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En 1954, Cavanna, jeune journaliste, découvre la correction d’épreuves

La com­mé­mo­ra­tion, dix ans après, de l’atten­tat contre Char­lie Heb­do vient de me rap­pe­ler que Fran­çois Cavan­na (1923-2014), cofon­da­teur du jour­nal (avec Georges Ber­nier, alias le pro­fes­seur Cho­ron), parle de la cor­rec­tion dans un de ses récits auto­bio­gra­phiques. En jan­vier 1954, alors qu’il est venu pro­po­ser des des­sins au maga­zine Zéro, tout juste créé par Jean Novi, il en devient rédac­teur. Le patron lui com­mande un pre­mier article, puis lui pro­pose d’en cor­ri­ger les épreuves lui-même à l’imprimerie. 

Sur place (8, rue Vicq-d’Azir, Paris 10e), « curieux comme un chiot », Cavan­na découvre le fonc­tion­ne­ment d’une lino­type (machine à com­po­ser), dont il voit sor­tir les lignes de plomb repré­sen­tant son article. Une épreuve en pla­card (sur une seule longue colonne) en est tirée. Cavan­na doit affron­ter un exer­cice nou­veau pour lui…

« Pour cor­ri­ger de l’imprimé, une bonne ortho­graphe ne suf­fit pas. Il y faut encore un œil infaillible. Sur­tout quand on cor­rige son propre texte. L’œil dis­trait voit la faute, mais le cer­veau cor­rige avant qu’elle n’arrive à la conscience parce qu’instinctivement nous sup­pri­mons ce qui nous déplaît1. Enfin, moi, ça me fait ça. Je croyais avoir été impla­cable, je m’aperçois à ma honte que j’ai lais­sé pas­ser une foule d’énormités. Mau­rice, le gars de la lino­type, m’explique :

« — Il faut que tu apprennes à oublier la phrase, juste te concen­trer sur le mot. Tu suis de la pointe du crayon, tu t’obliges à ne pen­ser à rien d’autre qu’au mot. Sur­tout, ne t’intéresse pas à ce qui est raconté !

« Pas facile. Je me gar­ga­rise de mes belles phrases, moi. J’en déguste l’enchaînement rigou­reux, l’harmonieuse envo­lée… Se voir impri­mé, ça fait quelque chose, tiens. Tant que j’y suis, je per­fec­tionne. Je m’aperçois que j’ai une ten­dance à for­cer sur l’adjectif, à enfi­ler les épi­thètes à la queue­leu­leu, comme des perles. Je biffe. Et puis, il me vient des expres­sions plus heu­reuses. Je change. Je tends les épreuves à Mau­rice, qui saute en l’air. 

« — Eh ben, dis donc, t’es pas vache avec l’ouvrier, toi. Tu te rends compte : t’as pas lais­sé dix lignes sans retouches ! Autant tout refondre, ça ira plus vite.

« Il regarde de plus près. 

« — Et presque tout en cor­rec­tions d’auteur2 ! Ah, non, là, ça ne va pas, mon petit père ! Faut que j’en parle à Gui­chard [l’un des trois asso­ciés de l’imprimerie]. Je veux bien cor­ri­ger mes coquilles, c’est réglo, rien à dire, mais si tu te mets à récrire entiè­re­ment ton pape­lard, c’est plus pos­sible, la mai­son en serait de sa poche. Et de toute façon, moi, à sept heures, je me tire.

« Tout penaud, je dis : 

« — Bon, je savais pas, moi. Laisse tom­ber les cor­rec­tions d’auteur, comme tu dis.

« — Un peu, que je les laisse tomber ! 

« Il se penche vers moi. 

« — Et ce litron, tu le paies ? 

« J’aurais pu y pen­ser tout seul. Déci­dé­ment, je n’en loupe pas une. »

Cavan­na, Bête et méchant, Bel­fond, 1981, p. 124-125.


  1. C’est pour­quoi il est pré­fé­rable de faire appel à un cor­rec­teur pro­fes­sion­nel. ↩︎
  2. C’est-à-dire des modi­fi­ca­tions par rap­port à la copie d’origine. ↩︎

David Nicholls dans les pas d’une correctrice

Ma consœur Caro­line Abo­li­vier m’a récem­ment infor­mé que le der­nier roman d’un auteur bri­tan­nique à suc­cès met­tait en scène une cor­rec­trice. Je lui ai donc pro­po­sé de rédi­ger elle-même un compte ren­du de sa lec­ture. C’est la pre­mière fois que j’ai une invi­tée et j’en suis ravi.

"You Are Here", roman de David Nicholls

L’auteur bri­tan­nique David Nicholls a séduit des mil­lions de lec­trices et de lec­teurs avec Un jour, adap­té en film, puis en série. Dans son der­nier roman, You Are Here (non tra­duit en fran­çais à ce jour), son héroïne, Mar­nie, est une cor­rec­trice et relec­trice de 38 ans. « Indé­pen­dante, seule », mal­heu­reuse en amour, mais non dénuée d’humour, elle part ran­don­ner dans un décor (et sous un cli­mat) typi­que­ment anglais.

