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Comment se corriger soi-même : ma méthode

« On n’est pas bon cor­rec­teur de soi-même. » C’est un prin­cipe assez connu, en tout cas des cor­rec­teurs et des écri­vains. Pour­tant, je m’en sors plu­tôt bien – j’espère que vous serez d’ailleurs d’accord avec cette décla­ra­tion affir­ma­tion immo­deste ! Com­ment est-ce que je m’y prends ? 

J’ai mis en place un pro­ces­sus très assez simple. Le pre­mier jet, je le rédige en texte brut (dans Tex­tE­dit, sur Mac). Sans autre enri­chis­se­ment que l’italique ou les guille­mets, selon la des­ti­na­tion du texte. J’utilise tou­jours la même police à empat­te­ments, qui m’assure une fami­lia­ri­té avec la sil­houette des mots. Le cor­rec­teur de sai­sie m’assure, lui, contre les fautes de frappe, puisqu’un mot mal écrit sera aus­si­tôt sou­li­gné de poin­tillés rouges.

Je lance ensuite le cor­rec­teur Anti­dote, notam­ment pour pla­cer les espaces insé­cables. Le cas échéant Si néces­saire, j’applique les sug­ges­tions qu’il me fait.

Puis je copie-colle ce texte dans l’éditeur de des­ti­na­tion : le CMS Word­Press de mon blog, le modèle module de post sur Lin­ke­dIn, etc., où j’effectue quelques ajus­te­ments. Cela donne déjà un regard dif­fé­rent sur le texte. Je n’invente rien : il est éta­bli que modi­fier la police ou la cou­leur d’un texte aide à se rafraî­chir son l’œil. C’est sou­vent à ce moment-là que je me rends compte d’ remarque avoir tapé un mot pour un autre – ma plus grosse fai­blesse en la matière. (Sans tri­cher, vous voyez bar­rés dans ce texte les mots que j’ai dû rem­pla­cer ou supprimer.)

On peut aus­si « lais­ser repo­ser » le texte quelques heures, une nuit, voire plu­sieurs jours. C’est idéal pour le retrou­ver avec un regard plus frais.

Je suis bien pla­cé pour savoir que ce pro­ces­sus ne rem­place vaut pas une relec­ture pro­fes­sion­nelle – qui pou­vait aurait pu, notam­ment, d’ m’ap­por­ter des sug­ges­tions sty­lis­tiques –, mais le plus ris­qué est évité. 

Enfin, je publie le texte. Qua­si sys­té­ma­ti­que­ment, je découvre alors des détails qui me déplaisent et que je cor­rige aus­si­tôt, autant de fois que nécessaire.

Enfin, Je relis beau­coup, à toutes les étapes, avant et après publication.

Rien de révo­lu­tion­naire, mais c’est efficace.

C’est plu­tôt sur le fond que je suis par­fois pris de doutes. Auquel cas je demande à un ou deux confrères de confiance ce qu’ils en pensent. (Raphaël, Nel­son, mer­ci de votre disponibilité !)

En Suisse romande, des tarifs de correction étonnants

"Perrette et le pot au lait" par Fragonard, vers 1770, musée Cognacq-Jay, Paris.
Per­rette et le pot au lait par Jean-Hono­ré Fra­go­nard, vers 1770, musée Cognacq-Jay, Paris.

Un article1 lu hier, datant de 2009, évo­quait le tarif des indé­pen­dants publié par l’Arci [Asso­cia­tion romande des cor­rec­trices et cor­rec­teurs d’imprimerie], qui lais­se­rait, disait-il, « les cor­rec­trices et cor­rec­teurs de France métro­po­li­taine […] bien éton­nés ». Après l’avoir décou­vert, je dirais même qu’il les lais­se­rait son­geurs — « Cha­cun songe en veillant, il n’est rien de plus doux ».

Depuis 2009, ce tarif a même lar­ge­ment aug­men­té, alors qu’en France j’entends évo­quer la même four­chette depuis vingt ans. Voi­ci ce que disait l’auteur (j’ai mis à jour les don­nées chiffrées) :

« La cor­rec­tion, en France métro­po­li­taine, relève désor­mais davan­tage du savoir sur­vivre que du savoir-vivre. Ce tarif de l’Arci se fonde […] sur un tarif horaire de [70 à 90] francs suisses pour des textes cor­ri­gibles au rythme de lec­ture angois­sée2 de 15 000 signes par heure. Soit [l’équivalent en euros3 de ou à l’heure. Plus de quatre fois ce que des bac+5 sur­vi­vant de la cor­rec­tion de ce côté du Léman […] fac­turent géné­ra­le­ment, hélas. »

En effet, on peut lire sur le site de l’Arci, frap­pé d’un éton­ne­ment plus raci­nien que moderne :

« Pour un tra­vail de dif­fi­cul­té moyenne, le tarif horaire mini­mum des indé­pen­dants se monte entre CHF 70.–/h à 90.–/h. Pour du texte de maga­zine grand public issu d’un secré­ta­riat de rédac­tion, le rythme de lec­ture est géné­ra­le­ment de 15 000 signes par heure.

