C’est bien connu : le correcteur doit douter de tout1. Encore faut-il qu’on lui en laisse le temps, ce qui est rare. Il doit donc se reposer sur une excellente connaissance de la langue2 et sur une culture générale aussi vaste que possible.
Tout est bon pour se cultiver : lire, bien sûr (journaux, livres, sites Internet…), regarder des documentaires (à la télévision ou au cinéma), écouter la radio, visiter des expositions, discuter avec des gens…
La culture générale, c’est surtout avoir la curiosité constamment en éveil.
Dans chaque domaine du savoir, on trouve des ouvrages équivalents, par exemple le grand classique Histoire de la musique d’Émile Vuillermoz (Le Livre de Poche, 1977) ou Une brève histoire du cinéma (1895-2020), de Martin Barnier et Laurent Jullier (Pluriel, 2021).
Sur les questions les plus actuelles, on peut ajouter le Dictionnaire du temps présent, dirigé par Yves Charles Zarka et Christian Godin (éd. du Cerf, 2022).
L’accès à la culture est plus aisé que jamais
Il n’a jamais été si facile ni si bon marché de se cultiver. – Je peux en parler, j’avais déjà 30 ans quand est apparu Internet.
Une bonne part des livres et des documents imprimés tombés dans le domaine public sont accessibles gratuitement en ligne, par exemple sur Gallica, le site de la Bibliothèque nationale de France, une mine inépuisable (voir aussi Wikisource). On peut les télécharger et les garder à vie.
Avec le comparateur de prix Chasse aux livres, on trouve facilement des livres – récents comme plus anciens – d’occasion.
Les encyclopédies sont toutes en ligne et accessibles soit gratuitement, soit pour une somme modique (voir mon article).
Une grande proportion, la totalité pour certains titres, des articles des journaux et des revues sont gratuits en ligne. Pour moi, le quotidien de référence reste Le Monde. En complément, il est intéressant de consulter The Conversation, regard d’universitaires sur l’actualité. Je suis aussi l’actualité des revues de sciences humaines sur Cairn.info.
Le podcasting permet aujourd’hui d’écouter les émissions de radio quand on le souhaite. Je recommande particulièrement France Culture, qui traite de tous les domaines du savoir et offre des éclairages historiques, philosophiques, sociologiques ou autres sur l’actualité.
Podcasts à la une du site de France Culture, le jour où j’ai rédigé cet article.
On peut écouter quasiment toute la musique du monde sur YouTube, ou pour environ 10 euros par mois (la moitié du prix d’un CD) sur les plateformes de streaming comme Spotify ou Apple Music.
De même, les plateformes de SVOD permettent, pour quelques euros par mois, de voir des milliers de films, y compris des films rares dont, avant Internet, nous devions attendre une programmation dans un cinéma d’art et essai ou une cinémathèque – si nous habitions une grande ville – pour espérer les voir. Mes préférées sont La Cinetek et UniversCiné.
Pièces de théâtre et concerts sont diffusés gratuitement par nombre de sites, dont la Culturebox de France Télévisions. Pour le classique et le jazz, je regarde Mezzo.
Enfin, si l’on entend souvent dire qu’« il n’y a rien à la télé », on trouve des programmes de grande qualité sur des chaînes comme Arte, France 5 ou Histoire TV.
PS — Je sais qu’il existe aussi des chaînes YouTube intéressantes, mais comme je n’en suis aucune en particulier, je préfère renvoyer à la sélection proposée par Sherpas.
Bureau des correcteurs à l’imprimerie Paul Dupont, 1867 (gravure). Voir mon article.
De quels ouvrages les correcteurs ont-ils éventuellement pu disposer au fil de l’histoire pour travailler ? C’est à cette question que répond la liste ci-dessous (en construction). Il s’agit d’ouvrages en français écrits par des correcteurs ou s’adressant à eux (notamment), classés par ordre chronologique. C’est un document de travail, brut, saturé d’informations (donc susceptible de contenir encore des erreurs diverses, y compris… d’orthotypographie). Les donnés principales figurent en gras.
Les ouvrages de lexicographes (comme Girodet, Larousse ou Robert) et de grammairiens contemporains (comme Grevisse ou Hanse) n’apparaissent pas ici (☞ voir La bibliothèque du correcteur), pas plus que les nombreux ouvrages sur la langue française qui existent ou ont existé. Cette liste n’est pas non plus exhaustive : je n’ai retenu que les noms cités dans les textes.
Hornschuch, Jérôme (1573-1616, correcteur d’épreuves, puis médecin). Orthotypographia : instruction utile et nécessaire pour ceux qui vont corriger des livres imprimés & conseils à ceux qui vont les publier, 1608. | Trad. du latin par Susan Baddeley avec une introd. et des notes de Jean-François Gilmont. Paris : Éd. des Cendres, 1997. 125 p. : ill., couv. ill. ; 19 cm.
Restaut, Pierre (1696-1764). Traité de l’orthographe française en forme de dictionnaire. 4e éd. rev. et augm., 1752.
Connu sous le nom de Dictionnaire de Poitiers, publié pour la première fois en 1739 par Charles Leroy de La Corbinaye (parfois appelé Leroy ou Le Roy, 1690-1739), lexicographe et prote d’imprimerie dans cette ville. Le PDF que j’ai trouvé est celui d’une réédition de 1765 (à Poitiers, chez Jean-Félix Faucon, comme toutes les éditions, sauf celle de 1792, chez François Barbier (même ville), et les nombreuses contrefaçons françaises et étrangères). Une édition revue par Laurent-Étienne Rondet paraîtra en 1775. ☞ Voir Le “Jouette” du xviiie siècle s’appelait le “Restaut”.