Mar­nie consi­dère que son tra­vail consiste à faire preuve de pré­ci­sion, à « com­bler autant que pos­sible les nids-de-poule sus­cep­tibles de rendre la lec­ture caho­teuse ». Elle se sait « conseillère, effa­cée, mais indis­pen­sable, signa­lant à l’auteur, par un geste dis­cret, le mor­ceau d’épinard coin­cé entre ses dents ». Les pro­jets se suivent et, « de même qu’un den­tiste ne se réveille pas en pleine nuit pour se deman­der si ses patients se sont bien bros­sé les dents, elle véri­fie rare­ment si ses recom­man­da­tions ont été suivies ».

Mar­nie observe que les jeunes auteurs « délaissent les guille­mets » et qu’« il y a des modes dans l’usage des minus­cules ». Elle regrette « le recours exces­sif aux points vir­gules qui trans­forme la lec­ture en une course de saut d’obstacles » et s’interroge : à quand une IA capable de cor­ri­ger un roman à sa place, « en une nano­se­conde » ? Elle repère les « adeptes du terme “épo­nyme” » et les « triples “mais” dans une même phrase ». Sur­tout, elle sait dis­tin­guer une « construc­tion fau­tive » d’un « choix stylistique ».

Mal­gré « un maigre salaire », bien que « la notion même de congé soit extra­va­gante, et la crainte de tom­ber malade bien trop pré­gnante », Mar­nie aime son métier. D’ailleurs, elle y excelle. Pour preuve, édi­teurs et auteurs « la réclament, comme on récla­me­rait une coif­feuse ou un chi­rur­gien en par­ti­cu­lier ». Ils l’implorent comme on sup­plie­rait « un assas­sin d’accepter une ultime mis­sion. Résul­tat, voi­là trois ans qu’elle n’a pas pris de vacances. »  Et, lorsqu’elle se décide enfin à par­tir ran­don­ner, elle pro­fite de son tra­jet en train pour cor­ri­ger un roman par­ti­cu­liè­re­ment sul­fu­reux, « ter­ri­ble­ment sou­la­gée de n’avoir pas de voi­sin ». Un texte aus­si riche en per­son­nages qu’en péri­pé­ties orgiaques. 

L’acte sexuel peut-il avoir un goût d’océan ?

À tel point que la voi­là qui « doit prendre des notes sur sa ser­viette en papier pour com­prendre qui fait quoi, tra­çant un enche­vê­tre­ment de flèches et d’initiales, telle une repré­sen­ta­tion de la bataille d’Austerlitz ». Après avoir véri­fié l’emploi indif­fé­ren­cié (et dou­teux) de « PVC » et « latex », elle prend soin d’effacer son his­to­rique de recherche. Pro­fes­sion­nelle, elle pro­cède « de façon métho­dique, se deman­dant si l’acte sexuel peut vrai­ment avoir un goût d’océan et, dans ce cas, si c’est posi­tif. La réponse dépen­dant peut-être de l’océan dont il est ques­tion. Car qui vou­drait boire l’eau de la Manche ? »

Alors que « sa dead­line » approche, Mar­nie « trouve son tem­po, elle enchaîne les cha­pitres, les scènes de sexe et de meurtre, anti­ci­pant l’identité du cou­pable (l’agent secret), goû­tant une forme de plé­ni­tude dans son rythme, accé­dant au stade de la cor­rec­tion-relec­ture à l’état pur et suprême, comme une gamine face à un jeu d’arcade », dégom­mant les lettres super­flues et tra­quant « les yeux gris deve­nus verts ». 

Au gré d’une plume pince-sans-rire et cise­lée, David Nicholls prend plai­sir à confron­ter la soli­tude de son héroïne à la nature anglaise et aux inter­ac­tions sociales nées de la ran­don­née. Un voyage pro­pice à la décou­verte de soi et de l’autre, loin du refuge de l’appartement qui sert aus­si, bien sûr, de bureau à Marnie. 

David Nicholls, You Are Here, éd. Sceptre, 2024, 368 pages.

☞ Voir aus­si Romans récents avec un per­son­nage de cor­rec­teur.

Amour des livres et de la lecture : une bibliographie

Ayant tou­jours vécu entou­ré de livres, j’aime ali­men­ter ma pas­sion en lisant des éloges de la lec­ture. En voi­ci une sélection.

Jean-Claude Carrière et Umberto Eco, "N'espérez pas vous débarrasser des livres", Grasset, 2008

Car­rière, Jean-Claude, et Eco, Umber­to [entre­tiens menés par Jean-Phi­lippe de Ton­nac], N’espérez pas vous débar­ras­ser des livres, Gras­set, 2009 ; Le Livre de poche, 2010.

