Aujourd’hui, c’est une évidence : les points de suspension ne vont que par trois. Il s’agit même d’un signe spécial, et non de trois points successifs.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
« […] le nombre de points formant ce signe ne fut pas fixé d’emblée. En ces temps moins standardisés, il variait selon l’inspiration de l’auteur ou du typographe, pouvant aller jusqu’à six ou sept d’affilée. Il s’est stabilisé à quatre, puis à trois au xxe siècle, dans un élagage continu. » — Olivier Houdart et Sylvie Prioul1.
Dans la Marche typographique de Jules Pinsard (1907, p. 6), que j’ai récemment consultée à la bibliothèque Forney, j’ai encore trouvé :
« Les Points de suspension (…), (.….) ne s’emploient jamais qu’en nombre impair, trois ou cinq. »
À l’inverse, Jacques Drillon rappelle qu’en 1959 Françoise Sagan avait demandé à son éditeur, Jacques Julliard, deux points à son titre, Aimez-vous Brahms.. (photo ci-dessus). « Mais sa consigne n’a pas été longtemps respectée : son éditeur avait dû la trouver un peu puérile2. »
On trouve ce même double point dans la première édition des Poèmes de Léon-Paul Fargue (1912). « Tout ça c’est des manies », aurait commenté André Gide, selon le récit qu’en donne Fargue dans une lettre à Valery Larbaud, citée par Drillon (p. 406).