« Cet ouvrage est particulièrement utile aux imprimeurs sur lesquels les écrivains se reposent trop souvent du soin de rectifier leur orthographe. Ils peuvent, en pâlissant sur une épreuve, éviter les fautes ordinaires, mais on n’obtiendra pas encore la correction, parce que les systèmes d’orthographe se trouveront confondus pêle-mêle et les mots écrits tour-à-tour conformément à chacun d’eux, et dans ce sens rigoureux, il n’y a que très-peu d’éditions correctes. « Les systèmes d’orthographe étant réunis et comparés dans cet ouvrage, il est le MANUEL d’un correcteur d’épreuves qui doit non-seulement le consulter, mais le lire ; bien plus, qui doit l’étudier. Il en retirera un très-grand avantage, celui de pouvoir, sans perte de temps, suivre au gré des auteurs, le système de Restaut, ceux de l’Académie, de Gattel [1re éd. 1797, 8e éd. 1854], avec ou sans restriction ; et si, lorsqu’il aura saisi les nuances principales, il se présente à lui quelques difficultés, il pourra recourir à son MANUEL. En outre, l’immense quantité de mots ajoutés, les nomenclatures particulières de sciences, etc. lui sont absolument nécessaires. » (Note de l’avertissement, p. X.)
Recommandé par Antoine Frey, 1857, p. 250. — « […] voyez Boiste qui est un tout aussi mauvais dictionnaire que le dictionnaire de l’Académie […] » — Victor Hugo, lettre à Paul Meurice, 6 avril 1856.
Lequien, Edme-Alexandre (1779-1835). Traité de la ponctuation. Paris : l’auteur, 1809. In-12, XII-103 p. | 6e éd., 1826. | 7e éd., Paris : Werdet et Lequien fils, 1826. | 8e éd., Paris : l’auteur, 1831. IV-139 p. ; in-12. | 9e éd. Paris : l’auteur, 1834. In-12, IV-139 p. | 10e éd. Paris : J. Pesron, 1847. In-12, 162 p.
Également auteur d’autres ouvrages de grammaire, dont un Traité de la conjugaison et un Traité des participes.
Laveaux, Jean-Charles (1749-1827, imprimeur-libraire, grammairien et lexicographe). Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires. Paris : Lefèvre, 1818. 810 p. ; in-8, 21 cm ; 2e éd. Paris : Ledentu, 1822. 2 vol. in-8° ; 2 vol. in-4° ; 3e éd. Paris : A. Ledentu fils, 1846. ; Paris : L. Hachette, 1847 ; VIII-731 p. ; in-8 ; 4e éd. Paris : L. Hachette, 1873. VIII-731 p. ; in-8. 5e éd. Paris : L. Hachette, 1892 ; 6e éd. Paris, 1910. | Nouveau dictionnaire de la langue française. 1820 ; 2e éd. rev., corr. et augm. Paris : Deterville, 1828. 2 vol. [4]-VIII-1120 p. ; [4]-1086 p. ; in-4°. | Dictionnaire synonymique de la langue française. Paris : A. Eymery, 1826. 2 t. en 1 vol. (XIV, 399 ; 306 p.) ; in-8°.
Auteur recommandé par Antoine Frey, 1857, p. 250.
Premier ouvrage du genre, qui aura une belle descendance. Contient un protocole des signes de correction, le second après celui, méconnu, de Pierre François Didot (1731-1795) — voir À la recherche du code typo perdu.
Fournier, Henri (1800-1888). Traité de la typographie. Paris : impr. de H. Fournier, 1825. In-8° , XLII-323 p. | 2e éd. corr. et augm. Tours : A. Mame, 1854. 1 vol. (XII-408 p.) ; in-18. |3e éd. corr. et augm. Tours : A. Mame et fils, 1870. 492 p. : fig. ; in-8. | 4e éd., ent. rev. et augm. par Arthur Viot [ancien directeur de l’imprimerie Mame]. Paris : Garnier frères, 1904. In-18, VI-515 p., fig. | 1919. | 1925. |1927. |[Fac-sim.] Farnborough, Hants., England : Gregg international publishers, 1971. XLII-323 p. ; 19 cm. Fac-sim. de l’éd. de 1825.
« Ce livre mérite incontestablement un haut rang dans la littérature technique française. Il contient l’histoire et le développement de l’imprimerie ; la partie technique est traitée de main de maitre ; malheureusement il ne contient aucune illustration1. »
B*** (« auteur d’un grand nombre de livres sur l’éducation »). Vade-mecum de l’écrivain, du correcteur et du compositeur typographe : ouvrage utile aux employés des administrations, aux commerçants, aux copistes, etc. Paris : Delarue ; Lille : Blocquel-Castiaux, [1832], 54 p., 18 cm.
Également auteur des Principes de ponctuation fondés sur la nature du langage écrit. Paris, Tourneux, Ponthieu, 1824. VIII-140 p. ; in-12. | 2e éd., amél. Paris : A. Eymery, 1825.VIII-134 p. ; in-12. | 3e éd. Paris : Eymery, Fruger et Cie, 1827. VIII-134 p. ; in-12. | 4e éd. Paris : Roret : Delalain : Hachette ; Vve Maire-Nyon, 1836. [2]-VIII-134 p. ; in-12.
« Ces deux écrits proviennent de deux correcteurs et sont d’excellents aides pour l’étude du français. Tassis appartenait à l’imprimerie Firmin-Didot frères ; il a également publié un Traité de Ponctuation4. »
Lefèvre, Théotiste (1798-1887, typographe et imprimeur, prote de l’imprimerie Firmin Didot). Guide pratique du compositeur d’imprimerie. Paris, Firmin Didot frères, 1855-1872. 2 vol. in-8°, fig., pl., tabl. | Paris : Firmin Didot frères, 1883.In-8°, XVI-758 p., fig., pl., tabl. | [Fac-sim.] Meisenheim / Glan : A. Hain, 1972. X-440-VII-299 p. - [6] dépl. : ill. ; 20 cm, & errata. Fac-sim. de l’éd. de Paris : Firmin Didot en 1878 et 1880. | Guide pratique du compositeur et de l’imprimeur typographes [Reprod. en fac-sim.]. Paris ; Montréal : l’Harmattan, 1999. XIV-720-VII p. : ill., couv. ill. ; 22 cm. (Les introuvables).
« C’est le Manuel le meilleur, le plus complet sur la composition et l’impression. Son auteur, décédé à quatre-vingt-huit ans, fut longtemps directeur des Imprimeries Didot5. » Dérivé : Instruction pour la lecture des épreuves. (Extrait du Guide pratique du compositeur.) Paris : impr. de Firmin Didot frères, 1854. In-8°, 8 p.
