Bandeau historié non signé, dans Jean de La Caille, Histoire de l’imprimerie et de la librairie, où l’on voit son origine & son progrès, jusqu’en 1689. Paris, Jean II de La Caille, 1689.
À quoi pouvaient donc ressembler les correcteurs du Grand Siècle ? On en a — peut-être ! — une idée grâce à deux illustrations d’époque.
Ce sont là deux visions fantasmées d’une imprimerie. La première (ci-dessus) présente un lieu idéal par l’espace vaste et lumineux, la décoration (fenêtres, bibliothèque, panneaux) et l’abondance de personnel pour si peu de machines.
Sébastien Leclerc (?), L’Imprimerie royale au Louvre. Fin du XVII s. Dessin à la plume et au lavis anonyme, attribué à Sébastien Leclerc. 320 × 220 mm.
La seconde (ci-dessus) est censée représenter l’Imprimerie royale, fondée en 1640 à l’initiative de Richelieu et installée dans une galerie du Louvre. Elle n’était sans doute pas aussi grandiose que l’artiste la dépeint.
Mais ce qui m’intéresse ici, c’est qu’on pourrait bien y voir des correcteurs. À moins qu’il ne s’agisse d’auteurs : les historiens commentant ces images laissent place au doute. (À quoi reconnaît-on un correcteur au travail ?)
Détail du bandeau historié non signé (1689) reproduit en tête de l’article. Il pourrait s’agir de deux correcteurs au travail.
Sur la première image, au fond à droite, de part et d’autre d’une table ou d’un bureau, deux personnages sont occupés à relire et à annoter des épreuves (l’un d’eux tient une plume à la main).
Détail du dessin à la plume et au lavis attribué à Sébastien Leclerc (fin du XVII s.). Il pourrait s’agir d’un (ou du ?) correcteur de l’Imprimerie royale.
De même, au premier plan de la seconde image, un homme écrit sur des feuilles posées devant lui, tout en tenant une autre feuille de sa main gauche. Compare-t-il la copie à l’épreuve imprimée ?
Raphaël Trichet du Fresne.
En tout cas, on connaît le nom du premier correcteur de l’Imprimerie royale : Raphaël Trichet du Fresne (1611-1661).
Je ne les imaginais pas ainsi, mes confrères d’alors ! Mais il est vrai que la mode de la perruque était assez répandue dans la noblesse et la bourgeoisie.
Source des images et de leur commentaire : Frédéric Barbier (dir.), Paris, capitale du livre. Le monde des livres et de la presse à Paris, du Moyen Âge au xxe siècle. Paris, Paris-Bibliothèques, Presses universitaires de France, 2007, p. 162-163 et 170-171. — Complément dans Jeanne Veyrin-Forrer, La lettre et le texte : trente années de recherches sur l’histoire du livre. Paris, École normale supérieure de jeunes filles, 1987, p. 269-270. — Portrait de Raphaël Trichet du Fresne tiré du site Fontes Inediti Numismaticae Antiquae (FINA).
Ouverture de la série d’été de La Voix du Nord consacrée à l’Atelier du livre d’art et de l’estampe, à Flers-en-Escrebieux (Nord). Photo Ludovic Maillard.
Cet été, le quotidien La Voix du Nord a réalisé un reportage à l’Atelier du livre d’art et de l’estampe de l’Imprimerie nationale, à Flers-en-Escrebieux (Nord), « à la découverte d’amoureux de la lettre qui perpétuent les techniques ancestrales du livre imprimé ». Excellente initiative ! C’est une série en quatre volets (je donne la date de mise en ligne, mais les articles ont paru dans le journal imprimé du dimanche) :
Présentation du site
22 juillet — « Un joyau du patrimoine historique. »
« C’est ici, en 2014, qu’un patrimoine remarquable de l’Imprimerie nationale (IN Groupe) a été déménagé de la rue de la Convention, à Paris, où se situait l’ancien siège.
« L’Imprimerie nationale, ce n’est pas seulement la fabrication des titres d’identité et passeports sécurisés (un autre site industriel situé à Flers depuis 1974), c’est aussi ce musée vivant, ouvert ponctuellement aux visiteurs […].
