Comment améliorer son écriture

On me demande par­fois des conseils pour amé­lio­rer son écri­ture. Je ne suis pas écri­vain, alors je ne vous dirai pas com­ment com­po­ser un roman. Mais, après trente bonnes années de cor­rec­tion, j’ai une cer­taine idée de ce qui rend un texte agréable et facile à lire.

On répète sou­vent qu’on apprend à écrire en lisant. Cela four­nit des modèles, en effet, à condi­tion de bien les choi­sir — la qua­li­té prime la quan­ti­té. Et sur­tout d’y prendre du plai­sir. Quand on aime lire, on ne compte pas ses pages ni le nombre de livres lus par an. On lit.

Mais regar­der des matchs de ten­nis ne fabrique pas des joueurs émé­rites. De même que le manche d’une raquette, il faut un jour empoi­gner un sty­lo (ou se mettre au cla­vier). C’est évi­dem­ment la pra­tique quo­ti­dienne qui est le plus pro­fi­table. Depuis cinq ans, j’écris chaque jour, à la fois sur mon blog et sur les réseaux sociaux — mine de rien, cela repré­sente beau­coup de texte. Et j’estime avoir beau­coup pro­gres­sé, à la fois en aisance rédac­tion­nelle et en cor­rec­tion.

Ne pas attendre, non plus, d’être tou­ché par la grâce. « L’inspiration, c’est une inven­tion des gens qui n’ont jamais rien créé » (Jean Anouilh). On ne le sait pas avant de s’y mettre, mais plus on écrit, plus les idées viennent (et il vaut mieux les noter !). On prend l’habitude de les expri­mer, de les mettre en forme, cela devient un joyeux réflexe.

Enfin, on peut aus­si gagner du temps en étu­diant les outils de l’écrivain. On les appelle les « tech­niques du style ». Je recom­mande le livre de Jean Kokel­berg (voir la fiche de l’é­di­teur). Il existe bien d’autres ouvrages de ce genre, mais, de ceux que j’ai lus, c’est celui qui m’a le plus apporté.

☞ Voir aus­si Com­ment enri­chir son voca­bu­laire et Com­ment trou­ver le mot juste.

"Les techniques du style" de Jean Kokelberg

Signes supérieurs et signes en exposant

Y a-t-il une dif­fé­rence de nature entre, d’une part, les carac­tères supé­rieurs employés dans les abré­via­tions (comme Mlle) et dans les appels de note (1) et, d’autre part, les lettres ou chiffres mis en expo­sant (ou en indice) dans les mesures (km2) ou les for­mules mathé­ma­tiques (x2) ?

Tout le monde ne se lève pas le matin avec cette ques­tion en tête, mais elle appa­raît dans quelques rares forums, aujourd’hui datés d’une ving­taine d’an­nées1

Des termes à distinguer

Jean-Pierre Lacroux (1947-2002) dis­tin­guait fer­me­ment les termes expo­sant et supé­rieur :

Les édi­teurs et les tra­duc­teurs de logi­ciels feignent de l’ignorer mais les typo­graphes fran­çais ont un voca­bu­laire res­pec­table. Ils ne connaissent ni expo­sant ni indice, mais des lettres, des chiffres, des signes supé­rieurs ou infé­rieurs. Les expo­sants des mathé­ma­ti­ciens se com­posent en carac­tères supé­rieurs, les indices en carac­tères infé­rieurs2.

Cepen­dant, le terme en expo­sant est cou­ram­ment employé pour dési­gner le pla­ce­ment d’un signe « en haut et à droite du signe (lettre, chiffre) auquel [il] se rap­porte3 ». Et ce n’est pas d’hier. Pour ne don­ner qu’un exemple, dans sa Gram­maire typo­gra­phique (4e éd., 1989), Aurel Ramat (1926-2017) emploie bien le terme de « lettres supé­rieures », mais le signe de cor­rec­tion cor­res­pon­dant, il l’ap­pelle « exposant ». 

signe "exposant" dans la "Grammaire typographique" (1989) d'Aurel Ramat
Signe de cor­rec­tion « expo­sant » dans la Gram­maire typo­gra­phique d’Au­rel Ramat, 3e éd., 1989, p. 26.

Formes et emplois différents

La dis­tinc­tion à opé­rer est clai­re­ment expri­mée par le Guide du typo­graphe (20154) :

Les expo­sants, ou les indices, sont des chiffres ou des lettres sur­éle­vés, res­pec­ti­ve­ment abais­sés, par rap­port à la ligne de base, uti­li­sés en mathé­ma­tiques, où ils peuvent être du même corps que le texte de base, ou en chi­mie où ils sont géné­ra­le­ment d’un corps plus petit.

En com­pa­rai­son, les lettres et chiffres supérieurs : 

sont uti­li­sés dans le texte comme appel[s] de notes ou comme ordi­naux. Ils […] dif­fé­rent [des expo­sants et indices] par un des­sin spé­ci­fique et ce ne sont pas que des lettres réduites. Toutes les fontes n’en sont pas pour­vues et par­fois il faut se résoudre à uti­li­ser les expo­sants ou les indices à leur place, voire les lettres de base en les paran­gon­nant (c’est-à-dire en les éle­vant ou en les abais­sant par rap­port à la ligne de base), en dimi­nuant leur corps et en aug­men­tant leur graisse pour qu’ils ne paraissent pas trop malingres à ces petites tailles.

Ce pro­blème exis­tait déjà à l’é­poque du plomb. Émile Desormes (1850-19..) défi­nit les lettres ou chiffres supé­rieurs comme « les expo­sants algé­briques dont on use géné­ra­le­ment pour les appels de notes […]5 ». On com­po­sait avec les moyens du bord.

Un peu d’histoire

Les lettres supé­rieures étaient « fon­dues sur le corps du carac­tère employé » (Dau­pe­ley-Gou­ver­neur, 18806) et pré­sentes dans la casse pari­sienne (en nombre limité). 

Patrick Bideault et Jacques André expliquent :

[…] On trouve de telles « supé­rieures » dans les casses d’imprimeurs dès le xviie siècle. Par ailleurs, dès le début du xvie siècle, les appels de note sont mar­qués par des signes supé­rieurs comme « * », « a » « † », etc. Vers 1750, Four­nier pro­pose 4 (vraies) supé­rieures (aers) ; la casse pari­sienne, qui a duré en gros de 1850 à 1950, en comp­tait 8, appe­lées rosel­mit 7 ou eil­morst selon l’ordre de ran­ge­ment dans les casses ; en 1934, Bros­sard en énu­mère 16 dif­fé­rents (a c d e f g h i k l m n o r s t) dans une police stan­dard – elles suf­fi­saient pour les abré­via­tions cou­rantes8.

Casse parisienne publiée par Émile Desormes (1895), avec les lettres supérieures en haut à droite
Casse pari­sienne. Dans le rang du haut, à droite, on voit les lettres supé­rieures e i l m o r s t. Émile Desormes, Notions de typo­gra­phie à l’u­sage des écoles pro­fes­sion­nelles, 3e éd., 1895, p. 3.