« Dans ce nouveau travail, il a condensé, suivant un ordre méthodique et simple, la substance de nos meilleurs dictionnaires, et en particulier de celui de l’Académie. Avec ce livre qui ne coûtera que 3 fr. aux souscripteurs, et 3 fr. 50 c. aux non-souscripteurs, on s’épargnera pour plus de 100 fr. de dictionnaires et une perte de temps considérable qui souvent reste sans résultat. Dans cette œuvre toute pratique, où la théorie ne marche qu’appuyée sur les faits, on trouvera consignées les recherches minutieuses, les observations de plus de dix années, non d’un théoricien grammatical, mais d’un homme qui a vu passer et repasser sous ses yeux les épreuves à corriger des travaux de nos plus grands écrivains dans tous les genres8. »
« Rarissime maintenant » (en janvier 1928), selon Émile Verlet9.
Claye, Jules (1806-1886, imprimeur-libraire, fondeur de caractères et éditeur ; a été prote de l’imprimerie d’Henri Fournier). Manuel de l’apprenti compositeur. Paris, 1871. | 2e éd. revue, corr. et augm. Paris : J. Claye, 1874. 192 p. ; in-8. | Typographie. Manuel de l’apprenti compositeur. 3e éd. Suivi de : Un mot sur M. Jules Claye, par M. Charles Rozan. Paris : A. Quantin, 1883. In-16, III-192 et 11 p., pl.| 4e éd. Paris : Librairies-imprimeries réunies, 1891. In-16, XV-192 p. et pl.
Se retire en 1876 en faveur de son prote A. Quantin, directeur de son imprimerie depuis 1873, qui lui succède.
Daupeley-Gouverneur, Gustave (1842-1906, imprimeur, ancien correcteur de l’imprimerie Claye). Le Compositeur et le correcteur typographes. Paris : Rouvier et Logeat, 1880. In-16, XII-240 p.
« L’auteur est un imprimeur praticien qui a été longtemps correcteur dans l’imprimerie de J. Claye, renommée pour ses excellents travaux. Ce qu’il écrit et les règles qu’il donne sont le fruit d’une longue expérience ; son style est simple et clair10. » Dérivé : Mémento à l’usage des compositeurs et des correcteurs de l’imprimerie Daupeley-Gouverneur. Nogent-le-Rotrou : impr. de Daupeley-Gouverneur, 1903. In-8°, 40 p. Gendre d’Aristide Gouverneur (1829-1898), il lui succède en 1875.
« L’auteur de ce livre est le directeur de l’École Gutenberg. L’ouvrage a donc pour but d’instruire et de servir de Manuel. Bien conçu, il mérite d’être chaudement recommandé11. » ☞ Voir Quelques observations sur le métier de correcteur, 1888.
« M. Petit, correcteur à l’imprimerie Larousse, avait consigné en quelques pages, à l’usage des typographes, la marche à suivre dans la maison. Les directeurs de cette imprimerie, dont le but constant est de démocratiser le Livre, ont jugé qu’un recueil plus étendu des règles typographiques les plus usuelles, extraites des auteurs qui font loi en la matière, suivies de nombreux exemples, permettrait aux compositeurs de se rappeler l’enseignement de leur apprentissage, aux correcteurs de suivre une marche régulière, aux écrivains d’éviter des frais onéreux et des imperfections en préparant leurs manuscrits suivant les usages de l’imprimerie, et cela sans avoir à feuilleter des ouvrages dont les prix ne sont pas abordables à tous ou très longs à consulter par la diversité des matières qu’ils contiennent12. »
Anonyme. Règles typographiques adoptées par les publications de la librairie Hachette. Paris, 1889.
Da Costa, Gaston(1850-1909). Nouvelle méthode d’enseignement de la grammaire française. Cours supérieur. Livre de l’élève, Paris : Librairie des imprimeries réunies, 1889. 628 p. « Chapitres particulièrement utiles aux typographes, aux correcteurs et aux auteurs : Gent et gens, pages 91 à 95. — Noms composés, 123 à 133. — Être précédé de ce, 355 à 365. Adjectif verbal, 547 à 558. Ne, particule explétive, 606 à 612. »
« À corriger les erreurs du passé, il y a un champ indéfini pour l’intelligence humaine, c’est ce qui constitue le progrès. Si, comme nous le croyons, la Grammaire Da Costa a été un effort heureux dans ce sens, il ne pourra qu’être agréable à nos lecteurs d’apprendre que la troisième partie, Cours supérieur (partie de l’élève ; celle du maître est sous presse), vient de paraître. Celle-ci sera surtout le livre des lettrés, des délicats, et plus particulièrement des correcteurs d’imprimerie et des auteurs. De plus, c’est un traité de morale comme il n’y en a pas d’aussi complet. Rien n’a été épargné par l’auteur et par son collaborateur l’imprimeur, pour en faire un bon et beau livre à tous les points de vue13. »
Dérivé : La Grammaire en portefeuille. Paris : Librairie des imprimeries réunies, 1889. In-18, 71 p. « Pour faire suite à la Grammaire Da Costa, l’auteur a résumé toutes les difficultés de la syntaxe française dans un petit volume de poche à l’usage de tous ceux qui mettent la main à la plume. L’utile petit livre qui vient de paraître s’appelle la Grammaire en portefeuille. Ce petit volume est surtout indispensable aux typographes […]14 »
Breton, Victor (1844-1916, typographe, premier professeur de typographie à l’école Estienne). Cours élémentaire de composition typographique à l’usage des élèves de première année. Paris, 1890. | 2e éd. Paris : impr. de l’École Estienne, 1904. In-16, 103 p., fig.