Darn­ton, Robert, Apo­lo­gie du livre. Demain, aujourd’­hui, hier, trad. de l’an­glais (États-Unis) par Jean-Fran­çois Sené, « NRF Essais », Gal­li­mard, 2011.

Fran­çois, Annie, Bou­qui­ner. Auto­bio­bi­blio­gra­phie, Seuil, 2000 ; « Points », 2002.

Le Bris, Michel, Pour l’amour des livres, Gras­set, 2019.

Alberto Manguel, "Une histoire de la lecture", Actes Sud, 1998

Man­guel, Alber­to, Une his­toire de la lec­ture, trad. de l’anglais par Chris­tine Le Bœuf, Actes Sud, 1998 ; « Babel », 2024.

Per­nin, Fré­dé­rique, Petite phi­lo­so­phie du lec­teur, Milan, 2008.

Petit, Michèle, Éloge de la lec­ture. La construc­tion de soi, Belin, 2002 ; « Alpha », 2016.

—, L’Art de lire ou com­ment résis­ter à l’adversité, Belin, 2008 ; « Alpha », 2016.

Michèle Petit, "Nous sommes des animaux poétiques", Sciences humaines, 2023

—, Nous sommes des ani­maux poé­tiques. L’art, les livres et la beau­té par temps de crise, éd. Sciences humaines, 2023.

Wolf, Maryanne, Lec­teur, reste avec nous ! Un grand plai­doyer pour la lec­ture, Rosie & Wolfe, 2023.

☞ Sur l’his­toire du livre, voir ma Biblio­gra­phie com­men­tée.

Brice Lalonde, correcteur puis journaliste

Je vais pou­voir ajou­ter un nom à mon petit dico des cor­rec­teurs et cor­rec­trices : l’ancien ministre de l’Environnement Brice Lalonde. Il raconte cette expé­rience dans Sur la vague verte, paru en 1981. 

Après Mai 68, il quitte la Sor­bonne, où il a étu­dié les lettres clas­siques, pour entrer dans la vie active. Il est notam­ment embal­leur dans une petite impri­me­rie, puis mon­teur de pare-chocs chez Citroën. Ensuite :

« J’ai aus­si tra­vaillé dans une grande impri­me­rie de la région pari­sienne. J’étais O.S., éga­le­ment à la fin du pro­ces­sus. Il fal­lait empi­ler la mar­chan­dise sur des palettes, la cer­cler de fer, prendre le tire-pal et char­ger des camions sur le quai. Là, on était prêt à m’embaucher défi­ni­ti­ve­ment : “Petit gars, si tu veux res­ter, on t’embauche…” La condi­tion en fait, pour res­ter à l’imprimerie était d’être syn­di­qué. Il y avait presque un mono­pole d’embauche, le syn­di­cat déci­dait. Le délé­gué du per­son­nel arri­vait à l’heure qui lui plai­sait. Le pri­vi­lège, quoi ! Une grande cama­ra­de­rie régnait entre nous, du genre équipe de foot­ball, avec un zeste de chau­vi­nisme. […] » (P. 134-135.)

« Je me sen­tais tel­le­ment bien que je me suis deman­dé com­ment res­ter dans la même branche. J’ai décou­vert un métier que j’allais ensuite exer­cer pen­dant long­temps. Je suis deve­nu cor­rec­teur, membre de la famille du Livre […]. Je suis tou­jours membre du Syn­di­cat des cor­rec­teurs, syn­di­cat d’ailleurs tota­le­ment aty­pique de la C.G.T., puisqu’il est anti­nu­cléaire, plus ou moins liber­taire. C’est le milieu de l’imprimerie, le milieu de la presse. Les ouvriers du Livre aiment la belle ouvrage et ne s’en laissent pas conter. Ils ont le sen­ti­ment que l’on n’est pas là pour se faire emm…, enfin excu­sez-moi. Ils font leur bou­lot pro­fes­sion­nel­le­ment mais sont là aus­si pour… jouir de la vie. Com­ment tout le monde. » (P. 136.)

« […] j’utilisais là mes études lit­té­raires. Je suis d’ailleurs deve­nu très vite révi­seur, celui qui cor­rige en der­nier, ou pré­pa­ra­teur de copie, celui qui cor­rige non seule­ment la forme, mais le fond des manus­crits. J’ai beau­coup tra­vaillé dans les ency­clo­pé­dies et les dic­tion­naires. Et ce tra­vail de cor­rec­teur m’a conduit petit à petit à être jour­na­liste. Lorsque Alain Her­vé, le fon­da­teur des Amis de la terre en France, a lan­cé le jour­nal Le Sau­vage [1973], il a très nor­ma­le­ment fait appel à moi qu’il connais­sait dans l’association pour l’aider à faire de la cor­rec­tion et de la rédac­tion. » (P. 137-138.)

