Je ne compte plus les heures que j’ai passées à chercher des photos de correcteurs au travail (les heures consacrées à ce blog, en général, non plus !). Aussi, quand j’en trouve une de plus, c’est avec une joie difficilement communicable. Chacun ses obsessions…
Les iconographes le savent : les images ne sont pas toujours bien référencées. Il faut donc souvent lancer un large filet dans l’espoir de récolter quelques poissons. Dans le cas présent, ce sont les mots-clés « atelier » et « imprimerie » qui m’ont porté chance.
De cette image, je ne sais que ceci : « Atelier de l’imprimerie Simart (Paris, France), imprimant L’Écho de Paris, photographie de presse, agence Rol [1904-1937], novembre 19311. »
Mais regardons en détail.
Ces trois hommes sont assis à côté du « marbre » d’une imprimerie parisienne — il s’agit en fait d’une « table métallique (autrefois en marbre ou en pierre) sur laquelle on place les pages pour l’imposition ou les corrections » (TLF). Des feuilles blanches ont été étalées sur la table pour éviter qu’ils ne salissent les manches de leur costume.
C’est, bien sûr, le crayon dans la main droite du personnage principal qui a tout d’abord attiré mon attention. À quoi ressemble un correcteur au travail, sinon à quelqu’un qui lit avec un crayon ou un stylo à la main ? C’est la difficulté de ma recherche. Il me semble voir entre ses mains les feuillets A5 d’une copie manuscrite. Je devine plutôt un secrétaire de rédaction qu’un correcteur. En tout cas, il écrit au crayon malgré la présence d’un encrier à sa gauche, ce qui est plutôt la marque d’une relecture. La cigarette roulée qui s’éteint dans sa main gauche attend qu’il ait terminé.
Le personnage de droite, lui, est visiblement en train de relire une épreuve en placard2 (je crois voir une colonne de texte au centre de la longue feuille qu’il tient de la main gauche). À sa gauche, les quatre feuillets de la copie, dont trois sont déjà retournés. Un crayon est disponible sur la table, à sa droite. Est-il correcteur ou secrétaire de rédaction ? Nous ne le saurons pas. Les deux métiers sont proches.
Le troisième homme lit le journal imprimé. Je ne peux rien en dire de particulier.
Dernier détail, et non des moindres : à l’arrière-plan, la fameuse cage de verre, qui permettait aux correcteurs de s’isoler du bruit des machines. On la voit beaucoup mieux dans le film L’Amour en fuite (1979) de François Truffaut (voir mon article). Georges Simenon en a fait le titre d’un de ses romans (voir mon article).
En tout cas, c’est une belle image d’hommes au travail. La BnF offre la possibilité d’en acheter une reproduction ; il n’est pas exclu que je cède à la tentation.
Pour la petite histoire de ce blog, j’avais déniché cette image avant la belle trouvaille de vendredi, mais je n’avais pas encore décidé comment l’exploiter. J’ai finalement estimé qu’elle méritait un article, plutôt que d’attendre l’occasion de l’utiliser comme simple illustration.