On note­ra cepen­dant qu’il manque tou­jours le g pour Mgr et le v pour Vve. Or, ces abré­via­tions sont bien com­po­sées avec des lettres finales supé­rieures dans les manuels typo­gra­phiques du xixe siècle. Pui­sait-on celles-ci dans les casses réser­vées aux tra­vaux scien­ti­fiques ? ou les com­man­dait-on spé­cia­le­ment ? Je l’i­gnore. Cela devait sans doute dépendre des ateliers.

Hen­ri Four­nier (1800-1888) explique que les lettres supérieures :

[…] ne servent ordi­nai­re­ment que comme signes d’a­bré­via­tion. Les plus usi­tées sont l’e, l’o, le r et le s ; et, à moins d’une matière spé­ciale, il n’y en a que d’un petit nombre de sortes qui fassent par­tie des fontes. Les autres ne sont en usage que pour les ouvrages scien­ti­fiques, et elles se com­mandent par­ti­cu­liè­re­ment pour des cas sem­blables9.

Les chiffres supé­rieurs, eux, n’existaient pas dans la casse. Ils « […] ne sont d’habitude fon­dus que sur com­mande spé­ciale, de même que les chiffres infé­rieurs, usi­tés dans cer­tains tra­vaux algé­briques » (Dau­pe­ley-Gou­ver­neur, op. cit.). C’est pour­quoi on était obli­gé de « bri­co­ler » au plomb comme aujourd’­hui sur ordinateur.

Quelle taille ? quelle position ? 

La taille des signes supé­rieurs ou en expo­sant n’est jamais pré­ci­sée dans les sources, anciennes ou modernes, que j’ai consul­tées. « Petit œil », « moindre corps », « carac­tères plus petits » sont les seules indi­ca­tions don­nées. Cepen­dant, James Feli­ci (200310) décrit les carac­tères supé­rieurs « spé­cia­le­ment des­si­nés » comme ayant une taille « de 30 à 50 % infé­rieure à celle des carac­tères “nor­maux” ».

Quant à la posi­tion ver­ti­cale res­pec­tive des uns et des autres, c’est encore Feli­ci qui en informe le plus clai­re­ment : idéa­le­ment, les signes supé­rieurs devraient être ali­gnés par rap­port au haut des jam­bages supé­rieurs11, alors que les expo­sants devraient être cen­trés par rap­port à lui.

Position idéale d'un chiffre supérieur et d'un exposant, selon Felici (2003). Exemple réalisé avec la police Minion Pro dans InDesign.
Posi­tion idéale d’un chiffre supé­rieur et d’un expo­sant, selon Feli­ci (2003). Exemple réa­li­sé avec InDe­si­gn et la police Minion Pro.

Divergences esthétiques

Les vrais carac­tères supé­rieurs ne sont dis­po­nibles que dans les polices Open­Type. Pour cer­tains, comme la typo­graphe et gra­phiste Muriel Paris, « la tri­che­rie pro­po­sée par les appli­ca­tions est tout à fait accep­table12 ». Pour d’autres, comme Feli­ci, l’œil de ces lettres obte­nues par réduc­tion homo­thé­tique n’est pas assez gras (sur la notion d’œil, voir mon article). 

C’é­tait notam­ment l’a­vis de Lacroux (op. cit.) : 

Il vaut mieux employer les « vraies » lettres supé­rieures, dont le des­sin devrait — en prin­cipe… — offrir des cor­rec­tions optiques […], mais rares sont ceux qui perdent leur temps à aller pêcher de vraies lettres supé­rieures dans les polices « expert ». Dans quelques années, quand les polices auront enfin acquis une saine cor­pu­lence et les logi­ciels de bons réflexes, la situa­tion s’améliorera…

Contraintes techniques actuelles

Com­pa­rons les supé­rieures impri­mées dans le manuel de Daniel Auger (197613), alors pro­fes­seur à l’é­cole Estienne, aux carac­tères en « exposant/supérieur14 » cal­cu­lés par le logi­ciel Adobe InDe­si­gn15 puis aux supé­rieures acces­sibles dans les polices Open­Type (ici, Minion Pro) : 

À gauche, les supérieures traditionnelles (Auger, 1976) ; à droite, les supérieures calculées par InDesign puis les supérieures de la police expert Minion Pro.
À gauche, les supé­rieures tra­di­tion­nelles (Auger, 1976) ; à droite, les supé­rieures cal­cu­lées par InDe­si­gn sui­vies de celles de la police expert Minion Pro.

Si les supé­rieures cal­cu­lées paraissent, en effet, « accep­tables », elles sont « très ténu[e]s » (Feli­ci). Les supé­rieures expert, elles, sont plus proches du modèle traditionnel.

Si l’on ne dis­pose pas de ces der­nières, on peut créer les siennes (ou deman­der au gra­phiste de le faire), avec des lettres d’un corps 30 à 50 % infé­rieur au corps cou­rant, dans une variante semi-grasse, déca­lées à la bonne hau­teur. Pour InDe­si­gn, voir « Créa­tion d’un jeu de glyphes per­son­na­li­sé » dans l’aide en ligne.

Dans un contexte où la pro­duc­tion de docu­ments, sou­vent des­ti­nés à la fois à l’im­pres­sion et à la dif­fu­sion numé­rique, favo­rise la vitesse d’exé­cu­tion, il n’est pas tou­jours aisé au cor­rec­teur d’im­po­ser la dis­tinc­tion entre supé­rieur et expo­sant. Mais, dans l’é­di­tion soi­gnée, il a plus de chances de faire valoir son point de vue. 

Article modi­fié le 3 avril 2024.


  1. Voir notam­ment « Quelle est la dis­tinc­tion fon­da­men­tale entre “expo­sants” et “supé­rieurs” ? », Typo­gra­phie, 5 jan­vier 1999, repro­duit dans Ortho­ty­po­gra­phie, art. « Expo­sant ». — « Lettres supérieures/inférieures = exposants/indices ? », forum­smacg, 20 juin 2006. —  « Nota­tion nombre et expo­sant », fr.lettres.langue.francaise, « il y a 20 ans » (s. d.)., et encore « Expo­sant et lettre supé­rieure », Typo­gra­phie, 10 juin 2012. ↩︎
  2. « Expo­sant », Ortho­ty­po­gra­phie, en ligne. Consul­té le 31 mars 2024. ↩︎
  3. Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre, III, Pas­cal Fou­ché, Daniel Péchoin et Phi­lippe Schu­wer (dir.), Paris : éd. du Cercle de la librai­rie, 2011, p. 785. ↩︎
  4. Groupe de Lau­sanne de l’As­so­cia­tion suisse des typo­graphes (AST), 7e éd., p. 238. ↩︎
  5. Notions de typo­gra­phie à l’u­sage des écoles pro­fes­sion­nelles, 3e éd., Paris : École pro­fes­sion­nelle Guten­berg, 1895, p. 3. ↩︎
  6. Le Com­po­si­teur et le Cor­rec­teur typo­graphes, Paris : Rou­vier et Logeat, p. 33. ↩︎
  7. « Cette énu­mé­ra­tion lue comme un acro­nyme (les rosel­mit) est deve­nue un syno­nyme, aujourd’hui vieilli, de lettres supé­rieures. » — Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre, op. cit. ↩︎
  8. « La fonte de ce numé­ro : Infi­ni. Ana­lyse des pro­prié­tés d’une fonte Open­Type », La Lettre GUTen­berg, no 45, mai 2022, p. 65. ↩︎
  9. Trai­té de la typo­gra­phie, 3e éd. corr. et augm., Tours : A. Mame et fils, 1870, p. 62-63. ↩︎
  10. Le Manuel com­plet de typo­gra­phie, Peach­pit Press, p. 201-202. ↩︎
  11. Dans son exemple, le Guide du typo­graphe place les appels de note au-des­sus de la hau­teur d’x. ↩︎
  12. « Pense-bête typo avant impres­sion ou l’art du “rechercher/remplacer” », site Typo­ma­nie, s. d. Consul­té le 31 mars 2024. ↩︎
  13. Pré­pa­ra­tion de la copie et cor­rec­tion des épreuves, Paris : INIAG, p. 146. ↩︎
  14. Adobe InDe­si­gn confond les deux modes de cal­cul, contrai­re­ment à Quark­Press. Voir la des­crip­tion de la « zone Expo­sant » et celle de la « zone Supé­rieur » dans le Guide Quark­Press en ligne. Consul­té le 31 mars 2024. ↩︎
  15. Depuis vingt ans, c’est le logi­ciel de PAO le plus uti­li­sé. ↩︎

