Qui crée les codes typographiques ?

Depuis l’in­ven­tion de l’im­pri­me­rie en Europe (1450), ce sont des pro­fes­sion­nels, indi­vi­dus ou orga­nismes, qui éta­blissent, pour leur propre usage, les règles de com­po­si­tion des textes des­ti­nés à l’im­pres­sion – ou, désor­mais, à la dif­fu­sion numérique.

Les codes typo­gra­phiques sont donc la conti­nui­té des pre­mières règles édic­tées par les typo­graphes-impri­meurs de la Renais­sance. ☞ Voir l’ar­ticle Ortho­ty­po­gra­phia, 1608.

Le Code typo­gra­phique, ou Nou­veau Code typo­gra­phique en 1997, est publié pour la pre­mière fois en 1926 par la Socié­té ami­cale des direc­teurs, protes et cor­rec­teurs d’imprimerie de France, et pour la der­nière fois en 1997 par la Fédé­ra­tion de la com­mu­ni­ca­tion CFE/CGC.

Le Lexique des règles typo­gra­phiques en usage à l’Im­pri­me­rie natio­nale (1971) est, comme son nom l’in­dique, publié par l’Impri­me­rie natio­nale, deve­nue depuis 1993 une entre­prise com­mer­ciale et rebap­ti­sée, depuis 2018, IN Groupe. – Voir l’his­toire de l’ins­ti­tu­tion (tra­vail uni­ver­si­taire, PDF).

Jean-Pierre Lacroux (1947–2002), cor­rec­teur et typo­graphe, est l’au­teur d’un riche dic­tion­naire rai­son­né des usages typo­gra­phiques, Ortho­ty­po­gra­phie, que sa mort pré­ma­tu­rée l’a empê­ché de finir. Par­ache­vé par une équipe de cor­rec­teurs, son ouvrage est dis­po­nible gra­tui­te­ment en ligne, mais aus­si édi­té chez Quin­tette.

Jean-Pierre Coli­gnon, ancien chef du ser­vice cor­rec­tion du Monde, entre autres fonc­tions liées à la langue fran­çaise, a publié de nom­breux ouvrages, dont un Dic­tion­naire ortho­ty­po­gra­phique moderne (CFPJ, 2019).

Yves Per­rous­seaux (1940–2011), qui a publié des Règles de l’é­cri­ture typo­gra­phique du fran­çais, était édi­teur et his­to­rien de la typographie.

Le Centre d’é­cri­ture et de com­mu­ni­ca­tion (CEC), qui forme des cor­rec­teurs, a confié la rédac­tion de son ouvrage de réfé­rence, Ortho­ty­po & Co (éd. Cor­nées Laliat, 2013), à Annick Valade, res­pon­sable des ser­vices lec­ture-cor­rec­tion aux Édi­tions Larousse, puis aux Dic­tion­naires Le Robert.

Au Qué­bec, Le Ramat de la typo­gra­phie est dû à Aurel Ramat (1926–2017), typo­graphe, lino­ty­piste puis cor­rec­teur, à qui a suc­cé­dé Anne-Marie Benoit, rédac­trice-révi­seure et ensei­gnante. L’édi­tion euro­péenne (éd. De Cham­plain, 2009) a été assu­rée par Romain Mul­ler, spé­cia­liste de l’orthographe.

En Suisse, le Guide du typo­graphe, ini­tia­le­ment inti­tu­lé Guide du typo­graphe romand, est publié par le groupe de Lau­sanne de l’As­so­cia­tion suisse des typo­graphes depuis 1943.

Le Centre de for­ma­tion et de per­fec­tion­ne­ment des jour­na­listes (CFPJ), à Paris, a édi­té plu­sieurs livres de typo­gra­phie des­ti­nés aux médias, dont Louis Gué­ry (1919-2016), jour­na­liste alors direc­teur de l’é­cole, était le maître d’œuvre. L’é­di­tion du plus récent ouvrage du CFPJ, Manuel d’u­sages typo­gra­phiques (2009), est hélas imparfaite.

Cer­tains grands jour­naux éditent par­fois leur « marche ». Ain­si, en kiosque, Le Style du « Monde » en 2004 (2e éd., épui­sée) ou, en ligne, le Typo­Di­plo du Monde diplo­ma­tique. Aux États-Unis, The Chi­ca­go Manual of Style est célèbre. L’é­qui­valent bri­tan­nique est le Guar­dian and Obser­ver style guide.

Je n’ai pas trou­vé d’in­for­ma­tions sur Charles Gou­riou, auteur du Mémen­to typo­gra­phique, appli­qué à l’é­di­tion de livres (Hachette, 1961 ; éd. du Cercle de la librai­rie, 1973). Il ne se pré­sente pas dans son avant-pro­pos, et l’ou­vrage est appa­rem­ment épui­sé chez l’é­di­teur. Cepen­dant, la qua­li­té de l’ou­vrage dit assez la com­pé­tence de son auteur.

Mes codes typo essen­tiels. De gauche à droite : Impri­me­rie natio­nale, Jean-Pierre Lacroux et Ramat-Muller.