« Quant aux tra­vaux plus com­plexes, il est néces­saire de déter­mi­ner le nombre de signes à l’heure. Sur la base du fichier élec­tro­nique ou des sor­ties impri­mante du texte à cor­ri­ger, un devis sera sou­mis au client.

« Le tarif aux mille signes peut faire l’objet d’une “échelle de com­plexi­té”, par exemple :

  • 100 % : tarif de base, pas trop de cor­rec­tions, uni­for­mi­sa­tion usuelle ;
  • 90 % : réim­pres­sion, texte par­ti­cu­liè­re­ment bien écrit ;
  • 110 % : nom­breuses uni­for­mi­sa­tions ou vérifications ;
  • 120 % : termes scien­ti­fiques ou jar­gon tech­nique, beau­coup de notes4. »

À 25 euros l’heure, on rêve beau­coup moins — « adieu veau, vache, cochon, couvée ».

Et ne par­lons pas des tarifs impo­sés par les mai­sons d’édition à leurs cor­rec­teurs sala­riés TAD, car là on pleure (voir le site des cor­rec­teurs du Syn­di­cat géné­ral du Livre et de la com­mu­ni­ca­tion écrite CGT).

PS – Aus­si­tôt publié, fini de rêver ! Une consœur m’in­forme en ces termes : « Ces tarifs sont dits indi­ca­tifs. Bien rares à ma connais­sance sont celles et ceux qui par­viennent à les faire appli­quer, ou même à s’en appro­cher. Le métier, de ce point de vue, n’est guère mieux consi­dé­ré en Suisse qu’en France. La com­pa­rai­son avec les tarifs fran­çais pousse à la baisse (même si ce n’est pas un cor­rec­teur fran­çais qui est fina­le­ment choi­si, la com­pa­rai­son suf­fit à faire accep­ter des tarifs – bien – plus bas que ceux pré­co­ni­sés par l’Ar­ci, laquelle n’a guère de poids dans cette affaire).
Et n’ou­blions pas un coût de la vie très dif­fé­rent5… »


Orthotypographie, un terme mal défini

Au plomb comme sur ordi­na­teur, la typo­gra­phie, c’est tout un art. Qui dit art qui règles.
© Libra­ry of Congress. Source : Mashable.

Si vous êtes cor­rec­teur ou si vous lisez ce qu’ils publient, vous connais­sez le mot ortho­ty­po­gra­phie ou, du moins, vous l’avez croi­sé. Il règne un cer­tain flou autour de sa défi­ni­tion, de ce qui relève ou non de cette notion. Cer­tains pro­fes­sion­nels, lors­qu’ils parlent de cor­rec­tion ortho­ty­po­gra­phique, y incluent la gram­maire1, voire, quand elle est « appro­fon­die », la cohé­rence du récit et la réécri­ture2 !

Le terme ortho­ty­po­gra­phie ne figure pas dans les dic­tion­naires de réfé­rence (Larousse, Robert, Aca­dé­mie, TLF). Pour Cor­dial, c’est le « domaine cou­vrant l’en­semble des cor­rec­tions de fautes, par l’as­so­cia­tion de l’or­tho­graphe et de la typographie ».

Le Wik­tion­naire est plus pré­cis et en pro­pose deux acceptions :

  1. « (Typo­gra­phie) Ensemble des règles qui per­mettent d’écrire de façon cor­recte qui recoupe l’orthographe et les règles typo­gra­phiques (uti­li­sa­tion des majus­cules et des minus­cules, des espa­ce­ments, de la ponc­tua­tion, de l’italique, etc.).
  2. Dis­ci­pline ayant pour objet l’étude de cet ensemble, de son évo­lu­tion, des ouvrages tels que codes, marches, manuels de bon usage, des pra­tiques de la cor­rec­tion et de la révi­sion des textes et de celles et ceux qui en font profession. »

Mais la lec­ture de l’ar­ticle de Wiki­pé­dia consa­cré à cette notion, au-delà du pre­mier para­graphe, montre que les choses sont plus complexes. 

Couverture du livre "Orthotypo & Co" d'Annick Valade
Ortho­ty­po & Co d’An­nick Valade (Cor­nées Laliat).

La typo­gra­phie « au sens large » est, rap­pe­lons-le, la « mise en forme de l’écrit3 ». Selon ses racines grecques, l’orthotypographie serait donc la typo­gra­phie cor­recte. C’est dans ce sens que Jérôme Horn­schuch a créé le terme ortho­ty­po­gra­phia (en latin) en 1608, dans ce qui est consi­dé­ré comme le pre­mier manuel du cor­rec­teur – lire mon article

Plus près de nous, la lin­guiste et his­to­rienne de l’orthographe fran­çaise Nina Catach (1923-1997) a repris le terme, en l’identifiant à une « ortho­graphe typo­gra­phique4 », incluant la ponc­tua­tion et l’« aspect tout exté­rieur » du texte, c’est-à-dire sa mise en page5.