Comment remplacer “dédié à” et “dédié”

serveurs de données dans un centre de données (data center)
Un ser­veur dédié est un ser­veur infor­ma­tique mis à la dis­po­si­tion d’un seul client, ou dis­po­nible pour la réa­li­sa­tion d’un ser­vice ou d’une tâche. Pho­to de Ser­gei Sta­ros­tin, Pexels.

Sous l’in­fluence de l’an­glais dedi­ca­ted, le par­ti­cipe pas­sé dédié à et l’adjectif dédié se sont dif­fu­sés chez nous. Un par­ti­ci­pant à un forum en a réuni quelques exemples dès 2008 :

[…] une entre­prise qui se vante d’avoir des employés dédiés et com­pé­tents, un per­son­nel dédié à la fabri­ca­tion et à l’assemblage de pièces, la créa­tion d’un fonds dédié à des causes huma­ni­taires, des res­sources humaines et finan­cières dédiées à un pro­jet, un salon dédié aux pro­fes­sion­nels de la vente, un forum dédié à la poli­tique, un ins­ti­tut dédié à la recherche médi­cale, un maga­zine dédié aux ado­les­cents, un hôpi­tal dédié à la pra­tique exclu­sive d’un type de chi­rur­gie, une asso­cia­tion dédiée à la pro­tec­tion des ani­maux, un ser­vice de trans­port dédié à une clien­tèle tou­ris­tique, un fes­ti­val dédié à la danse créa­tive, etc. 

Le site La Langue fran­çaise résume bien la situation : 

Appa­ru depuis le début des années 2000, l’usage abu­sif du par­ti­cipe pas­sé « dédié à » et de « dédié » en tant qu’ad­jec­tif s’est pro­gres­si­ve­ment répan­du avec une très forte accé­lé­ra­tion ces der­nières années. On le retrouve fré­quem­ment à la radio, dans la presse écrite, ou sur les sites inter­net des admi­nis­tra­tions, des entre­prises, des asso­cia­tions, etc.

Cela a d’a­bord concer­né l’élec­tro­nique et l’in­for­ma­tique. Voir l’en­trée du Grand Robert :   

Anglic. (élec­tron., inform.). Réser­vé et affec­té à un usage par­ti­cu­lier. « La plu­part des four­nis­seurs, y com­pris les pres­ta­taires sans abon­ne­ment, réservent à leurs abon­nés un espace dédié à leurs propres publi­ca­tions » (le Monde, 17 nov. 1999, p. 3). —  (Sans com­pl.). Un équi­pe­ment dédié, conçu pour un type d’utilisation.

ou celle du Larousse : 

En par­lant d’un sys­tème infor­ma­tique, être confi­né à un ensemble de tâches fixé à l’avance.

La Vitrine lin­guis­tique conclut : 

[…] ce sens est aujourd’hui enre­gis­tré dans les dic­tion­naires et il semble qu’il soit main­te­nant trop tard pour évi­ter l’emprunt dans ce domaine.

Sur son blog, Fora­tor parle de « muta­tion séman­tique ». En effet, rap­pe­lons qu’en fran­çais, dédier, c’est (selon l’Aca­dé­mie) : 

  1. RELIGION. Consa­crer au culte divin. Dédier un autel, une église. Spé­cia­le­ment. Mettre sous l’invocation d’une divi­ni­té, d’un saint. Un temple dédié à Apol­lon. Une cha­pelle dédiée à la Vierge.
  2. Mettre une œuvre sous le patro­nage de quelqu’un par une épître limi­naire ou par une ins­crip­tion. Un ouvrage dédié au roi. Il lui a dédié cette gravure.
  3. Faire hom­mage d’une œuvre à quelqu’un en impri­mant son nom en tête de l’ouvrage. Dédier son livre à un maître, à un ami.
  4. Fig. et litt. Consa­crer. Dédier sa vie à la poé­sie, à la science. Dédier ses efforts au relè­ve­ment de la patrie.

L’adjectif dédié n’existait pas. 

Des solutions

Rem­pla­cer dédié à par consa­cré à et dédié par spé­ci­fique — ce sont géné­ra­le­ment les pre­mières idées qui me viennent — suf­fit rare­ment. Pour les cor­rec­teurs en panne d’inspiration (dont je suis sou­vent), j’ai réuni ici, en vrac, d’autres solu­tions. Je laisse à cha­cun le soin de choi­sir celle qui convient au cas qui l’occupe.

Pour exprimer la spécificité

(entièrement/exclusivement) réser­vé à / des­ti­né à / affec­té à 
dévo­lu à / voué à / spé­cia­li­sé dans / pré­vu pour
ad hoc, spé­cia­le­ment adapté/conçu/constitué/créé pour  
spé­cia­li­sé, exclu­sif
pour, à l’intention de, sur, ayant pour but de
appro­prié, atti­tré, per­son­nel
spé­cia­le­ment char­gé de, spé­cial
réser­vé à un usage par­ti­cu­lier / à cet usage / à cet effet
qui sert / peut ser­vir uniquement/exclusivement à
qui ne sert qu’à / qui ne sert à rien d’autre
à usage unique / mono-usage
dont c’est le travail/l’utilité/l’objet/l’objectif… unique/exclusif
(sommes) allouées pour / attri­buées pour / accor­dées pour 

Pour un service ou une personne

NB — Dédié appli­qué aux per­sonnes est un usage qué­bé­cois (cri­ti­qué aus­si là-bas), encore peu répan­du en France.

dévoué, zélé, conscien­cieux, sérieux
enthou­siaste, convain­cu
char­gé uniquement/exclusivement de / qui ne fait que
qui ne fait / ne s’oc­cupe / n’est char­gé de rien d’autre
dont c’est l’u­nique tâche/responsabilité
à plein temps (qui ne fait rien d’autre)
libre de toute autre attribution/fonction/responsabilité
qui se consacre exclu­si­ve­ment à / s’oc­cupe exclu­si­ve­ment de / qui consacre tout son temps à / axé exclu­si­ve­ment sur
qui sert uni­que­ment à / qui a pour unique mission/tâche/utilité/fonction… de
dont les (grandes) valeurs sont
qui a fait le vœu de / a pro­mis / s’est pro­mis de / s’est enga­gé à / qui se consacre / est voué à
qui s’oc­cupe uni­que­ment de / s’in­té­resse exclu­si­ve­ment à
consacré/affecté (uniquement/exclusivement) à
qui tra­vaille uniquement/exclusivement pour
dont les acti­vi­tés portent (essentiellement/principalement/exclusivement) sur
décidé/résolu/déterminé à 

Enfin, notons que dédié à est par­fois tout sim­ple­ment inutile :
Un espace dédié à l’accueil est un espace d’accueil.
Un espace dédié à l’exposition de toiles de Picas­so est un espace où sont expo­sées des toiles de Picas­so.

