John Fors­ter.

Écri­vain et bio­graphe bri­tan­nique. « […] fut le plus proche ami, le confi­dent de Dickens, et son ouvrage bio­gra­phique, la Vie de Charles Dickens en trois volumes (1872-1874), consti­tue […] le docu­ment indis­pen­sable à toute étude sur Dickens […]. En 1832, il entre au True Sun comme cri­tique, mais, à la suite de sa ren­contre avec Leigh Hunt, il va se trans­for­mer en agent d’af­faires, conseiller et cor­rec­teur des écri­vains en vue de cette époque » (Ency­clo­pé­die Larousse).

Charles Duclerc (1812-1888)

Homme poli­tique fran­çais, pré­sident du Conseil et ministre des Affaires étran­gères (août 1882 – jan­vier 1883), ministre des Finances (mai-juin 1848). « Enga­gé comme cor­rec­teur au jour­nal Le Bon Sens en 1836, il entame alors une car­rière dans le jour­na­lisme en deve­nant rapi­de­ment rédac­teur » (Wiki­pé­dia).

Pierre-Jules Het­zel (1814-1886)

Pierre-Jules Hetzel
Pierre-Jules Het­zel.

Édi­teur (notam­ment de Jules Verne), écri­vain, tra­duc­teur et homme poli­tique fran­çais. « Édi­teur exi­geant, relec­teur et cor­rec­teur, Pierre-Jules Het­zel trai­tait en réa­li­té les romans qu’il tra­dui­sait comme les manus­crits qu’il rece­vait : ils n’é­taient publiés qu’une fois revus et cor­ri­gés par ses soins » (com­men­taire sur Babe­lio, à confirmer).

Édouard-Léon Scott de Mar­tin­ville (1817-1879)

Inven­teur fran­çais de la pre­mière machine capable de don­ner une trace gra­phique d’un son. « Typo­graphe et cor­rec­teur d’é­preuves, il apprit la sté­no­gra­phie et, cri­ti­quant toutes les méthodes exis­tantes, recher­cha un moyen méca­nique d’en­re­gis­trer la parole » (Wiki­pé­dia).
« Issu d’une famille noble rui­née à la Révo­lu­tion, cet enfant sur­doué est for­mé à la typo­gra­phie par son père, un cor­rec­teur d’ex­cep­tion qui devient aveugle, avec les éma­na­tions de l’imprimerie. D’une intel­li­gence qui sort de l’or­di­naire, le jeune Édouard acquiert seul des bases scien­ti­fiques en dévo­rant les livres qu’il cor­rige comme ouvrier typo­graphe. Au point de sug­gé­rer à l’as­tro­phy­si­cien Fran­çois Ara­go de modi­fier la pré­sen­ta­tion d’une équa­tion, qui prête à confu­sion. Désor­mais Ara­go exi­ge­ra qu’É­douard, et lui seul, cor­rige tous ses ouvrages » (France TV info).

Georges Duchêne (1824-1876)

Publi­ciste fran­çais. « Com­po­si­teur dans l’a­te­lier de la mai­son Mame à Tours (1848), puis com­po­si­teur et cor­rec­teur dans plu­sieurs impri­me­ries de Paris, il fut délé­gué des typo­graphes aux séances de la com­mis­sion du tra­vail (1848), créa un jour­nal, le Repré­sen­tant du peuple, auquel il sut atti­rer la col­la­bo­ra­tion de Prou­dhon, devint gérant du Peuple et, pour­sui­vi en cette qua­li­té, fut enfer­mé à Sainte-Péla­gie, à Mazas, à Clair­vaux et à Belle-Isle. Déli­vré par l’am­nis­tie de 1852, il col­la­bo­ra au Manuel du spé­cu­la­teur de Prou­dhon, au Dic­tion­naire des com­munes édi­té par Hachette, et entra dans la rédac­tion du Cour­rier fran­çais en 1867. Plus tard, il fut rédac­teur en chef du Havre, de l’É­cho du Nord, et en 1871, col­la­bo­ra à la Com­mune » (Gal­li­ca).

xxe siècle

Fran­çois Vidal (1832-1911)

Biblio­thé­caire, écri­vain, typo­graphe et musi­cien impor­tant dans la renais­sance de la langue d’oc du xixe siècle autour du Féli­brige. Fon­da­teur de l’Es­co­lo de Lar, cor­rec­teur du Tré­sor du Féli­brige, il a don­né des œuvres très signi­fi­ca­tives à la lit­té­ra­ture pro­ven­çale dont son livre Lou Tam­bou­rin.
« Fré­dé­ric Mis­tral donne à l’im­pri­me­rie aixoise Remon­det-Aubin, dans laquelle Vidal est cor­rec­teur, l’é­di­tion de son grand dic­tion­naire ency­clo­pé­dique pro­ven­çal-fran­çais, le Tré­sor du féli­brige. Le pre­mier fas­ci­cule sort en mars 1879, le der­nier en août 1886. C’est donc sous la direc­tion de Fran­çois Vidal que sera édi­té Lou Tre­sor dóu Feli­brige. Vidal prend une large part à la com­po­si­tion des 2 375 pages mais sur­tout, c’est lui qui assure la cor­rec­tion des épreuves. Ces sept années de tra­vail lui coû­te­ront la vue » (Wiki­pé­dia).

Sophie Tol­stoï (1844-1919)

Sophie Tolstoï
Sophie Tol­stoï.

Pho­to­graphe, autrice, et épouse de l’é­cri­vain russe Léon Tol­stoï. « […] lec­trice, cor­rec­trice et pre­mière cri­tique des œuvres de son mari » (blog Les Petites Ana­lyses).

Jules Guesde (1845-1922)

Né Jules Bazile, écri­vain socia­liste et cor­rec­teur typo­graphe fran­çais, ministre d’É­tat (1914-1916).

Ion Luca Cara­giale (1852-1912)

Écri­vain rou­main. « […] il fait plu­sieurs métiers, cor­rec­teur et col­la­bo­ra­teur dans dif­fé­rents jour­naux, ins­pec­teur sco­laire, direc­teur géné­ral des théâtres, sa plume seule ne lui suf­fi­sant pas pour vivre » (Le Matri­cule des anges).

Ivan Bou­nine (1870-1953)

Ivan Bounine
Ivan Bou­nine.

Écri­vain russe, auteur de poèmes, de nou­velles et de romans, lau­réat du prix Nobel de lit­té­ra­ture en 1933. Il est consi­dé­ré comme l’un des plus grands pro­sa­teurs russes du xxe siècle. « Jeune et pauvre, il avait exer­cé tous les métiers : il avait été suc­ces­si­ve­ment tra­duc­teur dans, un jour­nal, cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, fonc­tion­naire de pro­vince, biblio­thé­caire, libraire ; il son­geait à deve­nir peintre » (Le Monde).

Tho­mas Mofo­lo (1876-1948) 

Écri­vain du Leso­tho de langue seso­tho. « […] cor­rec­teur à la Mis­sion de Paris » (Gal­li­ca).

Alzir Hel­la  (1881-1953)

Tra­duc­teur de lit­té­ra­ture de langue alle­mande. « Né dans une famille wal­lonne, il a dû, à cause de la mort de son père, tra­vailler très jeune dans des raf­fi­ne­ries sucrières. Il s’est ins­tal­lé à Paris en 1905, à l’âge de 24 ans. Il est d’abord cor­rec­teur d’imprimerie, très enga­gé dans le syn­di­ca­lisme » (Le Monde).

Taku­bo­ku Ishi­ka­wa (1886-1912)

Tabukobu Ishikawa.
Tabu­ko­bu Ishikawa.

Pseu­do­nyme du poète japo­nais Hajime Ishi­ka­wa. Sur­nom­mé « le Rim­baud japo­nais » et « le poète de la tris­tesse », il est plus connu sous la signa­ture de son seul pré­nom, Taku­bo­ku. « Taku­bo­ku fut suc­ces­si­ve­ment ins­ti­tu­teur, jour­na­liste ou cor­rec­teur » (Le Matri­cule des anges). « […] il était cor­rec­teur au Asa­hi Shim­bun, l’un des grands quo­ti­diens natio­naux » (En atten­dant Nadeau).

Dim­co Debel­ja­nov (1887-1916)

Poète bul­gare. « Après des études inache­vées de droit et de lettres, Debel­ja­nov tra­vailla comme rédac­teur, tra­duc­teur et cor­rec­teur au sein de la “famille” d’ar­tistes (Liliev, Kons­tan­ti­nov, Pod­var­za­cov) réunie autour de la revue le Chaî­non » (Ency­clo­pé­die Larousse).

Nur Sutan Iskan­dar (1893-1975)

Écri­vain indo­né­sien. « Il fit des études à Bukit­ting­gi, tra­vailla comme ensei­gnant puis, dès 1919, occu­pa à Balai Pus­ta­ka un poste de cor­rec­teur-rédac­teur » (Ency­clo­pé­die Larousse).

Georges Mal­kine (1898-1970)

Peintre et acteur fran­çais. « Mal­kine fut éga­le­ment acteur de théâtre dans la troupe de Michel de Ré, acteur de ciné­ma, vio­lo­niste, pho­to­graphe, cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, mon­teur de manèges, plon­geur à bord d’un navire… » (Wiki­pé­dia).

Ben­ja­min Péret (1899-1959)

Benjamin Péret
Ben­ja­min Péret.

Écri­vain et poète sur­réa­liste, usant éga­le­ment des pseu­do­nymes de Saty­re­mont, Per­al­da et Per­al­ta. « […] Ben­ja­min Péret s’est tou­jours pla­cé en dehors du petit cirque lit­té­raire, au point de finir sa vie misé­ra­ble­ment, obli­gé de tra­vailler de nuit comme cor­rec­teur d’imprimerie alors qu’une mala­die car­diaque le mena­çait gra­ve­ment » (France Culture).

Julien Tor­ma (1902-1933)

Écri­vain, dra­ma­turge et poète fran­çais. « Vers les mois de palo­tin-merdre 53 (mai-juin 1926), Tor­ma connut une période de pros­pé­ri­té rela­tive. Ren­tré à Paris, il sou­ti­ra quelques fonds à Cre­vel, puis deve­nu cor­rec­teur d’im­pri­me­rie […] » — (Jean-Fran­çois Jean­dillou, Super­che­ries lit­té­raires : la vie et l’œuvre des auteurs sup­po­sés, Usher, 1989, p. 307 — Wik­tion­naire).

Sophie Pic­card (1904-1990)

Mathé­ma­ti­cienne suisse. « […] pen­dant plu­sieurs années, elle dut se conten­ter d’un gagne-pain de misère : cal­cu­la­trice dans une com­pa­gnie d’assurances, cor­rec­trice de jour­nal » — (Lorette Per­do­li-Brod­beck, « Une grande Neu­châ­te­loise : hom­mage à Sophie Pic­card », dans Femmes suisses et le Mou­ve­ment fémi­niste, no 4, avril 1990, p. 19 — Wik­tion­naire).

Kress­mann Tay­lor (1903-1996)

Kathrine Kress­mann Tay­lor, écri­vaine amé­ri­caine d’o­ri­gine alle­mande. « Kathe­rine Tay­lor fait des études de lettres et de jour­na­lisme. Cor­rec­trice et rédac­trice dans la publi­ci­té entre 1926 et 1928, elle se met à l’é­cri­ture. Elle publie alors sa pre­mière nou­velle, Incon­nu à cette adresse, dans Sto­ry Maga­zine sous le pseu­do­nyme de Kress­mann Tay­lor » (Book­node).

Georges Navel (1904-1993)

Né Charles Fran­çois Vic­tor Navel, écri­vain com­mu­niste-liber­taire fran­çais, manœuvre, ajus­teur, ter­ras­sier, ouvrier agri­cole, api­cul­teur, cor­rec­teur d’imprimerie à Paris (1954-1970). « Du nord au sud, embau­ché au gré des pos­si­bi­li­tés et des ren­contres, Georges Navel est tour à tour ajus­teur dans les usines Ber­liet à Lyon, les ate­liers Citroën et Renault en région pari­sienne, bûche­ron, char­pen­tier, ter­ras­sier à la fron­tière espa­gnole, cueilleur de pêches et de lavande, ouvrier aux Salins du midi, api­cul­teur et cor­rec­teur d’imprimerie » (France Culture).

Kot­cho Rat­sin (1908-1943)

Kotcho Ratsin
Kot­cho Ratsin.

Ou Kočo Racin, né Kos­ta Apos­tol Solev, poète et révo­lu­tion­naire macé­do­nien, consi­dé­ré comme le fon­da­teur de la lit­té­ra­ture macé­do­nienne moderne. « […] issu d’une famille modeste, Kočo Racin dut renon­cer à pour­suivre ses études après sa pre­mière année de lycée et exer­ça suc­ces­si­ve­ment les métiers de potier, de tailleur de pierre et, durant un temps, de cor­rec­teur » (Uni­ver­sa­lis).

Vero­ni­ka Strē­lerte (1912-1995)

Poé­tesse let­tonne. « Après avoir émi­gré en Suède en 1945, Vero­ni­ka Strē­lerte tra­vailla comme tra­duc­trice et cor­rec­trice pour la mai­son d’édition Dau­ga­va, fon­dée par des Let­tons en exil » (Ency­clo­pé­die Larousse).

Charles Bet­tel­heim (1913-2006)

Éco­no­miste et his­to­rien fran­çais. « J’ai été cor­rec­teur d’é­preuves, rédac­teur à Intou­rist, tra­duc­teur au Jour­nal de Mos­cou, char­gé de la dou­blure des films en fran­çais dans un stu­dio […] » (Le Monde).

Yves Gibeau (1916-1994)

Écri­vain fran­çais. « Il tâte du jour­na­lisme [à Com­bat de 1947 à 1952], écrit des chro­niques de varié­tés et de music-hall et sym­pa­thise avec Boris Vian. Cet amou­reux de la langue dont les écri­vains favo­ris s’appellent Hen­ri Calet, Alexandre Via­latte, Ray­mond Gué­rin, Emma­nuel Bove et Antoine Blon­din entre à Constel­la­tion comme cor­rec­teur, avant de pas­ser secré­taire de rédac­tion à L’Express – jour­nal pour lequel il com­pose les grilles de mots croi­sés (Le Dilet­tante). 
« Ses confrères jour­na­listes le tenaient pour un cor­rec­teur par­ti­cu­liè­re­ment scru­pu­leux » (L’U­nion).

Alí Chu­ma­ce­ro (1918-2010)

Poète, essayiste et édi­teur mexi­cain. Il a été membre, de 1964 à sa mort, de l’A­ca­dé­mie mexi­caine de la langue. « En tant qu’au­teur, édi­teur, rédac­teur et cor­rec­teur, Alí Chu­ma­ce­ro est une figure clé de l’his­toire du Fon­do de Cultu­ra Econó­mi­ca, mai­son d’é­di­tion pour laquelle il tra­vailla cin­quante ans. Il y est connu pour avoir cor­ri­gé une cen­taine d’œuvres, par­mi les­quelles le Pedro Pára­mo de Juan Rul­fo. Il a nié à plu­sieurs reprises avoir amé­lio­ré dras­ti­que­ment la qua­li­té de l’œuvre par sa cor­rec­tion mais la rumeur sur la véra­ci­té de cette infor­ma­tion per­siste » (Wiki­pé­dia).

