Critique du correcteur ivrogne, 1608

« [Le cor­rec­teur] doit évi­ter avec le plus grand soin le vice de l’ivrognerie, de peur de ne plus rien voir du tout, ou, au contraire, de voir plus qu’il n’y a en réa­li­té. Quand un ivrogne essaie de prendre une chan­delle pour s’éclairer, sa vue défaille et il tré­buche. Donc, un homme qui est char­gé de cette mis­sion et qui boit volon­tiers, boit sans avan­tage et pour un dom­mage qui atteint beau­coup d’autres. Cet homme inutile1 est un bon à rien et si le maître ou le rec­teur d’atelier typo­gra­phique le voyait sou­vent dans cet état, il ne serait pas éton­nant qu’il lui dise : « Dehors, scé­lé­rat. » Que celui qui est lié à cette charge s’acquitte donc de son tra­vail avec sobrié­té, pas à tra­vers un écran de vapeurs exha­lées par excès de boissons. »

Cor­rec­teur, te voi­là pré­ve­nu : boire ou relire, il faut choisir !

Jérôme Horn­schuch, Ortho­ty­po­gra­phia, 1608. Trad. du latin par Susan Bad­de­ley, éd. des Cendres, 1997, p. 63-64.

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  1. Dans cette édi­tion, l’i­ta­lique indique les mots grecs employés par l’au­teur dans son texte en latin.