Sources : 

« La muta­tion séman­tique du verbe “dédier” », La Gram­maire de Fora­tor, 9 juin 2014. Consul­té le 20 mars 2024.
« Le bon usage de “dédié à” et “dédié” en fran­çais », La Langue fran­çaise. Mis à jour le 8 mars 2023. Consul­té le 20 mars 2024.
« Emploi décon­seillé de l’emprunt dédié », Vitrine lin­guis­tique. Consul­té le 20 mars 2024.
Mes­sage de Denis Nor­mand, 31 août 2008, forum Fran­çais notre belle langue. Consul­té le 20 mars 2024.
Teso­rix. Le saca­ma­lix des tra­duxeurs et des tra­duc­trix (PDF). Sans date. Consul­té le 20 mars 2024.

Word : comment convertir une liste à puces en texte ?

Vous êtes cor­rec­teur, rewri­ter, bio­graphe ou autre. Un client vous a trans­mis un fichier conte­nant des dia­logues mis en forme avec des listes auto­ma­tiques. Hor­reur ! il va fal­loir tout reprendre à la main.

C’est ce que, long­temps, nous avons été nom­breux à penser. 

Mais j’ai trou­vé la solu­tion : il faut copier la liste (ou l’ensemble du texte) puis deman­der un « Col­lage spé­cial » avec l’option « Texte sans mise en forme ». Le résul­tat garde les tirets et les tabu­la­tions. Il ne reste plus qu’à les chercher/remplacer.

Voi­ci les carac­tères spé­ciaux à employer pour rem­pla­cer les tabu­la­tions par des espaces insé­cables : 
– tabu­la­tion = ^t 
– espace insé­cable = ^s

écran Word : remplacement de tabulations par des espaces insécables
Étape du rem­pla­ce­ment des tabu­la­tions par des espaces insécables.

C’est sur cette page que j’ai trou­vé de quoi nous tirer d’embarras.

Atten­tion, si le texte copié conte­nait d’autres enri­chis­se­ments (ita­lique, gras, etc.), il devrait les perdre aus­si. Il fau­dra donc com­pa­rer le texte de départ à celui d’arrivée.

Le champ d’intervention du correcteur est vaste

Aujourd’­hui, nombre de cor­rec­teurs tra­vaillent sur écran.
Pho­to Kiyun Lee. Uti­li­sa­tion gra­tuite sous licence Uns­plash.

Ma par­ti­ci­pa­tion à plu­sieurs groupes de dis­cus­sion entre cor­rec­teurs m’a fait remar­quer qu’un terme y reve­nait fré­quem­ment : « mai­sons d’édition ». Il est même par­fois uni­que­ment ques­tion de relec­ture de romans, voire de romans de genre. Cela s’ex­plique en par­tie par la fémi­ni­sa­tion du métier (voir mon article), par la for­ma­tion lit­té­raire de nombre de cor­rec­trices, filière elle-même majo­ri­tai­re­ment fémi­nine1, et par le fait que le roman est, depuis le xixe siècle, le genre lit­té­raire dominant.

Or, notre champ d’intervention ne s’arrête pas aux fron­tières de la lit­té­ra­ture. D’abord, les mai­sons d’édition publient aus­si de la « non-fic­tion ». Livres de sciences humaines (his­toire, géo­gra­phie, phi­lo­so­phie, psy­cho­lo­gie, socio­lo­gie, science poli­tique) et de sciences exactes, bio­gra­phies, témoi­gnages, récits, beaux livres, ouvrages pra­tiques, etc. 

La presse nous emploie aus­si, certes moins sou­vent qu’avant, mais il reste des « places » à prendre, ne serait-ce qu’en tant qu’indépendant. 

La com­mu­ni­ca­tion a éga­le­ment besoin de nous : on peut col­la­bo­rer avec des agences ou tra­vailler direc­te­ment pour les entre­prises et les organismes. 

Bien sûr, aujourd’hui, les textes relus peuvent être des­ti­nés à l’impression ou à une dif­fu­sion numérique.

Pour ma part, outre les mai­sons d’édition2, j’ai réa­li­sé des mis­sions de cor­rec­tion pour des maga­zines et revues (Beaux Arts, Grande Gale­rie du Louvre, La Lettre du musi­cien, Archéo­pages de l’In­rap…), nombre d’agences de com­mu­ni­ca­tion ou de gra­phisme (presse géné­ra­liste ou spé­cia­li­sée, maga­zines d’entreprise), des asso­cia­tions (comme Sidac­tion), une fédé­ra­tion pro­fes­sion­nelle (celle du bâti­ment), une admi­nis­tra­tion ter­ri­to­riale (le conseil dépar­te­men­tal de Loir-et-Cher) et une entre­prise (Secu­ri­tas).

Les dis­cus­sions avec d’autres consœurs et confrères m’ont révé­lé une acti­vi­té de cor­rec­tion dans le sous-titrage vidéo, les sup­ports de cours, les jeux télé­vi­sés, les jeux vidéo, les jeux de rôle et autres jeux de société.

À l’heure où faire sa place sur le mar­ché est si dif­fi­cile pour les nou­veaux venus, il serait dom­mage de négli­ger ces nom­breuses pistes. 


  1. « À l’u­ni­ver­si­té, elles [les femmes] sont sept sur dix dans les filières Langues, lettres et sciences humaines. » — « La pari­té dans l’enseignement supé­rieur », État de l’En­sei­gne­ment supé­rieur, de la Recherche et de l’In­no­va­tion en France, n° 16, minis­tère de l’En­sei­gne­ment supé­rieur et de la Recherche, chiffres de 2021. ↩︎
  2. Voir le détail dans mon CV sur Lin­ke­dIn. ↩︎

“Participer à” et “participer de”, quelle différence ?

Si vous êtes sen­sible à la gram­maire — je sup­pose que la plu­part de mes lec­teurs le sont —, sans doute avez-vous remar­qué, dans les jour­naux, à la radio ou à la télé­vi­sion, que cer­tains locu­teurs ou auteurs emploient sys­té­ma­ti­que­ment par­ti­ci­per de.

Ils semblent voir cette asso­cia­tion verbe + pré­po­si­tion comme l’é­qui­valent for­mel de par­ti­ci­per à. Or, c’est inexact : si par­ti­ci­per de relève bien de la langue soi­gnée ou lit­té­raire, les deux formes n’ont pas le même sens. L’Aca­dé­mie est formelle :

Le sens du verbe varie­ra […] selon qu’il sera sui­vi de la pré­po­si­tion à ou de la pré­po­si­tion de. Par­ti­ci­per à signi­fie « prendre part à une acti­vi­té don­née », alors que par­ti­ci­per de signi­fie « avoir une simi­li­tude de nature avec, rele­ver de ». On se gar­de­ra bien de confondre ces dif­fé­rents sens.