Amy Clam­pitt (1920-1994)

Amy Clampitt
Amy Clam­pitt.

Poé­tesse amé­ri­caine. « Née dans le Mid­west amé­ri­cain, Amy Clam­pitt gagna New York pour y pour­suivre des études qu’elle aban­don­na pour tra­vailler comme secré­taire, puis comme biblio­thé­caire avant de deve­nir relec­trice-cor­rec­trice indé­pen­dante » (Le Matri­cule des anges).

Éric Los­feld (1922-1979)

Gus­tave Théo­phile Los­feld, édi­teur et écri­vain d’ou­vrages de genre, inso­lites et éro­tiques fran­co-belge publiant sous pseu­do­nymes, notam­ment celui de Dell­fos. « D’origine belge […], Éric Los­feld […] avait fait ses débuts d’é­di­teur à Paris en 1951, après une jeu­nesse mou­ve­men­tée et hasar­deuse de jour­na­liste pigiste, cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, auteur de romans éro­ti­co-poli­ciers, cour­tier en librai­rie, cou­pée par les années de guerre, où il fut bles­sé, puis empri­son­né en Alle­magne » (Le Monde).

Serge Bri­cia­ner (1923-1997)

Dit Georges Cou­sin, écri­vain et mili­tant inter­na­tio­na­liste fran­çais du xxe siècle, actif notam­ment dans les groupes de l’extrême-gauche dis­si­dente « Socia­lisme ou Bar­ba­rie » et « Infor­ma­tions et Cor­res­pon­dance ouvrières ». Il est l’un des auteurs de La Grève géné­ra­li­sée en France, ouvrage de réfé­rence sur la période Mai 1968. Aus­si tra­duc­teur, four­reur, cor­rec­teur (Wiki­pé­dia).

Les Cer­ti­tudes du doute, où Goliar­da Sapien­za évoque son expé­rience de correctrice.

Goliar­da Sapien­za (1924-1996)

Comé­dienne et écri­vaine ita­lienne, athée et anar­chiste. « Goliar­da a été libé­rée [de pri­son], elle sur­vit éco­no­mi­que­ment grâce à dif­fé­rents tra­vaux un peu hasar­deux de jour­na­liste, de cor­rec­trice d’épreuves » (Le Matri­cule des anges).

Pol Lucas (1927-2014)

Auteur belge de mono­gra­phies. « Je suis un écri­vain auto­di­dacte. Tout à fait. Ma for­ma­tion essen­tielle s’est dérou­lée dans un jour­nal où j’é­tais un employé qua­li­fié (cor­rec­teur) » (Objec­tif plumes).

Mal­colm William­son (1931-2003)

Mal­colm Ben­ja­min Gra­ham Chris­to­pher William­son, com­po­si­teur aus­tra­lien. « Il vient à Londres en 1950 et trouve un emploi de cor­rec­teur dans la mai­son d’é­di­tion Boo­sey & Hawkes » (Uni­ver­sa­lis).

Janine Cahen (1931-2011)

Ensei­gnante puis cor­rec­trice au quo­ti­dien Le Monde et mili­tante anti­co­lo­nia­liste. « Reve­nue en France dans les années 1970, Janine Cahen tra­vaille, entre autres, à l’heb­do­ma­daire Jeune Afrique, puis à la Revue d’é­tudes pales­ti­niennes d’E­lias San­bar. En 1983, elle arrive au Monde, rue des Ita­liens, où le quo­ti­dien d’Hu­bert Beuve-Méry l’embauche comme cor­rec­trice. Elle y reste cinq ans » (Le Monde).

Mar­cel Moreau (1933-2020)

Marcel Moreau.
Mar­cel Moreau (col­lage d’une pho­to de Pete Hawk et d’un brouillon de M. Moreau).

Écri­vain fran­co­phone belge, natu­ra­li­sé fran­çais en 1974. « En 1953, Mar­cel Moreau intègre le jour­nal Le Peuple en tant qu’aide-comp­table, avant de deve­nir cor­rec­teur au quo­ti­dien Le Soir [« métier qu’il exer­ce­ra durant trente-cinq ans », France Culture], à Bruxelles. En 2016, dans l’é­mis­sion Sur les docks sur France Culture, Mar­cel Moreau racon­tait cette période ennuyeuse de sa vie et sa soif gran­dis­sante de poé­sie :
“J’ai lu dans un jour­nal qu’on cher­chait un cor­rec­teur. Je ne savais pas très bien ce que ça vou­lait dire, mais je savais au moins que ça concer­nait la langue fran­çaise. Alors j’ai posé ma can­di­da­ture, on m’a pris à l’es­sai et on m’a gar­dé, au jour­nal Le Soir. Pour moi, c’é­tait une période infer­nale, il était temps que j’en sorte. J’a­vais une haine pour un chef, une espèce d’in­gé­nieur. J’ai trou­vé le même emploi, mais à Paris. Alors là, ma vie a chan­gé. […] L’é­cri­ture jour­na­lis­tique me héris­sait. Je rêvais d’une autre écri­ture, plus poé­tique peut-être, plus bru­tale aus­si.” » (France Culture).
« À par­tir de 1968, il réside à Paris, cor­rec­teur aux édi­tions Alpha, et se lie d’amitié avec Anaïs Nin » (Livres Heb­do).

Fran­cis Giauque (1934-1965)

Poète suisse. « Il inter­rom­pit ses études, se sen­tant atti­ré par les métiers du livre. Tour à tour, il fut libraire et cor­rec­teur d’im­pri­me­rie, mais le déses­poir le gagna. La vie devint impos­sible. […] Le 13 mai 1965, il met fin à ses jours, lais­sant une œuvre impor­tante qui ne paraî­tra que quelques années après sa mort grâce à ses amis Georges Hal­das et Hughes Richard » (Book­node).

Édouard Limo­nov (1943-2020)

Édouard Limonov
Édouard Limo­nov.

Édouard Venia­mi­no­vitch Saven­ko, écri­vain sovié­tique puis fran­çais et enfin russe et dis­si­dent poli­tique, fon­da­teur et chef du Par­ti natio­nal-bol­ché­vique. « Pour gagner sa vie, il fai­sait un peu tous les métiers, de cor­rec­teur dans un jour­nal russe à valet de chambre chez un mil­lion­naire, en pas­sant par gar­çon de café, cui­si­nier, docker, ter­ras­sier, etc. » (Babe­lio).

Chris­tian Gre­nier (né en 1945)

Écri­vain fran­çais. « […] Chris­tian Gre­nier a été pro­fes­seur de lettres avant d’être édi­té (dès 1972) et de tra­vailler dans l’é­di­tion comme lec­teur, cor­rec­teur, rewri­ter et direc­teur de col­lec­tion (Folio-Junior SF chez Gal­li­mard de 1981 à 1986) » (Book­node et Sud-Ouest). 

Josiane Sto­lé­ru (née en 1949)

Comé­dienne fran­çaise. « Il [Patrick Ches­nais] a écrit La vie est belle à la main, sur des cahiers, avant de les dic­ter à Josiane, sa com­pagne depuis tou­jours. Sa pre­mière lec­trice et cor­rec­trice, un drôle d’exercice pour elle aus­si, puisque la vie de Patrick Ches­nais a gam­ba­dé sur foule de che­mins » (Le Temps).

Chris­tian Oster (né en 1949)

Écri­vain fran­çais. « Après avoir exer­cé divers métiers dont celui de sur­veillant dans un lycée, de ven­deur en librai­rie et de cor­rec­teur, Chris­tian Oster fait ses débuts en lit­té­ra­ture en écri­vant des polars pour le Fleuve Noir » (Book­node). 

Marc Tom­sin (1950-2021)

Marc Tomsin
Marc Tom­sin.

« Anar­chiste, liber­taire, syn­di­ca­liste, Marc Tom­sin a été cor­rec­teur et relec­teur, avant de s’en­ga­ger aux côtés des rebelles zapa­tistes et de créer deux mai­sons d’é­di­tion » (Livres Heb­do).

Ber­trand Redon­net (né en 1950)

Poète fran­çais. « […] sa bio­gra­phie indique qu’il fut employé de l’éducation natio­nale, cor­rec­teur, bûche­ron, gui­ta­riste et qu’il vit main­te­nant en Bié­lo­rus­sie » (Le Matri­cule des anges).

Alice Bar­zi­lay (1952-2014)

Direc­trice artis­tique du Monde diplo­ma­tique. « Après avoir appris le métier de secré­taire de rédac­tion à Libé­ra­tion, cette amou­reuse des textes, lec­trice et cor­rec­trice de grande qua­li­té tant pour la presse que pour l’édition et les cata­logues d’art, tra­vaille pour plu­sieurs autres publi­ca­tions, avant de rejoindre Le Monde diplo­ma­tique en sep­tembre 1999 » (Le Monde diplo­ma­tique).

Jean-Claude Caër (né en 1952)

Poète fran­çais. « Il fut long­temps cor­rec­teur au Jour­nal offi­ciel. Il est membre du comi­té lit­té­raire de la revue élec­tro­nique de lit­té­ra­ture Secousse » (Wiki­pé­dia).

Phi­lippe Godard (né en 1959)

Écri­vain et essayiste fran­çais. « Deve­nu, par hasard, cla­viste, cor­rec­teur, rewri­ter, et enfin auteur de notices pour l’Ency­clo­pé­die Hachette mul­ti­mé­dia durant sept ans » (France Culture).

 Jacques Bar­baut (né en 1960)

Écri­vain et poète fran­çais. « En 2010, le cor­rec­teur Jacques Bar­baut entre­pre­nait d’établir un alpha­bet per­son­nel qu’il vient enri­chit du volume consa­cré à la lettre H » (Le Matri­cule des anges).

Mar­tine Rof­fi­nel­la (née en 1961) 

Femme de lettres fran­çaise. « Paral­lè­le­ment, elle exer­çait l’ac­ti­vi­té de cor­rec­trice en free-lance. […] Elle a ensuite tra­vaillé durant sept ans, en tant que lec­trice-cor­rec­trice et révi­seuse de tra­duc­tions, au sein de la mai­son d’é­di­tion Phé­bus » (Wiki­pé­dia).

Nico­las Gron­din (né en 1963)

Roman­cier fran­çais. « […] a été suc­ces­si­ve­ment libraire, repré­sen­tant en librai­rie, édi­teur et cor­rec­teur » (Lisez !).

Chi­co César (né en 1964)

Fran­cis­co Gon­çalves César, chan­teur, com­po­si­teur, écri­vain et jour­na­liste bré­si­lien. « Après avoir goû­té, tour à tour, aux métiers de jour­na­liste, libraire et cor­rec­teur, le petit homme à la peau noire […] a posé sa voix susur­rante et légè­re­ment éraillée sur des com­po­si­tions raf­fi­nées, prin­ci­pa­le­ment de forró, musique de son Nor­deste natal » (L’Hu­ma­ni­té). 

Syl­vie Yvert (née en 1964)

Roman­cière fran­çaise. « […] a été cor­rec­trice pour la presse et l’édition avant de tra­vailler comme char­gée de mis­sions au Quai d’Orsay puis au minis­tère de l’Intérieur » (Livres Heb­do). 

Hélène Duf­fau (née en 1965)

Autrice fran­çaise. « Elle se consacre à sa matière de pré­di­lec­tion, l’écriture (et ce qui l’entoure) : écri­vaine, ani­ma­trice d’ateliers d’écriture, for­ma­trice, cor­rec­trice, por­teuse de pro­jet cultu­rel autour de l’écriture » (Book­node).

Cécile Pivot (née en 1966)

Femme de lettres fran­çaise, fille de Ber­nard Pivot. « Alors, la jeune Cécile, qui aime la langue, la gram­maire, la syn­taxe, choi­sit de faire une école de jour­na­lisme et devient cor­rec­trice pour des publi­ca­tions » (Babe­lio).

Pierre Chal­min (né en 1968)

Écri­vain fran­çais. « À la fin des années 1980, il échoue au concours d’entrée à l’école de la rue d’Ulm qu’il n’a pas pré­pa­ré, entre­prend de vagues études de droit et vit de petits métiers : nègre, sous-titreur, cor­rec­teur » (L’É­di­teur).

Karine Reysset
Karine Reys­set.

Karine Reys­set (née en 1974)

Roman­cière fran­çaise. « Après avoir tra­vaillé dans une mai­son d’édition spé­cia­li­sée dans l’écologie, elle est aujourd’hui cor­rec­trice, et auteur pour la jeu­nesse et pour les adultes » (Book­node).

Fabrice Emont (né en 1975)

Lec­teur-cor­rec­teur, tra­duc­teur et roman­cier (Babe­lio).

Fran­çois Tison (né en 1977)

Ancien pro­fes­seur de lettres, lec­teur-cor­rec­teur, menui­sier, musi­cien (Babe­lio). « Cor­rec­teur, édi­teur, écri­vain (France Culture).

Susan Flet­cher (née en 1979)

Roman­cière bri­tan­nique. « Avant de se consa­crer à l’écriture, elle a effec­tué de nom­breux petits bou­lots comme ser­veuse, libraire, ou encore cor­rec­trice » (Lisez !).

Emma­nuelle Favier (née en 1980)

Emmanuelle Favier
Emma­nuelle Favier.

Roman­cière, poé­tesse, dra­ma­turge et nou­vel­liste fran­çaise. « Cor­rec­trice-relec­trice à Media­part […] » (Le Matri­cule des anges). 

Amau­ry Nau­roy (né en 1982) 

Écri­vain et édi­teur fran­çais « […] a tout fait avec, pour et autour des livres : libraire, édi­teur, biblio­thé­caire, atta­ché de presse, cor­rec­teur, nègre à l’occasion, et pour­quoi pas visi­teur de grand écri­vain » (La Répu­blique des livres). 

Del­phine Mon­teil (née en 19??)

Édi­trice fran­çaise. « “J’étais cor­rec­trice indé­pen­dante, je lisais énor­mé­ment et j’avais plai­sir à par­ta­ger mes coups de cœur, se sou­vient-elle. Cette acti­vi­té de blo­gueuse m’a ouvert un début de réseau dans l’édition jeu­nesse. Pas­ser de la cor­rec­tion à l’édition est vite deve­nu un chal­lenge que j’ai sou­hai­té rele­ver” » (Livres Heb­do).

Raf­fi Khat­cha­dou­rian (né en 19??)

« Dans leurs bureaux situés sur Time Square, cer­taines des meilleures plumes des Etats-Unis s’écharpent sur des ques­tions de syn­taxe. “Ce n’était pas rare qu’on dis­cute assez lon­gue­ment de la tour­nure d’une seule et unique phrase dans un article de plus de 10 000 mots”, raconte par télé­phone un col­lègue et ami de David Grann, Raf­fi Khat­cha­dou­rian, ancien cor­rec­teur du maga­zine deve­nu grand repor­ter » (Le Monde).