« Ici, ce sont dix collaborateurs, amoureux de la lettre, gardiens d’un savoir-faire unique et passés maître en la matière, qui y travaillent quotidiennement.
« […] deux ouvrages [des livres d’artistes] sont réalisés par an en une cinquantaine d’exemplaires numérotés. »
Le cabinet de poinçons
29 juillet — « Des pièces prestigieuses classées monuments historiques. »
« Sept caractères latins ainsi que des caractères orientaux, représentant plus de 65 langues au monde, sont exclusifs à l’Imprimerie nationale. »
« Il est aujourd’hui l’un des derniers en Europe à maîtriser ce savoir. Le site de Flers est d’ailleurs l’une des dernières fonderies de caractères à fonctionner. »
Je reprends le texte du site officiel, plus précis :
« Le travail de correction consiste dans la préparation orthographique des manuscrits, la lecture en première épreuve, en mise en pages, en bon à tirer, révision de bon à tirer après imposition et tierce avant le tirage, avec une attention portée sur l’état du caractère en plomb.
Didier Barrière, correcteur.
« C’est dans ces dernières étapes que le contrôle du placement des textes et des clichés dans la page, la vérification des alignements et des marges, du suivi des folios, du repérage recto-verso prennent autant d’importance que la lecture proprement dite.
« L’atelier du Livre d’art et de l’Estampe est l’une des dernières imprimeries en France à disposer d’un correcteur professionnel de haut niveau, Didier Barrière, qui exerce en tant que tel depuis plus de trente ans. »
Né en 1956, Didier Barrière « est à la fois correcteur d’imprimerie et responsable d’une petite bibliothèque historique à Paris. Son intérêt pour le livre en tant qu’objet total, notamment pour les curiosités littéraires et typographiques, l’a poussé à exhumer des textes insolites qui ont fait l’objet de publication dans des ouvrages », notamment dans Un correcteur fou à l’Imprimerie royale : Nicolas Cirier (éd. des Cendres, 1987), que je cite dans La bibliothèque du correcteur. Il a aussi évoqué, avec le photographe Olivier Doual, la mémoire du site parisien de l’Imprimerie nationale dans Souvenirs brouillés d’un palais typographique (éd. des Cendres, 2010). Lire son portrait sur le site des Éditions de l’Arbre vengeur, dont j’ai tiré l’extrait précédent.
« En plus du cabinet des poinçons […], l’Imprimerie nationale possède une bibliothèque historique, riche d’environ 35 000 volumes du xvie siècle à nos jours dont certains sont consultables sur place. »
« Éric Nunes, bibliothécaire et correcteur typographe, passe ses journées au milieu de livres exceptionnels. Il a aussi en charge la numérisation de la biliothèque et des plus belles pièces. Comme L’Imitation du Christ, le premier ouvrage imprimé sur les presses de l’Imprimerie royale, fondée en 1640 par Richelieu, devenue par la suite Imprimerie nationale. »
Les recherches personnelles d’Éric Nunes sur l’histoire de l’imprimerie sont disponibles sur son site, Carnet du lab.
Un nouvel atelier-musée, de 5 700 m2, devrait ouvrir à Douai en 2026.
Pour plus de détails sur l’Atelier du livre et de l’estampe, consultez le site officiel.
Je ne compte plus les heures que j’ai passées à chercher des photos de correcteurs au travail (les heures consacrées à ce blog, en général, non plus !). Aussi, quand j’en trouve une de plus, c’est avec une joie difficilement communicable. Chacun ses obsessions…
Les iconographes le savent : les images ne sont pas toujours bien référencées. Il faut donc souvent lancer un large filet dans l’espoir de récolter quelques poissons. Dans le cas présent, ce sont les mots-clés « atelier » et « imprimerie » qui m’ont porté chance.
De cette image, je ne sais que ceci : « Atelier de l’imprimerie Simart (Paris, France), imprimant L’Écho de Paris, photographie de presse, agence Rol [1904-1937], novembre 19311. »
Mais regardons en détail.
