La Bibliothèque nationale de France (site Richelieu) présente jusqu’au 16 juin l’exposition « L’invention de la Renaissance. L’humaniste, le prince et l’artiste ». Cet évènement est assorti d’un magnifique catalogue.
On y trouve notamment un texte intitulé « Travail éditorial et diffusion imprimée des textes » (pages 130 à 143), signé par Louise Amazan, conservatrice, chargée des collections du xvie siècle. Nous sommes heureux qu’il évoque le rôle fondamental des correcteurs.
Si, depuis l’Antiquité1, tout texte copié a besoin d’être vérifié, l’avènement de l’imprimerie multiplie le risque d’erreurs par son principe même : en typographie au plomb, un livre est constitué de centaines de milliers de caractères, assemblés à la main. Le tirage reproduit mécaniquement les erreurs oubliées (à la presse à bras, on atteignait déjà le millier d’exemplaires).
À la Renaissance, la concurrence entre imprimeurs-libraires obligeait à veiller à la qualité de la production. Les premiers correcteurs d’imprimerie2 intervenaient dans l’édition de textes anciens (on parlerait aujourd’hui d’éditeurs critiques). Ils relisaient les manuscrits confiés à l’atelier et en préparaient la copie, y ajoutant parfois un index, en plus des premiers signes de ponctuation. Enfin, ils corrigeaient une succession d’épreuves — première, seconde et tierce — afin d’éliminer les coquilles. On sait que même le grand Érasme s’est plié à cette dernière tâche.
Parvenaient-ils, pour autant, à un résultat parfait ?
« En réalité, les correcteurs, souvent blâmés par les auteurs, sont tenus à une exigence de rentabilité et doivent fournir une quantité de travail telle qu’il leur est impossible de venir à bout de toutes les incorrections du texte. »
Être soumis à des délais intenables, c’est ce dont se plaignent encore souvent, et à juste titre, les correctrices et correcteurs d’aujourd’hui.
L’Invention de la Renaissance. L’humaniste, le prince et l’artiste. Sous la direction de Gennaro Toscano et Jean-Marc Chatelain. Relié, 264 pages, 150 illustrations.
☞ Lire aussi Corriger au temps de Gutenberg.
- Voir Le correcteur antique, qu’en savons-nous ? ↩︎
- Voir « Les glorieux ancêtres » dans Correcteurs et correctrices célèbres (1). ↩︎