Brice Lalonde, Sur la vague verte, Robert Laf­font, 1981, 268 p.

Points de suspension : pourquoi trois seulement ?

Couverture du roman "Aimez-vous Brahms..", de Françoise Sagan, Julliard, 1959.
Cou­ver­ture du roman Aimez-vous Brahms.., de Fran­çoise Sagan, Jul­liard, 1959.

Aujourd’hui, c’est une évi­dence : les points de sus­pen­sion ne vont que par trois. Il s’agit même d’un signe spé­cial, et non de trois points successifs. 

Mais il n’en a pas tou­jours été ainsi. 

« […] le nombre de points for­mant ce signe ne fut pas fixé d’emblée. En ces temps moins stan­dar­di­sés, il variait selon l’inspiration de l’auteur ou du typo­graphe, pou­vant aller jusqu’à six ou sept d’affilée. Il s’est sta­bi­li­sé à quatre, puis à trois au xxe siècle, dans un éla­gage conti­nu. » — Oli­vier Hou­dart et Syl­vie Prioul1

Dans la Marche typo­gra­phique de Jules Pin­sard (1907, p. 6), que j’ai récem­ment consul­tée à la biblio­thèque For­ney, j’ai encore trouvé : 

« Les Points de sus­pen­sion (…), (.….) ne s’emploient jamais qu’en nombre impair, trois ou cinq. »

À l’inverse, Jacques Drillon rap­pelle qu’en 1959 Fran­çoise Sagan avait deman­dé à son édi­teur, Jacques Jul­liard, deux points à son titre, Aimez-vous Brahms.. (pho­to ci-des­sus). « Mais sa consigne n’a pas été long­temps res­pec­tée : son édi­teur avait dû la trou­ver un peu pué­rile2. »

On trouve ce même double point dans la pre­mière édi­tion des Poèmes de Léon-Paul Fargue (1912). « Tout ça c’est des manies », aurait com­men­té André Gide, selon le récit qu’en donne Fargue dans une lettre à Vale­ry Lar­baud, citée par Drillon (p. 406).

"Poèmes" de Léon-Paul Fargue, éd. de la NRF, 1912, p. 23
Extrait des Poèmes de Léon-Paul Fargue, éd. de la NRF, 1912, p. 23.

  1. L’Art de la ponc­tua­tion, Points, 2016, p. 71. ↩︎
  2. Trai­té de la ponc­tua­tion fran­çaise, Gal­li­mard, 1991, p. 137. ↩︎

Qu’est-ce qu’un bon correcteur ?

Plu­tôt que d’écrire les dix com­man­de­ments du cor­rec­teur, j’ai pré­fé­ré bros­ser son por­trait en dix points. Il y a évi­dem­ment une part de sub­jec­ti­vi­té dans l’énoncé de ces cri­tères. Pour la modé­rer, j’ai deman­dé à deux confrères de les relire : ils les ont vali­dés en l’état. L’un d’eux m’a sug­gé­ré le der­nier point.

Un bon cor­rec­teur aime lire. 

Il a tou­jours beau­coup lu et conti­nue à le faire. Tout lui est pro­fi­table : lit­té­ra­ture clas­sique et contem­po­raine, presse écrite, sites Web, etc. Mais il apprend aus­si en écou­tant (l’interview d’un écri­vain sur France Culture comme une conver­sa­tion dans le bus). Une langue se parle avant de s’écrire. 

Un bon cor­rec­teur aime les mots. 

Il dis­pose d’un vaste voca­bu­laire et l’étend sans cesse. Les mots sont pour lui des tré­sors ; il les col­lec­tionne. Les dic­tion­naires sont ses fidèles compagnons.

Un bon cor­rec­teur aime la grammaire. 

Ce que les autres détestent, il adore. La gram­maire, ce sont les règles du jeu qu’il pra­tique chaque jour. Il les connaît — du moins, il sait où les trou­ver — mais il sait aus­si qu’elles ont évo­lué au fil de l’histoire et que nombre de nos meilleurs auteurs les ont trans­gres­sées. L’éditeur doit pou­voir se repo­ser sur sa com­pé­tence en la matière. S’il cor­rige, il peut expli­quer pourquoi. 

Un bon cor­rec­teur aime sa langue et le langage. 

Du fran­çais écrit le plus soi­gné au fran­çais oral le plus actuel, toute pro­duc­tion lin­guis­tique l’intéresse. Même s’il a sa propre vision d’un fran­çais idéal, il ne l’im­pose pas ; il sait que la langue évo­lue­ra, avec ou sans lui. Entre les argu­ments des puristes et ceux des lin­guistes, il règle sa balance. 

Un bon cor­rec­teur a un œil de lynx. 

Il n’a plus, comme autre­fois, à chas­ser les lettres inver­sées ou abî­mées, mais il fait tou­jours la dif­fé­rence entre une apos­trophe droite et une apos­trophe typo­gra­phique, entre trois points suc­ces­sifs et de vrais points de sus­pen­sion (signe unique), etc. Un beau gris typo­gra­phique fait son bonheur. 