Ces trois hommes sont assis à côté du « marbre » d’une imprimerie parisienne — il s’agit en fait d’une « table métallique (autrefois en marbre ou en pierre) sur laquelle on place les pages pour l’imposition ou les corrections » (TLF). Des feuilles blanches ont été étalées sur la table pour éviter qu’ils ne salissent les manches de leur costume.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
C’est, bien sûr, le crayon dans la main droite du personnage principal qui a tout d’abord attiré mon attention. À quoi ressemble un correcteur au travail, sinon à quelqu’un qui lit avec un crayon ou un stylo à la main ? C’est la difficulté de ma recherche. Il me semble voir entre ses mains les feuillets A5 d’une copie manuscrite. Je devine plutôt un secrétaire de rédaction qu’un correcteur. En tout cas, il écrit au crayon malgré la présence d’un encrier à sa gauche, ce qui est plutôt la marque d’une relecture. La cigarette roulée qui s’éteint dans sa main gauche attend qu’il ait terminé.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Le personnage de droite, lui, est visiblement en train de relire une épreuve en placard2 (je crois voir une colonne de texte au centre de la longue feuille qu’il tient de la main gauche). À sa gauche, les quatre feuillets de la copie, dont trois sont déjà retournés. Un crayon est disponible sur la table, à sa droite. Est-il correcteur ou secrétaire de rédaction ? Nous ne le saurons pas. Les deux métiers sont proches.
Le troisième homme lit le journal imprimé. Je ne peux rien en dire de particulier.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Dernier détail, et non des moindres : à l’arrière-plan, la fameuse cage de verre, qui permettait aux correcteurs de s’isoler du bruit des machines. On la voit beaucoup mieux dans le film L’Amour en fuite (1979) de François Truffaut (voir mon article). Georges Simenon en a fait le titre d’un de ses romans (voir mon article).
En tout cas, c’est une belle image d’hommes au travail. La BnF offre la possibilité d’en acheter une reproduction ; il n’est pas exclu que je cède à la tentation.
Pour la petite histoire de ce blog, j’avais déniché cette image avant la belle trouvaille de vendredi, mais je n’avais pas encore décidé comment l’exploiter. J’ai finalement estimé qu’elle méritait un article, plutôt que d’attendre l’occasion de l’utiliser comme simple illustration.
Hier était pour moi un jour de chance. En me promenant en ville (à Metz, où j’habite), j’entre dans une bouquinerie où je vais rarement. Après un coup d’œil aux romans récents, je me dirige vers le fond, et là, sur une table consacrée aux livres sur la Lorraine, je lis : Histoire d’un imprimeur. Berger-Levrault 1676-19763. Déjà, mon intérêt s’éveille. Mais en feuilletant cet album de 120 pages, très illustré, quelle n’est pas ma surprise de découvrir ceci :
Source : Gilbert Mangin pour Berger-Levrault.
« 1878 : les correcteurs. » 1878… Le premier portrait photographique datant de 1839, j’ai peu de chances de trouver un document de ce type plus ancien encore. Ou plutôt j’ai eu bien de la chance de trouver celui-ci !
Née modestement à Strasbourg en 1676, l’entreprise Berger-Levrault deviendra peu à peu un grand imprimeur des documents de l’Administration et des annuaires, entre autres, à l’égal de Paul Dupont (Clichy) et de Mame (Tours). Elle a aujourd’hui abandonné l’édition graphique pour celle de logiciels de gestion.
En 1867, quand Paul Dupont vantait la modernité de son imprimerie à Clichy, il faisait encore appel à la gravure pour la représenter (☞ voir mon article), car la similigravure, procédé permettant d’imprimer une photographie, ne sera inventée qu’une bonne dizaine d’années plus tard.
En 1878, la « notice historique sur le développement et l’organisation de la maison » Berger-Levrault, que je viens de consulter sur Gallica (et dans laquelle je puise les citations qui suivront), est, elle aussi, illustrée de gravures, mais cette imprimerie à échelle industrielle ne pouvait négliger une technique moderne : si les photos n’ont pas pu être publiées à l’époque, elles existent ! Dans le livre du tricentenaire que j’ai déniché par un heureux hasard, on peut donc découvrir, sur des clichés sépia4, les bureaux, l’atelier de reliure, les presses typographiques, la lithographie, l’atelier de composition et, enfin, les correcteurs.