Pour le cor­rec­teur et typo­graphe Jean-Pierre Lacroux, ortho­ty­po­gra­phie est plu­tôt un mot-valise (à l’instar d’auto-école) :

Cou­ver­ture du volume II d’Ortho­ty­po­gra­phie de Jean-Pierre Lacroux en PDF.

« “Ortho­ty­po­gra­phie” est un beau néo­lo­gisme. Sa for­ma­tion, fort dif­fé­rente de celle d’ortho­ty­po­gra­phia […], ne doit rien à la pré­fixa­tion. C’est un mot-valise sub­til : ortho[graphe] + typo­gra­phie. Il est par­fait pour dési­gner l’armada des pres­crip­tions à la fois ortho­gra­phiques et typo­gra­phiques, par exemple celles qui concernent l’écriture des titres d’œuvres6. »

« De fait, écrit Wiki­pé­dia, le terme cor­res­pond à une inter­sec­tion (néces­sai­re­ment) floue entre ortho­graphe et typo­gra­phie », mais « reste […] en attente d’une défi­ni­tion précise ».

Je n’entre pas davan­tage dans les sub­ti­li­tés défi­ni­tion­nelles du terme et je ren­voie à l’article com­plet le lec­teur qui sou­hai­te­rait en savoir davan­tage. J’en retien­drai seule­ment ce paragraphe : 

« L’orthotypographie se dis­tingue […] du simple res­pect de la norme ortho­gra­phique et gram­ma­ti­cale com­mun à l’ensemble des pro­duc­tions écrites (y com­pris les pro­duc­tions cou­rantes). Son but est d’appliquer des normes ortho- et typo-gra­phiques appli­cables à l’édition “com­po­sée” qui par­ti­cipent à la com­pré­hen­sion visuelle d’un texte struc­tu­ré, qu’il s’agisse d’impression sur papier ou de mise en ligne. »

Autre­ment dit, l’orthotypographie, ce seraient les règles à suivre pour qu’un texte impri­mé ou numé­rique soit conforme à un cer­tain « bon usage », qui, selon Lacroux (ibid.), « n’est pas celui des écri­vains mais celui des livres (de toute nature). […] il ne s’agit ici ni de la syn­taxe ni de l’orthographe, mais de bali­vernes, telles que la ponc­tua­tion ou l’emploi des majus­cules, que la plu­part des auteurs ont tou­jours négli­gées et aban­don­nées avec empres­se­ment au bas peuple des ate­liers. » 

« En somme, tout ce qui entoure le mot7. »

L’orthotypographie, un besoin actuel pour tous

Bien que ses contours res­tent à pré­ci­ser, l’or­tho­ty­po­gra­phie est pra­ti­quée chaque jour, aus­si bien par les pro­fes­sion­nels de l’é­di­tion que par les particuliers.

Mains d'un typographe corrigeant un texte composé au plomb
Quand « la typo­gra­phie était l’affaire exclu­sive des typo­graphes ».
DR. Source : Pin­te­rest.

À l’époque de l’imprimerie tra­di­tion­nelle, explique le pro­fes­seur Jacques Poi­tou (ibid.), « la typo­gra­phie était l’affaire exclu­sive des typo­graphes ». Avec l’ar­ri­vée de la dac­ty­lo­gra­phie (« dans les bureaux vers la fin du xixe siècle, dans le cou­rant du xxe siècle chez les par­ti­cu­liers »), les pos­si­bi­li­tés d’enrichissement du texte étaient limi­tées. Mais avec l’arrivée de la PAO, « le pos­ses­seur d’un ordi­na­teur, d’un logi­ciel de trai­te­ment de texte et d’une impri­mante a les moyens tech­niques de pro­duire des docu­ments de qua­li­té. Il a même à sa dis­po­si­tion bien plus de moyens (notam­ment de polices) que les impri­meurs auraient pu en rêver. » Or, « la mise en forme et la mise en page du texte ne sont géné­ra­le­ment pas objet d’enseignement ». Pour­tant, bien publier s’apprend.

« Depuis que la “typo­gra­phie” est morte8, écrit encore Lacroux (ibid.), les codes typo­gra­phiques sont deve­nus indis­pen­sables. » Avec les auto­mo­biles, « quand tout le monde cir­cule vite, il vaut mieux prendre des pré­cau­tions » (à savoir créer le Code de la route). De même, « quand n’importe qui imprime », il faut des règles com­munes.

"Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale"

Le « suc­cès public9 » d’un ouvrage comme le Lexique des règles typo­gra­phiques en usage à l’Imprimerie natio­nale montre que des par­ti­cu­liers et des pro­fes­sion­nels hors du domaine de l’édition ont encore le sou­ci de pro­duire des docu­ments – impri­més ou numé­riques – de qua­li­té et que, selon la jolie for­mule de Lacroux, « la cha­leur du plomb n’a pas fini d’irradier la langue écrite ».

