« On devrait supprimer l’été et les vacances. C’est une période pendant laquelle ceux qui ne sont pas au vert, au frais et au repos ont de bonnes raisons de maudire le sort. Entre tous, les infortunés qui suent sang et eau pour mettre debout le numéro quotidien du journal qu’attendent quelques centaines de mille de lecteurs et d’amis ont vraiment bien du mérite ; la fatalité typographique se plaît à les accabler de ses coquilles. Ainsi, l’autre jour, dans notre article sur la Marine allemande, de notre éminent collaborateur député au Reichstag, député qui, évidemment, n’est pas là pour voir ses épreuves, nous avons laissé passer une phrase en allemand dont la lecture a fait bondir d’horreur les initiés à la langue de Gœthe et de Schiller.
« Et cela parce que MM. les correcteurs qui, d’ailleurs, n’ont pas volé de souffler, vont taquiner le goujon, et que les camarades qui restent travaillent pour deux et pour quatre. La besogne s’en ressent.
« Rendons au Reichstag ce qui est au Reichstag… Nous avons imprimé la fameuse phrase de l’empereur d’Allemagne : « Notre avenir est sur les eaux » : « Unsire zulsunft higt auf dem vasser. » C’est du javanais mêlé d’iroquois. Il fallait mettre « Unsere Zukunft liegt auf dem Wasser. »
« On ne nous y reprendra pas. »
Une archive de saison, trouvée dans L’Écho de Paris, 10 août 1905.