Un article1 lu hier, datant de 2009, évoquait le tarif des indépendants publié par l’Arci [Association romande des correctrices et correcteurs d’imprimerie], qui laisserait, disait-il, « les correctrices et correcteurs de France métropolitaine […] bien étonnés ». Après l’avoir découvert, je dirais même qu’il les laisserait songeurs — « Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux ».
Depuis 2009, ce tarif a même largement augmenté, alors qu’en France j’entends évoquer la même fourchette depuis vingt ans. Voici ce que disait l’auteur (j’ai mis à jour les données chiffrées) :
« La correction, en France métropolitaine, relève désormais davantage du savoir survivre que du savoir-vivre. Ce tarif de l’Arci se fonde […] sur un tarif horaire de [70 à 90] francs suisses pour des textes corrigibles au rythme de lecture angoissée2 de 15 000 signes par heure. Soit [l’équivalent en euros3 de ou à l’heure. Plus de quatre fois ce que des bac+5 survivant de la correction de ce côté du Léman […] facturent généralement, hélas. »
En effet, on peut lire sur le site de l’Arci, frappé d’un étonnement plus racinien que moderne :
« Pour un travail de difficulté moyenne, le tarif horaire minimum des indépendants se monte entre CHF 70.–/h à 90.–/h. Pour du texte de magazine grand public issu d’un secrétariat de rédaction, le rythme de lecture est généralement de 15 000 signes par heure.
« Quant aux travaux plus complexes, il est nécessaire de déterminer le nombre de signes à l’heure. Sur la base du fichier électronique ou des sorties imprimante du texte à corriger, un devis sera soumis au client.
« Le tarif aux mille signes peut faire l’objet d’une “échelle de complexité”, par exemple :
- 100 % : tarif de base, pas trop de corrections, uniformisation usuelle ;
- 90 % : réimpression, texte particulièrement bien écrit ;
- 110 % : nombreuses uniformisations ou vérifications ;
- 120 % : termes scientifiques ou jargon technique, beaucoup de notes4. »
À 25 euros l’heure, on rêve beaucoup moins — « adieu veau, vache, cochon, couvée ».
Et ne parlons pas des tarifs imposés par les maisons d’édition à leurs correcteurs salariés TAD, car là on pleure (voir le site des correcteurs du Syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT).
PS – Aussitôt publié, fini de rêver ! Une consœur m’informe en ces termes : « Ces tarifs sont dits indicatifs. Bien rares à ma connaissance sont celles et ceux qui parviennent à les faire appliquer, ou même à s’en approcher. Le métier, de ce point de vue, n’est guère mieux considéré en Suisse qu’en France. La comparaison avec les tarifs français pousse à la baisse (même si ce n’est pas un correcteur français qui est finalement choisi, la comparaison suffit à faire accepter des tarifs – bien – plus bas que ceux préconisés par l’Arci, laquelle n’a guère de poids dans cette affaire).
Et n’oublions pas un coût de la vie très différent5… »
- Jef Tombeur, « Savoir vivre… la correction orthotypographique », blog Come4News, 8 novembre 2009.
- Allusion à l’article de Sophie Brissaud « La lecture angoissée ou la mort du correcteur », Cahiers GUTenberg, no 31, 1998, p. 38-44.
- Le franc suisse et l’euro sont actuellement à la parité. Voir le site Capital.
- Il y est aussi question de « travaux comptés séparément », de « tarif dégressif » et de « suppléments ».
- « Coût de la vie en Suisse », site Travailler-en-Suisse.ch.