Voir aus­si l’article de la Vitrine lin­guis­tique.

J’adhère à l’Association des correcteurs de langue française

Je viens d’adhérer à l’Asso­cia­tion des cor­rec­teurs de langue fran­çaise (ACLF) et de par­ti­ci­per à ma pre­mière assem­blée générale. 

logo ACLF

L’ACLF réa­lise, depuis 2008, un excellent tra­vail de pro­mo­tion du métier (en insis­tant sur son exi­gence pro­fes­sion­nelle) et de fédé­ra­tion de ses membres : échange d’informations et de conseils tech­niques, mise en com­mun de sources docu­men­taires, entraide, lutte contre la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail, etc. Elle repré­sente aus­si la pro­fes­sion auprès des employeurs et des ins­tances publiques traditionnelles.

Elle orga­nise éga­le­ment des webi­naires de qua­li­té, qui per­mettent non seule­ment des échanges entre cor­rec­teurs sur cer­tains aspects du métier (nous n’avons pas tous la même expé­rience, selon les sec­teurs où nous exer­çons), mais aus­si des contacts avec d’autres pro­fes­sion­nels : auteurs, tra­duc­teurs, gra­phistes, etc. 

C’est dans ce der­nier cadre que l’ACLF m’a invi­té, l’an der­nier, à don­ner une visio­con­fé­rence en deux par­ties sur l’histoire du métier de cor­rec­teur (voir mon article), sujet sur lequel je mène des recherches depuis quatre ans et qui sont l’objet de mon blog. Une expé­rience nou­velle pour moi et que j’ai beau­coup appré­ciée. C’est à cette occa­sion que j’ai pu mieux appré­cier l’engagement de l’association et que j’ai déci­dé de la rejoindre.

Vous pou­vez suivre l’activité de l’ACLF sur Lin­ke­dIn, sur Face­book ou y adhé­rer à votre tour. 

Un tiret surgi du passé : le trois quarts de cadratin

Un échange de mails avec un lec­teur de mon blog m’a fait décou­vrir l’existence d’un « tiret trois quarts de cadra­tin ». C’est peut-être un détail pour vous… (sur­tout si vous ne connais­sez que le « tiret du 6 »). Pour moi, c’est une sorte d’hapax typo­gra­phique. Ou un objet typo­gra­phique mal iden­ti­fié. Car je n’en avais jamais enten­du parler ! 

Tirets typographiques de différentes longueurs, dont le trois quarts de cadratin
Illus­tra­tion tirée de la lettre de Jean Méron (2012), mon­trant les tirets de dif­fé­rentes lon­gueurs, dont notre tiret trois quarts de cadra­tin, en rouge.

La chose aurait été employée à la fin du xixe siècle par l’Im­pri­me­rie natio­nale ou, du moins, elle en dis­po­sait dans ses casses1. Le cher­cheur Jean Méron2 l’évoque dans une lettre de 2012 (PDF). Il l’aurait lui-même décou­vert dans le Manuel à l’u­sage des élèves com­po­si­teurs (1887) de Jules Jou­vin, sous-prote de la grande mai­son. Cet épais volume est l’ancêtre du Lexique des règles en usage à l’Imprimerie natio­nale3

L’as­pect cocasse de ma recherche, c’est que l’exem­plaire de la BnF, repro­duit sur Gal­li­ca, s’ar­rête à la page 34, alors que le tiret trois quarts de cadra­tin est men­tion­né, selon Jean Méron, aux pages 433-434. Heu­reu­se­ment, grâce à la dili­gence du ser­vice du patri­moine des Méjanes, les biblio­thèques d’Aix-en-Provence, qui pos­sèdent un exem­plaire com­plet (460 pages), j’ai obte­nu en quelques heures les deux pages en question.

L’ouvrage se ter­mine en effet par une liste de voca­bu­laire, où l’on trouve le texte suivant : 

MOINS, tiret long qui ordi­nai­re­ment sert à sépa­rer des phrases ou à rem­pla­cer des mots qu’on juge inutile de répé­ter. Ain­si nom­mé parce qu’il a la force du moins employé en algèbre. Il existe des moins sur cadra­tin, sur demi-cadra­tin et sur trois quarts de cadra­tin

Je rap­pelle que le cadra­tin est une uni­té de mesure de lon­gueur cor­res­pon­dant à celle d’un M et de son approche. « Sur cadra­tin » doit être com­pris comme « fon­du sur (un bloc d’un) cadra­tin », c’est-à-dire ayant la chasse d’un cadratin. 

Eh bien, figu­rez-vous que le tiret trois quarts de cadra­tin, absent de tous les manuels typo­gra­phiques que j’ai consul­tés dans ma vie, existe depuis 1993 dans l’Unicode (sys­tème de codage de carac­tères uti­li­sé par les ordi­na­teurs pour le sto­ckage et l’é­change de don­nées tex­tuelles), où il porte le nom de « barre hori­zon­tale » et le numé­ro U+2015.

En code HTML, on peut donc l’ob­te­nir avec ― (mais aus­si avec &horbar ou ―). Ce qui donne ceci (je l’ai entou­ré de ses cou­sins et lui ai appli­qué la cou­leur rose).

– -

On vit dans un monde incroyable : on ne peut pas employer les espaces fines où l’on veut, ni même les espaces insé­cables — si les codes existent, nombre de pro­grammes, en par­ti­cu­lier sur le Web, ne se sou­cient pas de les inter­pré­ter cor­rec­te­ment4 —, mais il existe un numé­ro d’U­ni­code pour un tiret incon­nu de tous. Cela signi­fie que quelqu’un le connais­sait et a esti­mé utile de lui assu­rer un ave­nir. Mais qui ?

Pré­ci­sons tou­te­fois que la der­nière ver­sion de l’U­ni­code contient 149 813 carac­tères et que la caté­go­rie « Ponc­tua­tion de type tiret5 », à elle seule, contient 25 entrées, dont les tirets double et triple cadra­tin, tout aus­si incon­nus de la tradition.

Et que vien­drait faire ce tiret entre son cou­sin demi-cadra­tin et son autre cou­sin cadra­tin ? (Le trait d’union mesu­rant un quart de cadra­tin.) D’a­près le site Dispoclavier.com6, il aurait pour fonc­tion d’in­di­quer un chan­ge­ment d’interlocuteur dans les dia­logues ou d’in­tro­duire une cita­tion (je n’ai pas trou­vé trace de ce der­nier usage, mais on peut le conce­voir), en concur­rence avec ses cou­sins. Son uti­li­té est donc toute rela­tive, mais abon­dance de biens ne nuit pas.

Dans un pré­cé­dent article, j’avais évo­qué une gué­guerre oppo­sant, par ouvrages inter­po­sés, deux cor­rec­teurs à pro­pos du tiret long. 

La lon­gueur inter­mé­diaire du tiret trois quarts de cadra­tin aurait peut-être pu les satis­faire tous deux. 