Jean-Louis Mohand Paul (né en 19??)

Cor­rec­teur, met­teur en page, édi­teur, roman­cier (Le Matri­cule des anges).

Benoît Broyart (né en 19??)

Auteur et édi­teur fran­çais. « Quand on épluche son CV, presque tous les arcanes de la chaîne du livre s’y retrouvent. Employé de librai­rie de 1997 à 2001, auteur de 80 ouvrages, rédac­teur d’une cen­taine d’articles pour le maga­zine d’actualité lit­té­raire Le Matri­cule des anges, cor­rec­teur pour une mai­son d’édition, édi­teur depuis 2019… Et désor­mais libraire depuis quelques jours » (Actua­Lit­té).

Divers

Antoine Blon­din (1922-1991), roman­cier et jour­na­liste fran­çais, fils de la poé­tesse Ger­maine Blon­din et d’un père cor­rec­teur d’imprimerie (Wiki­pé­dia).

« Emma­nuel Lepage [né en 1966, bédéiste] prend conscience du déca­lage social entre ses parents et les autres… Son père, d’abord mili­taire, avait fait le tour du monde avant de deve­nir cor­rec­teur de presse à Ouest-France. Sa mère était peintre… » (France Inter).

PS — Cette liste et la pre­mière ont ser­vi de base à un Petit dico des cor­rec­teurs et cor­rec­trices, pré­sen­té par ordre alphabétique.

Article mis à jour le 25 octobre 2023.

Voltaire, piètre correcteur d’épreuves

Il est assez cocasse que la cer­ti­fi­ca­tion de com­pé­tence en ortho­graphe en vogue ait choi­si de se bap­ti­ser du nom de Vol­taire, car si l’auteur de Can­dide est recon­nu comme l’un de nos meilleurs écri­vains, son ortho­graphe n’était pas fameuse — mais cela était alors assez cou­rant1 — et il était, par ailleurs, un piètre cor­rec­teur d’épreuves. Cela dit, Molière n’au­rait pas été un meilleur choix2.

Mau­rice Quen­tin de La Tour, Por­trait de Vol­taire, 1735, pas­tel. © David Bordes – Centre des monu­ments nationaux.

Une chose qu’on a pu consta­ter [dans ses lettres], c’est une ortho­graphe défec­tueuse. Mais, en France, à cette date, et let­trés et gens du monde étaient éga­le­ment peu sou­cieux de cette sorte de cor­rec­tion ; et, bien que l’on parle sou­vent de « l’or­tho­graphe de Vol­taire3 », Vol­taire n’en avait guère plus que ses contem­po­rains, petits et grands, comme il est facile de s’en assu­rer par le simple exa­men de ses lettres auto­graphes4.

En effet, dans un de ses articles, un cor­rec­teur de l’Im­pri­me­rie natio­nale en donne un exemple :

Voi­ci un échan­tillon de l’orthographe de Vol­taire dans une de ses lettres : cham­be­lan, nou­vau, touttes, nou­rit, sou­hait­té, bau­coup, ramaux, le fonds de mon cœur, etc., etc., et tous les verbes sans dis­tinc­tion de l’indicatif et du sub­jonc­tif ; à pré­po­si­tion comme a verbe. » Et notez que Vol­taire a écrit d’assez nom­breuses obser­va­tions sur la langue5.

Wiki­pé­dia nous apprend que : 

À Paris, il peut comp­ter sur une équipe de fidèles, en pre­mier lieu d’Alembert, futur secré­taire de l’A­ca­dé­mie fran­çaise, dont les rela­tions mon­daines et lit­té­raires lui sont de pré­cieux atouts, et qui n’hésite pas à le mettre en garde ou à cor­ri­ger ses erreurs […].

« Un auteur est peu propre à cor­ri­ger les feuilles de ses propres ouvrages : il lit tou­jours comme il a écrit et non comme il est impri­mé » — Voltaire.

Quant à ses capa­ci­tés de cor­rec­teur d’é­preuves, Vol­taire en a recon­nu la fai­blesse dans des lettres à son secré­taire, Cosi­mo Ales­san­dro Col­li­ni, en juin 1734 : 

Cosino Alessandro Collini
Cosi­mo Ales­san­dro Col­li­ni, secré­taire de Voltaire.

Vol­taire était en route pour se rendre à l’abbaye de Senones [Vosges]. Il m’a­vait char­gé de lui faire par­ve­nir les épreuves des Annales de l’Em­pire, avant le tirage. Mais il était mau­vais cor­rec­teur d’im­pri­me­rie ; il l’a­voue lui-même un peu plus bas.

9 juin — « En pas­sant par Saint-Dié, je cor­rige la feuille ; je la ren­voie ; je recom­mande à M. Coli­ni les lacunes de Venise : il aura la bon­té de faire mettre un g au lieu du c. Et ces che­va­liers, qui sortent de son pays ; on peut d’un son faire aisé­ment un leur. […] »

23 juin — « […] Il est bien triste que je ne puisse cor­ri­ger la pré­face qui court les champs ; il n’y a qu’à attendre. A-t-on cor­ri­gé à la main les deux fautes essen­tielles qui sont dans le corps du livre ? […] »

24 juin — « Al fine ò rice­vu­to il gran pac­chet­to6 ; je garde la demi-feuille, ou pour mieux dire la feuille entière impri­mée. Je n’y ai trou­vé de fautes que les miennes ; vous cor­ri­gez les épreuves bien mieux que moi ; cor­ri­gez donc le reste sans que je m’en mêle et que M. Schœp­flin7 fasse d’ailleurs comme il l’en­ten­dra […]8 »

Peut-être la cer­ti­fi­ca­tion Vol­taire a-t-elle sur­tout rete­nu, outre la célé­bri­té de l’auteur, le fait qu’il fut, tout de même, le cor­rec­teur de Fré­dé­ric II de Prusse. Un cor­rec­teur de style, sans doute, plus que d’orthographe. 

Pen­dant deux heures de la mati­née, Vol­taire res­tait auprès de Fré­dé­ric, dont il cor­ri­geait les ouvrages, ne man­quant point de louer vive­ment ce qu’il y ren­con­trait de bon, effa­çant d’une main légère ce qui bles­sait la gram­maire ou la rhé­to­rique.
Cette fonc­tion de cor­rec­teur royal était, à vrai dire, l’at­tache offi­cielle de Vol­taire. En l’ap­pe­lant auprès de lui, Fré­dé­ric avait sans doute eu pour pre­mier mobile la gloire de fixer à sa cour un génie célèbre dans toute l’Eu­rope ; mais il n’a­vait pas été non plus insen­sible à l’i­dée de faire émon­der sa prose et ses vers par le plus grand écri­vain du siècle. Pour celui-ci, cet exer­cice péda­go­gique n’é­tait pas une besogne de nature bien rele­vée. Il s’en dégoû­ta vite quand les pre­miers enchan­te­ments du début furent pas­sés, et il mit une cer­taine négli­gence à revoir les écrits du roi.
Passe encore à la rigueur pour la prose ou la poé­sie royale ; mais les amis, les géné­raux de Fré­dé­ric, venaient aus­si deman­der à l’au­teur de la Hen­riade de cor­ri­ger leurs mémoires. C’est à une prière de ce genre faite par le géné­ral Man­stein, que Vol­taire répon­dit dans un moment de mau­vaise humeur :
« J’ai le linge sale de votre roi à blan­chir, il faut que le vôtre attende9. »

Un modeste cor­rec­teur d’imprimerie n’aurait pu se per­mettre un tel comportement. 


Bibliographie commentée

C’est avec plai­sir que je recon­nais ce que je dois aux auteurs, cher­cheurs, archi­vistes, biblio­thé­caires, web­mas­ters et autres, dont le tra­vail m’a per­mis de mener mes recherches. Cette liste est sélec­tive et ne suit aucune norme. Ce sont des notes per­son­nelles. J’ai cité nombre d’autres sources au fil de mes articles.

Histoire de la correction 

Les auteurs sont peu nom­breux, mais ils existent. 

Louis-Emma­nuel Bros­sard (1870-1939), Le Cor­rec­teur typo­graphe. Essai his­to­rique, docu­men­taire et tech­nique, Tours, Impri­me­rie E. Arrault et Cie, 1924.

Cor­rec­teur puis direc­teur d’une impri­me­rie, il a syn­thé­ti­sé, en son temps, tout ce qu’on avait écrit avant lui sur le sujet. Un siècle plus tard, je pour­suis dans la même voie. 

Antho­ny Graf­ton (né en 1950, uni­ver­si­té de Princeton).

J’ai, pour l’ins­tant, seule­ment pico­ré dans ses ouvrages éru­dits sui­vants (il en a écrit d’autres, notam­ment Les Ori­gines tra­giques de l’é­ru­di­tion. Une his­toire de la note en bas de page, trad. par Pierre-Antoine Fabre, « La Librai­rie du xxie siècle », Seuil, 1998) :

Anthony Grafton, "The Culture of Correction in Renaissance Europe"

Per­cy Simp­son (1865-1962), Proof-rea­ding in the Six­teenth, Seven­teenth and Eigh­teenth Cen­tu­ries, Oxford Uni­ver­si­ty Press, 1935 ; rééd. avec un avant-pro­pos de Har­ry Car­ter, 1970. Le pre­mier livre sur la ques­tion (que j’ai encore à lire).

Histoire du livre et de l’édition

Frédéric Barbier, "Histoire du livre en Occident"

Fré­dé­ric Bar­bier (1952-2023), His­toire du livre en Occi­dent, 3e éd., Armand Colin, 2020.

Lucien Febvre (1878-1956) et Hen­ri-Jean Mar­tin (1924-2007), L’Apparition du livre, Albin Michel, 1958, 1971, 1999. Ouvrage fon­da­teur de l’his­toire du livre en France.

Les deux livres ci-des­sus sont les pre­miers avec les­quels j’ai enta­mé ce voyage.

Roger Char­tier (né en 1945) et Hen­ri-Jean Mar­tin, His­toire de l’édition fran­çaise, en quatre tomes de 800 pages cha­cun, Pro­mo­dis, 1983-1986 ; rééd. Fayard-Cercle de la librai­rie, 1989-1991. Sur­tout pour Jeanne Vey­rin-For­rer (1919-2010), « Fabri­quer un livre au xvie siècle », dans le tome I, p. 279-301 ; et Jacques Rych­ner (1941-2017), « Le tra­vail de l’atelier », dans le tome II, p. 46-70.

Yann Sor­det (né en 1971) et sa pas­sion­nante His­toire du livre et de l’édition. Pro­duc­tion et cir­cu­la­tion, formes et muta­tions, « L’Évolution de l’humanité », Albin Michel, 2021 (☞ lire mon article).

Phi­lippe Minard (né en 1961), Typo­graphes des Lumières, sui­vi des « Anec­dotes typo­gra­phiques » de Nico­las Contat (1762), « Époques », Champ Val­lon, 1989.

Jean-Fran­çois Gil­mont (1934-2020), « La fabri­ca­tion du livre au xvie siècle », dans Le Livre et ses secrets, Droz-UCL, 2003, p. 59-67.

Rémi Jimenes
Rémi Jimenes.

Rémi Jimenes (Tours, CNRS-CESR)  et son site per­son­nel. Par­mi son abon­dante pro­duc­tion, je retiens sur­tout, pour mon sujet : 

Marie-Cécile Bou­ju (IDHES), qui tra­vaille notam­ment sur l’his­toire des indus­tries du livre. J’ai cité cer­tains de ses tra­vaux dans mes articles.

Domi­nique Var­ry (né en 1956), dont les pages per­son­nelles (sur le site de l’Ens­sib) m’ont fait décou­vrir qu’il exis­tait une his­toire de la cor­rec­tion (Simp­son, Graf­ton) et un manuel du cor­rec­teur de 1608, Ortho­ty­po­gra­phia. Dis­po­nible en PDF (gra­tuit), un livre qu’il a diri­gé : 50 ans d’histoire du livre : 1958-2008, Vil­leur­banne, Presses de l’Enssib, 2014.

Jean-Yves Mol­lier (né en 1947), His­toire des libraires et de la librai­rie, Impri­me­rie natio­nale Édi­tions, 2021 ; Une autre his­toire de l’édition fran­çaise, 2015.

Edmond Wer­det (1793-1870), dont l’His­toire du livre en France depuis les temps les plus recu­lés jusqu’en 1789 (Paris, 1861-1864, 5 vol.) m’a révé­lé le Témoi­gnage de M. Dutri­pon, cor­rec­teur d’é­preuves, 1861.

Roger Dédame (1933-2018), pour son livre Les Arti­sans de l’écrit. Des ori­gines à l’ère du numé­rique (« Rivages des Xan­tons », Les Indes savantes, 2009). 

La revue His­toire et civi­li­sa­tion du livre (éd. Librai­rie Droz), fon­dée en 2005 par Fré­dé­ric Bar­bier et dont Yann Sor­det est rédac­teur en chef depuis 2015.

Histoire sociale des correcteurs

Pierre Lagrue et Silvio Matteucci, "La Corporation des correcteurs et le livre"

Pierre Lagrue et Sil­vio Mat­teuc­ci, La Cor­po­ra­tion des cor­rec­teurs et le Livre (un abé­cé­daire inat­ten­du), L’Harmattan, 2017.

Guillaume Goutte, Cor­rec­teurs et cor­rec­trices, entre pres­tige et pré­ca­ri­té, Liber­ta­lia, 2021.

Vani­na, 35 ans de cor­rec­tions sans mau­vais trai­te­ments, Acra­tie, 2011.

Isa­belle Repi­ton et Pierre Cas­sen, « Touche pas au plomb ! » Mémoire des der­niers typo­graphes de la presse pari­sienne, Le Temps des cerises, 2008.

HistoLivre

His­to­Livre, bul­le­tin de l’Ins­ti­tut d’his­toire sociale CGT du Livre pari­sien, depuis mars 2009.

☞ Voir aus­si « Témoi­gnages et bio­gra­phies de cor­rec­teurs » dans La biblio­thèque du cor­rec­teur.

Vocabulaire du métier 

Eugène Bout­my (1828-19..), Dic­tion­naire de l’argot des typo­graphes, aug­men­té d’une his­toire des typo­graphes au xixe siècle et d’un choix de coquilles célèbres, Le Mot et le Reste, nou­velle éd., 2019.

David Alliot, "Chier dans le cassetin aux apostrophes"

David Alliot, Chier dans le cas­se­tin aux apos­trophes … et autres tré­sors du vert lan­gage des enfants de Guten­berg, éd. Horay, 2004.

Émile Chau­tard (1864-1939), Glos­saire typo­gra­phique, com­pre­nant les mots clas­siques, ceux du lan­gage ouvrier consa­crés par l’usage, comme les nou­veaux qui le seront demain, avec les poé­sies & chan­sons du métier, l’ensemble pré­sen­té par René-Louis Doyon, éd. refon­due, cor­ri­gée et aug­men­tée, « Ancien­ne­tés », Plein Chant, 2021.

