Le “Quid”, pour tout savoir avant Internet

collection privée de "Quid"
Une col­lec­tion pri­vée d’é­di­tions annuelles du Quid.

Bien que le mot annuaire désigne cou­ram­ment une liste de numé­ros de télé­phone, pour les biblio­logues, tout « ouvrage publié chaque année conte­nant […] des ren­sei­gne­ments d’ordres très divers » (TLF) est un annuaire.

couverture du "Quid" 1963
Cou­ver­ture du Quid 1963.

Le Dic­tion­naire ency­clo­pé­dique du livre (éd. Cercle de la librai­rie, 2002) illustre l’entrée « annuaire » avec la cou­ver­ture du Quid 1963, ce qui me donne l’oc­ca­sion d’y revenir.

La pre­mière édi­tion de cette « ency­clo­pé­die annuelle », donc, a la taille d’un livre de poche de 632 pages, sans aucune illus­tra­tion. L’encyclopédie gros­sit régu­liè­re­ment pour atteindre, en 2007, le volume d’un gros dic­tion­naire : plus de 2 200 pages.

Créé et diri­gé par Domi­nique et Michèle Fré­my, le Quid est d’abord édi­té aux édi­tions Plon (1963 à 1974) puis aux édi­tions Robert Laf­font (1975 à 2007).

« Domi­nique Fré­my […] a le che­veu rare et l’œil mali­cieux, un air affable et curieux de tout, écri­vait Le Monde en mai 20001. On le sent à l’affût de ce qui se passe, des petits chan­ge­ments de la socié­té. C’est nor­mal : il a l’esprit Quid. Dans son bureau, on voit des dic­tion­naires et des ency­clo­pé­dies aux reliures anciennes, mais pas d’ordinateur. Il avoue ne pas savoir s’en ser­vir et attend que la machine s’adapte à l’homme et non le contraire. […] [Michèle, elle,] a épou­sé le Quid en même temps que son mari. Ils se sont mariés le jour de la sor­tie du pre­mier volume. Leur voyage de noces était un périple dans les librai­ries de l’Hexagone pour suivre l’implantation du nouveau-né. »

Dominique, Michèle et Fabrice Frémy lors du lancement du "Quid" 2007
Domi­nique, Michèle et Fabrice Fré­my, lors du lan­ce­ment du Quid 2007.

Moins cher qu’une ency­clo­pé­die en plu­sieurs volumes, le Quid ven­dra entre 300 000 et 400 000 exem­plaires en moyenne dans les années 1990 — 500 000 pour l’é­di­tion 2000. Avant Inter­net, il était bien utile au correcteur.

L’ul­time édi­tion était pré­sen­tée en ces termes :

« De la pré­his­toire à l’année en cours, les grands sujets, les nou­veau­tés, les infor­ma­tions les plus pré­cises sont dans Quid 2007 : arts, astro­no­mie, Bourse, ciné­ma, défense natio­nale, éco­no­mie, ensei­gne­ment, envi­ron­ne­ment, États, his­toire, Inter­net, jeux, lit­té­ra­ture, musique, “people”, poli­tique, régions, reli­gions, retraites, san­té, sports, stra­té­gie, télé­vi­sion, vie quotidienne… […] »

Le texte publi­ci­taire se ter­mi­nait par le slo­gan : « Quid 2007, le “moteur de recherche” idéal. »

Mais depuis 2002, avec la concur­rence de Google et de Wiki­pé­dia, les ventes chu­taient. Le contrat liant les Fré­my à Robert Laf­font, arri­vé à échéance, n’a pas été renou­ve­lé2.

Lan­cé dès 1997 par Fabrice Fré­my, le fils, le site quid.fr a dis­pa­ru, à son tour, en mars 2010.

Mort en 2008, Domi­nique Fré­my est enter­ré au cime­tière de Passy.

Article rédi­gé d’après la fiche Wiki­pé­dia.

☞ Voir aus­si Ency­clo­pé­dies en ligne (pour chan­ger de Wiki­pé­dia).


  1. Alain Salles, « Domi­nique et Fabrice Fré­my », Le Monde, 19 mai 2000.
  2. Lire Alain Beuve-Méry, « Vic­time d’In­ter­net, le Quid est sus­pen­du », Le Monde, 17 jan­vier 2008.