Dans un autre article, j’avais expli­qué la spé­ci­fi­ci­té du vrai signe mathé­ma­tique moins, détrô­né par le « tiret du 6 » men­tion­né plus haut.

Avec le tiret trois quarts de cadra­tin7, je ter­mine le tour de la famille.

Allez, non, un petit der­nier pour la route : James Feli­ci (2003) signale aux gra­phistes les plus pointus :

Le qua­trième type de tiret, le tiret numé­rique, est dis­po­nible uni­que­ment dans quelques rares polices. En prin­cipe, il pos­sède la lon­gueur du trait d’union, mais il est plus maigre et pla­cé plus haut ; on l’utilise de pré­fé­rence pour indi­quer des plages de chiffres8

Là, la famille devrait être au complet.


  1. Aujourd’hui, dans son tableau des signes de ponc­tua­tion (p. 149), le Lexique ne montre qu’un « tiret (moins) », qui a la lon­gueur d’un cadra­tin, alors que tout le texte du livre emploie le tiret demi-cadra­tin. Cer­tains obser­va­teurs n’ont pas man­qué de le sou­li­gner défa­vo­ra­ble­ment.  ↩︎
  2. Voir Décès de Jean Méron, cher­cheur en typo­gra­phie. ↩︎
  3. Avec le Règle­ment de com­po­si­tion typo­gra­phique et de cor­rec­tion, daté de la même année. ↩︎
  4. Voir l’ex­cellent article « Les espaces typo­gra­phiques et le web » du site Typo­gra­phisme, 14 sep­tembre 2011. ↩︎
  5. Voir <https://www.compart.com/fr/unicode/category/Pd>. ↩︎
  6. <https://dispoclavier.com/doc/kbfrintu/index.html#u2015>. Consul­té le 14 mars 2014. ↩︎
  7. La seule autre men­tion que je trouve, à ce jour, de la lon­gueur « trois quarts de cadra­tin », c’est à pro­pos des espaces dans le Trai­té de la typo­gra­phie d’Hen­ri Four­nier (3e éd., 1870, p. 110) : « Les espaces équi­va­lentes à trois quarts de cadra­tin sont les plus fortes dont on doive se ser­vir pour une jus­ti­fi­ca­tion ordi­naire. » Règle répé­tée, une seule fois, dans La Typo­lo­gie-Tucker du 15 août 1886 (n° 194, vol. 4, p. 524). ↩︎
  8. Le Manuel com­plet de typo­gra­phie, Peach­pit Press, 2003, p. 204. ↩︎

Décès en 2022 de Jean Méron, chercheur en typographie

Les pas­sion­nés de typo­gra­phie connaissent les articles de Jean Méron, cher­cheur indé­pen­dant. Son site n’avait pas été mis à jour depuis février 2021.

Né en 1948, il est mort le 18 jan­vier 2022, à l’âge de 73 ans.

C’est la liste de dif­fu­sion Typo­gra­phie de l’Inria, dont il était membre, qui l’a annon­cé, dans un mes­sage du 3 jan­vier 2023, que je n’ai décou­vert qu’aujourd’hui :

Grand polé­mi­queur devant l’É­ter­nel, Jean Méron nous a quit­tés sur la pointe des pieds après un der­nier com­bat contre la mérule1… Les membres de cette liste se sou­viennent des dis­cus­sions homé­riques qui épi­çaient les fils…

Éru­dit touche-à-tout, Jean s’était illus­tré par une abon­dante lit­té­ra­ture sur la typo­gra­phie, son his­toire et sur le foi­son­ne­ment de ses règles par­fois contra­dic­toires. Après des études en psy­cho­lo­gie, il explore la com­po­si­tion et le bien écrire, sujets, qu’à son habi­tude, il appro­fon­di­ra jus­qu’à les épui­ser. Il n’é­cri­ra, en revanche, jamais, la gram­maire rai­son­née dont il rêvait, comme tant d’autres…

Ses der­niers mois, il les pas­sa comme conseiller muni­ci­pal dans sa com­mune de Gué­me­né-sur-Scorff [Mor­bi­han] et quelques pho­tos nous le montrent, presque hilare, lors des réunions poli­tiques. Jean est par­ti en jan­vier 2022, et c’est en rai­son d’un long silence inha­bi­tuel dont nous cher­châmes le motif, que nous apprîmes la nouvelle.

Les textes de Jean Méron sont dis­po­nibles sur la page Web de la liste Typo­gra­phie.

Jean Méron en 2021
© Ouest-France.
  1. Voir « Gué­me­né-sur-Scorff. Il veut com­battre la mérule qui se pro­page », Ouest-France, 19 février 2021. ↩︎

Guillemets français, chevrons simples et crochets triangulaires

De haut en bas et de gauche à droite : guille­mets fran­çais (en che­vrons doubles), guille­mets en che­vrons simples, signes mathé­ma­tiques de com­pa­rai­son et cro­chets triangulaires.

Nota : Cet article assez long regroupe des consi­dé­ra­tions sur des signes peu connus, mais cou­sins des guille­mets fran­çais. Il ne s’a­git pas, à stric­te­ment par­ler, d’une leçon d’orthotypographie.

Cha­cun sait que les guille­mets dits « fran­çais1 » sont des signes en che­vrons doubles, « » (motif qui évoque aus­si, chez nous, le logo de Citroën). Ils « appa­raissent à par­tir de la fin du xviiie siècle et deviennent majo­ri­taires vers la fin du xixe siècle » (Wiki­pé­dia2). 

On les oppose aux guille­mets dits « anglais », en apos­trophes simples, ‘ ’, ou doubles, “ ”.

Guillemets et citations

De nos jours, en France, les guille­mets en che­vrons doubles sont d’usage majo­ri­taire pour déli­mi­ter les cita­tions — même s’il existe d’autres pos­si­bi­li­tés (ita­lique, corps infé­rieur, etc.3) moins employées.

Dans le cas où un texte com­prend une cita­tion et une sous-cita­tion enchâs­sée dans la pre­mière, l’usage le plus cou­rant, aujourd’­hui, est d’employer les guille­mets fran­çais pour la cita­tion et les guille­mets anglais pour la sous-cita­tion. Chaque cita­tion est close par son guille­met fermant.

Intro­duc­tion : « Cita­tion : Sous-cita­tion. »

C’est, notam­ment, le choix de Louis Gué­ry4 (qui a for­mé des géné­ra­tions de jour­na­listes). Par contre, l’Imprimerie natio­nale — pour qui les guille­mets anglais doivent n’être employés qu’« excep­tion­nel­le­ment » dans un texte fran­çais — enchâsse les guille­mets fran­çais et pré­cise : « Si les deux cita­tions se ter­minent ensemble, on ne com­po­se­ra qu’un guille­met fer­mant5 » : 

Et La Fon­taine de conclure l’anecdote qu’il rap­porte sur son ins­pi­ra­teur : « Cette raille­rie plut au mar­chand. Il ache­ta notre Phry­gien trois oboles et dit en riant : « Les dieux soient loués ! Je n’ai pas fait grand acqui­si­tion, à la véri­té ; aus­si n’ai-je pas débour­sé grand argent. »

« Exemple par­ti­cu­liè­re­ment curieux », note l’utilisateur Mar­cel sur Dis­po­si­tion de cla­vier bépo6, car « si le texte conti­nue, on aura du mal à savoir qui parle, de La Fon­taine ou du narrateur ».

