“MM. les correcteurs vont taquiner le goujon”, 1905

« On devrait sup­pri­mer l’é­té et les vacances. C’est une période pen­dant laquelle ceux qui ne sont pas au vert, au frais et au repos ont de bonnes rai­sons de mau­dire le sort. Entre tous, les infor­tu­nés qui suent sang et eau pour mettre debout le numé­ro quo­ti­dien du jour­nal qu’at­tendent quelques cen­taines de mille de lec­teurs et d’a­mis ont vrai­ment bien du mérite ; la fata­li­té typo­gra­phique se plaît à les acca­bler de ses coquilles. Ain­si, l’autre jour, dans notre article sur la Marine alle­mande, de notre émi­nent col­la­bo­ra­teur dépu­té au Reichs­tag, dépu­té qui, évi­dem­ment, n’est pas là pour voir ses épreuves, nous avons lais­sé pas­ser une phrase en alle­mand dont la lec­ture a fait bon­dir d’hor­reur les ini­tiés à la langue de Gœthe et de Schiller.

« Et cela parce que MM. les cor­rec­teurs qui, d’ailleurs, n’ont pas volé de souf­fler, vont taqui­ner le gou­jon, et que les cama­rades qui res­tent tra­vaillent pour deux et pour quatre. La besogne s’en ressent.

« Ren­dons au Reichs­tag ce qui est au Reichs­tag… Nous avons impri­mé la fameuse phrase de l’empereur d’Al­le­magne : « Notre ave­nir est sur les eaux » : « Unsire zul­sunft higt auf dem vas­ser. » C’est du java­nais mêlé d’i­ro­quois. Il fal­lait mettre « Unsere Zukunft liegt auf dem Was­ser. » 

« On ne nous y repren­dra pas. »

Une archive de sai­son, trou­vée dans L’Écho de Paris, 10 août 1905.

Guillaume II à la barre du SMS Hohenzollern
Notre timo­nier. Notre ave­nir est sur les eaux (Guillaume II à la barre du S.M.S. Hohen­zol­lern). Deutsche Digi­tale Biblio­thek.