Le correcteur dans “La typographie cent règles” (2005)

"La typographie cent règles", de Patrick Boman et Christian Laucou, Le Polygraphe, 2005

Je viens de lire La typo­gra­phie cent règles (Angers, Le Poly­graphe, 2005). Les auteurs en sont le roman­cier Patrick Boman, qui était alors révi­seur à L’Ex­press, et Chris­tian Lau­cou, typo­graphe, édi­teur et met­teur en page, char­gé d’enseignement à l’école Estienne.

Ce petit livre (11,5 × 16 cm, 95 p.), pour tout public, donne les règles essen­tielles de la typo­gra­phie, agré­men­tées d’anecdotes et de courtes bio­gra­phies (d’Alde Manuce à Jan Tschi­chold), et illus­trées par Pas­cal Jous­se­lin

À pro­pos du pré­pa­ra­teur de copie et du cor­rec­teur, Boman et Lau­cou écrivent ceci :

« […] Homme ou femme de l’ombre, le pré­pa­ra­teur (ou pré­pa­ra­trice) de copie est hon­ni de l’auteur – dont il révèle les fai­blesses –, de l’éditeur – dont il ponc­tionne les finances tout en allon­geant les délais de publi­ca­tion –, du cor­rec­teur – qui lui reproche les erreurs oubliées. »

« […] Métier ingrat, pou­vant mener à des syn­dromes obses­sion­nels com­pul­sifs, la cor­rec­tion d’épreuves, comme la pré­pa­ra­tion de copie, fait l’objet d’un tir grou­pé : l’éditeur (trop cher, plante les délais) ; le maquet­tiste (du tra­vail en plus) ; l’auteur (aler­té sur une mons­truo­si­té rési­duelle alors qu’il dépense son à-valoir sur une plage de l’Adriatique) ; l’imprimeur, dont les machines tournent à vide, impa­tientes de repro­duire le chef-d’œuvre à cent mille exemplaires… »

Trop sérieux, s’abstenir ! Mais sous la pochade se cache un fond de vérité. 

Enfin, les auteurs « rappel[lent] aux fâcheux qui grincent des dents devant une cédille tom­bée de la casse que, à la haute époque, le Petit Larousse subis­sait, dit-on, qua­torze lec­tures-cor­rec­tions impi­toyables, ce qui lui valait sa répu­ta­tion d’être sans tache (et non sans tâche) ». 

Haute époque, en effet !

P.-S. — Fon­dée en 1990 par l’ancien cor­rec­teur Pierre Lau­rean­deau, éga­le­ment auteur sous divers pseu­do­nymes, et son épouse Agnès Jehier, la mai­son d’édition Le Poly­graphe a fer­mé ses portes en 2017 (Wiki-Anjou). Lau­rean­deau et Boman ont aus­si cosi­gné un petit Éloge de la cor­rec­tion (Mots & Cie, 2003).