« Sa passion pour la transmission du métier n’était pas réservée à la seule école Estienne. Il participa également à la fondation des cours de la Chambre syndicale typographique parisienne, en 1896. Il prolongeait ses cours par des articles dans la presse et surtout édita des manuels à destinations des autres apprentis, dont le célèbre « manuel Breton », Manuel pratique de composition typographique, édité par la Chambre syndicale typographique en 1911, livre qui était la synthèse de toutes ses publications antérieures, dont les cours de l’école Estienne qu’il avait élaboré avec ses élèves depuis 1893. Ce livre fut la « bible » des apprentis typographes candidats au CAP pendant l’entre-deux-guerres, remplacé ensuite par les manuels de G[eorges]. Vallette [sic, Valette] ]et de l’INIAG15. »
« Ce volume, tant attendu, répondant à un véritable besoin, et que la maison Quantin a eu l’excellente idée de publier, intéressera les correcteurs, les typographes, les professeurs, les auteurs et les bibliographes. Ils y trouveront, avec les signes de correction, la description claire et précise des délicates opérations du correcteur, un traité nouveau de ponctuation, l’analyse des lois, trop peu connues, qui président à l’emploi des majuscules, des abréviations, etc. Enfin une préface, littérairement écrite, pleine de curiosités sur les coquilles ; d’excellents conseils aux auleurs ; une savante bibliographie des Traités de typographie ; une liste des meilleurs Dictionnaires à consulter sur chaque langue, font de celle élégante plaquette un vade-mecum indispensable à tous ceux qui écrivent, composent ou corrigent16. »
Dumont, Jean (1853-1927, typographe, ancien correcteur à l’Indépendance belge, directeur de la fonderie typographique Vanderborght et de l’École professionnelle de typographie à Bruxelles). Vade-mecum du typographe. Bruxelles : F. Hayez, 1891, XV-292-[ca 100] p. : ill. ; 23 cm. | 3e éd… contenant 200 plans, gravures et modèles. Bruxelles : Presses de P. Weissenbruch, 1906. X-524 p. : ill., fac-sim. ; 23 cm.
« M. Désiré Greffier est un artiste dans l’art de la composition typographique. Son petit travail en est la preuve. Des règles typographiques précises, il n’en existe pas. Chaque correcteur, chaque typographe y va un peu à sa manière.. Les imprimeries suivent presque toutes une marche différente, et de là, il résulte évidemment un chaos et une confusion très grande, lesquels seraient aisément dissipés par l’adoption d’une marche uniforme basée sur l’usage, le goût et la logique. M. Greffier ne semble pas vouloir imposer des règles, mais il voudrait unifier la marche typographique. Arrivera-t-on à ce résultat ? Le goût et la logique sont souvent très diversement interprétés. Nous souhaitons néanmoins que la question des règles typographiques soit abordée à un prochain congrès d’imprimerie. Là nous trouverons peut-être une solution. — A.S.17 »
Imprimerie Berger-Levrault et Cie. Guide du compositeur et du correcteur. Nancy : impr. de Berger-Levrault, 1908. In-18, 52 p.
Chollet, Louis (1864-1949, journaliste, poète, correcteur). Petit manuel de composition à l’usage des typographes et des correcteurs. Tours : A. Mame et fils, 1912. In-16, 128 p. Consultable à la bibliothèque Mazarine et, sur microfiche, à la BnF.
« L’auteur de ce petit volume, M. Louis Chollet, connu déjà par des ouvrages purement littéraires, est un professionnel qui a réussi à condenser là, sans vaines dissertations, le fruit de vingt-cinq années d’expérience. C’est dire que les règles, trop oubliées aujourd’hui, concernant la composition typographique, ont été non seulement ramenées autour de quelques points principaux, mais codifiées, pesées, groupées, pour faire de ce modeste livre de 140 pages un guide que compositeurs et correcteurs auront, dans leur intérêt, tout avantage à posséder. « Un traité succinct de la ponctuation, des chapitres sur les particularités orthographiques, la composition du latin, du grec, de l’anglais, de l’espagnol, les coupures des mots, etc., en complètent l’utilité pratique. » — Bulletin officiel (Union syndicale des maîtres imprimeurs de France), n° 8, août 1912. Voir aussi La Typologie : journal des arts graphiques, n° 402, vol. 1, 15 janvier 1913.
Muller, Arnold (1860-1925, imprimeur, directeur de la Revue des industries du livre [en 1912-.…]). Nouveau manuel de typographie. Paris : Impr. des beaux-arts, 1913. In-8° , XV-488 p., fig., pl.
Laurens, Edmond (1852-1925, compositeur). L’Art du correcteur. Paris : Enoch, 1921. Gr. in-8°, 48 p. avec musique. Consultable à la BnF.
Il s’agit d’un manuel de correction des partitions, texte et musique.
Brossard, L.-E. [Louis Emmanuel] (1870-1939, correcteur typographe puis directeur d’une imprimerie, chevalier de la Légion d’honneur). Le Correcteur typographe. Tours : E. Arrault ; Chatelaudren : Impr. de Chatelaudren, 1924-1934. 2 vol. (XV-587, VII-1024 p.) : ill. ; in-8. I. Essai historique, documentaire et technique ; II. Les règles typographiques.
Code typographique. Choix de règles à l’usage des auteurs et des professionnels du livre. 1928 (1re éd.), 1932 (2e éd.). Bordeaux : Société amicale des directeurs, protes et correcteurs d’imprimerie de France. | 1946 (3e éd.) [?18] | 1947 (4e éd.). Bordeaux : Syndicat national des cadres et maîtrises du livre et de la presse. 127 p. | 1954 (5e éd.). Préface de Georges Lecomte, avertissement d’Émile Verlet, avant-propos de Jean Laudat. Paris : Syndicat national des cadres et maîtrises du livre et de la presse, XVI-123 p. | 1957 (6e éd.), 1961 (7e éd.). Paris : Syndicat national des cadres et maîtrises du livre, de la presse et des industries graphiques. XVI-123 p. | 1965 (8e éd.), id. XV-124 p. | 1968 (9e éd.), 1971 (10e éd.), id. | 1973 (11e éd.), id. XVI-127 p. | 1977 (12e éd.). 121 p. | 1981 (13e éd.), 1983 (14e éd.). Paris : Fédération nationale du personnel d’encadrement des industries polygraphiques et de la communication (FIPEC). 121 p. | 1986 (15e éd.). Préface de Georges Lecomte, de l’Académie française, écrite pour la 1re éd. ; avant-propos de P. Bonnefond. | 1989 (16e éd.), 1993 (17e éd.). Paris : Fédération CGC de la communication, 120 p. | Le Nouveau Code typographique. Révisé, complété et modernisé par Robert Guibert. Les règles typographiques de la composition à l’usage des auteurs, des professionnels du livre et des utilisateurs d’ordinateurs. Préface de Robert Acker ✝, cadre supérieur d’une importante librairie parisienne, trésorier de la Fédération de la communication de 1992 à 1997. Paris : Fédération de la communication CFE/CGC, 1997. XIII-176 p.