Après l’annexion de 1871, Berger-Levrault quitte Strasbourg pour s’installer à Nancy, d’abord dans un bâtiment en bois acheté à l’ancienne Manufacture des tabacs, derrière les fortifications, lequel bâtiment sera victime d’un incendie en 1876, puis 18, rue des Glacis, « voie ouverte en grande partie », cette année-là, « à travers une petite ruelle mal famée » (Wikipédia).
Vue générale de l’établissement Berger-Levrault, à Nancy, en 1878. « La construction affecte la forme d’un immense parallélogramme de 88 mètres de long sur 50 mètres de large, outre les annexes à l’est et dans la cour de service » (notice, p. 29). Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
L’imprimerie y applique « le principe de la séparation des ateliers […], nécessité impérieuse, non-seulement en vue de la qualité et de la quantité des produits, mais aussi dans l’intérêt des ouvriers eux-mêmes ». En effet, « dans un atelier unique, […] les correcteurs […] et les protes sont dérangés par les trépidations des machines, le marteau du relieur, la poussière, etc. » (notice, p. 32).
Plan complet de l’imprimerie, sur lequel j’ai entouré d’un cercle rouge les trois cabinets des correcteurs et le bureau de la correction en chef. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
« La [galerie de] Composition a une longueur de 60 mètres ; au milieu est élevée une estrade où sont placés les protes ; les cabinets des correcteurs sont situés dans la salle même […] », à proximité des bureaux des « employés s’occupant des travaux techniques » (ibid., p. 33).
Plan partiel (le dernier tiers du plan précédent) montrant la disposition des ateliers et des bureaux de Berger-Levrault en 1878. Le vestibule débouche sur les bureaux, lesquels ont accès aux quatre galeries de l’usine. De gauche à droite, 1) magasin à papier, magasin des ouvrages édités et magasin des imprimés administratifs ; 2) façonnage, reliure et dorure ; 3) presses typographiques, mécaniques et à bras ; 4) galerie de composition, au milieu de laquelle se trouvent l’estrade de la « proterie » et, au bout, les trois « cabinets » des correcteurs. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
« Le jour vient d’en haut ; le toit est disposé en dents de scie, à l’instar des grands établissements du Haut-Rhin et de l’Angleterre ; la partie pourvue de vitrages est exposée au nord, de façon à donner aux ateliers une grande clarté, tout en évitant les rayons du soleil » (ibid., p. 30).
Galerie de la composition. — Au premier plan, on peut voir le marbre près duquel se trouvaient, selon le plan, les trois « cabinets » des correcteurs. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
« Du haut de l’estrade, le prote en chef et ses collègues peuvent surveiller tout ce qui se passe dans la galerie, et communiquer sans déplacement avec les metteurs en pages et les principaux compositeurs, qui sont groupés aux alentours ; près de là se trouve aussi une presse à épreuves » (ibid., p. 33).
Au bout de la galerie des compositeurs, à droite sur le plan ci-dessus, près du marbre, se trouvent trois « cabinets » de correcteurs. Les correcteurs en chef disposent d’un bureau séparé, donnant sur une petite cour. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
D’après le tableau du personnel (ibid., p. 34), en 1877, « protes et correcteurs » sont au nombre de huit. En comparant la photo et le plan, on peut raisonnablement supposer que les cinq correcteurs ont été réunis, le temps de la prise de vue, dans le bureau de la correction en chef, qui présente l’avantage d’être à la fois plus spacieux que leurs trois cabinets et éclairé par deux grandes fenêtres.
Comme tous les employés de Berger-Levrault, les correcteurs travaillaient alors dix heures par jour. Et le travail ne manquait pas, car pour les seuls périodiques il fallait compter les titres suivants :
Liste des périodiques imprimés par Berger-Levrault en 1877. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque municipale de Nancy.
