Une dictée pour entrer à Coforma (école de correcteurs, 1978-1998)

Victor Sorin, "Le Jeu de la dictée", Hatier, 1986

Dans un recueil de dic­tées de dif­fi­cul­té variable, j’ai trou­vé le texte d’une de celles que Cofor­ma1, ancienne école de cor­rec­teurs (1978-19982), sou­met­tait aux can­di­dats. Le livre le pré­sente ainsi : 

« Cofor­ma est un orga­nisme qui assure la for­ma­tion des cor­rec­teurs de l’im­pri­me­rie, de la presse et de l’é­di­tion. Un bagage sérieux est néces­saire pour réus­sir au concours d’en­trée. On apprend ensuite à jon­gler avec les innom­brables dif­fi­cul­tés de la gram­maire et de l’u­sage, on élar­git, tous azi­muts, le champ de ses connaissances.

« Quand les rota­tives de L’Équipe ou du Monde sont prêtes à rou­ler, le cor­rec­teur n’a plus guère le temps de se deman­der com­ment on écrit “Zim­babwe” ou “Zoe­te­melk” et il lui faut connaître sur-le-champ la capi­tale du Burun­di3 et le plu­riel de pied-à-terre4. Voi­ci l’une des épreuves du concours d’entrée : la dictée.

« J’ai grand peur que vous ne vous effrayez des épreuves ortho­gra­phiques que vos pro­fes­seurs se sont plus à vous impo­ser. Quoique vous en disiez, quoique vous vous en plai­gniez, il est opor­tun qu’ils recourrent à ces exer­cices, qu’ils ont, non sans rai­son, esti­mé néces­saire à votre for­ma­tion. L’expérience, non moins que la logique, me convaint que l’élève qui pos­sède un cer­tain fond d’intelligeance résout assez aisé­ment les dif­fi­cul­tées, les plus épi­neuses-mêmes, dont on les a héris­sées. Mais ceux qui s’étant enor­gueuillis de leurs dis­po­si­tions natu­relles ou s’étant acco­mo­dés d’une cer­taine non­cha­lence, ont dou­té qu’il fal­lût tra­vailler sans nulle relâche pour par­ve­nir au suc­cès, se sont trou­vés cruel­le­ment embar­ras­sés. Sache donc, jeune homme ou jeune fille qui m’écoute, que la per­sé­vé­rence et le tra­vail seul te condui­ront au succès. »

C’est l’au­teur du livre qui a « volon­tai­re­ment truf­fé de fautes » le texte, pour que l’on puisse jouer, au choix, à la dic­tée ou au correcteur.

J’ai sou­mis ce texte au logi­ciel Anti­dote : il a cor­ri­gé qua­torze erreurs, en a ajou­té une et dans cinq autres cas lais­sait l’u­ti­li­sa­teur tran­cher. Résul­tat insuf­fi­sant pour un cor­rec­teur professionnel. 

Ferez-vous mieux ? Je l’es­père ! (Un conseil : pour espé­rer le sans-faute, prê­tez atten­tion à la date de paru­tion du livre.)

Vic­tor Sorin, Le Jeu de la dic­tée, « Loi­sirs et jeux », Hatier, 1986, p. 55. 


  1. Mis à la fois pour Cor­rec­tion-For­ma­tion et pour Com­mu­ni­ca­tion-For­ma­tion, selon Fran­çois Don­zel, son fon­da­teur et pré­sident de 1980 à 1997 (dans l’ar­ticle « Cor­rec­teur : com­prendre son rôle pour s’in­ven­ter un ave­nir », Médias Pou­voirs, no 17, « Médias : ques­tions de for­ma­tion », jan­vier-février-mars 1990, p. 132-136). ↩︎
  2. Sise 49, rue Pigalle (Paris 9e), puis 18, rue Théo­dore-Deck (Paris 15e), Cofor­ma est deve­nue For­ma­com en 1998 (19, rue Hono­ré-d’Es­tienne-d’Orves, 93500 Pan­tin), laquelle, après avoir été mise en redres­se­ment judi­ciaire en 2012, a fer­mé en 2015. Le Gre­ta CDMA (Créa­tion, desi­gn et métiers d’art, 21, rue de Sambre-et-Meuse, Paris 10e) a alors repris la for­ma­tion. ↩︎
  3. À l’é­poque, c’é­tait Bujum­bu­ra ; aujourd’­hui, c’est Gite­ga. ↩︎
  4. J’ai ajou­té l’i­ta­lique. ↩︎