Guide du typographe romand. Groupe de Lausanne de l’Association suisse des compositeurs à la machine (ASCM). Rédigé par Gustave Gerber, Étienne Quaglia, Henri Parisod, Edgar Perrenoud et Albert Mark, 1943. 84 p. | 2e éd. rev. et augm., 1948. 110 p. | 3e éd. Sous-titre : Règles typographiques à l’usage des auteurs et éditeurs, compositeurs et correcteurs de langue française. Conçue par Albert Javet, avec Carlo Umiglia et Gaston Corthésy, en remplacement de Perrenoud et Mark, 1963. 176 p. | 4e éd., « brune », conçue par Roger Chatelain. 1982. 176 p. | 5e éd., « grise ». Groupe de Lausanne de l’Association suisse des typographes (AST). Conçue par Roger Chatelain, avec Bernard Porchet et Gaston Corthésy. 1993. 216 p. | 6e éd. Guide du typographe [diffusion internationale]. Règles et grammaire typographiques pour la préparation, la saisie et la correction des textes. Préface de Marc Lamunière. Introduction de la commission d’élaboration : Gaston Corthésy, Roger Chatelain, Olivier Bloesch. 2000. 259 p. | 7e éd. Nouv. sous-titre : Règles et grammaire typographique pour la préparation, la saisie, la mise en pages des textes et leur correction. Préface de Jean-Frédéric Jauslin, ambassadeur, délégué permanent de la Suisse auprès de l’Unesco et de l’OIF. Introduction de Roger Chatelain, coordinateur de la commission de rédaction : Marc Augiey, Joseph Christe et Chantal Moraz. 2015. 308 p.
La commission de rédaction de la première édition a été constituée le 4 octobre 1940, lors d’une assemblée du Groupe de Lausanne de l’Association suisse des compositeurs à la machine (ASCM). Le premier titre prévu était Marche à suivre typographique. Présidé par Michel Pitton, le Groupe de Lausanne de l’Association suisse des typographes (AST) résulte d’une fusion, intervenue en 1984, des sections lausannoises de l’ASCM et de l’UEAG (Union éducative des arts graphiques).
Denis, Jules (chef correcteur de l’imprimerie Georges Thone). Grammaire typographique. Liège : Georges Thone, 1952. 299 p. ; 24 cm.
Gouriou, C. [Charles] (1905-1982, lecteur-correcteur à la Librairie Hachette). Mémento typographique. Préface de Robert Ranc. Paris : Hachette, 1961, XII-132 p. ; nouv. éd. ent. rev., 1973, V-122 p. [sans la préface] ; rééd. Cercle de la librairie, 1990, 2010.
Auger, Daniel (1932-2013, professeur à l’école Estienne). Préparation de la copie, correction des épreuves. INIAG, 1976 ; éd. corr., 1980. | Grammaire typographique, tomes I et II (aux dépens de l’auteur, 2003) et Les Textes imprimés (aux dépens de l’auteur, 2003).
Ces deux derniers ouvrages ne sont consultables qu’à la BnF ou à la bibliothèque patrimoniale de l’école Estienne.
André Jouette.
Jouette, André (1914-2006, correcteur d’édition spécialisé dans les dictionnaires et encyclopédies). TOP : Toute l’orthographe pratique, Paris, 1980. | Nouv. éd. Dictionnaire d’orthographe et expression écrite, 6e éd., remaniée, enrichie et actualisée. Le Robert, 1999. (Les Usuels).
Ramat, Aurel (1926-2017, typographe, linotypiste, correcteur aux Nations unies pendant six mois19 ; de 1967 à 1989, monteur au Montreal Star, puis correcteur d’épreuves pour le quotidien The Gazette20). Grammaire typographique [divers titres]. Montréal : A. Ramat, 1982. | 4e éd. mise à jour, 1989, 93 p. | Le Ramat typographique. Charles Corlet, 1994, 127 p. | Le Ramat de la typographie, éd. A. Ramat, 8e éd., 2004, 224 p. | Le Ramat de la typographie : éd. 2008 encore améliorée, 9e éd., 2008, 224 p., 23 cm. | A. Ramat et Romain Muller [né en 1987, spécialiste de l’orthographe], Le Ramat européen de la typographie, éd. De Champlain, 2009 (adaptée aux usages de France, de Belgique et de Suisse) | A. Ramat et Anne-Marie Benoit [née en 1952, rédactrice-réviseure et enseignante], Le Ramat de la typographie, 10e éd., A.-M. Benoit éditrice, 2012, 256 p. | A. Ramat et A.-M. Benoit, Le Ramat de la typographie — Onzième édition, A.-M. Benoit éditrice, 2017, 11e éd., 255 p., relié.
Louis Guéry.
Guéry, Louis (1919-2016, journaliste, rédacteur en chef du Monde ouvrier et de la Tribune du peuple, directeur du Centre de perfectionnement des journalistes et des cadres de la presse). Abrégé du code typographique à l’usage de la presse. CFPJ, 1984. 87 p. | 2e éd.Id., 1989. 94 p. | 3e éd. rev. et corr. Id., 1991. 100 p. (Les Guides du CPFJ). | 4e éd.Id., 1993. 100 p.| 5e éd. rev. et corr.Id., 1997. 100 p. | 6e éd.Id., 2000. 102 p. | 7e éd. corr. et augm. Paris : Victoires éd., 2005. 101 p. (Métier journaliste ; 10). | 8e éd.Id., 2010. 103 p. | 9e éd. Paris : EdiSens, 2019, 126 p.
Perrousseaux, Yves (1940–2011, éditeur et historien de la typographie). Manuel de typographie française élémentaire. Atelier Perrousseaux éditeur, 1995. | 9e éd. Nouv. titre : Règles de l’écriture typographique du français. Id., 2010. | 10e éd. rev. et augm. par David Rault et Michel Ballerini. Id., 2020. 159 p.
Le Monde. Le Style du « Monde », 2002. 71-146 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. ; 30 cm. | 2e éd., 2004.