Un bon cor­rec­teur est culti­vé et curieux. 

Il en sait déjà beau­coup, mais n’en sau­ra jamais assez. Tout l’intéresse. Actua­li­té, his­toire, sciences, arts… c’est infini. 

Un bon cor­rec­teur sait écrire. 

Il peut rema­nier une phrase ou un para­graphe. Syn­taxe et rhé­to­rique lui sont fami­lières. Il est sen­sible au style. Idéa­le­ment, il écrit lui-même (jour­nal intime, blog, etc.) et connaît donc inti­me­ment l’importance du choix d’un mot ou de la place d’une virgule. 

Un bon cor­rec­teur reste modeste. 

Après son inter­ven­tion, le texte est dis­crè­te­ment amé­lio­ré, mais jamais il n’oublie qu’il n’en est pas l’auteur. Par l’intermédiaire de l’éditeur, il est au ser­vice de l’auteur et de son texte. 

Un bon cor­rec­teur doute beau­coup… mais se soigne.

N’ayant jamais le temps de « tout véri­fier » (sim­pli­fi­ca­tion abu­sive), il pra­tique un doute rai­son­nable. Sa connais­sance de la langue et sa culture géné­rale lui per­mettent de se concen­trer sur ce qu’il ne sait pas. 

Un bon cor­rec­teur connaît la chaîne éditoriale.

Quel que soit son domaine d’in­ter­ven­tion (presse, édi­tion, com­mu­ni­ca­tion), il sait quels métiers sont mis en œuvre avant et après lui, et il peut dia­lo­guer en bonne intel­li­gence avec les autres intervenants.

Un correcteur anarchiste dans “Le Transfert”, de Jean Vuilleumier

"Le Transfert" de Jean Vuilleumier

Je viens de lire Le Trans­fert (Lau­sanne, L’Âge d’Homme, 1999), roman de l’écrivain gene­vois Jean Vuilleu­mier (1934-2012), parce qu’il y est ques­tion d’un cor­rec­teur de presse. Une jour­na­liste du Temps résume ain­si le thème du récit :

Com­ment conti­nuer à vivre dans un monde régi par des rap­ports de force, qu’il s’a­gisse de la vie pri­vée ou publique ? À cha­cun sa réponse, choi­sie ou impo­sée par les évé­ne­ments et à pro­pos de laquelle le roman­cier se garde bien de conclure : mort acci­den­telle (ou non), retrait volon­taire du monde, obs­cur che­mi­ne­ment mys­tique1.

Ce court roman (115 pages) ne m’a pas mar­qué et, sur­tout, sa repré­sen­ta­tion du métier m’a lais­sé sur ma faim. Sur l’emploi (« qu’il sup­po­sait pro­vi­soire », p. 32) de Chris­tophe Bache­lard comme cor­rec­teur à La Dépêche, jour­nal fic­tif de Genève, nous ne sau­rons que ceci :

Plu­sieurs pièces en enfi­lade, sépa­rées par des cloi­sons vitrées, menaient au bureau des cor­rec­teurs. De loin, le pre­mier jour, Julien avait aper­çu Chris­tophe, pen­ché sur une épreuve (p. 36). 

Julien et Chris­tophe étaient deux cama­rades d’université. C’est grâce à Chris­tophe que Julien, le pro­ta­go­niste, trou­va son emploi à la rédac­tion. Nous sommes alors au début des années 1970, puisque sont men­tion­nées la bande à Baa­der et les Bri­gades rouges (p. 49).

Cor­rec­teur de presse n’était pas une voca­tion chez Christophe : 

Pour sa part, il dau­bait la futi­li­té du milieu jour­na­lis­tique. Il se réser­vait pour le ser­vice d’une cause plus exal­tante que celle d’un jour­nal à voca­tion régio­nale, impli­ci­te­ment inféo­dé à la classe diri­geante. Selon lui, les pro­fes­sion­nels de la presse ne pou­vaient être, mal­gré leurs pré­ten­tions, que des lar­bins. Il s’amusait néan­moins de leurs déri­soires stra­té­gies et de leur vani­té. […] Déjà Chris­tophe s’imaginait dans un rôle de conspi­ra­teur, influant par rédac­teurs inter­po­sés sur la ligne du jour­nal (p. 37).

En effet, les deux amis par­ta­geaient « la même incli­na­tion pour l’anarchisme, une iden­tique viru­lence à l’encontre du désordre éta­bli » (p. 31). Mais, alors que Julien s’intéressait aux mys­tiques, Chris­tophe était

plu­tôt féru d’action vio­lente. À Maître Eck­hart, il pré­fé­rait Genet. À la vie contem­pla­tive, la gué­rilla. Du moins le pro­fes­sait-il. Mais sa pug­na­ci­té ne trans­pa­rais­sait pas dans son atti­tude effa­cée. Seuls ses écrits tra­dui­saient par­fois son extré­misme, et encore, son pen­chant pour la litote en atté­nuait-il l’impact (p. 41).