Guillemets en chevrons simples

Pour enca­drer une sous-cita­tion, d’autres signes seraient pos­sibles, mais ils sont igno­rés par la plu­part des manuels typo­gra­phiques fran­çais — de même qu’au Qué­bec7. Il s’agit des che­vrons simples. (Ils sont espa­cés comme les guille­mets ordinaires.)

 C’est pour­tant ce que pré­co­nisent les typo­graphes romands8 : 

Lorsque, à l’intérieur d’une cita­tion, s’en pré­sente une deuxième, nous pré­co­ni­sons l’usage de guille­mets simples ‹ › pour signa­ler celle-ci. […]
Lorsqu’un mot entre guille­mets se trouve à la fin d’une cita­tion, le guille­met fer­mant se confond avec le guille­met final : […]
Le sélec­tion­neur de l’équipe natio­nale affirme : « Les hommes que nous avons choi­sis sont tous des  bat­tants. » 9

Pour la gra­phiste et typo­graphe Muriel Paris, « pro­fi­ter de l’exis­tence, dans les polices de carac­tères, des signes doubles et signes simples », c’est « choi­sir la sobrié­té »10.

Le typo­graphe Jan Tschi­chold (1902-1974) prô­nait, lui, l’ordre inverse : 

Je pré­fère la manière sui­vante : ‹ – « » – › , de même que je donne la pré­fé­rence aux guille­mets simples de cette forme : ‹ › 11.

Des guillemets d’ironie spécifiques

Outre l’a­van­tage de la cohé­rence gra­phique entre che­vrons doubles et simples, cet emploi pré­sen­te­rait celui de réser­ver aux guille­mets anglais le rôle que, spon­ta­né­ment, nombre d’auteurs leur donnent, celui de guille­mets d’ironie

Ex. : Il m’a dit : « Je ne suis pas n’importe qui. »

Les guille­mets d’ironie, dits aus­si guille­mets iro­niques, dési­gnent une uti­li­sa­tion par­ti­cu­lière des guille­mets pour indi­quer que le terme ou l’expression mis en exergue n’a pas sa signi­fi­ca­tion lit­té­rale ou habi­tuelle et n’est pas néces­sai­re­ment cité d’une autre source. Les guille­mets d’ironie marquent la dis­tance, l’ironie, le mépris que l’auteur veut mon­trer vis-à-vis de ce qu’il cite. Ils ont un pou­voir de dis­tan­cia­tion et indiquent les réserves de l’auteur par rap­port à un mot ou à une expres­sion (Wiki­pé­dia12).

Employer le même signe pour deux usages dif­fé­rents dans le même contexte est contraire à la recherche de lisi­bi­li­té maxi­male, vers quoi doit tendre l’orthotypographie :

[…] cette mode selon laquelle les mêmes guille­mets servent tan­tôt pour mar­quer une cita­tion ou un terme cité, tan­tôt un terme cri­ti­quable dont on met en ques­tion la signi­fi­ca­tion habi­tuelle, n’a-t-elle pas tout pour fâcher celles et ceux d’entre nous qui aiment la rigueur plu­tôt que l’ambiguïté ? […]
Pour la clar­té du dis­cours écrit, il est recom­man­dable d’utiliser les ‹ … › pour les cita­tions de deuxième niveau, et de réser­ver les “…” aux guille­mets d’ironie s’il convient d’en mettre. En voyant des “…”, la lec­trice et le lec­teur peuvent se rendre compte immé­dia­te­ment que ce n’est pas don­né comme une cita­tion. Effet à évi­ter donc à l’intérieur des cita­tions, sauf si la per­sonne citée aurait mis des guille­mets d’ironie à l’écrit (« Mar­cel », tou­jours13).

D’autres chevrons simples

D’un point de vue gra­phique, les guille­mets en che­vrons simples sont en concur­rence avec d’autres, les signes mathé­ma­tiques de com­pa­rai­son (infé­rieur à, <, et supé­rieur à, >).

J’é­voque là des usages mécon­nus des non-pro­fes­sion­nels de l’édition. 

Le Ramat en parle tout de même14 :

On peut uti­li­ser les che­vrons simples (sans espaces inté­rieures) pour entou­rer une adresse de site. Si l’adresse ter­mine la phrase, on met un point final après le che­vron simple fer­mant. 
Mon site est le sui­vant : <www.ramat.ca>. […]
Le che­vron fer­mant (avec espaces) est uti­li­sé pour décrire les opé­ra­tions infor­ma­tiques
Accueil > Insé­rer > Forme > Rec­tangles (Pour des­si­ner un rec­tangle dans Word.

On emploie éga­le­ment le signe supé­rieur à, >, dans les « fils d’ariane », c’est-à-dire les che­mins d’accès à une page Web15

Ex. : Pour savoir quels ouvrages je recom­mande aux cor­rec­teurs, voir mon site > Accueil > La biblio­thèque du correcteur.

Dans son « Que sais-je ? » sur La Ponc­tua­tion16, Nina Catach a employé ces mêmes che­vrons pour citer des signes de ponc­tua­tion. Ex. : <“ ”> (elle cite les guille­mets anglais).

Un domaine particulier : la philologie

Un usage encore plus spé­ci­fique ne concerne que la phi­lo­lo­gie

En phi­lo­lo­gie, pour l’é­di­tion scien­ti­fique d’un texte, le che­vron marque géné­ra­le­ment les mots ou groupes de mots ajou­tés dans le texte par conjec­ture. Les lacunes peuvent éga­le­ment être indi­quées par un groupe de trois asté­risques entou­rées par des che­vrons (<***>). — Wiki­pé­dia17.

Lorsqu’on emploie les che­vrons pour signi­fier la sup­pres­sion de mots [par l’au­teur du texte étu­dié, et non par l’é­di­teur], on les appelle aus­si cro­chets de res­ti­tu­tion — Vitrine lin­guis­tique18.

Les che­vrons sont aus­si employés en lin­guis­tique pour mar­quer la paren­té entre deux mots (amare > aimer)19 ou « pour indi­quer les gra­phèmes ou les trans­crip­tions gra­phiques20 ».

Une découverte : les crochets triangulaires

Enfin, il faut men­tion­ner les cro­chets tri­an­gu­laires, encore plus rares, dont j’ai décou­vert l’exis­tence dans la Gram­maire typo­gra­phique (1952) de Jules Denis21

Dans les édi­tions phi­lo­lo­giques de textes, on indique par­fois entre paren­thèses, ( ), les lettres ou les mots que l’éditeur consi­dére comme devant être omis, et entre cro­chets, [ ], les lettres ou les mots qu’il ajoute au docu­ment repro­duit. 
Un autre pro­cé­dé consiste à employer, dans ce genre de tra­vaux, deux sortes de cro­chets ; les cro­chets droits, [ ], enfer­mant des lettres ou des mots exis­tant dans les manus­crits, mais qui sont à exclure ; les cro­chets tri­an­gu­laires ⟨ ⟩, enfer­mant des lettres ou des mots ne figu­rant dans aucun manus­crit, mais qui sont réta­blis par conjecture. 