Eric Dussert, Christian Laucou, "Du corps à l'ouvrage"

Éric Dus­sert (né en 1967) et Chris­tian Lau­cou (né en 1951), Du corps à l’ouvrage. Les mots du livre, La Table ronde, 2004.

Ber­nard Voyenne (1920-2003), Glos­saire des termes de presse, Centre de for­ma­tion des jour­na­listes, 1967. 

René Comte et André Per­nin, Lexique des indus­tries gra­phiques, éd. de la revue Carac­tères, Com­pa­gnie fran­çaise d’éditions, 1963.

Orthotypographie

Jacques André & Christian Laucou, "Histoire de l'écriture typographique. Le XIXe siècle français"

Jacques André (né en 1938), son site Deux ou trois choses en typo­gra­phie ou autres… et, pour les pages consa­crées aux manuels typo­gra­phiques, His­toire de l’é­cri­ture typo­gra­phique. Le xixe siècle fran­çais, coécrit avec Chris­tian Lau­cou (Ate­lier Per­rous­seaux, 2013).

Jean Méron, cher­cheur, spé­cia­liste de typo­gra­phie et de langue française.

Les auteurs de manuels typo­gra­phiques du xixe siècle (voir Ouvrages écrits par ou pour les cor­rec­teurs).

Les auteurs de codes typo­gra­phiques (voir mon article).

Syndicalisme 

J’ai peu abor­dé cette ques­tion, qui est com­plexe et a été très bien trai­tée par d’autres. Aux auteurs cités plus haut, dans « His­toire sociale des cor­rec­teurs », j’ajouterai :

Yves Blon­deau, Le Syn­di­cat des cor­rec­teurs de Paris et de la région pari­sienne, 1881-1973, sup­plé­ment au Bul­le­tin des cor­rec­teurs, no 99, Syn­di­cat des cor­rec­teurs, 1973. L’es­sen­tiel est résu­mé dans His­to­Livre, nos 18, 19 et 20.

Roger Dédame, Une his­toire des syn­di­cats du livre… ou les ava­tars du cor­po­ra­tisme dans la Cgt, « Rivages des Xan­tons », Les Indes savantes, 2010.

Site du syn­di­cat actuel : cgt-correcteurs.fr.

Dictionnaires et autres 

Éric Hazan, Pour abou­tir à un livre. Entre­tiens avec Ernest Moret, La Fabrique édi­tions, 2016.

Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre, sous la direc­tion de Pas­cal Fou­ché, Daniel Péchoin et Phi­lippe Schu­wer ; et la res­pon­sa­bi­li­té scien­ti­fique de Pas­cal Fou­ché, Jean-Domi­nique Mel­lot, Alain Nave [et al.], 3 tomes et un index géné­ral, Paris, éd. du Cercle de la librai­rie, 2002, 2005 et 2011. Une somme impres­sion­nante d’érudition.

Dictionnaire encyclopédique du livre
Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre.

Marc Com­bier et Yvette Pesez (dir.), Ency­clo­pé­die de la chose impri­mée du papier @ l’écran, Retz, 1999.

Jean-Claude Fau­douas, Dic­tion­naire des grands noms de la chose impri­mée, Retz, 1991.

Sitographie 

La Biblio­thèque natio­nale de France (BnF), son cata­logue géné­ral, sa biblio­thèque numé­rique Gal­li­ca, son site de presse Retro­news et son site cultu­rel Les Essen­tiels.

Le musée de l’Imprimerie et de la Com­mu­ni­ca­tion gra­phique de Lyon, son cata­logue (héber­gé par le site de la BM de Lyon) et Nume­lyo, la biblio­thèque numé­rique de Lyon. 

Les col­lec­tions numé­ri­sées des biblio­thèques patri­mo­niales de Paris.

Site par­ti­cu­lier de la biblio­thèque patri­mo­niale de l’école Estienne.

☞ Voir aus­si Mon par­cours de recherche biblio­gra­phique.

La radio France Culture, sur­tout quand elle traite du cor­rec­teur, de typo­gra­phie ou d’his­toire du livre (que ferais-je sans mots-clés ?). 

☞ Voir aus­si Res­sources en ligne sur la langue fran­çaise

Article mis à jour le 18 novembre 2023.

Le correcteur antique, qu’en savons-nous ?

Le Scribe accrou­pi, du musée du Louvre. Source : Louvre.fr.

On peut légi­ti­me­ment sup­po­ser que le métier de cor­rec­teur est presque aus­si vieux que l’écriture. « Le jour où le copiste était né, le cor­rec­teur avait paru ; sitôt qu’une ligne, qu’une page avait été écrite, elle avait dû être lue », affirme Louis-Emma­nuel Bros­sard (1924)1. Mais qu’en savons-nous exac­te­ment ? On ne peut pas dire que les livres d’histoire soient très bavards sur la ques­tion… En com­plé­tant la par­tie his­to­rique de l’es­sai de Bros­sard par des lec­tures de tra­vaux récents, j’ai fini par ras­sem­bler de quoi rédi­ger cet article. 

Notons, avant d’al­ler plus loin, que de nom­breux manus­crits anciens pré­sentent des traces de cor­rec­tion, ce qui ne signi­fie pas néces­sai­re­ment qu’un cor­rec­teur pro­fes­sion­nel les a relus. En effet, il faut dis­tin­guer la fonc­tion de cor­rec­tion du métier de cor­rec­teur. Les phi­lo­logues emploient par­fois le terme de « cor­rec­teur antique » (ou médié­val, selon la période) pour dési­gner la main qui a tra­cé des signes de cor­rec­tion2, sans for­cé­ment inter­ro­ger le sta­tut de son pro­prié­taire (il peut s’a­gir d’un lec­teur ayant anno­té son exemplaire).

Manus­crit byzan­tin des pièces d’Eu­ri­pide, pro­ba­ble­ment du xie s. « Une seconde main médié­vale pré­sente des variantes mar­gi­nales ou inter­li­néaires » (Vanes­sa Des­claux, « Euri­pide mss grec 2713 », L’An­ti­qui­té à la BnF, 1er juin 2018). Source : Gallica/BnF.

Cepen­dant, « l’é­cri­ture, consi­dé­rée comme un métier manuel, était dans l’an­ti­qui­té3 une affaire de pro­fes­sion­nels (esclaves ou affran­chis)4 ». Même s’ils ne rece­vaient pas de salaire, c’é­tait bien leur état.

Égypte ancienne

Il y a 4 500 ans, des ouvriers (lapi­cides) ont gra­vé sur des parois de pierre les plus anciens écrits reli­gieux du monde. Il s’agit des Textes des pyra­mides, la somme des concep­tions funé­raires des Égyp­tiens de l’Ancien Empire. Il semble que le texte de base ait été un ori­gi­nal sur papy­rus, auquel on a com­pa­ré la copie. 

Une fois le texte hié­ro­gly­phique gra­vé, un scribe a pro­cé­dé à une relec­ture du texte. Il a signa­lé les erreurs aux sculp­teurs en ins­cri­vant les modi­fi­ca­tions à appor­ter avec de la pein­ture noire ou rouge (☞ voir aus­si Cor­ri­ger en rouge, une pra­tique antique). Les textes de la pyra­mide d’Ou­nas pré­sentent ain­si 163 modi­fi­ca­tions [… Elles] vont d’un seul signe hié­ro­gly­phique à des pas­sages entiers […]. On a pro­cé­dé à la cor­rec­tion, à l’in­ver­sion, à la sup­pres­sion ou à l’in­ser­tion d’un signe hié­ro­gly­phique ; à l’in­ser­tion ou à la sup­pres­sion d’un mot ou d’une phrase ou à la sub­sti­tu­tion d’un mot à un autre.
[…] lors­qu’il a fal­lu chan­ger le texte, les anciens hié­ro­glyphes ont été cachés par une couche de plâtre, puis le nou­veau texte a été gra­vé par-des­sus5

C’est la plus ancienne men­tion de l’intervention d’un cor­rec­teur que j’aie lue à ce jour6. Une belle découverte.

Grèce antique 

« Chez les Grecs, une même per­sonne, tour à tour copiste (biblio­gra­phus), relieur (biblio­pe­gus) et mar­chand (biblio­phi­la), assu­mait la confec­tion ain­si que la vente des manus­crits » (Bros­sard, op. cit., p. 19). 

On sait qu’il exis­tait en Grèce antique7 des cor­rec­teurs ou dior­thote, par­fois fran­ci­sés en dior­thontes. Les cor­rec­tions (ou dior­thoses8, du grec ancien διόρθωσις, diór­thô­sis, « rec­ti­fi­ca­tion, redres­se­ment ») les plus célèbres sont celles des œuvres d’Homère et de Pla­ton. Il s’agit alors plu­tôt d’é­di­tions cri­tiques que du tra­vail habi­tuel d’un cor­rec­teur. Pour plus d’informations, consulter :

Antimaque de Colophon
Anti­maque de Colo­phon, un des dior­thote d’Homère.

Sur la cor­rec­tion telle que pra­ti­quée par les dior­thote, voir plus bas « Signes de cor­rec­tion dans l’An­ti­qui­té ».

Rome antique 

L’ex­po­sé de Bros­sard donne davan­tage d’in­for­ma­tions sur la librai­rie dans la capi­tale de l’Em­pire romain. 

École romaine. Stèle du iie s., retrou­vée à Trier, Alle­magne. Source : « Lire et écrire dans la Rome antique », La Toge et le Glaive, 19 jan­vier 2014.

On sait qu’à Rome nombre de copistes tenaient en même temps bou­tique de libraires ; ils étaient dési­gnés sous le nom de libra­rii […]. La plu­part d’entre eux étaient des affran­chis ou des étran­gers ; ils ven­daient pour leur compte les tra­vaux qu’ils avaient minu­tieu­se­ment et lon­gue­ment trans­crits. […]
Les copistes qui se livraient à la trans­crip­tion des ouvrages anciens étaient dési­gnés du nom par­ti­cu­lier d’anti­qua­rii […].

Par­mi ces libraires de l’an­cienne Rome l’his­toire a sur­tout conser­vé le sou­ve­nir des frères Socio [sic, Sosii], qui furent les édi­teurs d’Horace (65-8 av. J.-C), et de Pom­po­nius Alliais [Pom­po­nius Élien ou Aelia­nus], l’a­mi de Cicé­ron (106-43 av. J.-C.) et le plus grand libraire de l’é­poque. D’a­près Cor­ne­lius Nepos [ou Cor­né­lius Népos], ces mar­chands avaient à leur ser­vice un nombre éle­vé de lec­teurs, d’é­cri­vains, de cor­rec­teurs, de relieurs, […] avec les­quels ils pou­vaient, en un temps rela­ti­ve­ment court, repro­duire un manus­crit à plu­sieurs mil­liers d’exemplaires.

Au milieu d’un pro­fond silence, le lec­teur dic­tait le texte aux copistes : esclaves de condi­tion, sou­vent éle­vés et ins­truits à grands frais, ceux-ci étaient d’ha­biles écri­vains qui, pour toute rému­né­ra­tion, rece­vaient la nour­ri­ture, le loge­ment et l’entretien […].

[La copie ache­vée,] le par­che­min était alors confié au cor­rec­teur, gram­ma­rien ou édi­teur de pro­fes­sion, char­gé de revi­ser le texte, de rec­ti­fier les inter­pré­ta­tions erro­nées du lec­teur et de cor­ri­ger les fautes du copiste9.

Selon René Ménard (1883), « le nom du cor­rec­teur figu­rait avec celui de l’au­teur10 ». J’ai l’in­tui­tion que cette géné­ra­li­sa­tion pour­rait être nuan­cée. Il est vrai que les nom­breux livres antiques qui nous ont été trans­mis par copie médié­vale portent une sous­crip­tion chré­tienne. Or, explique Wiki­pé­dia, « c’é­tait un bref appen­dice, qui décri­vait quand le livre avait été reco­pié, et qui l’a­vait relu pour s’as­su­rer de sa confor­mi­té. Ce type de sous­crip­tion était pro­ba­ble­ment usuel aus­si avant les temps chré­tiens, au moins pour les livres de valeur. Il témoi­gnait de l’o­ri­gine et de l’exac­ti­tude de la copie. » Néan­moins, là encore, il ne s’a­git pas néces­sai­re­ment d’un cor­rec­teur pro­fes­sion­nel11.

Signes de correction dans l’Antiquité

Sur la pra­tique même de la cor­rec­tion, d’autres détails inté­res­sants sont four­nis par un texte de Daniel Delattre (direc­teur de recherche émé­rite CNRS-IRHT), à pro­pos de la biblio­thèque des Papy­rus, à Her­cu­la­num (Ita­lie), où furent retrou­vés de nom­breux textes, notam­ment de phi­lo­so­phie grecque (Lucrèce, Épi­cure, Phi­lo­mène de Gada­ra). Un cours col­lec­tif en ligne, Le Livre de l’Antiquité à la Renais­sance, dont il a écrit une par­tie, com­plète ce qui suit (les notes pré­cisent la source des dif­fé­rents extraits) :

Les rou­leaux conser­vés dans la biblio­thèque d’Her­cu­la­num sont géné­ra­le­ment soi­gnés et ont été relus avec atten­tion et cor­ri­gés par le scribe lui-même, par­fois aus­si par un cor­rec­teur pro­fes­sion­nel (un dior­thô­tès). Des inter­ven­tions nom­breuses en témoignent, qui sou­vent sont faites avec un égal sou­ci de lisi­bi­li­té et de dis­cré­tion12

[…] cela [la relec­ture par un cor­rec­teur pro­fes­sion­nel] était pro­ba­ble­ment de règle dans les ate­liers de librai­rie, par exemple celui d’At­ti­cus, ami et édi­teur de Cicé­ron13.

« J’ai lais­sé pas­ser une erreur énorme. J’ai confon­du les noms d’A­ris­to­phane et d’Eu­po­lis. Est-ce que tu as moyen de faire cor­ri­ger les copies déjà mises en circulation ? »

Cicé­ron à son ami et édi­teur Atti­cus14.

En quoi les inter­ven­tions du cor­rec­teur consistaient-elles ?

La plu­part des cor­rec­tions sont faites dans l’in­ter­ligne qui pré­cède la ligne fau­tive, et en carac­tères plus petits15. Les prin­cipes de cor­rec­tion sont simples : quand une ou plu­sieurs lettres erro­nées sont à sup­pri­mer, on les exponc­tue, c’est-à-dire qu’un point noir est pla­cé au-des­sus de la (ou des) lettre(s) à annu­ler ; dans cer­tains cas, la lettre est sim­ple­ment bif­fée. Si la lettre est à rem­pla­cer par une autre, le point est rem­pla­cé par la nou­velle lettre, cen­trée au-des­sus de la lettre erro­née (quel­que­fois, le scribe réécrit direc­te­ment sur cette der­nière). Si une lettre a été omise, elle est tra­cée dans l’in­ter­ligne à che­val au-des­sus des deux lettres entre les­quelles il faut l’in­sé­rer. Dans cer­tains cas, si c’est une ligne entière qui a été omise par le copiste, elle est ajou­tée de la même manière dans l’in­ter­ligne, le début étant pla­cé au-des­sus du point d’in­ser­tion dans la ligne à com­plé­ter. En revanche, si ce qui est à rajou­ter est trop long, on peut trou­ver, déta­ché en marge gauche, un signe du type « ancre » (flèche oblique mon­tante ou des­cen­dante, selon que l’a­jout est repor­té dans la marge supé­rieure ou infé­rieure), un trait oblique ou encore une « diplè simple » [un che­vron], qui ont alors leur cor­res­pon­dant dans l’une des deux marges, devant ce qui a été omis16.