☞ Lire aus­si, notam­ment, Qui crée les codes typo­gra­phiques ? et Ce que la PAO a chan­gé au métier de cor­rec­teur.


Ce que vous n’avez pas lu grâce au correcteur

Si le tra­vail du cor­rec­teur se voit sur­tout quand il échoue, il est bon de rap­pe­ler qu’il réus­sit le plus sou­vent. En voi­ci quelques exemples.

« [Grâce au cor­rec­teur] Vous n’avez pas lu […] dans ce titre de une, qu’une idée avait été “cou­ron­née d’insuccès”. Ni cet entre­fi­let selon lequel “on ne traite pas des lois, mais de l’esprit des loirs”. Vous n’avez pas lu qu’à ce moment de la séance, l’un des indi­vi­dus pré­sents “s’est levé comme un seul homme”. Non plus que les artistes asso­ciés à un pro­jet dont il était ques­tion “réa­li­se­ront une œuvre cha­cun, avec la par­ti­ci­pa­tion d’enfants qui seront mises aux enchères à 14 h”. Et si l’on remonte à quelques années, l’une de mes pré­fé­rées a tou­jours été la fois où quelqu’un avait tenu à remettre “l’église au milieu du virage”… »

« Une année sous de bons hos­pices », La Liber­té (quo­ti­dien de Fri­bourg, Suisse), 28 jan­vier 2023.

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Article signa­lé par une consœur.

Qu’est-ce qu’un secrétaire de rédaction ?

Secré­taires de rédac­tion à leur poste de tra­vail. Source : Coré­vi.

Quel est le lien entre Charles Bau­de­laire, Albert Camus, René Gos­cin­ny, Alexandre Via­latte et Paul Léau­taud1 ? Ils ont tous été secré­taires de rédaction.

Mais quelle est cette pro­fes­sion, mécon­nue du grand public comme des étu­diants en jour­na­lisme ? Métier de l’ombre comme celui de cor­rec­teur, sur lequel je m’ex­prime si souvent.

« Le terme de “secré­taire” s’emploie ici dans son sens ancien qui désigne une per­sonne employée dans un bureau et char­gée de l’organisation. […]
Un ou une secré­taire de rédac­tion est, dans la presse écrite, un ou une jour­na­liste dont la fonc­tion est de tra­vailler à la lisi­bi­li­té des textes qui vont être publiés. […]
On a cou­tume de dire que l’enquêteur rédige l’article brut tan­dis que le secré­taire de rédac­tion rédige la page impri­mée » — Wiki­pé­dia.

La fiche de l’Oni­sep décrit assez pré­ci­sé­ment la varié­té des tâches :

« […] Tra­vaillant sur­tout en bout de chaîne, il se charge de la véri­fi­ca­tion et de la mise en forme de l’in­for­ma­tion. Sous la direc­tion du rédac­teur en chef, il veille à la hié­rar­chi­sa­tion des infos (articles, pho­tos, etc.). Il presse les rédac­teurs retar­da­taires, puis relit atten­ti­ve­ment leurs sujets, à l’af­fût de la moindre erreur : struc­ture de l’ar­ticle, style, fautes d’or­tho­graphe ou de syn­taxe. Cri­tique, il veille à la clar­té et à la cohé­rence du pro­pos. Il peut rema­nier un article mal construit, cou­per un papier trop long pour tenir dans la page mon­tée ou, au contraire, l’al­lon­ger. Il s’oc­cupe aus­si des titres, des légendes, plus glo­ba­le­ment de tout ce qui peut relan­cer l’at­ten­tion du lec­teur.
En col­la­bo­ra­tion avec le gra­phiste, par­fois seul, il veille à la mise en pages et suit la phase de fabri­ca­tion. Doté d’une par­faite ortho­graphe et d’une solide culture géné­rale, le secré­taire de rédac­tion maî­trise les logi­ciels de PAO (publi­ca­tion assis­tée par ordi­na­teur) type XPress ou InDesign. »

Une fonction souvent externalisée

Mais la fonc­tion évo­lue, comme partout :

« […] il arrive de plus en plus sou­vent que ce rôle soit attri­bué à un pres­ta­taire externe, appe­lé SR free­lance (ou […] indé­pen­dant). Par­ti­cu­liè­re­ment quand les entre­prises n’ont pas de besoins suf­fi­sants en interne pour une embauche à temps plein, ou qu’elles n’en ont pas les moyens. […]
Son tra­vail est d’autant plus appro­fon­di que son client va lui deman­der de réa­li­ser toutes les mis­sions qui lui incombent, à l’étape de relec­ture finale. Il […] tra­vaille sou­vent sous pres­sion pour rendre son tra­vail dans les délais impar­tis et garan­tir la qua­li­té de la publi­ca­tion confiée » — Coré­vi2.

