On vous a appris qu’il fallait toujours coller les guillemets anglais. Pendant trente ans, vous avez appliqué la règle sans réfléchir – d’autant que vos études d’anglais vous l’avait confirmée. Et puis, un jour, innocemment, vous lisez chez Jean-Pierre Colignon1 :
En principe, le guillemet anglais ouvrant est précédé d’une espace forte, et suivi d’une espace fine ; le guillemet anglais fermant est précédé d’une espace fine, et suivi d’une espace forte. Dans la réalité, ils sont collés au mot qu’ils précèdent ou qu’ils suivent. Quant aux guillemets allemands, on adopte la même démarche que pour les anglais.
Vous courez alors chez Jacques Drillon, qui vous laisse sur votre faim. À la suite de la règle pour les guillemets français, il ajoute seulement2 : « Quand il s’agit de guillemets anglais, la règle est moins constante. »
Pour enfoncer le clou, dans la touffeur d’un samedi soir d’été, vous découvrez chez Jan Tschichold (1902-1974)3 : « […] il faut recommander l’usage des espaces, afin que les guillemets [allemands ou anglais] ne finissent pas par devenir des apostrophes. »
Il n’a donc pas été suivi.
« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé. »
Illustration : guillemets anglais empruntés au blog de Dominic Bellavance.