Je retranscris tel quel (dans l’orthographe de l’époque) un texte tiré des Mémoires (posthumes) du marquis de Beauvau (1610?-1684), gouverneur de Charles V de Lorraine. Dans son « Avertissement », l’éditeur évoque les risques de contrefaçon de cet ouvrage, qui a déjà connu d’autres éditions, dont « une copie subreptice, pleine de fautes, & presque inintelligible », et se montre, au passage, peu tendre avec les correcteurs de son temps.
Je donne quelques informations sur l’auteur que j’ai trouvées sur le site d’un libraire d’ancien :
Après avoir pris part, en 1633, à l’expédition des Lorrains en Alsace ; Henri de Beauvau finit par quitter la Lorraine où la situation était intenable à cause des guerres et se rendit à Vienne, où le duc François de Lorraine le chargea de l’éducation des princes Ferdinand et Charles, ses enfants. Il les suivit en Flandres, puis en France et enfin se retrouva en Lorraine en 1662, fut appelé en Bavière en 1668 pour être chargé de l’éducation du Prince électeur. Il ne revint en Lorraine qu’en 1680 et y mourut en 1684. Dans son ouvrage il se montre très instruit des affaires de son temps.
« Pour corriger tout, il auroit falu faire une nouvelle Histoire sur les Memoires de M. de Beauvau. Mais outre qu’on n’avoit pas le temps de s’attacher à cela, on apprehendoit que pendant qu’on seroit occupé à ce travail, quelque autre ne fit imprimer ces Mémoires, & ne les remplit de nouvelles fautes, comme c’est l’ordinaire. On ne sçait que trop les raisons que nous avions de craindre cet accident, & que la plûpart des Correcteurs d’Imprimerie ne sont pas de fort habiles gens, parce que ce métier si necessaire & si utile, n’a rien qui attire les personnes d’esprit. On n’y acquiert ni du bien ni de l’honneur, & cependant il est extrémement penible. Le caractére des Auteurs est ordinairement assez difficile à lire, les Copistes n’entendent point l’Ortographe, les Imprimeurs ne sçavent pas le plus souvent la Langue des Livres sur lesquels ils travaillent : de sorte que quand les Correcteurs sont ignorans, il est presque impossible que les premiéres éditions des Livres ne soient pleines de fautes, & que les secondes qu’on fait en l’absence des Auteurs n’en ayent encore plus. C’est une chose qui a déjà furieusement décrié les impressions de Hollande, & qui achevera de les perdre si l’on n’y prend garde ; je veux dire l’avarice sordide des Libraires, qui les empêche de trouver de bons Ouvriers, parce qu’elle les empêche de les payer. Il est vrai que les Païs Etrangers commencent à ne faire guére mieux ; & il nous vient tous les jours des Livres d’Allemagne & de Paris aussi peu corrects que ceux de Hollande. Si les choses vont à ce train, il n’en faudra pas davantage pour ramener la barbarie & l’ignorance dans nôtre siécle. »
« Avertissement », in Henri de Beauvau, Mémoires du marquis de Beauvau, pour servir à l’histoire de Charles IV, duc de Lorraine et de Bar, Cologne, Pierre Marteau, 1690, non paginé.
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