« Dans leur relec­ture d’article, les secré­taires de rédac­tion doivent se poser toutes les ques­tions que se pose­ra le lec­to­rat, et sur­tout trou­ver la réponse à toutes celles que le lec­to­rat ne doit pas se poser (impré­ci­sions, inco­hé­rences, invrai­sem­blances, etc.). En tant qu’ul­times jour­na­listes à inter­ve­nir sur le jour­nal, c’est la res­pon­sa­bi­li­té des secré­taires de rédac­tion qui est enga­gée si un titre ou une pho­to ne cor­res­pond pas à un article, ou si une légende pho­to contient le nom d’une autre per­son­na­li­té que celle qui est repré­sen­tée » — Wikipédia.

« Le but de notre métier, explique Camille, c’est de faire en sorte que tous soient satis­faits du résul­tat final. Il faut se mettre à la place du rédac­teur, cor­ri­ger ses fautes en res­pec­tant son style, reprendre sans défor­mer, appor­ter des pré­ci­sions lorsqu’il en manque, et veiller à pro­duire un article clair et lisible pour le lec­to­rat. C’est un ouvrage de den­tel­lière : il faut reprendre, dénouer les nœuds, rac­com­mo­der, sans que rien ne puisse se voir » — Est-Actu3.

À lire en com­plé­ment, une longue enquête, un éloge lyrique et un roman satirique :

☞ Sur mon blog, lire aus­si, notam­ment, Ce que la PAO a chan­gé au métier de cor­rec­teur.


Les articles cités ont été consul­tés le 29 jan­vier 2023.

Comment je suis passé de psychologue à correcteur

Mon par­cours en mots-clés fait état de mes études de psy­cho­lo­gie sociale, mais ne dit rien de la tran­si­tion vers le métier de cor­rec­teur. Lais­sez-moi vous racon­ter cela.

À 18 ans, bac en poche, ne sachant pas quoi faire, je m’ins­cris en psy­cho­lo­gie, sim­ple­ment parce qu’au lycée le cours de phi­lo sur la psy­cha­na­lyse m’a pas­sion­né. Je découvre la psy­cho­lo­gie sociale, j’a­dore ça, mais sur­tout, au fil des années, l’a­na­lyse du dis­cours, la prag­ma­tique, les actes de langage…

1984. Apple lance le pre­mier Macin­tosh. Séduit, mon père me pro­pose d’en ache­ter un. Je découvre le trai­te­ment de texte WISIWYG.

1987. Je sou­tiens mon mémoire de maî­trise (aujourd’­hui M1), avec un docu­ment relié, à impres­sion laser. « Oh ! c’est beau. Com­ment tu as fait ça ? » Mon direc­teur de recherche me parle plus de la forme du docu­ment que de son conte­nu. L’an­née sui­vante, il me pro­pose un contrat avec l’u­ni­ver­si­té pour m’oc­cu­per de l’é­di­tion des actes d’un col­loque qu’il organise.

Il s’a­git de recueillir, cor­ri­ger et mettre en forme les dif­fé­rentes contri­bu­tions au col­loque, qui seront publiées dans deux numé­ros de la revue de lin­guis­tique de l’u­ni­ver­si­té, Ver­bum. Tra­vailler sur le fond et la forme d’un texte, voi­là qui me plaît : j’ai trou­vé ma voie.

J’hé­site cepen­dant à tout aban­don­ner, je tiens encore deux ans : DEA (M2 aujourd’­hui), sémi­naire de recherche ; je ne me vois tou­jours pas psy­cho­logue pro­fes­sion­nel… Je me ren­seigne sur les métiers de l’é­di­tion et de la presse. Puis, pro­fi­tant du départ de ma meilleure amie, je suis le mou­ve­ment : je quitte la fac, m’ins­cris à l’ANPE (Pôle emploi aujourd’­hui), suis un stage de PAO et cherche un pre­mier bou­lot… Un an plus tard, j’entre dans une agence de presse.

Voi­là com­ment ma vie pro­fes­sion­nelle a basculé.

Publicité d'Apple annonçant le lancement du premier Macintosh
Publi­ci­té d’Apple annon­çant le lan­ce­ment du pre­mier Macintosh.

Le métier de correcteur aujourd’hui : témoignages

« Je me suis for­mé tout seul au métier de cor­rec­teur ; en pas­sant mes jour­nées à comp­ter les pois­sons, je m’étais aigui­sé le regard et j’avais acquis la rigueur nécessaire. »

Didier Mounié, correcteur. © Éloïse Murat
Didier Mou­nié, cor­rec­teur.
© Éloïse Murat.

Les entre­tiens avec des cor­rec­teurs sont rares. En voi­ci un, de 2018, trou­vé par hasard sur le site Rico­chet. Il est par­ti­cu­liè­re­ment long (huit pages impri­mées) et sera ins­truc­tif pour les cor­rec­teurs débu­tants ou les per­sonnes s’intéressant au métier. 