Source : Daniel Delattre-Laurent Capron, CD-Rom Les Sources docu­men­taires du Livre IV des Com­men­taires sur la musique de Phi­lo­dème (réa­li­sa­tion : Ins­ti­tut de Papy­ro­lo­gie de la Sor­bonne – uni­ver­si­té de la Sor­bonne, Paris IV), Paris, 2007.

Manuscrits orientaux  

J’ai trou­vé peu d’informations sur la cor­rec­tion antique hors du monde gré­co-romain17. Je ne trai­te­rai donc que le cas des manus­crits arabes — où la notion de texte ori­gi­nal était consi­dé­rée dif­fé­rem­ment qu’en Occi­dent —, sur les­quels j’ai été infor­mé par un article de Chris­tine Jungen : 

[…] dans le monde arabe et musul­man[,] la copie manus­crite […] a consti­tué le mode prin­ci­pal de trans­mis­sion des textes jus­qu’au milieu du xixe siècle, voire au-delà. […] Exé­cu­tées par des copistes pro­fes­sion­nels, par des let­trés ou par des étu­diants, les copies pro­duites se sin­gu­la­risent par leur matière [… mais] éga­le­ment par leur conte­nu […]. Chaque copie est un exem­plaire unique, qui, au-delà des dif­fé­rences de ver­sion, par­fois infimes, entre copies d’un même texte, peut éga­le­ment dif­fé­rer de ses copies « parentes » soit par l’ajout d’une intro­duc­tion ou de com­men­taires in tex­to par le copiste ou le com­man­di­taire de la copie, soit par l’introduction de marques de véri­fi­ca­tion ou de confir­ma­tion (effec­tuées lors de la copie ou de lec­tures publiques). À ces inter­ven­tions s’ajoutent les anno­ta­tions por­tées en marge par les lec­teurs. Sans cesse amen­dé et cor­ri­gé au fil des copies et des lec­tures (dont témoignent les mul­tiples marques de véri­fi­ca­tion, d’audition et de cor­rec­tion que portent les manus­crits), le kitâb, le « livre », s’est long­temps défi­ni, dans sa tra­di­tion manus­crite, comme un sup­port d’écriture mou­vant et dyna­mique appe­lé à être sans cesse modi­fié au cours des pra­tiques let­trées18.

Double page extraite du Livre de Siba­wayh, manus­crit de la BnF. 

De telles cor­rec­tions ont été étu­diées par Gene­viève Hum­bert sur un manus­crit trou­vé à Milan du Livre de Siba­wayh (Kitâb Sîba­wayh), un trai­té de gram­maire arabe (dont la BnF pos­sède un manus­crit copié à quatre mains).

Le Kitâb de Sîba­way­hi fut rédi­gé au iie/viiie siècle. Bien que l’au­teur soit consi­dé­ré comme l’un des plus grands gram­mai­riens arabes, on ne connaît rien de sa bio­gra­phie, ce qui est bien illus­tré par le simple fait que même la date de sa mort est située dans une “four­chette” qui peut aller de 160-161/776-777 à 194/809-810. La même incer­ti­tude se trouve autour du Kitâb19.

Pour plus d’in­for­ma­tions, on peut lire Gene­viève Hum­bert, Les Voies de la trans­mis­sion du Kitâb de Sîba­way­hi, Stu­dies in Semi­tic Lan­guages and Lin­guis­tics, XX, Lei­den, E. J. Brill, 1995, en par­ti­cu­lier « Le tra­vail du cor­rec­teur et la bana­li­sa­tion d’un texte », p. 172-176 (pages en libre accès dans l’a­per­çu sur Google Livres).

Bonus : corriger sur tablette de cire

Styles. Illus­tra­tion dans Le Livre d’Al­bert Cim, p. 65.

Les tablettes de cire « sont des sup­ports d’é­cri­ture effa­çables […] et réuti­li­sables, connus depuis la haute anti­qui­té et qui ont été uti­li­sés jus­qu’au milieu du xixe siècle » (Wiki­pé­dia). Dans sa somme, Le Livre (1905), Albert Cim dévoile que, tels cer­tains de nos crayons de papier équi­pés d’une gomme, le style com­por­tait un embout de correction.

Le style, qui ser­vait à écrire sur les tablettes de cire, « était un petit ins­tru­ment d’os, de fer, de cuivre ou d’argent, long de quatre à cinq pouces, mince, effi­lé et poin­tu à l’une de ses extré­mi­tés, tan­dis que l’autre, assez forte, était apla­tie… La pointe tra­çait l’écriture sur la cire, et, si l’on avait une lettre ou un mot à cor­ri­ger ou à effa­cer, on retour­nait le style et l’on employait l’extrémité apla­tie pour faire dis­pa­raître la lettre ou le mot réprou­vé, pour rendre unie, dans cet endroit, la sur­face de la cire, et pou­voir sub­sti­tuer un autre mot à celui qu’on venait d’effacer. L’expression ver­tere sty­lum, retour­ner le style, pas­sait en pro­verbe chez les Romains pour dire cor­ri­ger un ouvrage20 […]. »

Autres sources consultées :

☞ Article à venir : Le cor­rec­teur médiéval.

Article mis à jour le 5 octobre 2023.


Correcteurs et correctrices célèbres (1)

Cor­ne­lius Kiliaan (1528/1530 – 1607), cor­rec­teur chez Chris­tophe Plan­tin pen­dant cin­quante ans. Source : musée More­tus-Plan­tin.

Au fil de mes recherches, j’ai croi­sé nombre de per­sonnes citées comme ayant exer­cé, au moins un temps, le métier de cor­rec­teur. Cer­tains noms reve­naient sans cesse, d’autres étaient plus rares, ce qui m’a inci­té à ouvrir un fichier spé­ci­fique pour m’en sou­ve­nir. Voi­ci donc le Hall of Fame des cor­rec­teurs. Cette liste ne pré­tend pas, bien sûr, à l’exhaustivité et reste sus­cep­tible d’ajouts, de pré­ci­sions et aus­si de sug­ges­tions bien­ve­nues. 
NB — Les cita­tions sont par­fois cou­pées abrup­te­ment quand je n’ai eu accès qu’à un extrait de la page.

Les antiques

Antimaque de Colophon
Anti­maque de Colophon.

Anti­maque de Colo­phon ou de Cla­ros (400-348 av. J.-C.)

« Poète et gram­mai­rien grec contem­po­rain des guerres médiques. Ses œuvres sont aujourd’­hui per­dues : on en pos­sède seule­ment quelques frag­ments » (Wiki­pé­dia).
« Anti­maque de Colo­phon, poète lui-même, est, je crois, le plus ancien dior­thonte [ou dior­thôte], dont le tra­vail, du moins en par­tie, soit arri­vé jus­qu’à nous » (Jean-Bap­tiste Dugas-Mont­bel, His­toire des poé­sies homé­riques, 1831, p. 78).

Zéno­dote (330-260 av. J.-C.)

« Mis au rang des pre­miers dior­thôte, c’est-à-dire des cor­rec­teurs, grâce à son impor­tante pro­duc­tion d’é­di­tions cri­tiques des textes homé­riques » (Wiki­pé­dia).

Les glorieux ancêtres

Constam­ment cités, au long du xixe siècle, par­mi les pre­miers « cor­rec­teurs », même si la cor­rec­tion d’é­preuves ne consti­tuait qu’une petite par­tie de leur acti­vi­té. Clas­sés par date de naissance.

Janus Las­ca­ris (1445-1535)

Éru­dit grec de la Renaissance.

Johann Fro­ben (1460-1527)

Impri­meur et édi­teur bâlois. « Asso­cié, à par­tir de 1493, à Johann Petri, et à par­tir de 1500 envi­ron, à Johann Amer­bach dont il a été le cor­rec­teur, tra­vaillant ensemble jus­qu’en 1512 » (BnF).
« Un livre où il y a des fautes n’est pas un livre » (cité par J.-B. Prod­homme dans cet article).

Josse Bade (1461 ou 1462 – 1535)

Jodo­cus Badius en latin, sur­nom­mé Ascen­sius, impri­meur et libraire d’o­ri­gine belge, ayant prin­ci­pa­le­ment exer­cé en France, d’a­bord à Lyon puis à Paris. « […] après avoir pro­fes­sé avec tant de dis­tinc­tion les belles-lettres à Lyon, fut cor­rec­teur chez Trech­sel, dont il devint le gendre […] » (Larousse du xixe siècle). « Cor­rec­teur chez Jean Trech­sel, puis Robert Gaguin, ins­tal­lé à son compte en 1500 » (Ency­clo­pé­die Larousse).

Erasme
Érasme.

Érasme (1466?-1536)

Cha­noine régu­lier de Saint-Augus­tin, phi­lo­sophe, huma­niste et théo­lo­gien néer­lan­dais. « Érasme l’é­nonce en 1505 dans sa pré­face aux Adno­ta­tiones de Loren­zo Val­la : la per­fec­tion du texte écrit est une des ambi­tions les plus hautes ; elle impose une vigi­lance d’autant plus exi­geante que “l’imprimerie […] répand aus­si­tôt une faute unique en mille exem­plaires […]”. Ain­si, l’hu­ma­niste sera sou­vent un homme qui tra­vaille au cœur de l’a­te­lier typo­gra­phique » (Yann Sor­det, p. 290, voir mon article). 

Mar­cus Musu­rus (1470-1517)

Hel­lé­niste et huma­niste d’o­ri­gine grecque. 

Jean Trech­sel (14..-1498)

Impri­meur-libraire, gra­veur et fon­deur de carac­tères, ori­gi­naire d’Al­le­magne, pro­ba­ble­ment de Mayence.

Geof­froy Tory (1485-1533)

« Impri­meur-libraire, éga­le­ment édi­teur huma­niste, tra­duc­teur, des­si­na­teur, peintre, enlu­mi­neur, gra­veur, fon­deur de carac­tères et relieur fran­çais. Il est l’un des intro­duc­teurs des carac­tères romains en France et l’un des pre­miers réfor­ma­teurs de l’or­tho­graphe fran­çaise » (Wiki­pé­dia). Cor­rec­teur d’Hen­ri Estienne (Bros­sard).

Sébas­tien Gryphe (1492-1556)

Sebas­tia­nus Gry­phius en latin, de son vrai nom Sebas­tian Greyff. Impri­meur-libraire français.

Zacha­rie Kal­lier­gis (actif de 1499 à 1524)

Copiste de manus­crits, pion­nier de l’im­pri­me­rie pour la langue grecque. 

Étienne Dolet (1509?-1546)

Phi­lo­logue éru­dit et impri­meur, cor­rec­teur et lec­teur d’é­preuves (chez Sébas­tien Gryphe1, à Lyon, en 1534). Brû­lé vif avec ses livres, place Mau­bert à Paris (Uni­ver­sa­lis).

Michel Ser­vet (1511-1553)

Cor­rec­teur typo­graphe, méde­cin, arche­vêque. Brû­lé comme héré­tique (Uni­ver­sa­lis).

Cornelius Kiliaan
Cor­ne­lius Kiliaan.

Cor­ne­lius Kiliaan (1528/1530 – 1607)

De son vrai nom, Cor­ne­lis Abts van Kiele. Poète, his­to­rien, lexi­co­graphe, lin­guiste, tra­duc­teur néer­lan­dais.
« Après ses études, il a trou­vé un emploi dans l’im­pri­me­rie récem­ment fon­dée par Chris­tophe Plan­tin, impri­me­rie qui se déve­lop­pe­ra jus­qu’à deve­nir la plus impor­tante d’Eu­rope à cette époque. Il a com­men­cé au bas de l’é­chelle en tant que typo­graphe et impri­meur, mais il a été pro­mu pre­mier assis­tant en 1558. Plan­tin avait mani­fes­te­ment confiance dans les qua­li­tés de Kiliaan car en 1565, il a été nom­mé cor­rec­teur d’é­preuves, une fonc­tion rému­né­ra­trice réser­vée alors aux éru­dits » (Wiki­pé­dia).
« Kiliaan a tra­vaillé pen­dant 50 ans en tant que cor­rec­teur chez Plan­tin. Ce veuf vivait avec ses trois enfants dans la mai­son située sur la place du Vri­j­dag­markt. Lorsque Plan­tin émet le sou­hait d’éditer un dic­tion­naire tra­duc­tif néer­lan­dais, il pense aus­si­tôt à faire appel à son cor­rec­teur. Les dic­tion­naires vont désor­mais rem­plir toute la vie de Kiliaan » (musée More­tus-Plan­tin).
« Kilian peut être consi­dé­ré comme le phé­nix des cor­rec­teurs morts et vivants. Il savait que la cor­rec­tion est à l’art typo­gra­phique, sui­vant l’heu­reuse expres­sion d’Hen­ri Estienne, ce que l’âme est au corps humain ; elle lui donne l’être et la vie » (Léon Degeorge, La Mai­son Plan­tin à Anvers, Impr. Félix Cal­le­waert père (Bruxelles), 1877).

Frie­drich Syl­burg (1536-1596)

Phi­lo­logue alle­mand. « […] à par­tir de 1582, il se voue tout entier à la révi­sion et à la cor­rec­tion des anciens auteurs grecs et latins. Jusqu’en 1591, il tra­vaille chez l’imprimeur Wechel à Franc­fort-sur-le-Main, ensuite il passe à Hei­del­berg, auprès de Com­me­lin, et est nom­mé biblio­thé­caire de l’université » (Wiki­pé­dia). Cité par Larousse.

Fran­çois Rav­len­ghien (1539-1597)

Fran­cis­cus Raphe­len­gius en latin, aus­si connu comme Fran­çois Raphe­leng, né en Flandres, orien­ta­liste, lin­guiste et impri­meur de la Renais­sance. « […] aima mieux res­ter cor­rec­teur chez Plan­tin [en 1564, BnF] que d’aller occu­per à Cam­bridge la chaire de pro­fes­seur de grec, à laquelle son mérite l’avait appe­lé […] » (Larousse). Plan­tin dont il a épou­sé Mar­gue­rite, la fille aînée (Wiki­pé­dia).

Juste Lipse (1547-1606)

Ius­tus Lip­sius en latin, de son nom d’o­ri­gine Joost Lips. Phi­lo­logue et huma­niste qui vécut dans ce qui était alors les Pays-Bas espa­gnols et aujourd’­hui la Belgique.

D’autres noms sont cités par L.-E. Bros­sard, Le Cor­rec­teur typo­graphe, 1924.

