Le 30 juin 2020, à la suite de la mort de George Floyd et des manifestations qui ont secoué les États-Unis, le New York Times annonce qu’il mettra désormais une majuscule à l’adjectif Black, mais pas à white. L’agence de presse Associated Press l’a précédé dans ce choix.
C’est donc un choix politique, un exemple de discrimination positive par la typographie.
Sur ce sujet, Libération répond à la question d’un lecteur :
Concernant une éventuelle capitalisation du mot « blanc », l’agence de presse AP se pose encore la question. Le New York Times, de son côté, a tranché : « Nous conserverons le traitement en minuscule pour le mot “blanc”. Bien qu’il y ait une question évidente de parallélisme, il n’y a pas eu de mouvement comparable vers l’adoption généralisée d’un nouveau style de “blanc”, et il y a moins le sentiment que “blanc” décrit une culture et une histoire partagées. De plus, les groupes haineux et les suprémacistes blancs ont longtemps privilégié le style majuscule, ce qui en soi est une raison pour l’éviter. »
En France, la grande majorité des médias met une majuscule à « Blanc » et à « Noir », principalement pour des raisons grammaticales. C’est la règle du substantif qui s’applique en effet. « Par analogie avec les ethniques [gentilés1] dérivés de noms propres, on met la majuscule à des noms qui désignent des groupes humains, par exemple d’après la couleur de leur peau ou d’après l’endroit où ils résident (lequel n’est pas désigné par un vrai nom propre)», détaille le Grevisse de la langue française.
C’est cette même règle qui est suivie depuis plusieurs années à Libé. « À partir du moment où on l’utilise comme une ethnie, la règle des nationalités s’applique », explique Michel Becquembois, chef du service édition.
J’en profite pour donner les exemples du Grevisse :
Des Noirs en file indienne (Malraux, Antimémoires, p. 163). — Les femmes ne sont pas comme les Noirs d’Amérique, comme les Juifs, une minorité (Beauvoir, Deux. sexe, t. I, p. 17). — L’Asie rassemble la plus grande partie des Jaunes de la planète (Grand dict. enc. Lar., art. Asie). — Ce brassage incessant de Provinciaux et de Parisiens (H. Walter, Phonologie du fr., p. 16). — Un d’entre eux, qui se déclare simplement Auvergnat, a été rangé […] parmi les Méridionaux (A. Martinet, Prononc. du fr. contemp., p. 29). — Les Peaux-Rouges du Nouveau Monde (Ac. 2007).