Dans plusieurs journaux du début du xxe siècle, on trouve le même texte affirmant qu’au Ching-Pao, journal chinois, « le correcteur pris en défaut est empalé, tout uniment ».
La répétition n’a rien de surprenant : il n’était pas rare les journaux de l’époque se copient l’un l’autre pour remplir leurs colonnes. Mais la republication d’une information n’assure pas de sa véracité. Si la Gazette de Pékin (京 报, translittéré Jing Bao, parfois Ching Pao) a bien existé jusqu’en 19121, l’authenticité du supplice du correcteur n’est pas garantie2 – heureusement !
On trouve une variante de cette histoire dans La Petite Tunisie du 12 septembre 1927 :
LA CHINE EST UN PAYS CHARMANT.
Le journal chinois « Ching-Pao » est la plus vieille gazette connue. S’y glisse-t-il une coquille ? Le compositeur reçoit cent coups de verge, ce qui est anodin, mais le correcteur est empalé sur l’heure, ce qui est bien quelque chose.
Ce n’est pas comme dans nos journaux — surtout le nôtre — on découvre peu de coquilles dans le « Ching-Pao ».
Heureux journal.
Une anecdote approchante remonte, elle, au xvie siècle. D’après l’imprimeur Georges-Adrien Crapelet3 (1837), « Un correcteur malintentionné fut fouetté de verges et honteusement chassé de la ville épiscopale de Wurtzbourg4, pour avoir omis la lettre w dans un mot, ce qui formoit un sens obscène ». L’information est reprise par son confrère Paul Dupont5 puis par l’ancien libraire-éditeur Edmond Werdet6. Plus près de nous, D. B. Drucker7 ajoute que la coquille en question fut « oubliée dans un livre de Cicéron ».
Mais la source de cette histoire me reste aussi inconnue que celle de la première…