Nombre de cor­rec­teurs du xixe et du xxe siècle éprou­vaient une sym­pa­thie pour l’anar­chisme (le mot-clé cor­rec­teur donne plus de 150 résul­tats dans le Dic­tion­naire des anar­chistes) et cer­tains (Louis Lecoin, Nico­las Laza­re­vitch, Jacky Tou­blet…) sont connus pour leur enga­ge­ment dans ce mou­ve­ment2. C’est ce que je retien­drai de ce roman :

Intrai­table, il [Chris­tophe] n’admettait aucune rémis­sion pour un sys­tème broyeur d’humains. Pas de salut sans table rase ! Voix sourde et regard bas, il évo­quait le marbre des banques, emper­lé d’une rosée de sang. Vision obsé­dante, par quoi se mani­fes­tait l’allégorie des vic­times pas­sées au lami­noir jusqu’à exsu­der leurs glo­bules rouges. D’immondes huis­siers pou­vaient bien en épon­ger la trace, un jour vien­drait où le plas­tic les rédui­rait en char­pie, avec tous leurs com­plices, dans l’interminable bom­bar­de­ment des gra­vats. Enne­mi juré des demi-mesures, il ne conce­vait d’autre solu­tion que finale. Pas ques­tion de s’attarder en che­min ni de s’engluer en de vaines palabres. Plus la soi­rée avan­çait, plus s’imposait l’urgence des inter­ven­tions déci­sives. Un tel radi­ca­lisme ne man­quait pas d’épater Julien (p. 44).

Chris­tophe s’absentait très sou­vent, sans expli­ca­tion, jusqu’au jour où il dis­pa­rut pour de bon. Plus de vingt ans après, à la faveur d’un repor­tage sur le mona­chisme, Julien com­prend où allait son ami, en le retrou­vant dans l’abbaye dont il tient la cui­sine. C’est ain­si que débute le roman.

Jean Vuilleu­mier fut cri­tique lit­té­raire au Jour­nal de Genève puis rédac­teur à La Tri­bune de Genève jus­qu’à la retraite (1959-1999)3. Proche de Georges Hal­das4, autre écri­vain gene­vois, il lui consa­cra une bio­gra­phie cri­tique5 (1982). Hal­das qui fut cor­rec­teur au Jour­nal de Genève dans les années 19406, mais ne rêvait, lui, que de se consa­crer à la poésie.


  1. « Livres : Jean Vuilleu­mier : Le Trans­fert », par Isa­belle Mar­tin, Le Temps, 11 décembre 1999. En ligne. Consul­té le 9 décembre 2024. ↩︎
  2. « Le syn­di­cat des cor­rec­teurs main­tient encore de nos jours une répu­ta­tion quelque peu sul­fu­reuse d’extrémisme poli­tique anar­chi­sant tout à fait dans la lignée de son repré­sen­tant le plus haut en cou­leur, K. X., l’“homme aux san­dales”, ami de Léo Malet, qui publiait dans L’Insurgé ses “Pro­pos d’un cor­rec­teur”. » — Vit­to­rio Fri­ge­rio, « Por­trait de l’anarchiste en lec­teur », in La Lit­té­ra­ture de l’a­nar­chisme, Gre­noble, UGA Édi­tions, 2014. En ligne. ↩︎
  3. Pré­sen­ta­tion des papiers Jean Vuilleu­mier, biblio­thèque de Genève. ↩︎
  4. « L’é­cri­vain gene­vois Jean Vuilleu­mier est décé­dé à l’âge de 79 ans », RTS, 13 juin 2012. Consul­té le 9 décembre 2024. ↩︎
  5. Claude Fro­chaux, « Vuilleu­mier, Jean », in Dic­tion­naire his­to­rique de la Suisse (DHS), ver­sion du 5 jan­vier 2015. En ligne. Consul­té le 9 décembre 2024. ↩︎
  6. Voir mon billet sur Lin­ke­dIn. ↩︎

De quand date le premier “Code typographique” ?

Le plus ancien manuel du cor­rec­teur, Ortho­ty­po­gra­phia, date de 1608. Je lui ai consa­cré un de mes tout pre­miers articles.

Mais à quand remonte le Code typo­gra­phique — ce « choix de règles » pro­po­sé par l’Amicale des direc­teurs, protes et cor­rec­teurs d’imprimerie de France, dans l’espoir de mettre tout le monde d’accord ?

Tout dépend de qui vous lisez. Sui­vons la chronologie.

1943 — René Billoux écrit qu’il a paru en 1924, après deux ans de tra­vaux (dans son Ency­clo­pé­die chro­no­lo­gique des arts gra­phiques). Ces infor­ma­tions seront reprises en 1993 dans l’encyclopédie Les Sciences de l’écrit (dir. Robert Estivals).

