Le premier correcteur d’imprimerie de l’histoire

Psau­tier de Mayence, impri­mé par Fust et Schoef­fer en 1457. Exem­plaire de la Royal Collection.

Ma consœur San­drine Decroix m’a mis sur la piste du tout pre­mier cor­rec­teur d’imprimerie. Son nom figure dans l’Ency­clo­pé­die chro­no­lo­gique des arts gra­phiques (Paris, l’au­teur, 1943), signée du typo­graphe René Billoux (1870-1949), que San­drine a eu l’occasion de feuilleter.

"Encyclopédie chronologique des arts graphiques", René Billoux, 1943
Cou­ver­ture de l’Ency­clo­pé­die chro­no­lo­gique des arts gra­phiques (1943), de René Billoux.

Il s’agit donc du moine béné­dic­tin Adria­nus Brie­lis : il a cor­ri­gé les épreuves du Psal­te­rium (ou Psau­tier de Mayence, 1457) et du Psal­te­rium Bene­dic­ti­num (1459), impri­més par Johannes Fust et Peter Schoef­fer, anciens asso­ciés de Guten­berg (ils ont rom­pu avec lui en 1455, après l’édition de la Bible à 42 lignes).

Le cata­logue d’une vente Aguttes (PDF), à Drouot en 2022, nous apprend que Peter Schoef­fer a ensuite confié à notre moine la pre­mière édi­tion aug­men­tée des lettres de saint Jérôme :

« On imprime quatre édi­tions des Lettres de saint Jérôme entre 1468 et 1470 : ces édi­tions contiennent entre 70 et 130 lettres. La pré­sente édi­tion renou­ve­lée de Peter Schoef­fer contient plus de 200 épîtres, orga­ni­sées thé­ma­ti­que­ment. Schoef­fer fit l’effort de recher­cher dans les biblio­thèques ecclé­sias­tiques et monas­tiques des lettres inédites. Il employa pour ce faire Adria­nus Brie­lis, un moine béné­dic­tin de l’abbaye Mons S. Jaco­bi [abbaye Saint-Jacques de Mayence], qui aug­men­ta le cor­pus et super­vi­sa les cor­rec­tions. On connait deux ver­sions ou états du texte, et [l’historienne du livre] Lotte Hel­lin­ga a pu mon­trer qu’environ 150 feuillets (sur 408) ont été réim­pri­més pour incor­po­rer des cor­rec­tions. Hel­lin­ga a aus­si pu trou­ver des cor­rec­tions rajou­tées à la main, témoin de ce sou­ci de cor­rec­tion et d’amélioration du texte de la part des édi­teurs, des impri­meurs et lec­teurs avisés. »

Page enlu­mi­née des Epis­to­lae (Lettres) de saint Jérôme édi­tées par Adria­nus Brie­lis, impri­mées par Peter Schoef­fer en 1470. Exem­plaire ven­du par Christie’s le 7 juillet 2010.

Adria­nus Brie­lis est mort deux ans plus tard.

Ajou­tons, pour l’anecdote, que le Psau­tier de Mayence contient aus­si la pre­mière coquille de l’histoire : on lit dans son colo­phon Spal­mo­rum pour Psal­mo­rum.

P.-S. — Jérôme de Stri­don est le saint patron des biblio­thé­caires et des traducteurs.