« J’utilise souvent dans mes romans un verbe dont la forme à l’infinitif est tout à fait inhabituelle : se fiche. “Se fiche de ce qu’on en pense”, par exemple. Chaque fois que j’utilise ce verbe à l’infinitif, les réviseurs me le corrigent en ajoutant un r à la fin. Correction que je refuse toujours, arguant du fait que se fiche est bien un infinitif. Mais, invariablement, la correction revient avec opiniâtreté au fil des révisions… et avec une non moindre opiniâtreté je la refuse.
Pourtant, reportez-vous au Bescherelle (et au Robert, d’ailleurs) : se fiche y figure bel et bien, même si la forme se ficher, moins employée, est également donnée. »
— Laurent Chabin, auteur, sur le site Bescherelle.
L’Académie lui donne raison, de même que le Larousse.
Grevisse explique (§ 835) : « Ficher, quand il sert d’équivalent euphémique, dans la langue familière, au verbe trivial foutre, prend souvent une forme spéciale à l’infinitif et au participe passé : fiche, fichu. »
Exemples (§ 806) : « Qu’est-ce que tu viens fiche ici ? (M. de Saint Pierre, Écrivains, IV.) — Était-ce pour se fiche de moi ? (Montherl., Le chaos et la nuit, p. 39.) »
Penser aussi à envoyer quelqu’un se faire fiche, j’en ai rien à fiche ou encore se fiche dedans (se tromper).
À rapprocher d’un autre infinitif insolite, bien moins connu : courre, celui qui a donné chasse à courre.
Source photo : Éditions Libre Expression.