Lacroux, Jean-Pierre (1947–2002, correcteur et typographe). Orthotypographie [en ligne], 2007. Également édité chez Quintette, 2008, 2011, 372 p.
Annick Valade (responsable des services lecture-correction aux Éditions Larousse, puis aux Dictionnaires Le Robert). Orthotypo & Co. Cornées Laliat, 2013.
Richard Herlin (1959-2019, correcteur au Monde.fr). Les Règles typographiques. Garnier, 2017. 96 p. (Petits Guides langue francaise ; 27).
Colignon, Jean-Pierre (né en 1941) [« plus jeune correcteur de France, à 18 ans et demi, travaillant en imprimerie, dans le labeur-presse, avant de devenir chef du service de la correction du journal LeMonde »]. Dictionnaire orthotypographique moderne. CFPJ, 2019.
Je mets à part les rares livres racontant le métier, souvent avec humour. J’ai déjà commenté certains de ces ouvrages dans La bibliothèque du correcteur.
Leroux, Jean-Pierre (1953-2015, réviseur linguistique, spécialiste des textes littéraires). Le Gardien de la norme. Les Éditions du Boréal, 2016. ☞ Lire mon article.
Berthier, Pierre-Valentin (1911-2012, journaliste, correcteur, poète, écrivain libertaire et pacifiste). Coauteur, avec Jean-Pierre Colignon, d’une dizaine de livres sur les particularités de la langue française. Les quatrième et cinquième parties de son autobiographie, Les Plumes (éd. Sutton, 2018, p. 211-388) évoquent ses années de correcteur, notamment au Monde de 1957 à 1976.
L’Imprimerie, n° 381, 30 avril 1890, p. 797. ↩︎
L’Imprimerie, n° 381, 30 avril 1890, p. 797. ↩︎
« […] M. Albert Hetzel [sic], correcteur de la Presse — auteur d’un estimable Code orthographique — et des Plumes du Paon […]. » Figaro, 16 octobre 1864, p. 8. ↩︎
Le Lannionnais, cité par Le Gutenberg, 1er octobre 1861. ↩︎
L’Imprimerie, n° 373, 31 décembre 1889, p. 686. ↩︎
https://maitron.fr/spip.php?article179622, notice BRETON Victor [BRETON Pierre, Victor] par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 28 mars 2016, dernière modification le 7 novembre 2019. ↩︎
Une collection privée d’éditions annuelles du Quid.
Bien que le mot annuaire désigne couramment une liste de numéros de téléphone, pour les bibliologues, tout « ouvrage publié chaque année contenant […] des renseignements d’ordres très divers » (TLF) est un annuaire.
Couverture du Quid 1963.
Le Dictionnaire encyclopédique du livre (éd. Cercle de la librairie, 2002) illustre l’entrée « annuaire » avec la couverture du Quid 1963, ce qui me donne l’occasion d’y revenir.
La première édition de cette « encyclopédie annuelle », donc, a la taille d’un livre de poche de 632 pages, sans aucune illustration. L’encyclopédie grossit régulièrement pour atteindre, en 2007, le volume d’un gros dictionnaire : plus de 2 200 pages.
Créé et dirigé par Dominique et Michèle Frémy, le Quid est d’abord édité aux éditions Plon (1963 à 1974) puis aux éditions Robert Laffont (1975 à 2007).
« Dominique Frémy […] a le cheveu rare et l’œil malicieux, un air affable et curieux de tout, écrivait Le Monde en mai 20001. On le sent à l’affût de ce qui se passe, des petits changements de la société. C’est normal : il a l’esprit Quid. Dans son bureau, on voit des dictionnaires et des encyclopédies aux reliures anciennes, mais pas d’ordinateur. Il avoue ne pas savoir s’en servir et attend que la machine s’adapte à l’homme et non le contraire. […] [Michèle, elle,] a épousé le Quid en même temps que son mari. Ils se sont mariés le jour de la sortie du premier volume. Leur voyage de noces était un périple dans les librairies de l’Hexagone pour suivre l’implantation du nouveau-né. »
Dominique, Michèle et Fabrice Frémy, lors du lancement du Quid 2007.
Moins cher qu’une encyclopédie en plusieurs volumes, le Quid vendra entre 300 000 et 400 000 exemplaires en moyenne dans les années 1990 — 500 000 pour l’édition 2000. Avant Internet, il était bien utile au correcteur.
L’ultime édition était présentée en ces termes :
« De la préhistoire à l’année en cours, les grands sujets, les nouveautés, les informations les plus précises sont dans Quid 2007 : arts, astronomie, Bourse, cinéma, défense nationale, économie, enseignement, environnement, États, histoire, Internet, jeux, littérature, musique, “people”, politique, régions, religions, retraites, santé, sports, stratégie, télévision, vie quotidienne… […] »
Le texte publicitaire se terminait par le slogan : « Quid 2007, le “moteur de recherche” idéal. »
Mais depuis 2002, avec la concurrence de Google et de Wikipédia, les ventes chutaient. Le contrat liant les Frémy à Robert Laffont, arrivé à échéance, n’a pas été renouvelé2.
Lancé dès 1997 par Fabrice Frémy, le fils, le site quid.fr a disparu, à son tour, en mars 2010.
Mort en 2008, Dominique Frémy est enterré au cimetière de Passy.
Premières leçons d’orthographe, d’Édouard et Odette Bled, 1965.
J’ignore dans quel manuel les écoliers d’aujourd’hui apprennent les règles d’orthographe et de grammaire, mais pour ceux de ma génération, c’était un fameux livre blanc et bleu, le Bled. Nous prononcions consciencieusement le d final, et voici que, cinquante ans plus tard, je découvre dans Wikipédia qu’on prononce « blé1 ».
Un article du JDD Magazine2, où l’on peut enfin identifier « E. & O. » — Édouard (1899-1996) et Odette (1906-1991) — et découvrir le sympathique visage de ces deux instituteurs, me donne l’occasion d’une petite séquence nostalgie. J’en publie quelques extraits.