1965 — Pierre Lecerf affirme qu’il a paru en juillet 1926 (aver­tis­se­ment à la 8e édi­tion, repu­blié dans la suivante).

1986 — Serge Asla­noff reprend la date don­née par Pierre Lecerf (Manuel typo­gra­phique du rus­siste). 

1997 — Robert Acker donne, lui, la date de 1946 (pré­face à la « 17e édi­tion » — qui est sans doute la dix-huitième).

1998 — Fran­çois Richau­deau date la pre­mière édi­tion de 1928 (article « Pour un nou­veau code typo­gra­phique simplifié »).

1999 — Cor­ri­geant Richau­deau et Robert Acker, Jean Méron répète la date de 1926, en se réfé­rant à Asla­noff, et donc à Lecerf (article « Le code typo : Pour qui ? Pour quoi faire ? »). 

Les dates de 1924, 1926 et 1946 sont fausses. C’est Richau­deau qui avait raison.

Grâce aux col­lec­tions de la biblio­thèque For­ney, j’ai pu remon­ter aux sources.

Après une pre­mière ten­ta­tive avor­tée en 1908, une nou­velle com­mis­sion de rédac­tion du code typo­gra­phique est consti­tuée en février 1925. En 1926, elle est encore en plein travail.

En juin, Émile Ver­let, qui pré­side la com­mis­sion, déclare en effet : « Il reste […] envi­ron la moi­tié du tra­vail, les trois quarts si l’on consi­dère la mise au point défi­ni­tive après dépouille­ment des réponses par­ve­nues. Encore un peu de patience1… »

En novembre, Eugène Gre­net, pré­sident de l’Amicale, insiste pour que le code soit impri­mé en 1927, avant le congrès de Tou­louse2. Ver­let, son vice-pré­sident, a bon espoir d’y par­ve­nir, mais ce ne sera pas le cas.

Le Code typo­gra­phique ne sera impri­mé qu’en mai 1928, par Gabriel Del­mas, à Bor­deaux. En août, Émile Ver­let fête­ra ses trois années d’ef­forts par un poème.

Je ne m’explique pas que René Billoux, qui repré­sen­tait la sec­tion de Chartres de l’Amicale auprès de la com­mis­sion3, ait pu se trom­per sur la date, sur­tout si près de l’évènement. Pas plus que je ne m’explique les élu­cu­bra­tions de Pierre Lecerf et de Robert Acker. 

Je consacre une par­tie de mes recherches actuelles à l’histoire de ce pre­mier code typo, dans l’espoir de retra­cer bien­tôt les trois décen­nies qui se sont écou­lées depuis la créa­tion de l’Amicale en 1897.


  1. Cir­cu­laire des protes, n° 310, juin 1926, p. 108. ↩︎
  2. Cir­cu­laire des protes, n° 315, novembre 1926, p. 219. ↩︎
  3. Liste des membres de la com­mis­sion dans l’a­ver­tis­se­ment à la pre­mière édi­tion, par Émile Ver­let. ↩︎

L’ultime bouclage au plomb du “New York Times”, un document

Par­mi une col­lec­tion de films des années 1940 à 1970 sur l’histoire tech­nique de l’imprimerie, j’ai décou­vert un long docu­ment mon­trant l’ultime bou­clage au plomb du New York Times, avant le pas­sage à la photocomposition. 

Tout le pro­ces­sus de fabri­ca­tion est pré­sen­té : sai­sie des textes sur Lino­type (dont l’im­pres­sion­nant méca­nisme est détaillé), mise en page et cor­rec­tion sur le plomb, cli­chage des plaques pour les rota­tives, impres­sion du jour­nal. Le film se ter­mine sur un aper­çu de la fabri­ca­tion en photocomposition. 

C’est un film écrit, réa­li­sé et mon­té par David Loeb Weiss, cor­rec­teur du jour­nal, et racon­té par Carl Schle­sin­ger, un de ses linotypistes. 

Écran du géné­rique de début du film Fare­well etaoin shrd­lu, 1978.

À voir dans la col­lec­tion Prin­ting Films.

Ce film ne dis­pose mal­heu­reu­se­ment pas de sous-titrage.

Fare­well etaoin shrd­lu, film de Carl Schle­sin­ger et David Loeb Weiss, cou­leurs, 1978, 29 minutes.

“Le Correcteur de journaux”, poème de 1934

Poème trou­vé dans la Cir­cu­laire des protes, no 408, août 1934.

