Tsai Ming-liang : du trait d’union dans les noms chinois

Je me deman­dais pour­quoi cer­tains noms asia­tiques, comme celui du cinéaste taï­wa­nais Tsai Ming-liang (Hou Hsiao-hsien, Wong Kar-wai, Bong Joon-ho…), sont trans­crits en fran­çais avec un trait d’u­nion et une minus­cule au second vocable. 

Je savais que Tsai est le nom de famille, Ming-liang, le « nom per­son­nel », com­po­sé de deux idéo­grammes. Je ne m’in­ter­ro­geais que sur l’a­jout du trait d’u­nion en fran­çais, la trans­crip­tion en pinyin étant Cài Mín­gliàng.

Une aimable consœur a inter­ro­gé deux spé­cia­listes à ce sujet. Voi­ci son compte rendu.

« Ayons à l’es­prit tout d’a­bord que les Chi­nois ne parlent que par vocables iso­lés, chaque « son » cor­res­pon­dant à un idéo­gramme, tou­jours déta­ché du pré­cé­dent et du sui­vant. Donc, même si, en termes de « sens », on a un mot trans­crit en fran­çais comme Qigong, en chi­nois, ce mot sera tou­jours trans­crit avec deux idéo­grammes : Qi + Gong.

« Idem pour les noms propres. On trouve effec­ti­ve­ment le nom de famille en pre­mier com­po­sé d’un seul vocable, sui­vi du pré­nom à deux vocables (et non de deux pré­noms). Ex.: Min­gliang.

« Le chi­nois clas­sique consi­dère que 1 mot = 1 carac­tère, donc les tra­duc­teurs atta­chés à la tra­di­tion pré­fé­re­ront cou­per un pré­nom en deux mots : Ming-Liang, le trait d’u­nion ser­vant à rap­pe­ler qu’il s’a­git d’un seul pré­nom. C’est le sys­tème uti­li­sé à Taï­wan encore aujourd’hui.

« Le chi­nois moderne admet plus faci­le­ment que 1 mot = 2 carac­tères, et trans­cri­ra alors Min­gliang.

« Le pinyin, sys­tème inter­na­tio­nal uti­li­sé pour roma­ni­ser le chi­nois depuis les années 1970, uti­lise donc la ver­sion moderne : tous les pré­noms chi­nois devraient donc s’é­crire en un seul mot : Min­gliang.

« Il n’en demeure pas moins que beau­coup uti­lisent mal­gré tout le trait d’u­nion. Pour citer une de mes amies sino­logues, c’est « une erreur qui per­dure»…

« Cela dit, même si l’on choi­sit la ver­sion tra­di­tion­nelle, il n’y a (et ils sont bien d’ac­cord sur ce point) aucune, mais alors, aucune rai­son de mettre une majus­cule à un des vocables et pas à l’autre, ce qui lais­se­rait sup­po­ser, à tort, qu’il y a une hié­rar­chie dans les vocables com­po­sant un prénom. »

Je ne pou­vais espé­rer plus précis.