Les écrivains, les journalistes et quelques autres 

Maniant la plume, ils l’ont mise au ser­vice de la cor­rec­tion, sou­vent le temps de se faire un nom. Clas­sés par date de naissance.

François Rabelais
Rabe­lais.

Fran­çois Rabe­lais (1483 ou 1494 – 1553)

Écri­vain fran­çais huma­niste de la Renais­sance. Cor­rec­teur chez Sébas­tien Gryphe, à Lyon, dans les années 1530.

Claude Gou­di­mel (1520?-1572)

Com­po­si­teur fran­çais. Mou­rut à Lyon, vic­time des mas­sacres de la Saint-Bar­thé­le­my. « Fut asso­cié à l’é­di­teur Nico­las Du Che­min comme cor­rec­teur (1551) » (Uni­ver­sa­lis).
Lire Fran­çois Lesure, « Claude Gou­di­mel, étu­diant, cor­rec­teur et édi­teur pari­sien », Musi­ca Dis­ci­pli­na, vol. 2, nos 3-4, 1948, p. 225-230.

Hen­ri Estienne (1528/1530 – 1598)

Impri­meur, phi­lo­logue, hel­lé­niste et huma­niste fran­çais, fils de l’im­pri­meur Robert Estienne. « Ado­les­cent, il avait com­men­cé à cor­ri­ger les textes grecs, en tra­vaillant avec son père sur les épreuves d’une magni­fique édi­tion de Denys d’Ha­li­car­nasse, un exemple impres­sion­nant des “grecs du roi” que Robert publia en 1547 » (Antho­ny Graf­ton, « Les cor­rec­teurs d’im­pri­me­rie et les textes clas­siques », dans Des Alexan­dries I. Du livre au texte (dir. Luce Giard et Chris­tian Jacob), BnF, 2001, p. 427).

Félix Plat­ter (1536-1614)

Méde­cin et bio­lo­giste suisse, cor­rec­teur d’im­pri­me­rie à Bâle (Uni­ver­sa­lis).

Gior­da­no Bru­no (1548-1600)

Frère domi­ni­cain et phi­lo­sophe napo­li­tain, brû­lé vif pour athéisme et héré­sie. « […] à Genève, […] il […] sur­vit comme cor­rec­teur d’im­pri­me­rie » (Le Monde, 17 février 2000). 

Guy Patin (1601-1672)

Méde­cin et épis­to­lier fran­çais. « Brouillé avec sa famille pour son refus d’entrer dans la car­rière ecclé­sias­tique, il se livra à l’étude de la méde­cine et, comme il était dépour­vu de res­sources, il se fit cor­rec­teur d’imprimerie (aux dires de Théo­phraste Renau­dot et de Pierre Bayle) » (Wiki­pé­dia).

Ben­ja­min Frank­lin (1706 -1790)

Impri­meur, écri­vain, phy­si­cien, diplo­mate américain.

Fran­çois-Joa­chim de Pierre de Ber­nis (1715 -1794)

Diplo­mate, homme de lettres et pré­lat fran­çais qui fut ambas­sa­deur à Venise (1752-1755), ministre d’É­tat (1757), secré­taire d’É­tat des Affaires étran­gères (1757-1758) et enfin char­gé d’af­faires auprès du Saint-Siège (1769-1791). « […] ma famille se rap­pelle encore l’abbé de Ber­nis, qui lisait des épreuves chez mon bis­aïeul Fran­çois Didot » (Ambroise Fir­min-Didot, dans son dis­cours d’installation comme pré­sident hono­raire de la Socié­té des cor­rec­teurs, le 1er novembre 1866).

Restif de La Bretonne
Res­tif de La Bretonne.

Nico­las Edme Res­tif de La Bre­tonne (1734-1806)

Écri­vain fran­çais. « À Paris, il devient “prote” et cor­rec­teur dans diverses impri­me­ries, dont l’Im­pri­me­rie royale du Louvre » (Gérard Blan­chard, « Res­tif de La Bre­tonne : typo­graphe et écri­vain », Com­mu­ni­ca­tion et lan­gages, no 30, 1976, p. 65). Il raconte ces années dans sa vaste auto­bio­gra­phie, Mon­sieur Nico­las, ou le Cœur humain dévoi­lé.

Fran­çois-René de Cha­teau­briand (1768-1848)

Écri­vain, mémo­ria­liste et homme poli­tique fran­çais. « L’a­ca­dé­mi­cien Charles Nodier fut cor­rec­teur d’im­pri­me­rie. Cha­teau­briand occu­pa le même emploi à Londres où la tour­mente révo­lu­tion­naire l’a­vait jeté dénué de toutes res­sources » (note de la chan­son Embau­chés sous l’ai­mable loi / Du grand saint Jean Porte-Latine, 1858).

Charles Nodier (1780-1844)

Écri­vain, roman­cier et aca­dé­mi­cien fran­çais. « En août 1809, il entra en rela­tions avec l’é­cri­vain anglais Her­bert Croft et Lady Mary Hamil­ton, ins­tal­lés à Amiens. Deve­nu leur secré­taire le 3 sep­tembre, il réa­li­sa pour eux de fas­ti­dieux tra­vaux de copie lit­té­raire et de cor­rec­tion d’é­preuves, jus­qu’à leur ruine, en juin 1810 » (Wiki­pé­dia).

Pierre-Jean de Béran­ger (1780-1857) 

Chan­son­nier fran­çais. « Béran­ger se pré­sente à ma mémoire » (Ambroise Fir­min-Didot, dans son dis­cours d’installation comme pré­sident hono­raire de la Socié­té des cor­rec­teurs, le 1er novembre 1866).

Jules Miche­let (1798-1874)

His­to­rien fran­çais, fils d’un maître-impri­meur (cité par Brossard).

Johann Frie­drich Düb­ner (1802-1867)

Phi­lo­logue alle­mand, « vient dès 1832 se fixer à Paris, où il prend une part active à tous les grands tra­vaux de la librai­rie Fir­min Didot (The­sau­rus lin­guæ græcæCol­lec­tion grecque-latine) » (Wiki­pé­dia). Cité par Larousse.

Fran­çois Buloz (1803-1877)

Patron de presse fran­çais, direc­teur de la Revue des Deux-Mondes. « Fils de culti­va­teurs, chi­miste de for­ma­tion, Fran­çois Buloz est d’a­bord prote d’im­pri­me­rie, puis com­po­si­teur d’im­pri­me­rie et cor­rec­teur » (Wiki­pé­dia).
« […] il entra alors dans une impri­me­rie où il apprit le métier de typo­graphe : il y réus­sit, et devint même un assez habile ouvrier. En 1825, il fut admis à l’imprimerie de l’archevêché comme cor­rec­teur. De huit heures du matin à huit heures du soir, le jeune Buloz était char­gé de la lec­ture des épreuves ; tous les livres latins ou fran­çais lui pas­saient par les mains : ce dut être excellent pour com­plé­ter ses huma­ni­tés » (Marie-Louise Paille­ron, Fran­çois Buloz et ses amis, 1918).
« Enfin, en 1828, F. Buloz entra, comme cor­rec­teur encore, à l’imprimerie d’Éverat, 18, rue du Cadran. C’est là que se déci­da son ave­nir, et qu’il aban­don­na le métier de typo­graphe, pour deve­nir direc­teur de [r]evue » (ibid.).

Proudhon
Prou­dhon.

Pierre-Joseph Prou­dhon (1809-1865)

Polé­miste, jour­na­liste, éco­no­miste, phi­lo­sophe, poli­tique et socio­logue fran­çais.
« Il avait com­men­cé cor­rec­teur avant d’ap­prendre le métier de com­po­si­teur, ain­si que l’in­diquent les dates. M. Mil­liet (aujourd’­hui rédac­teur du Jour­nal de I’Ain), qui était, en 1829, prote d’im­pri­me­rie a Besan­çon, dans la mai­son où […] »
« Prou­dhon, ser­vi par son acti­vi­té, son savoir, était vite deve­nu cor­rec­teur à la mai­son Gau­thier, qui avait alors en chan­tier une édi­tion latine de la Vie des Saints, accom­pa­gnée de notes éga­le­ment latines. […] » (Daniel Halé­vy, La Vie de Prou­dhon, 1809-1847, 1948).

Karl Mül­ler (1813-1894)

Phi­lo­logue hel­lé­niste alle­mand, « connu pour la qua­li­té de ses nom­breuses édi­tions de textes en grec ancien et leurs tra­duc­tions en latin » (Wiki­pé­dia). Cité par Larousse.

Paul Féval (1816-1887)

Roman­cier fran­çais. « Son œuvre abon­dante, com­po­sée de plus de 70 romans popu­laires édi­tés en feuille­ton et de près de 70 nou­velles […] eut un suc­cès consi­dé­rable de son vivant, éga­lant celles d’Honoré de Bal­zac et d’Alexandre Dumas » (Wiki­pé­dia). Cor­rec­teur au Nou­vel­liste (Uni­ver­sa­lis).

Jules Ber­ge­ret (1831-1905)

Per­son­na­li­té mili­taire de la Com­mune de Paris. « Après avoir quit­té l’armée, il est d’a­bord gar­çon d’é­cu­rie à Saint-Ger­main puis il devient cor­rec­teur d’imprimerie et typo­graphe » (Wiki­pé­dia).

Arthur Ranc (1831-1908)

Jour­na­liste et essayiste poli­tique, répu­bli­cain anti­clé­ri­cal franc-maçon et révo­lu­tion­naire fran­çais. « Cor­rec­teur à L’Opinion natio­nale, il col­la­bo­ra à La Rue (1er juin 1867 – 11 jan­vier 1868) de Jules Val­lès (de qui il fut proche et qui le men­tionne dans Le Bache­lier sous le nom de Roc — Ranc signi­fiant en occi­tan roc ou rocher), au Réveil de Charles Deles­cluze, au Diable à Quatre (1868), à La Cloche (1869) » (Mai­tron).

Léo Fran­kel (1844-1896)

Mili­tant syn­di­ca­liste et socia­liste hon­grois d’o­ri­gine juive. Prend une part active à la Com­mune de Paris de 1871. Ouvrier d’or­fè­vre­rie, cor­rec­teur puis jour­na­liste (BM Lyon).

Léon Bloy
Léon Bloy.

Léon Bloy (1846-1917)

Roman­cier et essayiste fran­çais. « Après la guerre, il revient habi­ter la rue Rous­se­let et reprend auprès de son vieux maître [Jules Bar­bey d’Au­re­vil­ly] les fonc­tions de secré­taire et de cor­rec­teur d’é­preuves, qu’il par­ta­geait avec M. Lan­dry » (L’A­go­ra).

Alfred Bru­neau (1857-1934)

Com­po­si­teur, chef d’or­chestre et cri­tique fran­çais. « Il tra­vaille comme cor­rec­teur chez l’é­di­teur de musique Georges Hart­mann » (Uni­ver­sa­lis).

Timbre à l'effigie de Charles Péguy
Timbre à l’ef­fi­gie de Charles Péguy.

Charles Péguy (1873-1914)

Écri­vain, poète, essayiste et offi­cier de réserve fran­çais.
« Mon cher Péguy
« Les Tha­raud [les frères Jean et Jérôme Tha­raud] me disent que vous êtes un peu souf­frant, que vous vous êtes trop fati­gué. Cela me peine. Il n’est pas pos­sible en effet que vous conti­nuiez ce métier de cor­rec­teur d’épreuves, qui est le plus tuant de tous, et sur­tout que vous y met­tiez cette appli­ca­tion exces­sive. Il vaut mieux que quelques fautes typo­gra­phiques se glissent dans les Cahiers [de la Quin­zaine, 1900-1914, revue bimen­suelle fon­dée et diri­gée par Péguy], et que vous alliez bien : les chefs-d’œuvres clas­siques n’ont rien per­du aux coquilles qui émaillent leurs pre­mières édi­tions » (Romain Rol­land [?], Cahiers Romain Rol­land, vol. 22, 1948).
« Péguy y était un maître Jacques, tour à tour édi­teur, ven­deur, cor­rec­teur d’épreuves, comp­table et par­fois typo­graphe » (André Sua­rès, La Condot­tiere de la beau­té, De Neder­landsche Boe­khan­del, 1954, p. 10).
« Il s’est usé les yeux sur les épreuves. Pen­dant long­temps, il a cor­ri­gé lui-même et mis en pages tous les livres qu’il publiait. Cor­rec­teur achar­né, il fai­sait la chasse aux lettres cas­sées, à l’œil dou­teux, aux vir­gules sans pointe » (Alexandre Mil­le­rand, André Sua­rès, Charles Péguy : sa vie, son œuvre et son enga­ge­ment, éd. Homme et Lit­té­ra­ture, 2021).

Pierre Monatte
Pierre Monatte.

Pierre Monatte (1881-1960)

« Cor­rec­teur d’im­pri­me­rie et mili­tant fran­çais. Figure majeure du syn­di­ca­lisme, il est l’un des res­pon­sables de la CGT au début du xxe siècle » (Wiki­pé­dia). Cor­rec­teur de presse, L’Époque, La Liber­té du temps, France-Soir, rue Réau­mur. En jan­vier 1908, il entre comme cor­rec­teur à l’imprimerie confé­dé­rale de la CGT.

Pierre Mac Orlan (1882-1970)

Pierre Mac Orlan
Pierre Mac Orlan.

Né Pierre Dumar­chey, écri­vain fran­çais. Cor­rec­teur à La Dépêche de Rouen de 1901 à 1905 (éd. Sillages).
« Quand André Mau­rois était au lycée Cor­neille et qu’Émile Char­tier, sous le pseu­do­nyme d’Alain, publiait chaque jour des pro­pos dans la Dépêche de Rouen, il y avait, à l’imprimerie de celle-ci, un jeune cor­rec­teur par­ti­cu­liè­re­ment char­gé d’apporter tous ses soins à la lec­ture des épreuves de cha­cun des pro­pos. Ce jeune cor­rec­teur s’appelait Pierre Dumar­chais [sic]. Un jour, il devien­drait célèbre en lit­té­ra­ture sous le pseu­do­nyme de Pierre Mac Orlan » (Michel Droit, André Mau­rois et Rouen, 25 octobre 1985, Aca­dé­mie française).

Jacques Mari­tain (1882-1973)

Phi­lo­sophe et théo­lo­gien catho­lique fran­çais. « Péguy et Jacques Mari­tain s’en­ten­dirent tout de suite à mer­veille : on sait que Péguy prit même un moment ce der­nier comme col­la­bo­ra­teur, en tant que révi­seur et cor­rec­teur atti­tré des Cahiers [de la Quin­zaine] […] » (Georges Cat­taui, Péguy, témoin du tem­po­rel chré­tien, 1964). 

Anton Webern (1883-1945)

Com­po­si­teur et chef d’or­chestre autri­chien. « […] exer­cer l’humble métier de cor­rec­teur d’épreuves dans une grande mai­son d’édition musi­cale vien­noise. Aus­si bien cette obs­cu­ri­té conve­nait-elle à son extrême modes­tie et à son appa­rente absence d’ambition (André Hodeir, La Musique étran­gère contem­po­raine, « Que sais-je ? », no 631, PUF, 1954, p. 60).