Auquel s’ajoutaient « 701 feuilles d’impression d’ouvrages très-importants, sans compter ceux en cours d’exécution » ni « une quantité considérable de brochures, de thèses et autres bilboquets5 en lignes courantes » (ibid., p. 40). Ça me paraît tout de même beaucoup pour cinq personnes (ou huit, en admettant que les protes participent à la relecture des épreuves)… Je plains mes lointains confrères. D’autant que pour relire des annuaires sans défaillir, il faut être hors norme comme « il Professore » imaginé par George Steiner (☞ voir Le correcteur, personnage littéraire).
Si les portraits, littéraires ou iconographiques, de correcteurs sont rares, les images de leurs locaux de travail le sont plus encore. Aussi suis-je très heureux d’avoir trouvé cette gravure, qui figure l’atelier de correction chez Paul Dupont, à Clichy (Hauts-de-Seine), 12, rue du Bac-d’Asnières, en 1867.
L’imprimerie connaîtra son apogée dans l’entre-deux guerres avec plus de 1 200 employés. Elle fermera ses portes à la fin des années 1980 (différentes dates sont mentionnées).
Paul Dupont écrit :
« […] nous allons pénétrer dans ces cellules silencieuses que l’on a placées aussi loin que possible du bruit des ateliers. Ceux qui les habitent remplissent une fonction bien difficile, bien pénible, et cependant peu appréciée de ceux mêmes à qui leur concours est indispensable ; car les auteurs et les compositeurs ne leur épargnent ni les plaintes ni les reproches, et les rendent trop souvent responsables de leurs propres méfaits. Entrons dans ces chambres de torture qu’on appelle bureaux des correcteurs. […] ces retraites studieuses ne vous font-elles pas […] songer à celles où s’écoulait la vie de ces hommes qui, renfermés au fond des cloîtres, étaient seuls, autrefois, en possession de la science et de la littérature ? »
Quelles informations en tirer ?
La scène est éclairée par la droite : on suppose une fenêtre hors champ. Un commis ou un apprenti entre en apportant une épreuve. Les correcteurs travaillent en blouse et portent, pour certains, une calotte.
Commis apportant une épreuve ; auteur discutant avec le prote ; correcteurs travaillant sur un pupitre incliné, dos à la réserve de livres imprimés ; à droite, auteur relisant son texte.
Au centre, deux auteurs attablés, en redingote, dont l’un discute avec un autre homme en blouse, peut-être le prote (ou chef d’atelier). Tout à droite, près de la pendule, un autre auteur, debout devant la fenêtre, vérifie son texte. Les imposantes bibliothèques de gauche ressemblent à une réserve d’ouvrages imprimés, destinés à la vente ou à l’expédition. Dans celle de droite, je devine plutôt des archives de l’atelier, éventuellement quelques dictionnaires, même si leur présence est alors loin d’être systématique dans les ateliers. Noter enfin que ces messieurs écrivent encore à la plume d’oie trempée dans un encrier (ces outils n’ont disparu qu’à la fin du xixe siècle). Je ne sais pas pourquoi seuls certains correcteurs disposent d’un pupitre incliné.
C’est, à ce jour, mon interprétation de l’image. Je suis ouvert à d’autres suggestions.
Sortie des ouvriers de l’Imprimerie Paul Dupont, en 1900. Y a-t-il des correcteurs parmi eux ? Carte postale sous licence CC BY-NC-SA.
Paul Dupont, Une imprimerie en 1867, Paris, Paul Dupont, p. 47, 49 et 58.
« Première épreuve d'un texte, imprimée en colonnes sur le recto seulement, sans pagination et avec de larges marges pour les corrections et les additions. » — TLF.
Imprimé par Berger-Levrault en 1976. Ouvrage inspiré par la thèse de Frédéric Barbier, publiée postérieurement sous le titre Trois cents ans de librairie et imprimerie : Berger-Levrault, 1676-1830, Genève, Droz, 1979.
Sur plaques de verre, reproduits par Gilbert Mangin, photographe professionnel lorrain, apparemment actif des années 1960 à 1990.
Ou travaux de ville. « Petits travaux tels que factures, cartes d'invitation, en-têtes de lettres, etc. » — TLF.