Extrait du poème "Le Correcteur de journaux", de Camille Mital, 1934.
Extrait du poème Le Cor­rec­teur de jour­naux, de Camille Mital, 1934.
le correcteur de journaux

Près de l’endroit sonore,
Couru, non inodore,
Dénommé lavabos1,
Tout proche des ballots,
Balais et balayures,
Quelle est cette figure
De scribe déplumé,
Décrépi, boucané2,
Qui, hagard, gesticule,
Se débat, ridicule,
Pitoyable aliéné,
Au milieu de carrés
De papier hydrophile3,
De pathos sur coquille,
Coquilles sur jésus4,
De vergé vermoulu,
De flacons de tisane
Auprès d’une banane !
De textes inédits,
De textes reproduits,
De notules curieuses5
Sur études copieuses
De crayons à copier
Plumes, buvards, encriers,
Et d’écrits regrattés, tels des palimpsestes,
Où la loupe elle-même inopérante reste6 ?
Ce fantoche affairé, c’est le vieux correcteur !
Investi de l’emploi par hasard, par malheur7,
Depuis trente-cinq ans il vit dans ce coin sombre,
En proie aux souvenirs, aux souvenirs sans nombre,
Du temps fortuné qu’il vécut au pays natal,
Dans sa terre (hypothéquée !), avec son cheval
(Ce cher ami), son chien, ses livres, ses chimères,
Spleen rendant ses nuits de labeur plus amères !

Alors que la batterie des « linos8 »
« Opère » avec ses servants les « typos »
(Cette métallurgie de la pensée
Qui fixe forme durable à l’idée),
La « roto9 » rote, ronfle, brait, mugit,
Bien que cherchant à restreindre son bruit ;
La linotype
Fume sa pipe
Toute bourrée de plomb fondu,
Ce qui produit, bien entendu,
De l’oxyde
Homicide10 ;
Experte, elle a son bras d’acier ;
Savante, elle a son clavier ;
Virtuose, mais discrète,
Elle joue des castagnettes !

En cette ambiance, en ce vacarme fiévreux,
Le correcteur, lui seul, reste silencieux.
Il brave tout : tapage,
Gaz, cris, « roto », clichage11,
Et, présomptueux, se fie à son savoir infus,
Tel, jadis, se vantait le fat Olibrius12 !
Pendant sept heures en grande lutte,
Il a lu vingt lignes à la minute !
Lu, dis-je, hélas ! et corrigé, puis annoté.
Raturé, paraphé, numéroté, daté.
Et, quand il sort enfin, à prime matinée,
Il résume ainsi sa lamentable pensée :
Travailler la nuit, sommeiller le jour,
Et vivre ce long calvaire toujours !

Vous, aspirants, imbus de sous-littérature,
Ne prenez pas l’emploi pour une sinécure,
Mais reportez-vous au vers que Dante inscrivit
Aux portes de l’enfer, antre à jamais maudit :

Lasciate ogni speranza !
(Abandonnez toute espérance !)

Camille Mital,
Correcteur.

  1. Voir aus­si : « Ain­si M. Dutri­pon était, en 1833, dans un cabi­net au-des­sous du sol, dont le jour venait de haut, que l’on ouvrait de la main droite, tan­dis que sans chan­ger de place on ouvrait de la main gauche, les lieux d’aisances où se ren­daient tour à tour, toute la jour­née, 150 ouvriers […] », dans le Témoi­gnage de M. Dutri­pon, cor­rec­teur d’épreuves, 1861. ↩︎
  2. Des­sé­ché. ↩︎
  3. Sans doute une allu­sion au fait que les épreuves des jour­naux étaient réa­li­sées sur du papier humi­di­fié. ↩︎
  4. La coquille et le jésus sont deux for­mats de papier, la pre­mière de 44 × 56 cm, le second de 56 × 76 cm. Mais la coquille est aus­si une erreur de com­po­si­tion typo­gra­phique. ↩︎
  5. Sans doute une allu­sion aux signes de cor­rec­tion, connus des seuls pro­fes­sion­nels de l’im­pri­me­rie. ↩︎
  6. Allu­sion aux manus­crits illi­sibles. Voir : « […] n’espérez point sans une loupe devi­ner Xavier Aubryet », dans Un cor­rec­teur de presse débine toutes les plumes de Paris, 1865. ↩︎
  7. Voir Pour­quoi le cor­rec­teur est-il un déclas­sé ? (1884). ↩︎
  8. Les lino­types, machines à com­po­ser. ↩︎
  9. La presse rota­tive. ↩︎
  10. Allu­sion au satur­nisme, intoxi­ca­tion au plomb fré­quente chez les typo­graphes. ↩︎
  11. Repro­duc­tion en relief de l’empreinte d’une com­po­si­tion mobile, per­met­tant de réa­li­ser plu­sieurs tirages. ↩︎
  12. « Un hypo­thé­tique gou­ver­neur des Gaules, répu­té avoir mar­ty­ri­sé sainte Reine en l’an 252. Tour­né en ridi­cule dans les repré­sen­ta­tions de mys­tères du Moyen Âge, ce serait de lui que vient l’u­ti­li­sa­tion d’Oli­brius dans le lan­gage » (Wiki­pé­dia).  ↩︎