Francis Carco
Fran­cis Carco.

Fran­cis Car­co (1886-1958)

Écri­vain, poète, jour­na­liste et paro­lier fran­çais. « Car­co entra dès lors comme lec­teur et cor­rec­teur-typo­graphe à la Belle Édi­tion de Fran­cois Ber­nouard, située rue Dupuy­tren, où chaque col­la­bo­ra­teur allait à son tour action­ner une presse à bras gémis­sante et d’an­tique modèle (Emma­nuel Aeger­ter, Pierre Labra­che­rie, Au temps de Guillaume Apol­li­naire, Jul­liard, 1945).

Louis Lecoin (1888-1971)

Mili­tant paci­fiste et anar­chiste fran­çais. « Louis Lecoin était issu d’une famille très pauvre, de parents illet­trés : il ne pos­sé­dait lui-même qu’un cer­ti­fi­cat d’é­tudes pri­maires. Il devint cor­rec­teur d’im­pri­me­rie après avoir exer­cé les pro­fes­sions de manœuvre, jar­di­nier, cimen­tier et avoir été aus­si men­diant » (Wiki­pé­dia).

Pierre Rever­dy (1889-1960)

Poète fran­çais. « 1912 — Il gagne modes­te­ment sa vie comme cor­rec­teur d’im­pri­me­rie rue Fal­guière. Il assure le secré­ta­riat de rédac­tion du bul­le­tin de la Sec­tion d’or, dont la paru­tion s’in­ter­rompt après le pre­mier numé­ro » (Jean-Bap­tiste Para, Pierre Rever­dy, Cultu­res­france, minis­tère des Affaires étran­gères, 2006, p. 80).

Hen­ry Mil­ler (1891-1980)

Roman­cier et essayiste amé­ri­cain. « À l’au­tomne 1931, Mil­ler obtient un pre­mier emploi de cor­rec­teur d’é­preuves pour un jour­nal amé­ri­cain, le Chi­ca­go Tri­bune, grâce à son ami Alfred Per­lès qui y tra­vaille déjà » (Wiki­pé­dia).

Iou­ri Tynia­nov (1894-1943)

Écri­vain russe, spé­cia­liste de l’histoire de la lit­té­ra­ture russe du début du xixe siècle. Cher­cheur, ensei­gnant, tra­duc­teur, cor­rec­teur (Uni­ver­sa­lis).

Ser­gueï Essé­nine (1895-1925)

Poète russe. « En 1913, il tra­vaille comme cor­rec­teur à Mos­cou » (Uni­ver­sa­lis).

André Breton
André Bre­ton.

André Bre­ton (1896-1966) 

Poète et écri­vain fran­çais, prin­ci­pal ani­ma­teur et théo­ri­cien du sur­réa­lisme.
« “[…] de vous recom­man­der un jeune homme dont la situa­tion me touche et auquel vous pour­rez peut-être don­ner les moyens d’é­chap­per aux plus graves dif­fi­cul­tés. Il est étu­diant en méde­cine et s’oc­cupe pas­sion­né­ment de lit­té­ra­ture.” Le jeune homme est André Bre­ton, qui a déci­dé d’ar­rê­ter ses études pour se livrer à son exclu­sive pas­sion, et à qui son père a cou­pé les vivres. Le père a pris contact avec Valé­ry, qui a ten­té de le cal­mer et veut aider le jeune poète à se débrouiller jus­qu’à ce que sa situa­tion s’é­clair­cisse. Paul­han l’en­gage comme cor­rec­teur. » (Denis Ber­tho­let, Paul Valé­ry, Plon, 1995).
« André Bre­ton, cor­rec­teur, vrai­ment cor­rec­teur, au sens cor­rec­teur d’imprimerie, d’un Du côté de Guer­mantes, dont il monte les “pape­roles” en sem­blant pas­ser à côté de l’immensité de l’entreprise. » (Ber­nard-Hen­ri Lévy, « Les mots de Sartre. Le jour où Proust et Joyce se sont ren­con­trés. La mort de Fran­çois Bau­dot », Le Point, 11 mai 2010).

Marie Cana­vag­gia (1896-1976)

Tra­duc­trice pro­fes­sion­nelle fran­çaise et, pen­dant vingt-cinq ans, secré­taire lit­té­raire de Louis-Fer­di­nand Céline, dont elle cor­ri­gea les épreuves. Lire le détail de sa col­la­bo­ra­tion avec Céline sur Wikipédia. 

Phi­lippe Sou­pault (1897-1990)

Écri­vain, poète et jour­na­liste fran­çais, cofon­da­teur du sur­réa­lisme. « Esti­mé par Valé­ry et Gide, il est enga­gé comme cor­rec­teur à la N.R.F. » (Ber­nard Mor­li­no, Phi­lippe Sou­pault, 1986).

Joseph Kes­sel (1898-1979)

Roman­cier, grand repor­ter, aven­tu­rier, résis­tant et aca­dé­mi­cien fran­çais. « […] jeune homme qui fut […] cor­rec­teur d’é­preuves aux Débats » (Le Monde).

May Pic­que­ray (1898-1983)

May Picqueray
May Pic­que­ray.

Mili­tante anar­cho-syn­di­ca­liste et anti­mi­li­ta­riste liber­taire fran­çaise. « May Pic­que­ray a été une des figures du syn­di­cat des cor­rec­teurs. Elle fut notam­ment cor­rec­trice à Ce Soir, Libé­ra­tion et pen­dant vingt ans, au Canard enchaî­né » (Wiki­pé­dia).
« Quand les com­mu­nistes prirent le contrôle de la Fédé­ra­tion des métaux, May Pic­que­ray aban­don­na son tra­vail et par­tit en pro­vince où elle tra­vailla comme rédac­trice et cor­rec­trice dans un jour­nal régio­nal. […] Deve­nue cor­rec­trice à la Libé­ra­tion, d’abord à l’Imprimerie du Crois­sant, puis au jour­nal Libre Soir Express, elle fut admise le 1er octobre 1945 au syn­di­cat CGT des cor­rec­teurs qui ne comp­tait alors que 4 ou 5 femmes. À la dis­pa­ri­tion du jour­nal, elle obtint avec une de ses cama­rades, devant le conseil des prud­hommes, un mois d’indemnité de licen­cie­ment, ce qui ne s’était encore jamais vu. Le juge­ment fit juris­pru­dence. Elle fut ensuite cor­rec­trice au Canard enchaî­né » (Mai­tron).

Jean-Joseph Rabea­ri­ve­lo (1901 ou 1903 – 1937)

Né Joseph-Casi­mir Rabe, pre­mier écri­vain mal­gache d’ex­pres­sion fran­çaise, consi­dé­ré comme une figure lit­té­raire majeure à Mada­gas­car et en Afrique. « 1924 : Il devient cor­rec­teur à l’Im­pri­me­rie de l’I­me­ri­na et y tra­vaille béné­vo­le­ment les deux pre­mières années. Il gar­de­ra ce tra­vail jus­qu’à sa mort mal­gré une maigre paie. L’im­pri­me­rie de l’I­me­ri­na publie­ra cepen­dant plu­sieurs de ses ouvrages en tirage limi­té » (Wiki­pé­dia).

Gus­tav Fröh­lich (1902-1987)

Acteur, réa­li­sa­teur et scé­na­riste alle­mand. « À l’âge de gagner sa vie, il retour­na aux envi­rons de Hanovre et entra à la rédac­tion d’un tout petit jour­nal, dans une toute petite ville de la région. Il y était à la fois rédac­teur, cri­tique théâ­tral, cor­rec­teur, publi­ciste, gui­che­tier, et, pour tout ce tra­vail, il gagnait 35 marks par mois » (Ciné­monde, no 77, 10 avril 1930).

Pas­cal Pia (1903-1979)

Poète et jour­na­liste fran­çais. « Pour vivre, il est cor­rec­teur d’im­pri­me­rie et tra­vaille chez un agent de change » (Uni­ver­sa­lis).

Hen­ri Calet (1904-1956)

Écri­vain, jour­na­liste, homme de radio fran­çais, huma­niste et liber­taire. « Après ses études, il exer­ça divers petits métiers : clerc d’huis­sier, employé, etc. Il fut aus­si cor­rec­teur d’im­pri­me­rie » (Hen­ri Calet, Fièvre des pol­ders, « L’I­ma­gi­naire », Gal­li­mard, 2018).
« Sa vie d’er­rance finit par se sta­bi­li­ser à Paris, où Jean Paul­han lui trouve un emploi de cor­rec­teur qui lui laisse du temps pour se consa­crer à l’é­cri­ture » (Média­part, 9 août 2017).

Isaac Bashe­vis Sin­ger (1904-1991)

Écri­vain juif polo­nais natu­ra­li­sé amé­ri­cain.
« Ce poème fut publié dans l’heb­do­ma­daire lit­té­raire Lite­ra­rishe ble­ter (Les pages lit­té­raires) le 4 sep­tembre 1936. […], à cette époque, Isaac Bashe­vis Sin­ger n’é­tait déjà plus le cor­rec­teur de ce maga­zine qui parut sans inter­rup­tion de 1924 à 1939 et était le plus impor­tant maga­zine lit­té­raire en yid­dish de Pologne » (Ben­ny Mer, Smot­shè : bio­gra­phie d’une rue juive de Var­so­vie, L’Antilope, 2021).
« À la fin des années 1920, il vit tou­jours à Var­so­vie et ses pre­miers écrits ne le satis­font pas.[…] Il vit de très peu, pra­ti­que­ment de rien, cor­rec­teur d’épreuves dans tel ou tel jour­nal qui accepte de temps en temps de publier un de ses textes, pigé misé­ra­ble­ment » (Le Monde, 26 juillet 1991).

Eugène Iones­co (1909-1994)

Dra­ma­turge et écri­vain rou­ma­no-fran­çais. « Après la guerre, à Paris, il gagne sa vie comme cor­rec­teur dans une mai­son d’é­di­tions admi­nis­tra­tives » (Uni­ver­sa­lis).
« Eugène Iones­co est embau­ché comme débar­deur chez Ripo­lin, mais sa science de l’or­tho­graphe lui per­met d’être agréé par les Édi­tions tech­niques au titre de cor­rec­teur d’é­preuves » (Le Monde, 26 jan­vier 1996).
« […] pour les Iones­co, la fin des années qua­rante est bien le temps des vaches maigres. L’heure est au tra­vail. […] Voi­ci l’exilé rou­main cor­rec­teur d’épreuves, chez Durieu, rue Séguier. La tâche consiste en une relec­ture méti­cu­leuse des publi­ca­tions juri­diques […] que la mai­son édite, et qu’il s’agit de net­toyer de leurs incor­rec­tions ortho­gra­phiques et syn­taxiques avant paru­tion. De sep­tembre 1948 jusqu’au milieu des années cin­quante, Eugène Iones­co s’appliquera à détec­ter toutes les sco­ries qui peuvent pol­luer un texte. Il y gagne­ra une fami­lia­ri­té renou­ve­lée avec les mots. La charge est lourde, mais, tra­vaillant vite, l’œil en éveil, le cor­rec­teur Iones­co obtien­dra de ne paraître au bureau que le matin, empor­tant à domi­cile le reli­quat des pages à relire, et consa­crant son loi­sir à ses propres tra­vaux lit­té­raires. À par­tir de 1952, ce plein temps fera place à un mi-temps (9 heures/13 heures). Iones­co n’a pas détes­té ce moment de sa vie. En 1978, dans sa conver­sa­tion avec P. Sol­lers et P.A. Bou­tang, il déclare : “J’étais, entre 45 et 50 [en fait entre 1948 et 1955 (?)] un petit employé dans une mai­son d’édition juri­dique… Et je regrette main­te­nant de ne pas être res­té petit employé. Je n’aurais rien écrit, je ne serais pas entré dans ce bruit, dans ce chaos, dans cette noto­rié­té, et je pren­drais main­te­nant ma retraite.” » (André Le Gall, Iones­co, Flam­ma­rion, 2009, cité par un com­men­taire du blog Langue sauce piquante, du Monde, 6 novembre 2016).

Georges Brassens

Georges Bras­sens (1921-1981)

Auteur-com­po­si­teur-inter­prète fran­çais.
☞ Voir Georges Bras­sens, cor­rec­teur du Liber­taire.

José Sara­ma­go (1922-2010)

Écri­vain et jour­na­liste por­tu­gais.
« Loin de se can­ton­ner à un seul métier, il fut éga­le­ment des­si­na­teur indus­triel, puis cor­rec­teur d’épreuves, édi­teur, lan­çant en 1947 son tout pre­mier roman, Terre du péché, ins­pi­ré de sa région natale » (André Lavoie, « Faut-il relire… José Sara­ma­go ? », Le Devoir, 29 juillet 2023).
« Dans His­toire du siège de Lis­bonne (Histó­ria do cer­co de Lis­boa, 1989), roman dans le roman, un cor­rec­teur inverse le cours de l’His­toire lors du siège de Lis­bonne afin de trou­ver un sens à son exis­tence » (Wiki­pé­dia).
☞ Voir Le cor­rec­teur, per­son­nage lit­té­raire.

Jean-Claude Bris­ville (1922-2014)

Écri­vain fran­çais, dra­ma­turge, roman­cier et auteur pour la jeu­nesse. Lec­teur-cor­rec­teur chez Hachette de 1951 à 1958 (Who’s Who in France).

Wal­ter Lewi­no (1924-2003)

Écri­vain et jour­na­liste fran­çais. « D’abord mousse dans la marine mar­chande et peintre en bâti­ment puis cor­rec­teur dans une impri­me­rie […] » (Wiki­pé­dia).

Pierre Deli­gny (1926-2005)

Ancien chef cor­rec­teur adjoint de l’Ency­clopæ­dia Uni­ver­sa­lis. Cor­rec­teur béné­vole de Georges Sime­non.
☞ Voir Georges Sime­non et ses cor­rec­teurs.

Doringe (19??-20??)

Hen­riette Blot, dite « Doringe », jour­na­liste et tra­duc­trice de l’an­glais en fran­çais. « Cor­rec­trice atti­trée » de Georges Sime­non.
☞ Voir Georges Sime­non et ses cor­rec­teurs.

Gilles Carle (1928-2009)

Gra­phiste plas­ti­cien, réa­li­sa­teur, scé­na­riste, mon­teur et pro­duc­teur qué­bé­cois. « Il sub­vient à ses besoins en exer­çant tous les métiers : il se fait lai­tier, camion­neur, dra­veur, bûche­ron, mineur, comp­table, des­si­na­teur, dan­seur, figu­rant et cor­rec­teur d’épreuve[s] selon les besoins du moment et les occa­sions qui se pré­sentent à lui » (L’A­go­ra).