« Les mots étaient des amis qui me contaient des histoires. Quand j’en découvrais un nouveau, je le notais sur un petit carnet. » — Édouard Bled
À l’école, les époux Bled cherchent de nouvelles façons d’enseigner et d’aider les élèves à apprendre. Et ils profitent des vacances pour travailler sur une nouvelle pédagogie. Leurs méthodes commencent à intriguer : des inspecteurs viennent même visiter leurs classes pour observer leurs façons de faire. En 1937, ils entament la rédaction de leur premier livre. […]
Automne 1941. Le couple présente une première version de son manuscrit à Hachette. « Votre ouvrage est une nouveauté pédagogique qui a retenu notre attention, leur dit-on. Mais le papier est contingenté et réservé aux titres déjà existants. D’autre part, ce qui nous intéresse, c’est une collection qui couvrirait toute la scolarité. Êtes-vous prêts à vous lancer dans un tel travail ? » Édouard et Odette répondent oui d’une seule voix, sans même avoir pris le temps de se concerter.
Après signature du contrat, en mai 1945, « […] le couple publiera plusieurs versions de son manuel. Qui se vendra à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires – et se vend encore. »
Qu’est-ce qu’un bon article de presse ? Comment ça marche ? Comment transmettre l’information brute tout en suscitant l’intérêt ? Comment donner à voir, à entendre, à sentir ? Comment réussir une attaque, une relance, une chute ? Quel est le poids d’un on, d’un déjà ou d’un imparfait ? Comment émouvoir sans sortir les violons ? Pourquoi les clichés sont-ils importants dans la rubrique faits divers ? Qu’est-ce que l’écriture « froide » et l’écriture « sèche » ? Comment un rédacteur peut-il faire passer un choix politique pour le seul possible, en dirigeant les regards ailleurs ? Comment un autre peut-il s’exprimer sur une affaire en cours sans craindre d’être attaqué pour atteinte à la présomption d’innocence ?
Dans ce petit livre, lumineux d’intelligence, sans jargon aucun, Hédi Kaddour répond à toutes ces questions et à beaucoup d’autres.
Une lecture que je recommande chaudement pour apprendre à écrire des articles… ou à mieux les lire.
Présentation de l’éditeur :
« Un sujet, un verbe, un complément. Et pour les adjectifs, vous viendrez me voir ». Telle est la consigne que les rédacteurs en chef sont censés donner aux jeunes journalistes débutants. La bonne phrase du journaliste fait, en effet, penser au coup de pinceau de l’aquarelliste : pas le temps de lécher la besogne, car le soleil va disparaître ; pas le temps d’un retour, car on ne ferait que diluer ; pas non plus trente-six choses à déployer, car il n’y a qu’un angle de prise de vue. Dans ce guide, l’auteur se saisit d’une phrase, de quelques lignes d’un paragraphe parues dans la presse, les décortique, les analyse, les critique pour montrer comment ils répondent ou non aux exigences de l’écriture journalistique. Une invitation à améliorer son style, à inventer sa phrase. »
Hédi Kaddour est, par ailleurs, l’auteur d’un gros roman, fort remarqué en 2005, Waltenberg, qui figure dans ma – trop longue – liste de lectures à venir.
Certains correcteurs, aujourd’hui retraités, ont eu entre les mains un « Jouette » différent de celui que nous connaissons aujourd’hui (☞ lire La bibliothèque du correcteur). Il portait, au choix de l’éditeur, le petit nom de « TOP », abréviation du titre entier : Toute l’orthographe pratique. L’ouvrage a été publié par Nathan (coll. Pluriguides, 765 pages) en 1980.
André Jouette dans la presse marnaise en 1996
Né le 22 juin 1914 à Alliancelles (Marne), André Jouette a été directeur d’école, bibliothécaire en chef de la ville de Marrakech, correcteur d’édition spécialisé dans les dictionnaires et encyclopédies. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur la langue, dont La Grammaire facile du français (Nathan), Le Savoir-écrire (Solar) et Les Pièges du français actuel (Marabout) ; du Secret des nombres (Albin Michel) et d’une chronologie, Toute l’histoire (Perrin).
L’Ortho rouge, scolaire, de 1946
Dès sa sortie, le TOP trouva sa place dans le petit marché des dictionnaires d’orthographe. Seul réel concurrent, l’Ortho d’André Sève et Jean Perrot. Conçu comme ouvrage scolaire dès 1946, il a été édité pour le grand public de 1950 à 1983. Le Dictionnaire d’orthographe et des difficultés du français, de Jean-Yves Dournon, paraîtra tout juste un an après celui de Jouette. Le Dictionnaire orthographique de Bled le suivra de quelques années (1987).
Un ouvrage unique en son genre
Ortho vert, grand public, 1983
Le « Jouette » leur est nettement supérieur en nombre de mots enregistrés (50 000 dans la première édition, 70 000 ensuite), mais aussi par la foule d’informations pratiques qu’il leur adjoint et qui lui donne son caractère pratique. Homme du métier, André Jouette sait quels sont les doutes que doit lever le correcteur au quotidien. Il fournit donc de nombreux exemples (Ils s’en sont aperçus ; les deux heures qu’ils ont couru) et expressions (L’entreprise change de mains ; l’ouvrier fatigué change de main) aptes à nous tirer d’affaire1. Mais ce n’est pas tout.
Des articles de synthèse […] concernent : la grammaire (avec une étude complète sur l’accord du participe passé) ; le vocabulaire (des listes méthodiques facilitent la connaissance analogique du français) ; les recommandations officielles de francisation des mots étrangers ; la présentation (ponctuation, typographie…) ; la culture générale (les noms des sept Muses, des trois Grâces…). On trouve également : des tableaux de conjugaison complets ; des tableaux analogiques (liste des noms de collectionneurs, des noms de femelles et de petits d’animaux, des États avec le nom de leurs habitants et de leur monnaie…). […]2
Un bon accueil critique dès sa parution
J’ai trouvé une recension de la première édition, parue dans la revue Communications et langage.
Édition originale, 1980
Le titre de cet ouvrage est à la fois juste et trompeur. En effet, pour fournir tout ce qui est nécessaire à une écriture sans faute, il fallait dépasser largement le cadre strict de l’orthographe. Et c’est bien cela qu’André Jouette a fait.