Chevrons simples enchâssés : de l'extérieur vers l'intérieur, guillemets simples, signes mathématiques de comparaison et crochets triangulaires.
Che­vrons simples enchâs­sés : de l’ex­té­rieur vers l’in­té­rieur, guille­mets simples, signes mathé­ma­tiques de com­pa­rai­son et cro­chets triangulaires.

On note­ra que les cro­chets choi­sis par Jules Denis, cor­rec­teur de l’im­pri­me­rie Georges Thone à Liège, ont une forme dif­fé­rente à la fois des guille­mets en che­vrons simples et des signes de com­pa­rai­son. Ce sont, eux aus­si, des signes mathématiques :

Les deux che­vrons ⟨ ⟩ sont uti­li­sés pour noter le pro­duit sca­laire, ou pour annon­cer une pré­sen­ta­tion d’un groupe fini­ment engen­dré » — Wiki­pé­dia22.

Dans le cas pré­cis — raris­sime, je le rap­pelle — où un cor­rec­teur serait ame­né à relire des tra­vaux phi­lo­lo­giques employant des che­vrons simples, je lui conseille­rais de pri­vi­lé­gier ces cro­chets tri­an­gu­laires, car gra­phi­que­ment ils s’ap­pa­rient mieux avec les cro­chets car­rés que les che­vrons mathé­ma­tiques. Pré­ci­sons tou­te­fois qu’ils sont dis­po­nibles dans peu de polices (pour mes illus­tra­tions, j’ai uti­li­sé Apple Symbols).

Article mis à jour le 22 mars 2024.


  1. On les dit aus­si « typo­gra­phiques », par oppo­si­tion aux guille­mets dac­ty­lo­gra­phiques ou droits. ↩︎
  2. « His­toire », art. « Guille­met », Wiki­pé­dia. Consul­té le 11 mars 2024. ↩︎
  3. Voir Lexique des règles en usage à l’Im­pri­me­rie natio­nale, Impri­me­rie natio­nale, 2022, p. 49. Pour les autres usages des guille­mets, se réfé­rer aux manuels habi­tuels. ↩︎
  4. Dic­tion­naire des règles typo­gra­phiques, 5e éd., edi­Sens, 2019, p. 238. ↩︎
  5. Lexique des règles en usage à l’Im­pri­me­rie natio­nale, op. cit., p. 51. ↩︎
  6. Uti­li­sa­teur Mar­cel, « Guille­mets che­vrons simples », Dis­po­si­tion de cla­vier bépo. Consul­té le 11 mars 2024. ↩︎
  7. « Si la cita­tion prin­ci­pale est enca­drée de guille­mets fran­çais (« »), la meilleure façon d’in­di­quer la cita­tion interne est de l’en­ca­drer de guille­mets anglais (“ ”). » — « 7.2.6 Cita­tion double », Le Guide du rédac­teur, TERMIUM Plus. Consul­té le 11 mars 2024.  ↩︎
  8. Guide du typo­graphe, 7e éd., Groupe de Lau­sanne de l’As­so­cia­tion suisse des typo­graphes, 2015, § 610, p. 99. — En France, cet usage relève de choix sin­gu­liers. En 2022, lors d’une dis­cus­sion dans la liste de dif­fu­sion Typo­gra­phie de l’In­ria, Benoît Lau­nay, direc­teur artis­tique au CNRS, écrit : « Per­son­nel­le­ment, j’ap­pré­cie ces guilles et m’en sert dans les publi­ca­tions du CNRS que je réa­lise. » Jacques Melot lui répond : « Il est évident que ces guille­mets simples qui n’ont pas d’u­sage en fran­çais vont évo­quer une sorte de bali­sage des­ti­né à un effet spé­cial comme lors­qu’il s’a­git d’at­ti­rer l’at­ten­tion du lec­teur sur le texte en tant que tel dans une pro­duc­tion didac­tique par exemple, c’est-à-dire avoir un effet de ralen­tis­se­ment sur la lec­ture, irri­tant sans aucun doute une par­tie appré­ciable des lec­teurs. C’est tout bon­ne­ment anti­ré­dac­tion­nel ! » — Le cher­cheur indé­pen­dant Jean Méron (mort en 2022 — voir mon article) les uti­li­sait aus­si dans ses textes. Sur le sujet, on lira d’ailleurs, avec pro­fit, son article « En ques­tion : le gram­maire typo­gra­phique — Les guille­mets », du 14 juin 1999, dont un PDF est dis­po­nible sur le site de la Liste Typo­gra­phie. ↩︎
  9. Pour sim­pli­fier ma démons­tra­tion, je ne conserve volon­tai­re­ment que le second exemple. La rup­ture de pari­té des guille­mets, ren­for­cée par leur dif­fé­rence gra­phique, est per­tur­bante pour le cor­rec­teur fran­çais. ↩︎
  10. Le Petit Manuel de com­po­si­tion typo­gra­phique, ver­sion 3, autoé­di­té, 2021, p. 77. ↩︎
  11. Jan Tschi­chold, Livre et typo­gra­phie, trad. de l’al­le­mand par Nicole Casa­no­va, Allia, 2018, p. 125. ↩︎
  12. « Guille­mets d’i­ro­nie », art. « Guille­met », Wiki­pé­dia, cité. Leur nom anglais est scare quotes. Ils ont été inven­tés par l’A­mé­ri­caine Eli­sa­beth Ans­combe en 1956. — « His­to­ry », art. « Scare Quotes », Wiki­pe­dia (EN). Consul­té le 11 mars 2024. ↩︎
  13. Uti­li­sa­teur Mar­cel, art. cité.  ↩︎
  14. Aurel Ramat et Anne-Marie Benoit, Le Ramat de la typo­gra­phie, 11e éd., A.-M. Benoit éd., 2017, p. 195. ↩︎
  15. « Che­vrons », Vitrine lin­guis­tique. Consul­té le 11 mars 2024. ↩︎
  16. PUF, 1994, p. 77. ↩︎
  17. « Usage phi­lo­lo­gique », art « Che­vron (typo­gra­phie) », Wiki­pé­dia. Consul­té le 11 mars 2024. ↩︎
  18. « Che­vrons », Vitrine lin­guis­tique, art. cité. J’ai écar­té la pré­ci­sion qui suit : « Cer­tains édi­teurs pré­fèrent employer les cro­chets ; cepen­dant, si on opte pour ce signe, il faut expli­quer qu’il s’agit d’un mot qui avait été sup­pri­mé par l’auteur, et non d’un ajout de l’éditeur, puisqu’on emploie géné­ra­le­ment les cro­chets pour enca­drer les com­men­taires et les modi­fi­ca­tions appor­tées par l’éditeur. » — Jacques Drillon fait une remarque équi­va­lente (Trai­té de la ponc­tua­tion fran­çaise, Gal­li­mard, 1991, p. 280-281). ↩︎
  19. « Che­vrons », Vitrine lin­guis­tique, art. cité. ↩︎
  20. « Che­vron (typo­gra­phie) », Wiki­pé­dia, art. cité. ↩︎
  21. Éd. Georges Thone, p. 177. ↩︎
  22. « Usage mathé­ma­tique », art. « Che­vron (typo­gra­phie) », Wiki­pé­dia, art. cité. ↩︎