« Didier Mou­nié est cor­rec­teur aux édi­tions Milan à Tou­louse depuis 1997. Il enseigne éga­le­ment la cor­rec­tion aux étu­diants en édi­tion à l’université Tou­louse Jean-Jau­rès depuis 2004. Enfin, il est l’auteur de quelques livres pour enfants. »

Extrait :

« Pour être un bon cor­rec­teur, être bon en fran­çais ne suf­fit pas. Il faut éga­le­ment connaître la typo­gra­phie, avoir une solide culture géné­rale, sans cesse dou­ter et se remettre en ques­tion, faire preuve de vigi­lance, de minu­tie et de rigueur ; cela ne signi­fie pas qu’il faut être rigide. Être cor­rec­teur, c’est sou­vent faire un com­pro­mis entre les règles, la ligne de la mai­son d’édition et les dési­rs de l’auteur. Il faut avoir un cer­tain coup d’œil pour remar­quer les erreurs ; c’est quelque chose qui se travaille. »

Didier Mou­nié est notam­ment inter­ro­gé sur sa spé­cia­li­té, la cor­rec­tion en lit­té­ra­ture jeunesse. 

À com­plé­ter par le récent entre­tien en vidéo (4 min 30 s) entre Véro­nique de Lau­nay et Fon­taine O Livres.

D’autres témoi­gnages sont à lire sur le blog Cro­que­feuille.

☞ Sur mon blog, lire notam­ment Condi­tions de tra­vail des cor­rec­teurs au xxe siècle et, sur mon site, visi­ter la page Actua­li­té du métier.

Le verbe “(se) fiche”, un infinitif insolite

Laurent Chabin, auteur. © Sarah Scott
Laurent Cha­bin, auteur. © Sarah Scott.

« J’utilise sou­vent dans mes romans un verbe dont la forme à l’infinitif est tout à fait inha­bi­tuelle : se fiche. “Se fiche de ce qu’on en pense”, par exemple. Chaque fois que j’utilise ce verbe à l’infinitif, les révi­seurs me le cor­rigent en ajou­tant un r à la fin. Cor­rec­tion que je refuse tou­jours, arguant du fait que se fiche est bien un infi­ni­tif. Mais, inva­ria­ble­ment, la cor­rec­tion revient avec opi­niâ­tre­té au fil des révi­sions… et avec une non moindre opi­niâ­tre­té je la refuse.

Pour­tant, repor­tez-vous au Bes­che­relle (et au Robert, d’ailleurs) : se fiche y figure bel et bien, même si la forme se ficher, moins employée, est éga­le­ment donnée. »

— Laurent Cha­bin, auteur, sur le site Bes­che­relle.

L’Aca­dé­mie lui donne rai­son, de même que le Larousse.

Gre­visse explique (§ 835) : « Ficher, quand il sert d’équivalent euphé­mique, dans la langue fami­lière, au verbe tri­vial foutre, prend sou­vent une forme spé­ciale à l’infinitif et au par­ti­cipe pas­sé : fiche, fichu. »

Exemples (§ 806) : « Qu’est-ce que tu viens fiche ici ? (M. de Saint Pierre, Écri­vains, IV.) — Était-ce pour se fiche de moi ? (Mon­therl., Le chaos et la nuit, p. 39.) »

Pen­ser aus­si à envoyer quelqu’un se faire fiche, j’en ai rien à fiche ou encore se fiche dedans (se tromper). 

À rap­pro­cher d’un autre infi­ni­tif inso­lite, bien moins connu : courre, celui qui a don­né chasse à courre.

Source pho­to : Édi­tions Libre Expres­sion.

Comment enrichir son vocabulaire

« Com­ment enri­chir son voca­bu­laire » est une ques­tion qui revient pério­di­que­ment sur les réseaux sociaux, comme Quo­ra, géné­ra­le­ment avec deux adverbes : « rapi­de­ment » et « dura­ble­ment ».

La réponse évi­dente, c’est lire. C’est en effet en côtoyant les mots qu’on les acquiert. L’avantage de la lec­ture par rap­port au son (radio, pod­casts) ou à l’image (télé­vi­sion, You­Tube), c’est de les voir écrits, et donc d’acquérir en même temps leur ortho­graphe. Sans comp­ter, bien sûr, les autres avan­tages de la lecture ! 

Mais com­ment peut-on accé­lé­rer cette acqui­si­tion ? Il existe pour cela un cer­tain nombre de livres. 

J’en ai sélec­tion­né quatre (par­mi ceux des­ti­nés aux adultes fran­co­phones), plus ou moins aus­tères, clas­sés du plus récent au plus ancien (liens vers les fiches des éditeurs). 

Je ne les ai pas étu­diés per­son­nel­le­ment. Cha­cun pour­ra choi­sir, d’après les fiches, celui qui semble lui conve­nir le mieux. 

Pour que l’acquisition de mots nou­veaux soit durable, il faut les uti­li­ser. Les pla­cer rapi­de­ment dans la conver­sa­tion ou dans un texte après les avoir appris, puis les main­te­nir vivants, actifs, au fil du temps. C’est ce qu’on appelle la réac­ti­va­tion ou la conso­li­da­tion, essen­tielle dans tout apprentissage.

