Cet été, le quotidien La Voix du Nord a réalisé un reportage à l’Atelier du livre d’art et de l’estampe de l’Imprimerie nationale, à Flers-en-Escrebieux (Nord), « à la découverte d’amoureux de la lettre qui perpétuent les techniques ancestrales du livre imprimé ». Excellente initiative ! C’est une série en quatre volets (je donne la date de mise en ligne, mais les articles ont paru dans le journal imprimé du dimanche) :
Présentation du site
22 juillet — « Un joyau du patrimoine historique. »
« C’est ici, en 2014, qu’un patrimoine remarquable de l’Imprimerie nationale (IN Groupe) a été déménagé de la rue de la Convention, à Paris, où se situait l’ancien siège.
« L’Imprimerie nationale, ce n’est pas seulement la fabrication des titres d’identité et passeports sécurisés (un autre site industriel situé à Flers depuis 1974), c’est aussi ce musée vivant, ouvert ponctuellement aux visiteurs […].
« Ici, ce sont dix collaborateurs, amoureux de la lettre, gardiens d’un savoir-faire unique et passés maître en la matière, qui y travaillent quotidiennement.
« […] deux ouvrages [des livres d’artistes] sont réalisés par an en une cinquantaine d’exemplaires numérotés. »
Le cabinet de poinçons
29 juillet — « Des pièces prestigieuses classées monuments historiques. »
« Sept caractères latins ainsi que des caractères orientaux, représentant plus de 65 langues au monde, sont exclusifs à l’Imprimerie nationale. »
Le fondeur de caractères
5 août — Philippe Mérille, maître d’art.
« Il est aujourd’hui l’un des derniers en Europe à maîtriser ce savoir. Le site de Flers est d’ailleurs l’une des dernières fonderies de caractères à fonctionner. »
Le compositeur-typographe
12 août — Frédéric Lepetz.
Où est abordé succinctement la correction.
Je reprends le texte du site officiel, plus précis :
« Le travail de correction consiste dans la préparation orthographique des manuscrits, la lecture en première épreuve, en mise en pages, en bon à tirer, révision de bon à tirer après imposition et tierce avant le tirage, avec une attention portée sur l’état du caractère en plomb.
« C’est dans ces dernières étapes que le contrôle du placement des textes et des clichés dans la page, la vérification des alignements et des marges, du suivi des folios, du repérage recto-verso prennent autant d’importance que la lecture proprement dite.
« L’atelier du Livre d’art et de l’Estampe est l’une des dernières imprimeries en France à disposer d’un correcteur professionnel de haut niveau, Didier Barrière, qui exerce en tant que tel depuis plus de trente ans. »
Né en 1956, Didier Barrière « est à la fois correcteur d’imprimerie et responsable d’une petite bibliothèque historique à Paris. Son intérêt pour le livre en tant qu’objet total, notamment pour les curiosités littéraires et typographiques, l’a poussé à exhumer des textes insolites qui ont fait l’objet de publication dans des ouvrages », notamment dans Un correcteur fou à l’Imprimerie royale : Nicolas Cirier (éd. des Cendres, 1987), que je cite dans La bibliothèque du correcteur. Il a aussi évoqué, avec le photographe Olivier Doual, la mémoire du site parisien de l’Imprimerie nationale dans Souvenirs brouillés d’un palais typographique (éd. des Cendres, 2010). Lire son portrait sur le site des Éditions de l’Arbre vengeur, dont j’ai tiré l’extrait précédent.
Enfin, la bibliothèque historique
« En plus du cabinet des poinçons […], l’Imprimerie nationale possède une bibliothèque historique, riche d’environ 35 000 volumes du xvie siècle à nos jours dont certains sont consultables sur place. »
« Éric Nunes, bibliothécaire et correcteur typographe, passe ses journées au milieu de livres exceptionnels. Il a aussi en charge la numérisation de la biliothèque et des plus belles pièces. Comme L’Imitation du Christ, le premier ouvrage imprimé sur les presses de l’Imprimerie royale, fondée en 1640 par Richelieu, devenue par la suite Imprimerie nationale. »
Les recherches personnelles d’Éric Nunes sur l’histoire de l’imprimerie sont disponibles sur son site, Carnet du lab.
Un nouvel atelier-musée, de 5 700 m2, devrait ouvrir à Douai en 2026.
Pour plus de détails sur l’Atelier du livre et de l’estampe, consultez le site officiel.
☞ Voir aussi Vincent Auger, un des derniers typographes français.