La diffusion épidémique de la préposition sur n’est plus une nouveauté. Penser à je travaille sur Paris (formule à laquelle j’ai consacré un article) et à la désormais célèbre locution on est sur… (par exemple, sur un foie de veau, voir la chronique de Muriel Gilbert).
Mais voici quelques curieuses extensions d’emploi de sur, tirées du procès-verbal d’une réunion d’une CSSCT1 :
Le point de vente était en rupture sur un produit d’entretien, c’est pourquoi ils sont allés sur un autre point de vente pour récupérer du produit pour effectuer leur lavage. Ce produit a été transvasé dans un récipient type gobelet. Le gobelet a été ramené sur Pierre Hermé et a été posé à côté du lavabo, endroit où un collaborateur effectuait son nettoyage. Vu qu’il s’agissait d’un gobelet standard sans indication particulière, la victime, en voyant le gobelet, a pensé que c’était du jus de fruit et en a bu une gorgée2.
On y constate sur un produit d’entretien mis pour d’un produit d’entretien, sur un autre point de vente mis pour dans (ou à) un autre point de vente et, surtout, sur Pierre Hermé mis pour dans (ou à) la boutique Pierre Hermé, ce qui constitue un raccourci particulièrement audacieux.
L’effet involontairement comique de tels énoncés semble échapper aux locuteurs.
- Commission santé, sécurité et conditions de travail. Voir le site de l’INRS.
- Extrait cité dans l’article « Un grave accident du travail par empoisonnement à la gare de Lyon, sur fond de conditions de travail difficiles », Le Monde, 16 février 2023.