Il s’agit là d’acquérir un voca­bu­laire riche, pré­cis et utile. Je n’ai donc pas rete­nu d’ouvrages sur les mots « rares et char­mants », qui ne manquent pas, comme Cra­pous­sin et Nigue­douille. La belle his­toire des mots endor­mis.

☞ Voir aus­si La biblio­thèque du cor­rec­teur.

Petit Larousse ou Petit Robert ?

C’est un vieux débat chez les cor­rec­teurs. Cer­tains sont ras­su­rés par le carac­tère légè­re­ment plus nor­ma­tif du Petit Larousse, et se tournent plus volon­tiers vers lui en cas de litige. Sans doute sont-ils aus­si, plus ou moins consciem­ment, atta­chés à la tra­di­tion. 1905 (Larousse) contre 1967 (Robert) : un bon demi-siècle sépare la pre­mière publi­ca­tion de ces deux réfé­rences (la mai­son Larousse remonte même à 1852).

Petit Larousse illustré, édition de 1905
Petit Larousse illus­tré, édi­tion de 1905.

Contrai­re­ment au Dic­tion­naire de l’Académie fran­çaise, qui « cher­chait à pré­ser­ver en l’é­tat la langue fran­çaise telle qu’elle devrait être écrite et par­lée1 », nos deux dic­tion­naires en un volume ont visé, cha­cun à sa manière, à « décrire une langue telle qu’elle est écrite et par­lée dans toute sa diver­si­té2 ». 

La vraie dif­fé­rence entre les deux, c’est que le Petit Larousse est un dic­tion­naire ency­clo­pé­dique illus­tré en un volume, alors que le Petit Robert est un dic­tion­naire de langue fran­çaise uni­que­ment (le volume de noms propres, actua­li­sé moins sou­vent, est ven­du sépa­ré­ment). À nombre de mots simi­laire (envi­ron 60 000), les entrées du Robert sont donc bien plus détaillées que celles du Larousse.

D’ailleurs, ils « reven­diquent des cibles légè­re­ment dif­fé­rentes. Le pre­mier évoque volon­tiers un public assez jeune, avec une cible très sco­laire. Tan­dis que le second pré­fère évo­quer un lec­to­rat de “pro­fes­sion­nels de l’é­crit”, comme les tra­duc­teurs, les jour­na­listes, les rédac­teurs, les agences de com­mu­ni­ca­tion ou de mar­ke­ting3. »

La conci­sion du Petit Larousse peut cepen­dant plaire à cer­tains pro­fes­sion­nels : « Il est par­fai­te­ment lisible et pro­pose des défi­ni­tions plus concises ; pour nous, c’est un excellent ins­tru­ment de tra­vail, sou­ligne Jean-Pierre Coli­gnon, [alors] chef du ser­vice des cor­rec­teurs du Monde. En revanche, le sec­teur de l’é­di­tion lit­té­raire pré­fé­re­ra cer­tai­ne­ment le Robert4. »

Petit Robert 2023
Le Petit Robert 2023.

Mais elle est sou­vent un obstacle : 

« […] Si vous recher­chez le sens d’un mot que vous décou­vrez pour la pre­mière fois, il est pos­sible que vous res­tiez dans le flou après avoir consul­té Larousse. Alors que chez Robert, vous trou­ve­rez sa pro­non­cia­tion en pho­né­tique, l’étymologie, les dif­fé­rents sens du terme assor­tis de plu­sieurs exemples, des emplois tirés de la lit­té­ra­ture, des syno­nymes et même des anto­nymes », détaille la cor­rec­trice Muriel Gil­bert5.

C’é­tait aus­si l’a­vis de Jean-Pierre Leroux, grand révi­seur qué­bé­cois : du Robert il van­tait le « haut degré de pré­ci­sion, de conci­sion, d’élégance6 ».

Un dictionnaire de gauche ?

« [Le Petit Larousse] C’est le dic­tion­naire des gens rigou­reux qui aiment les choses stables. Ses lec­teurs n’ont pas le culte de la nou­veau­té […] », écri­vait Le Figa­ro en 20107.

Inver­se­ment, « lors de la paru­tion du pre­mier Petit Robert, […] le Nou­vel Obser­va­teur d’alors, par la plume du cri­tique Michel Cour­not, s’exclamait, de manière assez réduc­trice, mais cha­leu­reuse : “Enfin, un dic­tion­naire de gauche !” », a racon­té Alain Rey8.

Aujourd’hui, Géral­dine Moi­nard, direc­trice de la rédac­tion des Édi­tions Le Robert, pré­sente son pro­duit phare en ces termes : 

« Dic­tion­naire moderne, ins­crit dans son époque, il rend compte mieux que nul autre des évo­lu­tions pas­sion­nantes d’une langue fran­çaise réso­lu­ment vivante. Parce que le Petit Robert est « un obser­va­toire, pas un conser­va­toire » (selon la for­mule d’Alain Rey), il reflète le fran­çais dans toute sa diver­si­té, sans négli­ger les mots des régions et de la fran­co­pho­nie, les mots fami­liers et les angli­cismes9. »

Gênance, un des mots nouveaux du Petit Robert 2023
Un des mots nou­veaux du Petit Robert 2023.