« T.O.P. » est beaucoup plus qu’un dictionnaire orthographique (pourtant cinquante mille mots et expressions s’y trouvent) et qu’un dictionnaire de grammaire (pourtant tous les points délicats sont passés en revue), c’est une somme d’une surprenante richesse. De la liste des sept cent soixante-huit villes françaises de plus de dix mille habitants et des soixante-dix-neuf sous-préfectures n’atteignant pas ce nombre aux lois et décrets concernant la langue française, des gallicanismes [sic, gallicismes] à l’écriture des noms de vins, il est bien difficile d’en rendre compte en quelques mots.
Par ailleurs, ce qui frappe tout de suite, c’est le plaisir que semble avoir pris l’auteur à nous faire entrer dans les secrets de la langue. Toujours précis et rigoureux, il va jusqu’à employer une annotation spéciale dans le cas particulier où un mot composé se trouve coupé en fin de ligne à la hauteur du trait d’union… Ainsi, on peut voir écrit :
… porte- -couteau.
Pour achever, je ne résiste pas au plaisir de citer quelques curiosités que l’on rencontre rarement ailleurs. Savez-vous, par exemple, que la phrase « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » emploie toutes les lettres de l’alphabet ? ou encore qu’un palindrome est un divertissement orthographique fait d’un mot ou d’une phrase pouvant se lire de droite à gauche comme de gauche à droite (ainsi, engage le jeu que je le gagne) ? Quel est l’animal qui ancoule ? Quelle est la contenance de la bouteille qui porte le nom de salmanazar ? Vous trouverez les réponses respectivement aux articles « animaux » (p. 65) et « bouteille » (p. 111). Enfin, il faut mentionner l’annexe intitulée « On en parle, mais quels sont-ils ? », composée de plus de soixante rubriques qui donnent aussi bien les noms des douze sybilles, des prophètes de la Bible que ceux des six femmes d’Henry VIII ou des quatre poches de l’estomac des ruminants. Un livre de première utilité qui sort vraiment de l’ordinaire3.
Le succès de cet ouvrage, repris par les Éditions Le Robert en 1993, ne s’est jamais démenti, comme le montre la régularité des rééditions.
199119931997, 199920002002, 2003, édition de poche « allégée de certains tableaux »200620062009Évolution de la couverture de l’ouvrage à succès d’André Jouette
Sans compter les éditions dans les clubs du livre.
France Loisirs, 1989 et 1996France Loisirs, 1999Le Grand Livre du Mois, 2002L’ouvrage d’André Jouette republié par les clubs du livre
Plus réédité depuis la mort de l’auteur (le 9 novembre 2006, à Chantilly, Oise, à 92 ans), le « Jouette » reste à ce jour sans véritable concurrent, aussi je recommande à ceux qui ne le possèdent pas encore d’en acquérir un exemplaire d’occasion, tant qu’il s’en trouve.
PS – En 2010, 2011 et 2015, Le Robert a publié, au format de poche, un Dictionnaire d’orthographe et de difficultés sans nom d’auteur sur la couverture, ce qui a pu induire en erreur certains acheteurs. Rédigé par Édouard Trouillez et Géraldine Moinard, sous la direction de Dominique Le Fur, c’est avant tout un dictionnaire d’orthographe, les développements étant plus rares et plus succincts que chez Jouette ; les encadrés quasi inexistants. Dans leur préface, les auteurs saluent la mémoire de leur prédécesseur, dont ils se sont inspirés, reconnaissant « un travail dont l’excellence, l’exhaustivité et le ton inimitable furent appréciés par le grand public comme par les spécialistes de l’écrit ».
« Inimitable»… Je dirais plutôt « irremplaçable », en tout cas irremplacé.
2010 et 20112015Les deux couvertures du Dictionnaire d’orthographe d’Édouard Trouillez et Géraldine Moinard
Il existe des dictionnaires pour tous les besoins (monolingues, bilingues, par domaines d’activité…). La Maison du dictionnaire en a fait une spécialité.
En ce qui concerne les dictionnaires généraux, posez-vous les questions suivantes. Voulez-vous :
un dictionnaire d’apprentissage (collège, lycée, étudiant) ?
un dictionnaire de langue française pour tout public ?
un dictionnaire comportant le plus de mots possible ?
Les éditions Larousse et les éditions Le Robert proposent un vaste choix de dictionnaires selon vos besoins. (Il existe d’autres maisons d’édition, mais celles-ci sont les plus célèbres.)
Un bon dictionnaire de langue française doit, pour chaque mot, vous donner l’étymologie, la prononciation, les différentes significations illustrées d’exemples et de citations, les expressions et les locutions où il figure, les synonymes et contraires.
Un dictionnaire dit illustré est un dictionnaire encyclopédique : il mêle noms communs (langue française) et noms propres (savoir et culture). Comme le mot l’indique, il comporte des illustrations en couleurs : cartes, dessins, photographies, schémas et planches.
Les mots petit et grand sont une indication du nombre de mots. Par exemple, 60 000 mots dans Le Petit Robert, 100 000 dans Le Grand Robert, deux dictionnaires de langue française (non encyclopédiques).
À noter : Le Petit Larousse est un dictionnaire encyclopédique en un volume, alors que Le Petit Robert est en deux volumes (ils s’achètent séparément) : un de langue française, un de noms propres. Les définitions du Robert sont donc plus détaillées que celles du Larousse.
Si vous pensez acheter un dictionnaire imprimé et avez des problèmes de vue, prêtez attention à la typographie. Dans les gros dictionnaires, les caractères sont parfois petits. Il vaut mieux les feuilleter en librairie avant de les acheter.
Dictionnaires en ligne
Larousse met gratuitement à disposition son dictionnaire, son encyclopédie et son dictionnaire des difficultés (intégré aux entrées du dictionnaire).
Le Robert propose, lui, des abonnements annuels à ses dictionnaires. Depuis peu, un Dico en ligne, plus succinct, est proposé gratuitement.
Personnellement, ayant besoin de dictionnaires de langue française toujours actualisés et aussi précis que possible, j’ai opté pour Le Grand Robert en ligne par abonnement. Il permet des recherches avancées.
Il existe d’autres dictionnaires en ligne, plus anciens, comme le célèbre Littré. Ils gardent leur intérêt, mais le français étant une langue vivante, seul un dictionnaire récent fournit les mots qu’on rencontre dans la presse et dans la littérature contemporaine.