Ber­nard Noël (1930-2021)

Poète, écri­vain et essayiste fran­çais. « Né en 1930, Ber­nard Noël signe son pre­mier livre, Les Yeux chi­mères, en 1953 et en 1958, Extraits du corps. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il publie son troi­sième ouvrage, La Face de silence. La publi­ca­tion de ces poèmes lui ouvre alors les portes de l’é­di­tion où il tra­vaille comme lec­teur, cor­rec­teur et tra­duc­teur » (Babe­lio).

Joan Didion (1934-2021)

Joan Didion
Joan Didion.

Roman­cière, jour­na­liste, essayiste et scé­na­riste amé­ri­caine. « Après des études de lit­té­ra­ture à l’u­ni­ver­si­té de Ber­ke­ley, elle part en 1956 pour la capi­tale cultu­relle de la côte est des Etats-Unis, où elle débute comme cor­rec­trice chez Vogue » (La Croix, 23 décembre 2021).

Mario Var­gas Llo­sa (né en 1936)

« Il suit des études à l’u­ni­ver­si­té San Mar­cos de Lima et s’exerce paral­lè­le­ment aux fonc­tions de cor­rec­teur et col­la­bo­ra­teur de revues lit­té­raires » (France Culture, 7 octobre 2010).

Jean-Luc Mélen­chon (né en 1951)

Homme poli­tique fran­çais. « Au pre­mier tri­mestre 1974, il est cor­rec­teur pour l’imprimerie Néo-Typo de Besan­çon puis tra­vaille quelques mois comme ouvrier dans une usine de l’hor­lo­ger Maty » (Wiki­pé­dia).

Mus­ta­pha Our­rad (1954-2015)

Lec­teur-cor­rec­teur algé­ro-fran­çais. « Il intègre le groupe d’é­di­tion Hachette, où il tra­vaille notam­ment, en qua­li­té de cor­rec­teur, à la rédac­tion de l’en­cy­clo­pé­die Axis publiée par Le Livre de Paris, puis pour divers jour­naux, dont Viva et Char­lie Heb­do. C’est au siège du jour­nal qu’il meurt assas­si­né le 7 jan­vier 2015 » (Wiki­pé­dia).

Mus­ta­pha Ourrad.

Jay McI­ner­ney (né en 1955)

Roman­cier amé­ri­cain. « En 1980, il s’ins­talle à New York, où il tra­vaille comme cor­rec­teur [« véri­fi­ca­teur » pour Wiki­pé­dia] au New Yor­ker » (Book­node). Il trans­po­se­ra cette expé­rience dans Bright Lights, Big City (1984).

Cla­ro (né en 1962)

Chris­tophe Cla­ro, plus connu sous le nom de Cla­ro, écri­vain, tra­duc­teur et édi­teur fran­çais. « Après des études de lettres supé­rieures au lycée Laka­nal de Sceaux, il tra­vaille en librai­rie de 1983 à 1986, et devient cor­rec­teur pour dif­fé­rentes mai­sons d’é­di­tion » (Wiki­pé­dia), dont le Seuil (Radio France).

Véro­nique Oval­dé (née en 1972)

« J’ai […] tou­jours redou­té la pré­ca­ri­té maté­rielle. Alors je suis deve­nue fabri­cante, au Seuil, en même temps que pré­pa­ra­trice de copie et cor­rec­trice pour Chris­tian Bour­gois et Bal­land. Puis, plus tard, édi­trice. Sans jamais ces­ser d’écrire ! » (La Croix, 23 mars 2023).

Jus­tine Lévy (née en 1974)

Justine Lévy
Jus­tine Lévy.

Édi­trice et écri­vaine fran­çaise. « Après des études de phi­lo­so­phie, elle sera lec­trice et cor­rec­trice chez Cal­mann-Lévy, puis édi­trice aux édi­tions Stock » (Jean-Louis Beau­car­not, Fré­dé­ric Dumou­lin, Dic­tion­naire éton­nant des célé­bri­tés, 2015).

Correcteurs-poètes

Vivant ou sur­vi­vant de la cor­rec­tion, ils ont lais­sé une œuvre poétique.

Hégé­sippe Moreau (1810-1838)

Né Pierre-Jacques Roul­liot, écri­vain, poète et jour­na­liste fran­çais. Cor­rec­teur et typographe.

Eugène Orrit (1817-1843)

Poète roman­tique, cor­rec­teur typo­graphe. Mort de la tuber­cu­lose à 26 ans.

Buste d'André Lemoyne
Buste d’An­dré Lemoyne.

André Lemoyne (1822-1907)

Poète et roman­cier fran­çais. « Avo­cat au bar­reau de Paris en 1847, il fut suc­ces­si­ve­ment typo­graphe, cor­rec­teur, puis chef de publi­ci­té chez Didot de 1848 à 1877, date à laquelle il fut nom­mé biblio­thé­caire de l’É­cole des arts déco­ra­tifs » (Wiki­pé­dia).
☞ Voir André Lemoyne, un cor­rec­teur sta­tu­fié.

Anecdotes glanées ici ou là

Auteurs célèbres, eux n’ont pas exer­cé le métier de cor­rec­teur, et c’é­tait sans doute préférable.

Molière (1622-1673)

Jean-Bap­tiste Poque­lin, dit Molière, comé­dien et dra­ma­turge fran­çais. « […] cri­blées de fautes d’impression, au point qu’on a pro­cla­mé Molière le plus négligent cor­rec­teur d’épreuves de notre lit­té­ra­ture. Il avait cou­tume de dire, du reste, qu’il ne faut juger d’une pièce “qu’aux chan­delles” c’est-à-dire à la scène, et non sur sa lec­ture. Nul n’est moins “homme de lettres” que lui » (Alphonse de Par­vil­lez, M. Mon­ca­rey, M. L. Durand, Lit­té­ra­ture fran­çaise, vol. 1-4, 1952, p. 274).

Vale­ry Lar­baud (1881-1957)

Écri­vain, poète, roman­cier, essayiste et tra­duc­teur fran­çais. « Je suis un très mau­vais cor­rec­teur d’épreuves : je manque de patience, les pre­mières fautes que j’aperçois m’irritent, me décou­ragent, font que j’accomplis cette besogne fas­ti­dieuse avec moins d’attention que si je voyais qu’on a fait quelque effort pour impri­mer cor­rec­te­ment mon texte, et comme, en géné­ral, je le sais par cœur, il m’ar­rive de pas­ser dix fois près d’une coquille, — ô pages ! ô plages — sans la remar­quer : ma pen­sée a cor­ri­gé spon­ta­né­ment l’er­reur, m’a fait voir ce qui n’é­tait pas sur l’é­preuve » (« Lettre aux impri­meurs », Sous l’in­vo­ca­tion de saint Jérome, « Tel », Gal­li­mard, 1946, 1997, p. 297).

Pour ne pas allon­ger indé­fi­ni­ment cet article, j’ai créé une seconde liste.

Je traite sépa­ré­ment les cor­rec­teurs ayant écrit sur le métier ou rédi­gé un ouvrage de réfé­rence (Coli­gnon, Lacroux, Gil­bert, etc.).

PS — Cette liste et celles men­tion­nées ci-des­sus ont ser­vi de base à un Petit dico des cor­rec­teurs et cor­rec­trices, pré­sen­té par ordre alphabétique.

Article mis à jour le 25 octobre 2023.


Étienne, dans “L’Épaisseur d’un cheveu”, de Claire Berest

J’avais repé­ré, par­mi les nou­veau­tés de la ren­trée lit­té­raire, le roman de Claire Berest, L’Épaisseur d’un che­veu (Albin Michel). D’un des deux pro­ta­go­nistes, Ouest-France écri­vait : « Étienne […], cor­rec­teur dans l’édition, obses­sion­nel, épris de Ver­laine, dis­si­mule ses pen­chants para­noïaques sous une rigueur socia­le­ment accep­table1. » Il est en fait « le seul et véri­table per­son­nage du livre », pré­ci­sait L’Éclaireur Fnac2.

Une consœur a lu ce roman et m’a gen­ti­ment trans­mis les pages où est évo­qué le métier (mer­ci Catherine !).

C’est après une pre­mière expé­rience en fac de lettres, alors qu’un ami lui a confié son manus­crit, cor­ri­gé « comme dans un corps-à-corps avec un ani­mal furieux et non domes­ti­qué », qu’Étienne a choi­si ce métier. 

Employé aux édi­tions de l’Instant fou, il se voit en « Homme réduit à un seul labeur : il en avait tant cor­ri­gé de manus­crits. Textes cochon­nés, truf­fés d’écueils, de pla­ti­tudes, par­se­més d’erreurs et de mal­adresses, il avait tant redres­sé, net­toyé, déman­te­lé, purifié. » 

Frus­tré de n’être que cor­rec­teur, et non édi­teur, il a per­du ses illu­sions de jeu­nesse d’intervenir dans le « des­tin de la lit­té­ra­ture fran­çaise » et regrette l’« imper­son­na­li­té pro­gres­sive impo­sée à sa fonc­tion » « Les cor­rec­teurs […] ne sont jamais nom­més dans les livres aux­quels ils ont contri­bué », de même que le sculp­teur fran­çais Daniel Druet qui ten­ta, dans un pro­cès, de se faire recon­naître cocréa­teur de cer­taines œuvres de l’artiste ita­lien Mau­ri­zio Cat­te­lan, pro­cès évo­qué dans le roman3.

La rigueur obses­sion­nelle d’É­tienne ne l’at­teint pas que dans le tra­vail : « […] il pre­nait du temps sur ses loi­sirs pour signa­ler les erreurs sys­té­ma­tiques qu’il rele­vait dans les revues ou à la radio, il fal­lait bien que quelqu’un s’en charge » (on pense à Fan­ti­no, le cor­rec­teur mis en scène par Mar­co Lodo­li, voir l’ex­trait que j’ai publié). Sa com­pagne lui reproche aus­si de clas­ser leur biblio­thèque par ordre alpha­bé­tique des titres d’ouvrages.

Mal­gré sa « sus­cep­ti­bi­li­té légen­daire », les édi­teurs recon­naissent qu’il abat « un tra­vail colos­sal » : « Il cor­ri­geait entre qua­rante et soixante manus­crits par an, sans comp­ter quelques dizaines de textes de pré­sen­ta­tion ou com­mu­ni­qués de presse […] ». Le rythme de tra­vail est évo­qué aus­si à un autre endroit : « […] il avait ce matin cor­ri­gé près de trente-cinq pages du manus­crit en cours, ce qui était un bon ren­de­ment car il était à la peine […] ».

Comme le Pro­fes­sore ima­gi­né par George Stei­ner (voir ma sélec­tion « Le cor­rec­teur, per­son­nage lit­té­raire »), Étienne est d’une effi­ca­ci­té redoutable : 

« Il ne lou­pait aucune coquille ni aucune faute d’orthographe. Il tra­quait en limier les répé­ti­tions, les inco­hé­rences, redon­dances, et toute rup­ture de rythme ou de registre non jus­ti­fiée. Chaque contexte his­to­rique, poli­tique, géo­gra­phique, chaque anec­dote réelle uti­li­sée dans un manus­crit était pas­sée au tamis de ses talents de cher­cheur maniaque et exhaus­tif. Il allait véri­fier si la men­tion des attri­buts d’une obs­cure espèce de planc­ton dans un roman était cor­recte ; et si l’au­teur par­lait du soleil qui régnait sur Paris le 17 avril 1684, il était capable de lui signi­fier qu’il en était déso­lé mais qu’il pleu­vait ce jour-là. Il était une machine4. »

Il est pour­tant trai­té avec peu d’égards : « Aux édi­tions de l’Instant fou, il par­ta­geait un coin de table chè­re­ment convoi­té, en alter­nance avec trois autres col­lègues dans un espace ouvert à tous les vents, qui ne lui offrait aucune intimité […] ».

Jusqu’ici, rien de très nou­veau dans la des­crip­tion lit­té­raire du métier. 

Plus ori­gi­nale est l’évocation du sta­tut social actuel du cor­rec­teur. Étienne est, en effet, « un des der­niers sala­riés d’une mai­son dans son sec­teur d’activité ». Un sta­tut « deve­nu une arlé­sienne dans le milieu, cela ne se pra­ti­quait plus ».

« Le reste des troupes était à son compte, les impé­ra­tifs bud­gé­taires de l’é­di­tion avaient guillo­ti­né les têtes des cor­rec­teurs, tous deve­nus autoen­tre­pre­neurs. Et depuis 2016 : micro-entre­pre­neurs ! Des êtres aux micro-aspi­ra­tions, avec de micro-bras et micro-cœurs, avaient tran­ché d’in­vi­sibles scribes de la loi Pinel5 […] Lui était fier d’être res­té sala­rié, d’a­voir résis­té. […] Depuis que les édi­tions de l’IF avaient été ache­tées par un grand groupe, les rumeurs malignes de nou­veaux amé­na­ge­ments suin­taient sans arrêt des cou­loirs. Mais il appar­te­nait à l’an­cienne école, […], celle qu’on ne débou­lonne pas avec faci­li­té. Il avait son bout de bureau et son salaire men­suel, il les garderait. »

Pro­blème pour Katia Roll­man, l’éditrice : « […] tu ne cor­riges pas les textes, tu les réécris entiè­re­ment. » Pour Étienne, c’est au nom de son « éthique pro­fes­sion­nelle » qu’il réécrit ces « navets illi­sibles sans inté­rêt ». Mais :

« […] s’il avait réel­le­ment réécrit le texte [il] n’au­rait rien gar­dé […]. Il aurait pris les quatre cent trente-deux pages de cet auteur fat nar­cis­sique insi­pide et sur­co­té et il aurait jeté ça dans la cuvette […] il n’a­vait insé­ré que cent cin­quante-sept post-it indis­pen­sables, il était res­té à sa place, il s’en était tenu à la réso­lu­tion de pro­blèmes mani­festes de syn­taxe – du niveau d’un enfant qui entre en CE1 – et avait ten­té de remé­dier LÉGÈREMENT à l’in­di­gence du vocabulaire. »

Claire Berest évoque alors l’arrivée de l’intelligence arti­fi­cielle dans le métier de l’édition :

« Sou­hai­te­raient-ils un appa­reil de cor­rec­tion auto­ma­tique pour le rem­pla­cer, une connec­tique sans états d’âme ni goût de l’ex­cel­lence ? Ils pour­raient tout aus­si bien créer une machine qui scan­ne­rait les textes comme des codes-barres, l’al­go­rithme lis­se­rait le bazar pour le trans­for­mer en un insi­pide brouet de mots creux. »

Sont même men­tion­nées les craintes sus­ci­tées par le modèle de lan­gage ChatGPT. « Comme s’il fal­lait craindre qu’une machine puisse être Kaf­ka ou Céline ! Insensé ! »

Le che­mi­ne­ment inté­rieur qui condui­ra Étienne au crime n’est pas sans rap­pe­ler celui d’É­mile Virieu, le cor­rec­teur de La Cage de verre (1971) de Georges Sime­non (voir « Le cor­rec­teur, per­son­nage lit­té­raire »).

Claire Berest, L’Épaisseur d’un che­veu, Albin Michel, 240 pages.