« Ce par­ti pris, par­fois poli­ti­que­ment incor­rect, est consi­dé­ré comme une dérive par la mai­son rivale qui, arguant de sa tra­di­tion et des res­pon­sa­bi­li­tés liées à sa large dif­fu­sion inter­na­tio­nale, pré­fère témoi­gner de davan­tage de rete­nue, écri­vait Le Monde en 1999. “Il ne faut pas éga­rer le lec­teur. Si nous inté­grons dans le Larousse le verbe niquer, nous n’a­vons pas besoin de citer l’ex­pres­sion nique ta mère, contrai­re­ment au Robert”, fait mali­cieu­se­ment remar­quer Michel Legrain [alors direc­teur géné­ral adjoint de Larousse], qui laisse à d’autres le soin de “pré­sen­ter la langue dans tous ses états” et pré­fère ras­su­rer son lec­to­rat plu­tôt que le flat­ter10. »

Cela va-t-il, chez Larousse, jusqu’à la pudi­bon­de­rie ? Nos confrères du Monde se sont récem­ment posé la ques­tion.  

Un manifeste contre le “bon usage”

Pré­sente depuis la pre­mière édi­tion (1967) et rema­niée pour la der­nière fois, à ce jour, en 2017, la pré­face du Petit Robert affirme clai­re­ment sa posi­tion par rap­port à la norme. En voi­ci les extraits pertinents : 

« Le Petit Robert, dès sa nais­sance, sus­ci­ta un vif inté­rêt chez les lec­teurs qui, à côté du bon usage garan­ti par les grands auteurs, retrou­vaient leur emploi quo­ti­dien du fran­çais dans ce qu’il avait de plus actuel et même de plus fami­lier. […]
L’accueil fait à la langue cou­rante fami­lière consti­tuait […] une har­diesse qui bous­cu­lait la tra­di­tion. »

Le Petit Robert « refus[e] l’autocensure d’une norme rigou­reuse – il incombe au Dic­tion­naire de l’Académie fran­çaise de rem­plir ce rôle. » 

Le der­nier para­graphe, ajou­té par Alain Rey pour les cin­quante ans (2017), soit dix ans après son essai contre le purisme11, est un véri­table mani­feste contre la notion de « bon usage ». En voi­ci la seconde partie.

Au-delà de la fonc­tion de réfé­rence, ce dic­tion­naire mène un com­bat contre la pen­sée unique et l’expression appauvrie. […]
Ce dic­tion­naire sou­haite réagir contre une atti­tude nour­rie d’une idéo­lo­gie, celle d’une norme supé­rieure pour une élite, dans une popu­la­tion ain­si hié­rar­chi­sée, et dont les usages, lorsqu’ils se dis­tinguent de ce “bon usage”, ne sus­citent que mépris, déri­sion ou rejet. Le “bon usage” conve­nait peut-être à l’Ancien Régime, mais demande sérieuse révi­sion, et ce sont plu­sieurs usages, plus ou moins licites et que per­sonne ne peut juger “bons” ou “mau­vais”, qui forment la réa­li­té d’une langue.
L’idéologie de l’élite, des couches supé­rieures, ignore super­be­ment ou juge sévè­re­ment, dans l’ignorance têtue du réel social, tout autre usage que le sien. Au contraire, le Petit Robert est ouvert à la diver­si­té, à la com­mu­ni­ca­tion plu­rielle ; il veut com­battre le pes­si­misme inté­res­sé et pas­séiste des purismes agres­sifs comme l’indifférence molle des laxismes. Le fran­çais le mérite.

Cha­cun juge­ra si cette décla­ra­tion d’intention et, sur­tout, le résul­tat qui en découle lui conviennent. 

Dic­tion­naire de mes années de lycée et d’université, le Petit Robert est res­té le com­pa­gnon du cor­rec­teur que je suis deve­nu. « Un outil puis­sant qui aide à écrire et à pen­ser », comme l’a décla­ré Charles Bim­be­net, direc­teur géné­ral du Robert12.

Pour ma part, j’adhère à l’avis d’Alain Rey :

« Sans image – pari ambi­tieux, au xxie siècle –, moins ency­clo­pé­dique mais plus cultu­rel et phi­lo­lo­gique, his­to­rique, lit­té­raire, il s’adresse à un autre public que le Petit Larousse. […] Les deux ouvrages sont paral­lèles, com­plé­men­taires, et la “guerre” évo­quée est stric­te­ment com­mer­ciale13. »

Pour­quoi « choi­sir entre l’hi­ver et l’é­té14 » quand on peut béné­fi­cier des deux ? 

☞ Lire aus­si Com­ment choi­sir un dic­tion­naire.