Pierre Assouline n’oublie jamais le correcteur

Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature, de Pierre Assouline

Les dic­tion­naires de lit­té­ra­ture recensent les écri­vains, les grandes œuvres, les mou­ve­ments lit­té­raires, par­fois quelques grands édi­teurs, mais oublient géné­ra­le­ment les autres inter­ve­nants de la fameuse « chaîne du livre ». Cepen­dant, les « Dic­tion­naires amou­reux » de chez Plon encou­ragent à sor­tir des sen­tiers bat­tus, et Pierre Assou­line ne s’est pas fait prier. Ain­si, dans son Dic­tion­naire amou­reux des écri­vains et de la lit­té­ra­ture, paru en novembre der­nier, on trouve une entrée consa­crée à ce grand oublié entre tous qu’est le cor­rec­teur, celui dont « on ne sait rien ». 

Sur son blog, il y a dix ans, l’a­ca­dé­mi­cien Gon­court avait déjà ren­du un bel hom­mage au métier de cor­rec­teur, qu’il soit d’é­di­tion (« aus­si appe­lé pré­pa­ra­teur de copie », pré­cise-t-il ici) ou de presse (« dans un jour­nal où on le presse sans cesse »), titré « De la lec­ture angois­sée à la cor­rec­tion névro­tique », dont il reprend les grandes lignes. Voi­ci donc, en com­plé­ment, quelques extraits de ce nou­veau texte.

« Le cor­rec­teur d’é­di­tion […] tra­vaille seul, chez lui, où il prend son temps, enfin c’est ce qu’on s’i­ma­gine […] il inter­vient de plus en plus sou­vent en conseiller his­to­rique, docu­men­ta­liste, rewri­ter… […] C’est un évi­teur de catas­trophes. Il ne doit jamais se fier à la mémoire de l’auteur pour ce qui est des cita­tions. Il doit se méfier des pièges, sosies et homo­pho­nies ; car il ne cor­rige pas que les fautes d’impression mais d’abord l’emploi du fran­çais et la microtypographie. […]

« La névrose du cor­rec­teur : sens hyper­bo­lique du détail, obses­sion de la véri­fi­ca­tion, goût patho­lo­gique de la pré­ci­sion, mania­que­rie en toutes choses et le plus sou­vent pas­sion mono­ma­niaque pour un unique écri­vain à l’aune duquel toute œuvre est jugée. […] »

S’il dit vrai, quel est le vôtre ? 

☞ Puisque Pierre Assou­line men­tionne aus­si dans ce texte le rap­port pri­vi­lé­gié que Georges Sime­non entre­te­nait avec sa cor­rec­trice, Doringe, j’en pro­fite pour rap­pe­ler mon article à ce sujet.

Pierre Assou­line, Dic­tion­naire amou­reux des écri­vains et de la lit­té­ra­ture, coll. « L’A­beille Plon », Plon, 2022, p. 194-195.